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Read Ebook: L'Illustration No. 0051 17 Février 1844 by Various
Font size: Background color: Text color: Add to tbrJar First Page Next Page Prev PageEbook has 162 lines and 22370 words, and 4 pagesOn nous annonce, du fond de la Russie, des succ?s bien brillants aussi et des victoires bien ?clatantes. C'est madame Viardot qui est le triomphateur; l'arm?e moscovite suit son char avec enthousiasme, et vient de lui d?cerner, par souscription, une couronne d'or rehauss?e de pierres pr?cieuses. Voil? ce qu'on peut appeler, sans m?taphore et sans hyperbole, d'imp?rissables lauriers. Th??tres. Non, jamais ?v?nement ne causa une plus vive ?motion; d?s l'apr?s-midi, le boulevard Saint-Martin ?tait encombr? d'une foule immense; une queue formidable et bruyante s'agitait aux portes du th??tre en replis tortueux; toutes les avenues ?taient obstru?es, et les passants, ?tonn?s de cette affluence, s'arr?taient sur les dalles du boulevard en formant un vaste amphith??tre de curieux ?bahis; au bureau de location, on se disputait les stalles et les loges; supposez la salle vaste comme la place du Carrousel, tout au plus aurait-elle suffi ? contenir et ? satisfaire les tumultueux amateurs qui se succ?daient par douzaines, demandant une stalle ou une loge. On aurait cot? les billets ? cinquante francs, que les acheteurs n'auraient pas recul?. A voir cette multitude se ruant de tous c?t?s, on pouvait craindre que le th??tre ne s'?croul?t sous ses violents efforts; il semblait que la repr?sentation d?t ?tre pleine de trouble et de cris; il n'en a rien ?t?; sauf le flux et le reflux in?vitable dans une telle circonstance, je veux dire la bourrasque des applaudissements luttant contre tes sifflets, cette soir?e, ou plut?t cette nuit , s'est accomplie tr?s-honorablement, sans hurlements et sans blessures; ? vrai dire, le public ?tait, en g?n?ral, gant? et verni, et les plus jolies femmes, les plus brillantes toilettes donnaient au th??tre Saint-Martin un ?clat d'?l?gance et de coquetterie auquel il n'est pas tous les jours accoutum?. Dans cette terrible rue aux F?ves, nous retrouvons d?j? tous les principaux personnages du roman; le prince Rodolphe prot?geant Fleur-de-Marie, la p?le Fleur-de-Marie aux mains f?roces de la Chouette et du Ma?tre-d'?cole; le Ma?tre-d'?cole, Jacques Ferrand. Rigolette et le Chourineur.--Jacques Ferrand m?dite ses assassinats et ses t?n?breux complots; ce n'est plus ? C?cily qu'il en veut, mais ? Fleur-de-Marie; il la couve des yeux, il la convoite, il faut ? tout prix qu'il assouvisse cet amour forcen?; oui, l'or et Fleur-de-Marie, voil? tes deux passions de Jacques Ferrand. Le Ma?tre-d'?cole est l'instrument de Jacques Ferrand dans ces inf?mes entreprises; il est ?galement pr?t pour le rapt, pour le vol et pour le meurtre; il vient de frapper le malheureux client de Jacques Ferrand, et voici qu'il se retourne contre Fleur-de-Marie et l'accable de menaces et de violences; mais le prince Rodolphe et le Chourineur veillent sur l'infortun?e; la Goualetise se r?fugie sous la protection du prince, tandis que le Chourineur, arm? de ses deux poings et de son bras de fer, tient le Ma?tre-d'?cole en respect; pour cette fois, Fleur-de-Marie ?chappe aux griffes de la b?te f?roce. En sortant de la rue aux F?ves, nous entrons dans la maison Pipelet. Je vous pr?sente la tendre madame Pipelet et son gros ch?ri M. Pipelet, portier et savetier tout ? la fois, l'infortun? Pipelet, victime de l'inf?me Cabrion. Cabrion est son cauchemar; il le poursuit, il lui tire le nez, il lui enl?ve sa perruque, il joue avec lui des sc?nes de M?phistoph?l?s et le magn?tise. Plaignez Pipelet!