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Munafa ebook

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Read Ebook: Histoire des salons de Paris (Tome 3/6) Tableaux et portraits du grand monde sous Louis XVI Le Directoire le Consulat et l'Empire la Restauration et le règne de Louis-Philippe Ier by Abrant S Laure Junot Duchesse D

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Ebook has 1335 lines and 79982 words, and 27 pages

HISTOIRE DES SALONS DE PARIS

TOME TROISI?ME.

L'HISTOIRE DES SALONS DE PARIS

FORMERA 8 VOL. IN-8?,

Qui para?tront par livraisons de deux volumes.

La 2e livraison a paru le 11 janvier;

La 3e livraison para?tra le 25 mars;

La 4e livraison, compos?e des Salons de la Restauration et du r?gne de Louis-Philippe Ier, para?tra le 15 mai.

PARIS.--IMPRIMERIE DE CASIMIR, Rue de la Vieille-Monnaie, n? 12.

HISTOIRE DES SALONS DE PARIS

TABLEAUX ET PORTRAITS DU GRAND MONDE,

LA RESTAURATION, ET LE R?GNE DE LOUIS-PHILIPPE Ier.

par

LA DUCHESSE D'ABRANT?S.

TOME TROISI?ME.

? PARIS

CHEZ LADVOCAT, LIBRAIRE

DE S. A. R. M. LE DUC D'ORL?ANS,

PLACE DU PALAIS-ROYAL.

UNE LECTURE

CHEZ ROBESPIERRE.

DE LA SOCI?T? EN FRANCE SOUS LA TERREUR.

J'ai parl? de l'?tat de la soci?t? en France au moment de la R?volution. Je l'ai m?me conduite jusqu'? celui o? elle ne fut plus dirig?e que par un petit nombre de personnes dont la vie pr?caire n'avait pour dur?e que le caprice d'un des rois du Comit? de Salut public. Madame de Sta?l fut la premi?re de toutes les femmes en France qui se mit ? la t?te d'un parti qu'elle forma parmi les gens du monde, et qui prit une banni?re. Ce Salon, dont j'ai parl? dans les premiers volumes de cet ouvrage, donne la mesure de la d?cadence de notre soci?t?. Madame de Sta?l, effray?e par les horribles sc?nes du 10 ao?t et du 2 septembre, quitta Paris. Apr?s son d?part, le sceptre de cette nouvelle souverainet? tomba dans les mains d'une autre femme qui, ainsi que la premi?re, pouvait et concevoir et ex?cuter: c'?tait madame Roland!

Quelle est l'?me fran?aise qui n'a pay? son tribut d'admiration au courage de cette femme h?ro?que? quel est le coeur qui ne bat et s'attendrit en ?coutant les douleurs de son martyre de femme, de Fran?aise et de m?re?... Mais aussi, quelle est celle parmi nous qui n'est fi?re d'entendre raconter les merveilles de la vie de cette courageuse soeur de la Gironde, qui mourut avec la force vraiment grande que donne toujours la vertu, et sa pieuse r?signation; digne amie des plus renomm?s parmi les victimes du 31 mai, elle sut leur ?lever un ?ternel monument qui fut consacr? par sa vertueuse indignation, que la crainte des m?mes bourreaux ne l'emp?cha jamais de t?moigner ? haute voix, et l'?chafaud o? elle termina sa vie, ? peine ?g?e de trente-sept ans, fut pour elle un tr?ne d'o? elle fut proclam?e une femme vraiment grande.

Les bourreaux qui r?gnaient alors comprirent qu'elle ?tait ? craindre!... Son ascendant sur le peuple l'avait suffisamment prouv?. Un soir, elle ?tait seule au minist?re de l'Int?rieur; il ?tait onze heures. Roland ?tait absent pour une s?ance qui se tenait chez l'un des ministres, car en ce moment rien n'?tait arr?t? ni statu? pour la marche des affaires, et cependant le Roi ?tait au Temple! et le tocsin commen?ait ? tinter pour les massacres de septembre!... plusieurs centaines d'hommes, portant des torches et blasph?mant, entrent dans la cour du minist?re en appelant Roland ? grands cris.

