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Read Ebook: L'Illustration No. 0050 10 Février 1844 by Various
Font size: Background color: Text color: Add to tbrJar First Page Next PageEbook has 276 lines and 17001 words, and 6 pagesurs instruments des sons ? faire reculer d'effroi les tigres les mieux aguerris. Enfin, ? notre grande joie, la musique cessa de jouer; l'?mir parut en cet instant, et un hourrah g?n?ral le salua. Il ?tait suivi de ses lieutenants et des principaux cheiks des tribus; tous montant des chevaux arabes, qu'ils ma?trisaient avec une ?tonnante habilet?. Le costume que portait Abd-el-Kader ?tait fort simple et contrastait avec le luxe des habits de ses officiers. On l'aurait pris pour le dernier d'entre eux, n'eut ?t? la v?n?ration dont on l'entourait; chacun s'inclinait silencieusement sur son passage. Les hommages presque serviles de la foule s'adressaient plut?t au marabout qu'au chef de l'arm?e. Les Arabes ont, en g?n?ral, un tr?s-grand respect pour la religion et pour les hommes qu'ils croient inspir?s de Dieu. Abd-el-Kader pouvait avoir alors trente-trois ou trente-quatre ans; mais les je?nes et les soucis du gouvernement avaient imprim? quelques rides pr?coces sur ses traits d?licats. Sa taille est moyenne; sa constitution ne para?t pas tr?s-robuste; la couleur de son visage approche du jaune: c'est de la p?leur br?l?e par le soleil; sa physionomie est douce et agr?able; il a presque toujours le sourire sur les l?vres, ? moins qu'on ne parle de Dieu ou du Proph?te. Dans ce cas, il devient s?rieux, et affecte une extr?me d?votion. Ses yeux sont petits, noirs et tr?s-expressifs; de beaux sourcils, d'un ch?tain fonc?, les surmontent; son regard est ind?cis d'abord, mais, ? mesure que la conversation s'anime, il devient vif et per?ant; Son nez, est r?gulier, son front d?couvert; son visage ovale est entour? d'une barbe noire, courte et claire; sa t?te n'est pas d?velopp?e: il a surtout des oreilles d'une petitesse remarquable; ses mains sont blanches et potel?es, ? faire envie ? nos coquettes parisiennes; sa bouche est grande; elle laisse apercevoir assez volontiers deux rang?es de dents belles et r?guli?res. Il y a dans la d?marche d'Abd-el-Kader un peu de cette affectation que donne forc?ment l'habitude du pouvoir; il porte entre les deux yeux une petite ?toile bleue, embl?me de la saintet? de sa mission. C'est un inspir? ou un homme essentiellement habile. Rien dans ses discours, ni dans ses actions, n'a pu donner l?-dessus de renseignements pr?cis. Il est ? supposer n?anmoins, qu'il exploite le fanatisme de ses compatriotes, et qu'il n'est parvenu ? se maintenir au-dessus d'eux que par des semblants de pi?t? bien ?tudi?s. Du reste, sa vue n'est pas faite pour effrayer: le sourire, qui se tient en permanence sur ses l?vres, est, au contraire, tr?s-rassurant; sa voix est douce et flexible; ses gestes, empreints d'une majest? un peu forc?e, ne perdent rien pour cela d'une esp?ce de gracieuset? instinctive; la fiert? se peint dans tous ses mouvements; elle est dans toutes ses paroles. L'excessive n?gligence qu'il apporte dans sa toilette est un calcul. Il y a de l'orgueil m?me dans l'?talage de la mis?re. Abd-el-Kader s'avan?a vers nous, porta la main ? son coeur, en forme de salut, et nous invita du geste ? le suivre. Sou interpr?te m'annon?a alors que le sultan allait inspecter l'arm?e, et que je pouvais l'accompagner. Les petites Industries en plein vent. Jetons en passant un coup d'oeil, mais rien qu'un, sur l'app?tissant ?ventaire des marchandes de g?teaux plac?es sous le guichet du Carrousel. Quelle profusion! quel habile assortiment de friandises populaires! la brioche, le flan, ?ternelle tentation du gamin de Paris! le pain d'?pices, v?ritable Prot?e de la p?tisserie, affectant toutes les formes, toutes les figures, depuis celle d'Abd-el-Kader, jusqu'? celle de l'Empereur sur son cheval de bataille! La galette feuillet?e, cette amie inoffensive de l'estomac de la grisette parisienne! Ainsi rassasi?, d?salt?r?, rafra?chi, le spectateur regagne sa place et se sent plus dispos