--Mais ce n'est pas tout que de rire; Cabrion, Rigolette et Pipelet ne sont pas toujours l?. L'orchestre joue un air farouche et lamentable: c'est Jacques Ferrand, c'est le Ma?tre-d'?cole qui reviennent; le Ma?tre-d'?cole mena?ant toujours Fleur-de-Marie, et Jacques Ferrand prenant la pauvre fille ? son service, v?ritable vautour planant sur sa proie et n'attendant que le moment de tomber sur elle et de la d?vorer. Plus loin je reconnais l'honn?te Germain et le malheureux Morel, l'ouvrier lapidaire; Germain, l'ami de Rigolette; Morel, p?le, triste, succombant sous le faix du travail et de la mis?re. Qui sauvera Morel? qui donnera du pain ? la vieille m?re, priv?e de la raison, ? ses enfants amaigris, ? sa femme min?e par la maladie? H?las! pour surcro?t d'infortune, un bandit vient de voter au lapidaire un diamant de trois mille francs qu'un joaillier lui avait remis pour le tailler. C'en est fait de Morel; s'il ne meurt pas du faim, il mourra de d?sespoir. A qui s'adressera le pauvre diable? A Jacques Ferrand, qui passe pour un si honn?te homme. Ici Jacques Ferrand joue une de ces horribles sc?nes d'hypocrisie auxquelles il est habitu?: il pr?te cinq cents francs ? Morel. Le brave homme! s'?crie-t-on. Oui, mais, attendez: Morel a sign? une obligation ? trois mois d?ch?ance; dans trois mois il ne paiera pas, et Jacques te philanthrope le fera mettre en prison. N'a-t-il pas besoin de se d?faire de ce pauvre Morel, qui a, sans le savoir, entre les mains, la preuve, d'un assassinat autrefois commis par Penaud. En public, Jacques Ferrand joue admirablement l'homme de bien, mais, seul, il jette le masque. Voyez-le comptant son or d'un oeil cupide et sanglant; entendez-le raillant ses victimes et supputent les ?pouvantables b?n?fices que lui rapportent ses crimes: puis, quand il a enfoui sa cassette, Jacques reprend son air b?nin, sa voix de sainte nitouche, et fait venir Fleur-de-Marie. Mais comme sa voix tremble! comme la passion perce sous ce masque d'hypocrisie! Fleur-de-Marie commence ? ?prouver de funestes pressentiments! Il ne faut rien moins qu'une seconde intervention du Chourineur et de Rodolphe pour la sauver encore de la concupiscence de Jacques et de la f?rocit? du Ma?tre-d'?cole. P?n?trez maintenant dans cette ?pouvantable mansarde. Une femme livide, des enfants malades, une folle, un malheureux d?sesp?r?; c'est l'int?rieur de la famille Morel. Germain, le bon Germain, apporte mille francs ? cette mis?re pour l'arracher aux poursuites des huissiers. Le prot?t, en effet, vient disputer ? cette famille affam?e ce grabat qui lui reste et ce dernier morceau du pain. Le prot?t, c'est Jacques Ferrand qui l'envoie; et quand Germain offre ses mille francs, < Ainsi le drame s'engage dans tous les noirs myst?res, dans toutes les douleurs, dans tous les crimes du roman. Fleur-de-Marie, sauv?e par Rodolphe, s'est retir?e ? la campagne dans un pays charmant; l? elle est heureuse, l? elle recouvre la sant? et la paix de l'?me. Les beaux sites, ces vertes pelouses la ravissent; tout le monde l'aime, tout le monde la b?nit, tout le momie la respecte. C'est un ange, dit-on, mais le Ma?tre-d'?cole et Jacques Ferrand ne sont-ils pas toujours sur ses traces? Le Ma?tre-d'?cole la retrouve, l'?pie et n'attend que l'heure de la ressaisir; c'est peu! La pauvre Fleur-de-Marie est reconnue par une fermi?re dont le mari a ?t? assassin? dans la rue aux F?ves; elle a vu Fleur-de-Marie parmi les bandits et la croit leur complice. < Elle s'enfuit; le Ma?tre-d'?cole, qui la guette, la happe au passage. L'infortun?e retombe entre ses horribles mains; et d'ailleurs Jacques Ferrand n'est pas loin. O Rodolphe! ? mon brave Chourineur! que faites-vous? Venez, il est temps; venez au secours de Fleur-de-Marie! Rodolphe ne vient pas, et le Chourineur est en prison. Le brave homme s'est fait mettre ? la Force pour un crime imaginaire, afin de veiller sur le malheureux Germain. Ceci nous procure l'occasion d'assister ? un int?rieur de prison: les visages f?roces et repoussants, la violence, le crime, les haillons, les sombres et sanguinaires complots, rien n'y manque. Le Chourineur arrive ? temps, en effet, pour sauver Germain de la fureur de ces horribles bandits qui veulent le tuer, attendu son honn?tet? et son innocence; c'est un espion, pensent-ils. Sans le Chourineur, c'en serait fait de Germain; mais notre brave terrasse les plus vigoureux et fait peur aux plus hardis. Apr?s quoi, on nous donne le spectacle d'une ?vasion de prisonniers; le Ma?tre-d'?cole, qui s'est laiss? prendre, est du nombre. D?s qu'il est libre, il rejoint avec ses complices