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Munafa ebook

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Read Ebook: Histoire de France 1484-1515 (Volume 9/19) by Michelet Jules

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Ebook has 522 lines and 45908 words, and 11 pages

a religion.

L'affaire de Pise cependant, l'intervention chaleureuse de notre arm?e dans les vieilles infortunes de l'Italie, le bon coeur et l'honn?tet? des d'Aubigny, des Yves, des Bayard et des la Palice, r?clamaient fort pour nous. Qu'advint-il quand on vit nos meilleurs capitaines attach?s en Romagne ? C?sar Borgia? quand les peuples qui regardaient si le drapeau sauveur leur revenait des Alpes le virent, port? par Borgia, briser les derni?res r?sistances qui arr?taient la b?te de proie, lui pr?parer des meurtres et garnir son charnier de morts?

Borgia ne pouvait durer; on esp?rait encore. Mais la France ne s'en tint pas l?: elle fonda solidement l'?tranger en Italie, mettant l'Espagnol ? Naples par le trait? de Grenade, le Suisse au pied du Saint-Gothard, et elle voulait mettre l'Allemagne dans l'?tat de Venise, donner ? la maison d'Autriche la grande porte des Alpes , r?aliser d?j? contre elle-m?me l'erreur de Campo Formio.

Nous ne pr?mes pas seuls, nous appel?mes le monde ? prendre. Nous livr?mes toutes les entr?es de l'Italie, nous ras?mes ses murs et ses barri?res. Une force y restait: Venise; nous ligu?mes l'Europe pour l'an?antir.

Impr?voyance singuli?re! Les politiques d'alors craignent Venise, s'?pouvantent pour deux ou trois places qu'elle vient de prendre. Ils s'inqui?tent des Suisses, croyant les voir d?j? renouveler les migrations barbares, et ils ne voient pas un bien autre p?ril, un fait ?norme et gigantesque qui se pr?pare, non pas secr?tement, mais r?gl? et fix?, ?crit dans les trait?s, accompli d'avance par la force des actes; ? savoir: la grandeur de la maison d'Autriche, la moiti? de l'Europe centralis?e d?j? dans le berceau de Charles-Quint.

Ce fatal et funeste enfant, o? vont converger tous ces fruits de l'incarnation monarchique, est n? en 1500.

Fils de Philippe le Beau, c'est-?-dire arri?re-petit-fils de Charles le T?m?raire, il va reprendre dans une proportion gigantesque le r?ve de l'empire du Rhin, de Bourgogne et des Pays-Bas.

Petit-fils de Maximilien, il h?rite des terres d'Autriche, de l'attraction fatale qui mettra dans son tourbillon la Hongrie et la Boh?me, des vieilles pr?tentions sur l'empire germanique, de la succession l?gendaire des faux C?sars du Moyen ?ge.

Du c?t? maternel, Ferdinand et Isabelle lui gardent les Espagnes, Naples et la Sicile, les ports d'Afrique et le nouveau monde. Bien plus, ? ce roi diplomate ils transmettent l'arme effroyable d'une r?volution fanatique dont son fils usera, le vrai fils de l'inquisition.

Voil? le monde immense de guerre et de malheur qui couve en ce berceau, o? l'enfant est gard? par sa bonne tante Marguerite la Flamande, qui lui chante ses propres rimes en cousant les chemises de l'empereur Maximilien.

Cousant, filant, lisant, ces trois fatales Parques ont tissu les maux de l'Europe.

Romanesques, machiav?liques, leur doux amour de la famille, leur m?pris pour les nations, les rendent propres aux grands crimes de la diplomatie. Cr?er l'empire universel sur une t?te, unir les peuples sous un joug, pacifier la terre soumise par le mariage de deux enfants, voil? le roman de ces bonnes m?res. Qu'importe l'horreur des peuples accoupl?s malgr? eux, qu'importent deux cents ans de guerre! R?gnent ces deux enfants et p?risse le monde!

Tout cela enferm? en elle-m?me, ou dans sa petite cour bretonne, mal contente, envieuse et serr?e, qui ne se m?lait nullement ? celle du roi. Les gardes bretons de la reine restaient sournoisement en groupe sur un coin isol? de la terrasse de Blois, comme un nuage noir, ou comme un bataillon de sauvages oiseaux de mer.

Les ?tats v?nitiens, divis?s entre l'empereur, le roi et le pape, donneront au premier la grande entr?e de l'Italie.

Charles le T?m?raire est refait; elle lui rend ses provinces, et de plus la Bretagne. Par Blois, par Arras, par Auxerre, le nouveau Charles sera de toutes parts aux portes de Paris.