pour applaudir son acteur favori et pour pleurer sur les malheurs de l'h?ro?ne. Mais s'il est au th??tre avec sa femme ou sa pr?tendue, il ne rentrera pas sans garnir ses poches de quelques galanteries que lui vendra la marchande d'oranges... vraies oranges du Portugal!... ou sa voisine la marchande de pommes, ou son autre voisine la marchande de marrons, il n'oubliera pas le b?ton de sucre d'orge pour le mioche. Et le voil? plus content, plus heureux, plus fier que le brillant lion de l'avant-sc?ne, qui baille dans son fauteuil de velours en offrant des pastilles d'ananas ? sa belle voisine, laquelle n'est souvent que la fille d?chue de l'honn?te marchande de g?teaux. Reprenons, s'il vous pla?t, notre promenade d'observateurs, et retournons sur le quai des Tuileries; cette petite digression nous en a passablement ?loign?s. Traversons la chauss?e sans trop de crainte pour le lustre de nos chaussures: le petit boueur que vous voyez l?-bas vient de nettoyer le pav? et de tracer un ?troit sentier dans la fange qui couvre le sol. Il demande, pour ce service, quelque monnaie aux passants. D'autres, plus industrieux, jettent, les jours de grandes pluies, des ponts volants sur les ruisseaux des vieux quartiers; le pi?ton g?n?reux, qui consent ? se soumettre au droit de p?age, peut s'aventurer sans danger sur la planche ?troite, car le petit ing?nieur la maintient pour lui du pied et de la main; mais gare ? l'avare qui s'y hasarde sans payer le tribut! ma foi, pour lui, le pont sera livre ? son propre ?quilibre, combattu par l'in?galit? des pav?s, par l'imp?tuosit? du client, par l'inhabilet? du pied peu marin qui se pose sur la planche fr?le et chancelante... et... si elle tourne... au milieu du trajet... si notre avare culbute en pleine rivi?re... tant pis pour lui... ? qui la faute?... Voici enfin, ? l'extr?mit? sud du pont des Arts, en face de l'Institut, ce berceau de la litt?rature, une vieille et poudreuse industrie que l'on peut en appeler le tombeau. Le bouquiniste, noir et sinistre industriel, dans l'honn?te acception du mot, sorte de croque-mort litt?raire, qui ensevelit dans ses cases de sapin, comme dans des bi?res fun?raires, tant d'oeuvres avort?es, cr??es pour l'immortalit?, le bouquiniste est venu exposer, comme une ironie, sa collection de livres tr?pass?s, dans le voisinage m?me du palais des ?crivains immortels! Grande et muette le?on sur la vanit? des choses litt?raires de ce monde! Expos? par ?tat ? toutes les intemp?ries des saisons, il porte par mesure hygi?nique un respectable bonnet de soie noire sur sa t?te chenue que surmonte d'ailleurs une vieille casquette ? visi?re. Son petit corps gr?le est prot?g? contre la brise et le brouillard par un petit manteau r?p? qui la recouvre comme une cloche, et ses mains basan?es se cachent sous les mailles de gros gants de tricot vert. Que dirai-je de sa science, de sa litt?rature?... M'accusera-t-on de calomnie, si je dis que plus d'un bouquiniste sait ? peine lire et signer son nom? Faut-il le bl?mer de cette sage ignorance... et n'est-il pas heureux de ne pouvoir lire les livres qu'il vend? Pour lui le livre est une chose, et rien de plus, une chose qui vaut 25 centimes ? l franc, selon sa reliure et son format. Il les classe ainsi, d'apr?s leur valeur mat?rielle, dans de petites cases en forme de pupitres dont il couvre les quais. Puis, il se prom?ne sto?quement dans la brume ou au soleil, devant son ?talage, battant la semelle sur le pav? pour se r?chauffer les pieds et soufflant dans ses gros gants verts. Il voit sans s'?mouvoir de nombreux amateurs s'arr?ter devant ses tablettes, examiner ses volumes pendant de longues heures, les d?ranger, les feuilleter, les parcourir, puis les replacer dans le rayon et s'?loigner sans acheter, sans m?me remercier et saluer le pauvre marchand grelottant. Cette race peu lucrative de chalands prend le nom de bouquineurs. Le bouquineur passe ses journ?es enti?res devant l'?talage du bouquiniste; c'est la son cabinet de lecture, sa biblioth?que. Il passe en revue toutes ces vieilleries litt?raires ou scientifiques, parmi