Jacques Ferrand au pont d'Asni?res. Cette d?coration du pont d'Asni?res est d'une rare beaut?, d'un pittoresque merveilleux; elle est encore de M. Devoir. L? le Ma?tre-d'?cole retrouve Fleur-de-Marie, et cette fois il a r?solu de s'en d?faire; mais le Chourineur vient ? passer, descend sous l'arche du pont, et vient au secours de Fleur-de-Marie. Le Ma?tre-d'?cole recule devant ce terrible Chourineur, qui, saisissant Fleur-de-Marie, la jette sur sa barque et rame ? tours de bras. La barque chavire: Au secours! Fleur-de-Marie va se noyer. Non pas; le Chourineur la saisit et l'?l?ve d'une main vigoureuse au-dessus des eaux, tandis que de l'autre il se cramponne de toutes ses forces ? un anneau de fer attach? ? une des arches du pont. On crie, on accourt; un batelier arrive avec sa nacelle; le Chourineur y jette Fleur-de-Marie ?vanouie. Quant ? lui, il se pr?cipite au milieu des flots et s'?chappe ? la nage. Ce tableau a produit un grand effet. N'avez-vous pas reconnu ce batelier? C'est Jacques Ferrand, Jacques qui prend tous les costumes et tous les visages. Ainsi Fleur-de-Marie est en son pouvoir. Jacques emporte sa victime ? l'?le des Ravageurs. Il y trouve le Ma?tre-d'?cole et sa bande; alors il se fait un horrible pacte entre eux: Ferrand livrera ? ces bandits Rodolphe, qui va quitter la France avec trois millions; il ne s'agit que de s'embusquer sur la route o? le prince doit passer, et puis on l'assassinera. < Le Chourineur sera-t-il r?ti? Non pas: nous le retrouvons ? la Patte-d'Oie, debout et ferme sur ses jarrets, attendant le passage de Rodolphe, qu'il veut sauver du poignard du Ma?tre-d'?cole, et Ferrand, qu'il surveille pour le livrer ? la justice; les gendarmes sont avertis et sur leurs gardes. Tandis que tous ces ?v?nements s'accomplissaient, le prince Rodolphe retrouvait dans Fleur-de-Marie la fille qu'il avait perdue et qu'il croyait morte; maintenant le bonheur commence pour Fleur-de-Marie; elle a un p?re, un bon et g?n?reux p?re! Et sa m?re, l'ambitieuse Sarah Mac-Gr?gor? Sa m?re vient d'expirer en demandant pardon au prince et ? Fleur-de-Marie, que cette mar?tre avait abandonn?e; le poignard du Ma?tre-d'?cole a mis fin ? la vie et aux remords de Sarah. Mais revenons ? la Patte-d'Oie, c'est l? que le drame se d?noue. Nous avons encore ? louer ici un admirable d?cor de M. Philastre et Cambon, dignes associ?s de M. Devoir; une for?t, des all?es ? perte de vue, de longues haies d'arbres se perdant ? l'horizon, un ciel charg? d'azur et de nuages l?gers; l'effet est superbe et au-dessus de toute id?e. Jacques Ferrand et le Ma?tre-d'?cole arrivent avec leurs complices; alors se passe une terrible sc?ne; le Ma?tre-d'?cole demande ? Ferrand la moiti? du tr?sor qu'il a enfoui dans la for?t; Ferrand refuse; furieux, le Ma?tre-d'?cole l'entra?ne dans une sombre cabane: on entend un cri; Ferrand sort ? t?tons, et les yeux sanglants; le Ma?tre-d'?cole l'a priv? de la vue: il a appliqu? ? Ferrand le ch?timent de l'aveuglement qu'il subit lui-m?me dans le roman de M. Sue. Dans cette atroce situation, le malheureux Ferrand g?mit, se d?sesp?re, s'agenouille, demande pardon ? Dieu; cependant, le Chourineur et les gendarmes le saisissent, lui, le Ma?tre-d'?cole et les autres assassins, tandis que Fleur-de-Marie et Rodolphe passent dans une ?l?gante cal?che, escort?s de Rigolette, de Germain, de Morel, et de tous les heureux qu'ils ont faits et qui les b?nissent. Acad?mie des Sciences. COMPTE RENDU DES SECOND ET TROISI?ME TRIMESTRES DE 1843. La nature de notre journal ne nous permet pas de suivre dans tous leurs d?tails les communications qui su rattachent ? ce titre; mais nous devons donner un r?sum?, ou au moins une indication de celles qui offrent le plus d'int?r?t. M. Cauchy a communiqu? ? l'Acad?mie un grand nombre de r?sultats de ses f?condes m?ditations. La m?canique mol?culaire, le d?veloppement des fonctions en s?ries, la m?taphysique du calcul infinit?simal, et les parties les plus ?lev?es de l'analyse math?matique ont successivement fourni ? l'illustre g?om?tre le sujet de m?moires ?tendus. Mais ses recherches sur la synth?se alg?brique, pour ?tre plus ?l?mentaires