Est-ce tout? Non; ? une nouvelle maladie du roi, en 1505, elle veut enlever sa fille en Bretagne, saisir l'h?ritier du royaume, le jeune Fran?ois Ier. Elle e?t biff? la loi salique, abaiss? la barri?re qui ferme le tr?ne ? l'?tranger. Cette fois, il n'?tait besoin de lui d?signer des provinces; elle e?t rafl? la monarchie.

La Bretonne eut heureusement pour obstacle un Breton, le mar?chal de Gi?, gouverneur du jeune prince, qui s'empara des passages de la Loire, et se tint pr?t ? la prendre elle-m?me, si elle tentait cette trahison de la France.

Le roi, revenu ? lui, comprit le danger, convoqua les ?tats, et se fit demander de rompre le trait? fatal qui nous livrait la maison d'Autriche.

Que disait le bon sens? Qu'il fallait pr?server l'Italie autant que la France; qu'en l'Italie conf?d?r?e ?taient le grand espoir et la grande ressource contre cette monstrueuse puissance qui grossissait ? l'horizon; que, prot?g?e surtout contre elle-m?me par un voisin puissant, qui ne prendrait pour lui que la pr?sidence arm?e de la f?d?ration, elle deviendrait en Europe l'utile contre-poids qui ferait ?quilibre du c?t? de la libert?.

Le crime de l'Italie, la triste affaire de Pise, ne contribua pas peu au crime de la France. Florence, le coeur, la t?te pesante de l'Italie, ?tait inexcusable. Son tr?s-faible gouvernement s'usait ? marchander la ruine de Pise aupr?s du roi de France, et celle de Venise, protectrice des Pisans. Il en r?sulta encore celle de G?nes, dont le peuple voulut aider Pise malgr? la noblesse g?noise, et se fit ?craser par les armes fran?aises.

Le singulier, c'est que l'agent employ? par les Florentins pour n?gocier contre Pise et ses amis, Venise et G?nes, c'est-?-dire pour obtenir la ruine de l'Italie, ?tait Machiavel, pauvre homme de g?nie, asservi ? transmettre et traduire les pens?es des sots, interm?diaire oblig? entre l'ineptie du gonfalonier Soderini et celle du cardinal d'Amboise. On le voit, dans ses lettres, faisant le pied de grue ? la porte du cardinal, trait? n?gligemment par lui, menac? des valets de nos gens d'armes, qui serrent de pr?s sa bourse. Bourse vide, s'il en fut! Une bonne partie de ses d?p?ches est employ?e ? dire qu'il meurt de faim et ? obtenir une culotte. Il s'est veng? de tout cela par une violente ?pigramme contre Soderini. Soderini mourant a peur de tomber en enfer. <>

Ce qu'on ?tait au pape, il fallait l'ajouter ? la Toscane, aux Florentins. Telle quelle, Florence ?tait encore le coeur de l'Italie, les bras de G?nes et de Venise. On devait les fortifier.

G?nes, cette ville singuli?re, qui seule a reproduit l'activit? du Grec antique, combattant seule, ramant seule sur ses flottes, s'?tait naturellement us?e. Rien d'?tonnant si une ville de la force de G?nes, qui remplit d'elle la M?diterran?e, qui fonda un empire dans la mer Noire, finit par d?faillir d'?puisement. Cependant, il y avait l? un riche fonds, une vitalit? ?tonnante dans la race ligurienne. La ville n'avait plus de marine militaire; mais son personnel admirable de marine marchande couvrit toujours la c?te, comme aujourd'hui. Cela est indestructible. Les G?nois furent, sont et seront les plus hardis marins du monde. Les Anglais, les Am?ricains, fr?missent en les voyant traverser l'Oc?an sur une barque de trois ou quatre hommes. H?ro?ques par ?conomie, ces vrais fils de la mer font tous les jours des choses plus hardies que Christophe Colomb.