lesquelles se trouvent parfois enfouis des tr?sors. Il en est qui, ardents ? cette recherche, y consacrent non-seulement quelques heures, quelques journ?es, mais leur vie enti?re, en font leur occupation, leur profession; ? l'heure o? l'employ? se rend ? son bureau, ils se rendent ? leur poste, et commencent leurs fouilles cent fois recommenc?es. Ne croyez pas que l'heure des repas interrompra ce travail passionn?: le bouquineur d?jeune en bouquinant; il s'est muni, en venant, de son petit pain quotidien ou de sa brioche, et rien ne le distrait jusqu'au soir, si ce n'est l'heure du d?talage, ou quelque averse subite. Ce dernier accident ne le prend pas au d?pourvu, car il ne marche jamais sans un immense parapluie, moins destin? ? garantir son feutre h?riss? et sous habit noir r?p? aux coudes, qu'? prot?ger ses livres, ses pr?cieuses trouvailles, contre les injures du temps. Mais, ? c?t? du bouquineur qui ach?te, on voit une cat?gorie plus nombreuse encore de bouquineurs qui n'ach?tent pas. Ils se bornent ? lire, ? s'instruire, ? se meubler l'esprit d'une encyclop?die de connaissances qu'ils butinent dans les rayons du pauvre industriel, eux, pauvres affam?s de science. Ou en a vu qui, anim?s pas cette fi?vre d'apprendre, ont commenc? et compl?t? une instruction, sinon brillante, suffisante du moins, que leur pauvret? ne leur permettait pas d'acqu?rir. Quand le bouquineur qui ach?te d?niche un ouvrage qui lui convient, il s'avance vers le bouquiniste et lui montre sa conqu?te. Celui-ci ne regarde pas le titre de l'ouvrage, il se contente de demander dans quelle case on l'a pris. < A la fin d'une bonne journ?e, le bouquineur s'en revient triomphant dans son r?duit encombr?. Il est bard? de bouquins, il en a dans toutes ses poches, il en a sous tous ses bras, il en a dans les revers de son habit et de son gilet, il en a dans son chapeau, il en a dans son parapluie; il en mettrait dans ses bottes, s'il ne portait pas de souliers. Il entasse ses volumes dans sa chambre exigu?, au grand m?contentement de sa servante ou de sa femme, qui, lorsque l'encombrement devient par trop incommode, fait en cachette, en l'absence du maniaque, venir l'?picier voisin, afin de r?tablir la circulation. Au demeurant, c'est une pauvre industrie que celle du bouquiniste en plein vent: la plupart des auteurs dont se compose son fonds de commerce ont r?duit, leurs libraires ? la mis?re; pourquoi n'enverraient-ils pas leur bouquiniste ? l'h?pital? Puisque nous avons suivi le bouquiniste jusque sur le pont Saint-Michel, suivons la rue de la Barillerie, et allons faire un tour de promenade sur le march? aux Fleurs. Quel contraste entre ces deux industries si voisines! Ici tout est frais, tout est gracieux, tout exhale un d?licieux parfum! C'est ici que Fleur-de-Marie est venue acheter son pauvre rosier ch?ri; que la joyeuse grisette du quartier latin vient chercher le vase de r?s?da ou de violettes qu'elle place sur la fen?tre de l'?tudiant, que l'ouvri?re laborieuse vient choisir la fleur pr?f?r?e qui doit ?gayer sa mansarde; que le mari fid?le et attentionn? fait emplette du fastueux dahlia, offrande destin?e ? c?l?brer la f?te de sa femme. Ici les visages des chalands offrent encore un reflet de la marchandise qu'ils convoitent; ils sont riants, ?panouis, ouverts... comme celui du bouquineur ?tait jaune, poudreux et renfrogn?. Mais nous vivons dans le si?cle de la concurrence; ce vieux et respectable bazar de la Flore parisienne, autrefois sans rival, voyait accourir de tous les points de la capitale, ? pied, en omnibus, en fiacres, en ?quipages, tous les fid?les adorateurs de la florissante d?esse; pas un aristocratique salon, pas une riante chambrette, qui ne tir?t du quai aux Fleurs son atmosph?re suave et embaum?e. Le tondeur de chiens, dans la chaude saison, ajoute aux mille sp?cialit?s de son industrie celle de baigneur de chiens; il conduit ses pensionnaires sous une arche du Pont-Neuf, et leur donne des le?ons de natation et de propret?, L'hiver, il remplace cette branche impossible de son art par l'exercice de quelques