et ? la port?e d'un plus grand nombre de lecteurs, ne nous paraissent pas eu avoir moins de prix. Mais, parmi ces travaux, ceux qui nous paraissent offrir le plus d'int?r?t ? raison de l'?ge de leurs auteurs aussi bien qu'? cause de leur importance, sont dus ? deux jeunes g?om?tres qui donnent d?j? mieux que des esp?rances. M. Liouville s'est charg? de faire les rapports sur ces travaux, et il s'en est acquitt? avec la bienveillance et l'attention les plus propres ? encourager ceux qui entrent dans la carri?re. Citons textuellement quelques passages de ces rapports. < M. Bertrand, ing?nieur des mines, est l'un des auteurs dont nous parlons. Ses d?veloppements sur quelques points de la th?orie des sut faces isothermes orthogonales ont motiv? un rapport dont nous extrayons le passage suivant: < Certains passages du rapport sur le m?moire de M. Hermite ont ?t?, pour M. Libri, l'occasion de soulever une r?clamation de priorit? ? la suite de laquelle a eu lieu entre lui et M. Liouville un d?bat des plus vifs, qui a occup? la majeure partie de plusieurs s?ances. Nous regrettons que les acad?miciens qui, en tr?s-petit nombre, sont en ?tat de porter le flambeau de la v?rit? dans une discussion de ce genre, ne l'aient pas fait d'une mani?re explicite. Il est vraiment d?plorable que le pour et le contre puissent ?tre soutenus presque avec la m?me vraisemblance, ? en juger par les comptes rendus, aux yeux de la plupart des acad?miciens eux-m?mes tout aussi bien qu'? ceux du public. A tous ces faits si pr?cis, ? tous ces arguments si convaincants, on n'a plus r?pondu m?me par des d?n?gations vagues; les adversaires de M. Chasles ont gard? un silence absolu. Nous devons donc regarder comme un fait d?sormais, acquis ? l'histoire, l'origine purement occidentale de notre syst?me actuel d'arithm?tique. L'importance de ce fait, si contraire aux id?es g?n?ralement re?ues, motive suffisamment le d?veloppement que nous avons donn? ? l'examen des beaux travaux par lesquels il se trouve ?tabli d'une mani?re irr?fragable. < Un coup d'oeil jet? sur le coutelas fut le commentaire de cette agr?able r?flexion, apr?s laquelle le patron et l'officier embarqu?rent dans le canot. < --Ses voiles sont-elles envergu?es? demanda l'officier voix basse. --Oui, capitaine,>> r?pondit avec affectation le patron du canot. L'enseigne tressaillit en s'entendant donner ce titre inaccoutum?. Fernando avait vingt-huit ans pass?s. ? son d?but dans la carri?re, il s'?tait berc? de l'espoir de faire son chemin; comme tant d'autres, il avait r?v? d'?paulettes d'amiral; plus tard, il s'?tait content? de d?sirer le grade d'enseigne de corvette; depuis six ans qu'il n'ambitionnait plus rien, il occupait ses loisirs ? p?cher ? la ligne: il fallait, comme on voit, qu'il e?t pass? par tous les d?senchantements du m?tier. C'?tait du reste un gar?on plus froid que glace, temp?rament nervoso-bilieux qui d?fiait la fi?vre jaune; maigre et sec, ne riant jamais; il n'en ?tait pas moins d?vou? corps et biens au plus joyeux des ?cervel?s, c'est-?-dire ? don Graviel Badajoz. < --Est-ce pour m'adresser cette sotte question que tu me fais monter ici ? pareille heure? --Ma question n'est pas si sotte qu'elle en a l'air; r?ponds-moi cat?goriquement. --Eh bien! non! dit le garde-marine. Apr?s? --C'est que j'ai un projet o? tu figures en premi?re ligne, et qui peut mener droit ? ta potence. --Ah! --Il ne s'agit de rien moins que de d?baucher une partie de l'?quipage, de s'emparer du brick-go?lette que tu vois l?-bas, d'aller avec faire ta course, et avant tout d'enlever la fille du gouverneur, dona Juanita de las Esmaduras, dont je suis amoureux fou. --Tiens! c'est dr?le, dit Fernando. --Veux-tu me donner un coup de main? --Pour la go?lette, oui; pour la fillette, non! que diable ferions-nous d'elle ? bord? Ne me parle pas des femmes, j'aime mieux les poissons, ils sont muets. --Je suis amoureux, te dis-je! --Tant pis! --Et je n'ai combin? toute cette affaire que pour parvenir ? la conqu?te de Juanita.>> Fernando haussa les ?paules. < Add to tbrJar First Page Next Page Prev Page |
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