?conomes entre tous les hommes, les G?nois avaient eu un merveilleux moment de g?n?rosit?; ils avaient accueilli l'appel de Pise, leur vieille rivale. On avait eu ce spectacle admirable des gal?res de G?nes apportant des vivres aux Pisans et nourrissant leurs anciens ennemis. Ceci, malgr? la France, malgr? la noblesse g?noise d?vou?e au roi. L? fut l'?tincelle de la guerre civile. Un homme du peuple est frapp? par un noble; le peuple se fait un doge, le teinturier Paul de Novi, grand coeur, qui accepta le pouvoir dans une lutte sans esp?rance. Le roi, pris pour arbitre, n'accepte la r?volution qu'? une condition impossible, que les nobles reprendront les fiefs qui, du haut des montagnes, dominent G?nes et peuvent l'affamer. Refus. Le roi se met en marche avec une arm?e telle qu'il l'e?t fallu pour reprendre le royaume de Naples; il l?ve la massue de la France pour ?craser une mouche. Ces pauvres marins, chancelant sur terre, ne pouvaient gu?re tenir devant de vieux soldats comme Bayard. Le roi entra v?tu d'abeilles d'or, et la devise: <> Il y eut peu de pendus, il est vrai, mais beaucoup d'outrages, une nouvelle plaie au coeur de l'Italie. L'ing?nieux monarque rendit la force aux nobles, amortissant le peuple, ce h?ros de la mer, qui, sur cet ?l?ment, aurait amorti Charles-Quint.

La sottise ?tait forte, mais on pouvait en faire une plus grande, magnifique et splendide, celle de ruiner Venise. Et l'on n'y manqua pas.

Un conseiller du roi osa pourtant lui dire que Venise ?tait justement la gardienne du Milanais, la sentinelle de l'Italie contre l'Allemagne, et demander s'il s'?tait bien trouv? d'appeler l'?tranger au royaume de Naples.

Le roi, bavard et imprudent, d?clamait ? tout venant contre Venise. Celle-ci le savait, et voyait venir l'orage; mais elle se sentait aussi tellement n?cessaire ? la France, qu'elle ne put jamais se persuader que le roi e?t la pens?e s?rieuse de la d?truire, encore moins qu'il r?uss?t ? former une ligue de l'Europe contre elle, contre un ?tat inoffensif qui couvrait la chr?tient? ? l'Orient, et seul luttait sur mer avec les Turcs. Donc elle repoussa obstin?ment les offres de Maximilien, et resta alli?e fid?le de la France qui ameutait le monde contre elle.

Un mot sur celui-ci et sur sa fille, la bonne couseuse de chemises, Margot, comme elle s'appelait elle-m?me, la forte t?te de cette maison, la Flamande rus?e qui contribua tant ? sa fortune.

Qui le poussait ainsi de tous c?t?s? le d?mon de vertige qui pousse le chasseur tyrolien? l'affront continuel d'un C?sar demandant des millions pour recevoir des liards? ou, mieux encore, l'agitation f?brile que sa monstrueuse origine lui mettait dans le sang? Autrichien-Anglo-Portugais, il ?tait crois? de toutes les races de l'Europe. Ces mariages de rois, tellement discordants, ?taient tr?s-propres ? faire des fous.

Il fit en toute sa vie une chose de bon sens, ce fut de quitter d?finitivement les Pays-Bas, o? sa nature ?tait antipathique, et de les confier ? sa fille Marguerite.

Cette bonne femme a tram? trois choses qui restent attach?es ? son nom:

Elle ber?a, endormit, ?nerva le lion belge, entre l'?poque des guerres de communes et des guerres religieuses;

Elle acheta l'Empire pour Charles-Quint, trafiqua des ?mes et des voix, trempa sans h?siter ses blanches mains dans cette cuisine;

Elle avilit la France par les deux trait?s de Cambrai , obtenant d'elle sa honte et sa ruine, l'Italie livr?e par la France ? l'Autriche. Tout cela bonnement, en devisant amicalement et comme entre parents. Le fil fil? par elle fut ? deux fins, un lien pour les rois, un lacet pour les peuples, dont l'Italie fut ?trangl?e; la France et l'Allemagne, li?es d'un bras, ne se battirent plus que de l'autre.

Elle est, nous le r?p?tons, le v?n?rable fondateur et de la maison d'Autriche et de la diplomatie;--elle est la tante, la nourrice de Charles-Quint, ?lev? sous sa jupe, ? Bruxelles, et par elle devenu l'homme complet, ?quilibr? de toute instruction et de toute langue, de flegme et d'ardeur, de d?votion politique, qui devait exploiter la vieille religion contre la Renaissance.

Le trait? de Cambrai fut manipul? ? huis clos de cette main fine et de la grosse main d'Amboise. On ?tait s?r de tous les rois; on savait bien qu'une fois la chasse ouverte sur cette proie de Venise, ils courraient tous ? la cur?e. Grands et petits, voisins ou ?loign?s, tous coururent en effet. L'Angleterre, la Hongrie, se d?clar?rent aussi bien que l'Espagne; les dogues aussi bien que les lions, les principicules de Savoie, de Ferrare, de Mantoue.