petites professions lib?rales, telles que celle de commissionnaire et de d?crotteur. En toutes saisons, il vend la toison des caniches ? certains marchands de laine ? matelas, et des peaux de chats aux marchands de peaux de lapins, qui les revendent ? quelques fabricants marrons de fourrures de martres ou de renards de Russie. Plus d'une sensible lorette qui pleure son angora d?funt le porte peut-?tre ? ses bras sous la forme d'un manchon, ou au bas de sa robe en fa?on du garniture fourr?e! O myst?res de l'industrie! Mais la plupart des petits m?tiers sont bien plus restreints que celui-l?, et ne peuvent sortir du cercle ?troit d'une sp?cialit? unique. Ainsi le pauvre r?mouleur qui va par les rues, charg? de sa lourde machine, appelant le travail qui ne vient pas toujours! Ainsi le petit d?crotteur, qu'a ruin? pour toujours le grand d?crotteur en boutique, et qui, tristement assis sur sa bo?te, regarde, d'un oeil d?courag?, passer devant lui les pieds h?tifs des pi?tons. Ainsi encore ces troupes de pauvres enfants alsaciens qui, p?les, bl?mes, transis de froid et de faim, s'arr?tent sous vos fen?tres et improvisent un na?f concert qu'il leur faut recommencer bien des fois avant d'avoir recueilli le pain de la journ?e. Puis voici, au coin d'un trottoir, un industriel moins souffreteux, un hardi faubourien, qui ?tablit son petit ?ventaire sur lequel il lance ? tour de bras, et en feignant de rassembler toutes ses forces, des crayons effil?s dont la pointe r?siste ? cette double ?preuve... Qui ne voudrait lui acheter des crayons aussi merveilleux? Cet autre pousse devant lui, sur un petit train de chariot, un assortiment complet d'ustensiles de m?nage, et il offre chacun de ses articles... pour combien? Pour cinq sous!... vingt-cinq centimes, au choix! Cinq sous! vingt-cinq centimes la pi?ce!...--Plus loin un autre commer?ant, tra?nant aussi sa petite boutique charg?e de mille objets divers, invite les passants ? s'arr?ter, ? examiner, ? choisir... Il vend... ou plut?t il donne... il donne tout son ?talage... ? un sou... ? un sou la pi?ce!... ?TUDES COMIQUES. Le Trembleur, ou les Lectures dangereuse. M. TOUCHARD, M. RONDIN. M. RONDIN.--Ah ??, voyons... allez-vous m'expliquer... M. TOUCHARD.--La lettre... la lettre de ma femme... que j'ai intercept?e... Ah! c'?tait une inspiration... Il y a une Providence! M. RONDIN.--Mais il est peut-?tre des secrets qu'un mari ne doit confier ? personne... pas m?me ? son meilleur ami... M. TOUCHARD.--Quoi! vous vous figurez que c'est un billet d'amour... une trahison conjugale... ce ne serait rien! M. RONDIN.--Comment, rien! M. TOUCHARD.--Ce ne serait qu'une affaire de police correctionnelle... mais, ceci... M. RONDIN.--Qu'est-ce donc?... vous m'effrayez... < < M. TOUCHARD.--Est-ce clair? M. RONDIN.--Je suis confondu!... Mais pourtant je ne puis croire... M. TOUCHARD.--Non: vous ne croirez qu'apr?s mon autopsie. M. RONDIN.--Mon ami, du calme, je vous en conjure... Ne vous h?tez pas d'?mettre un soup?on aussi odieux... M. TOUCHARD.--Que je ne me h?te pas! M. RONDIN.--Non; il y a l?-dessous un malentendu, j'en suis s?r... Un mot, d'explication de madame Touchard, et tout ce myst?re s'?claircira... il faut l'interroger... ? l'instant m?me... Je ne veux pas que vous gardiez une minute de plus des id?es outrageantes pour votre femme... M. TOUCHARD.--Prenez garde, prenez garde, monsieur Rondin... un tel z?le dans une circonstance comme celle-ci... M. RONDIN.--Allez-vous me soup?onner aussi?... Mais c'est de l'?garement!... M. TOUCHARD.--Eh bien! jurez-moi sur l'honneur de faire ce que je vais vous dire. M. RONDIN.--Parlez... M. RONDIN.--Que voulez-vous faire? M. TOUCHARD.--Vous refusez? J'irai donc moi-m?me... M. RONDIN.--Non; restez... j'y vais... Mais soyez prudent... point d'?clat... Point de violence jusqu'? mon retour. M. TOUCHARD.--Je vous le promets... D'ailleurs, il est n?cessaire que mes soup?ons ne transpirent point, afin que les perquisitions de la justice... M. RONDIN.--Y pensez-vous?... Add to tbrJar First Page Next Page |
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