--Que lui voulez-vous? leur dit sa courageuse femme en d?fendant ? ses domestiques de fermer les portes et se pr?sentant elle-m?me ? ces furieux; que cherchez-vous?

--Des armes! On nous a dit qu'il y en avait ici, et nous les voulons.

--S'il y en avait, je vous les donnerais, mais il n'y en a pas;... elles nous seraient inutiles; le minist?re de M. Roland n'exige aucune mesure d?fensive. S'il avait eu besoin d'armes pour le service de la patrie, sans doute il en aurait demand?; mais, je vous le r?p?te, il n'en est rien. Au surplus, nous allons chercher... je vais vous conduire moi-m?me.

Et seule, sans crainte, car elle ?tait sans reproche, elle guide cette troupe ivre et furieuse dans le vaste h?tel, dont elle parcourt tous les d?tours avec elle. ?tonn?e, et bient?t domin?e par le v?ritable ascendant que presque toujours la force vertueuse exercera sur la masse, cette foule se retira sans avoir commis le moindre d?g?t chez cet homme qu'elle venait massacrer.

Dans cette soir?e, les d?cemvirs de 93 comprirent donc la grandeur de son pouvoir, et sa mort fut r?solue. Mais elle le fut surtout apr?s le supplice de cette Gironde dont elle ?tait la soeur et l'amie. Quelque temps encore, cependant, elle s'abusa, et son salon contint ces m?mes hommes avec lesquels elle ne croyait que converser, tandis qu'elle r?pondait ? un interrogatoire, lorsque, entre Danton, Robespierre et leurs amis, elle s'abandonnait ? une simple discussion politique.

Parmi les crimes de la Terreur, la mort de madame Roland fut peut-?tre le plus inf?me.

--Je la veux!...

Et les d?cemvirs la lui donnaient.

Dans le m?me moment, Robespierre marchait dans Paris ?l?gamment habill?, coiff? avec la plus grande recherche, employant pour sa toilette les essences les plus suaves, les pommades les plus odorantes... Son linge ?tait d'une extr?me beaut?; son jabot, fait d'une dentelle pr?cieuse, ?tait toujours ? c?t? d'un gilet rose, bleu ou blanc, en soie glac?e, et l?g?rement brod? en argent ou en or, et ? sa main il portait un bouquet de roses, m?me en hiver... Cet homme, ainsi habill?, paraissait convenir parfaitement ? l'un des plus ?l?gants salons de Paris, et pourtant il logeait chez un menuisier... Son appartement n'?tait certes pas somptueux, et ne r?pondait pas au luxe de sa toilette; et pourtant, dans cet appartement presque mis?rable, il recevait ce que la France avait de plus redoutable en pouvoir apr?s lui... Il recevait enfin, il donnait ? d?ner... on causait... et m?me l'on riait!... C'est dans un souper chez Robespierre, avec Danton, Saint-Just et Brissot, que la mort de madame de Sainte-Amaranthe et de madame de Sartines, sa fille, fut r?solue... Un mot fut dit au milieu du souper. Ce mot entendu et compris pouvait faire du tort notablement ? Robespierre...

--Tu as parl?! lui dit Saint-Just le lendemain du souper.

--Qu'ai-je dit?

Saint-Just r?p?ta le mot. Robespierre fron?a le sourcil... Il ?tait grave, ce mot, et le dictateur sentit son imprudence. Il fut l'arr?t de la m?re et de la fille.

Elles moururent sur l'?chafaud, rev?tues de la robe rouge, comme assassins de Collot d'Herbois!...

Ce n'?tait pas les vers qu'un jour il avait adress?s ? la jolie madame de Sartines, qui devaient compromettre Robespierre... ces vers sont bien curieux. Les voici:

Sur le pouvoir de tes appas Demeure toujours alarm?e; Tu ne seras que plus aim?e, Si tu veux ne l'?tre pas.