Il y a, au reste, une chose qui r?pond ? tout: c'est que ce gouvernement, infiniment meilleur que ceux qu'il avait remplac?s, fut partout regrett? et d?fendu du peuple qui se fit tuer pour le drapeau de Saint-Marc et parvint ? le relever.

Il y avait trois choses grandes ? Venise et uniques: un gouvernement d'abord, s?rieux, ?conome; ni cour, ni volerie, ni favoris;--gouvernement qui nourrissait son peuple, ouvrant ? son commerce, ? sa libre industrie, d'immenses d?bouch?s;--gouvernement enfin tr?s-ferme contre Rome et lib?ral pour les choses de la pens?e, abritant les libres penseurs, presque autant que fit la Hollande. O? ?tait l'imprimerie libre, la vraie presse? D'o? pouvait-on ?lever une voix d'homme dans la publicit? europ?enne? De deux villes, de Venise et de B?le. Le Voltaire de l'?poque, ?rasme, se partagea entre elles. Les saintes imprimeries des Alde et des Froben ont ?t? la lumi?re du monde. Cette r?volution, lanc?e par Guttenberg par le massif in-folio, n'eut son compl?ment qu'? Venise, vers 1500, lorsque Alde quitta le format des savants et r?pandit l'in-8?, p?re des petits formats, des livres et des pamphlets rapides, l?gions innombrables des esprits invisibles qui fil?rent dans la nuit, cr?ant, sous les yeux m?mes des tyrans, la circulation de la libert?.

Le plus sacr? devoir d'un roi de France, d'un duc de Milan, ?tait non-seulement de garder, de d?fendre Venise, mais, par sa constante amiti?, d'influer heureusement sur elle, de la seconder en Orient, et de la d?tourner des fausses directions o? sa politique s'?garait alors. D?courag?e par les succ?s des Turcs qui venaient de lui prendre L?pante, Leucade et autres places, elle se retournait vers l'Italie, y devenait conqu?rante, y faisant de petites acquisitions qui mettaient tout le monde contre elle. Elle ?tait menac?e de la plus redoutable r?volution commerciale. Les Portugais avaient trouv? la route des Indes et en rapportaient les produits. L'Espagne allait lui fermer tous ses ports par des droits excessifs, et ceux de l'Afrique, autant qu'elle pouvait. Au premier mal il y avait un rem?de, une ?troite union avec les ma?tres de l'?gypte, quels qu'ils fussent. L'alliance des Turcs qu'eut bient?t la France, l'intimit? de nos ambassadeurs avec les ren?gats qui gouvernaient Constantinople, devaient conserver ? Venise la voie courte, naturelle, de l'Orient, celle de l'isthme de Suez. Par l? Venise aurait v?cu; l'Italie e?t gard? sa d?fense contre l'Allemagne.

C'?tait un tel crime de toucher ? Venise, qu'au moment de porter le coup, Jules II, qui avait le coeur italien, en sentit un remords, h?sita et dit tout aux envoy?s de Venise; mais ils ne crurent pas le danger r?el?

La victoire adoucit les coeurs commun?ment. Le contraire arriva. Le roi ?tait maladif et aigri; il en voulait aux V?nitiens, de quoi? d'?tre une r?publique? ou indociles au pape? Il ne le savait pas bien, et les ha?ssait d'autant plus. Ses deux ma?tres, sa femme et son ministre, en voulaient ? Venise, elle par d?votion au pape, l'autre par mauvaise humeur depuis son grand ?chec de Rome. Quoi qu'il en soit, la route du roi fut marqu?e par les supplices; toute garnison qui l'arr?ta une heure fut mise ? mort, les soldats pass?s ? l'?p?e, les commandants pendus. Sa Majest? ne devait trouver nul obstacle.

Il est triste de lire dans la chronique de Bayard et ailleurs les gorges chaudes qu'on faisait de ces ex?cutions, de voir <> Le roi faisait le fort et affectait d'en rire. Deux ans encore apr?s, apprenant que son g?n?ral, Chaumont, avait massacr? une ville, il disait en riant devant Machiavel: <>

La guerre devenait laide, sauvage, furieuse sans cause de fureur. ? Vicence, la population ?pouvant?e avait pris asile dans une grotte immense qui est pr?s de la ville. Il y avait six mille ?mes, gens de toutes classes, beaucoup m?me de gentilshommes et de dames avec leurs enfants, qui craignaient les derniers outrages et n'avaient os? attendre l'ennemi. Les bandes d'aventuriers y vinrent, et, n'y pouvant entrer, ils apport?rent du bois, de la paille, et y mirent le feu. L?, il y eut une sc?ne effroyable entre les enferm?s. Les gentilshommes et les dames voulaient sortir, esp?rant se racheter, mais les autres leur mirent l'?p?e ? la gorge et dirent: <> Une fum?e horrible remplissait tout, on ne respirait plus; tous se tordaient dans d'horribles convulsions. Tout fut fini bient?t, et l'on entra. Les victimes n'avaient pas br?l?, elles ?taient enti?res, sauf quelques femmes grosses, ? qui on voyait des enfants morts qui pendaient des entrailles. Les capitaines furent indign?s, et Bayard, tout le jour, chercha les sc?l?rats qui avaient fait le coup; au hasard on en saisit deux, gens d?j? repris de justice; l'un n'avait pas d'oreilles, l'autre n'en avait qu'une. Le pr?v?t du camp les mena ? la grotte; Bayard, qui ne l?cha pas prise, pour en ?tre plus s?r, les fit pendre par son bourreau. Pendant l'ex?cution, on vit avec horreur sortir encore un mort de cette cave, mort du moins de visage; c'?tait un gar?on de quinze ans, tout jaune de fum?e; il avait trouv? une fente et un peu d'air pour respirer. Ce fut lui qui raconta tout.

Chose curieuse! ce crime est revendiqu? par deux nations. Nous avons suivi le r?cit fran?ais. Mais les Allemands assurent que la chose fut ordonn?e par le prince d'Anhalt, g?n?ral de l'empereur.

Quels qu'?taient les coupables, on comprend l'horreur qu'une telle invasion inspira et le mouvement populaire qui se manifesta pour Venise. Elle avait tout perdu; elle ?tait revenue ? son ?ge primitif, ? son ?troit berceau; son empire, c'?tait la lagune, et les boulets fran?ais y arrivaient d?j?. Elle prit ce moment pour proclamer cette r?solution romaine, hardie et g?n?reuse: Qu'elle voulait ?pargner aux villes les calamit?s de la guerre, les d?liait de leurs serments, les laissait libres. L'usage qu'elles firent de cette libert?, ce fut de relever le drapeau de Saint-Marc. ? Tr?vise, un cordonnier, nomm? Caligaro, sort le drapeau de sa maison, et fait rentrer les V?nitiens ? Padoue; les nombreux paysans r?fugi?s dans la ville s'unirent avec le peuple, et les nobles seuls furent pour l'empereur. ? la faveur des foins, qui entraient par longues files de charrettes, ils mirent dedans les troupes de Venise; et il en fut de m?me, un peu plus tard, ? Brescia.

Au si?ge de Padoue, l'empereur eut la plus forte arm?e qu'on e?t vue depuis des si?cles: cent mille hommes, Allemands, Fran?ais, Italiens, l'arm?e du roi, du pape et de l'Espagne. La ville eut un accord sublime, et les assi?geants, neutralis?s par leurs divisions, finirent par s'?loigner. Ce qu'on avait pu pr?voir arriva; Ferdinand, reprenant ses villes, Jules II les siennes, ils rentr?rent dans leur r?le naturel, celui d'ennemis de la France.

Qu'avait fait celle-ci? une seule chose: elle avait transf?r? la primatie de l'Italie, des V?nitiens au pape, de ses amis ? son ennemi.

Ceux-ci sortaient ruin?s de cette lutte, mais admirables et grands. Les populations italiennes avaient montr? pour eux tous les genres d'h?ro?sme, les Brisighella celui des batailles, et de m?me Brescia, Padoue. Les V?nitiens avaient ?t? tels qu'en 1849, h?ro?ques de patience. Que comparer au dernier si?ge, o? le dernier ?cu, la derni?re balle, le dernier pain, finirent le m?me jour! Tout cela endur? sans murmure! <>

LA PUNITION DE LA FRANCE.--LIGUE SAINTE CONTRE ELLE

La perfidie tant reproch?e aux Italiens par leurs vainqueurs avait ?t? ?gal?e par l'Espagnol dans la surprise du royaume de Naples. Celle de l'Espagne fut ?gal?e, surpass?e par l'Autriche, par l'empereur Maximilien et son ?g?rie, Marguerite.

L'Europe inattentive croyait voir tout partir de Rome, de la violence de Jules II, qui criait, tonnait, mena?ait, se portait ? grand bruit pour chef de la croisade contre la France. Les documents publi?s aujourd'hui d?montrent que, d?s cette ?poque, le fil central des affaires est ? Bruxelles.

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