Ces vers furent faits par Robespierre pour mademoiselle de Sainte-Amaranthe, madame de Sartines...

Elle avait alors dix-neuf ans. Elle ?tait charmante... Mari?e seulement depuis un an ? M. de Sartines, fils de l'ancien lieutenant-g?n?ral de police, depuis ministre de la Marine, elle avait ?t? conduite chez Robespierre par sa m?re, et toutes deux pay?rent de leurs t?tes cet acte de l?chet?. Ce fut elle qui montra le plus de courage; elle alla ? l'?chafaud avec sa m?re, son mari, son fr?re et sa belle-soeur, pour ce pr?tendu projet d'assassinat de Collot-d'Herbois...

--Ne croyez pas punir, dit-elle, avec une fermet? qui ?tait remarquable dans une femme aussi belle et aussi jeune, aux bourreaux du tribunal; car je ne suis pas coupable, et j'aime mieux mourir, m?me ? vingt ans, que de vivre au milieu de monstres tels que vous.

Un t?moin oculaire de ces temps d?sastreux, et qui avait particuli?rement assist? ? cette derni?re sc?ne, me disait que le courage de madame de Sartines avait ?t? plus qu'admirable, car il ?tait touchant... Elle aimait sa m?re avec une extr?me tendresse, et bien loin de lui reprocher sa mort, elle l'embrassait avec son fr?re, et la consolait ainsi que lui...

--Nous mourons ensemble, que pouvons-nous regretter?...

Ils moururent le 18 juin 1794... quelque temps avant le 9 thermidor!...

Et voil? quelles ?taient les joies de la soci?t? de France sous le beau r?gne de la terreur!...

Quelquefois c'?tait Danton qui recevait ? son tour ses coll?gues en puissance; sa femme ?tait jeune et belle, et jamais on n'e?t dit, en la voyant, qu'elle ?tait chaque jour t?moin du massacre de tant de milliers de victimes innocentes... Quelquefois aussi on allait chez Camille Desmoulins. Sa femme a laiss? un nom qui vivra dans l'avenir. On parlera longtemps de sa beaut?, de son esprit et de ce courage h?ro?que qui lui fit chercher la mort pour rejoindre celui qu'elle aimait au point de d?tester une vie qu'ils ne devaient plus parcourir ensemble...

Il y avait souvent des r?unions, des d?ners, des soupers chez les hommes de la R?volution; mais une chose ? remarquer, c'est qu'il y avait peu de f?tes particuli?res ? l'?poque d?sastreuse de 92 et 93, m?me dans les maisons des membres du Comit? de Salut public. Ils se r?unissaient parce que la nature fran?aise repoussera toujours l'isolement; mais il semblait qu'ils craignissent d'?veiller eux-m?mes des sons joyeux, et de provoquer le rire au milieu de tant de pleurs et de deuil!... Les bals, les f?tes avec de grands appareils, tout cela ?tait public, et donn? au peuple pour l'emp?cher d'entendre les cris des victimes lorsque la mort leur ?tait trop am?re, comme ? madame Dubarry... Ces saturnales suffisaient ? ce peuple, qui, semblable ? celui de Rome, voyait tomber des t?tes et allait applaudir aux jeux du cirque en criant ?galement: Vive C?sar!...

Enfin, il ne fallait pas t?moigner une douleur apparente; il ne fallait pas porter le deuil de son p?re! tout devenait crime... m?me les larmes!

Cependant les hommes qui s'isolaient ainsi de leurs semblables, et ne les r?unissaient que pour les envoyer ? la mort, ces m?mes hommes avaient parmi eux de grands talents, et m?me des esprits aimables. Robespierre, lui-m?me, l'?tait lorsqu'il voulait l'?tre. Il connaissait le prix de la causerie, et l'aimait; mais il craignait l'abandon, et on le con?oit.

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