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Read Ebook: Histoire de la prostitution chez tous les peuples du monde depuis l'antiquité la plus reculée jusqu'à nos jours tome 6/6 by Jacob P L
Font size: Background color: Text color: Add to tbrJar First Page Next Page Prev PageEbook has 240 lines and 102517 words, and 5 pagesGamm?des effront?s, impudique canaille, Cerveaux ambitieux, d'ignorance combl?s, C'est l'injure du temps et les gens mal zel?s, Qui vous font prosperer sous un roi fait de paille. Ce n'est ni par assault ni par grande bataille, Qu'avez eu la faveur, mais pour estre alli?s D'un corrompu esprit, l'un ? l'autre enfil?s, Guid?s de vostre chef, qui les honneurs vous baille, Qui vos teints damoiseaux, vos perruques trouss?es, Aime, autant comme escus et lames et esp?es. Puisque les grands estats qui vous rendent infames Sont de vice lo?ers aux jeunes impudents, Gardez-les ? tousjours, car les hommes vaillans N'en veulent apr?s vous, qui estes moins que femmes! < L'auteur du pamphlet indique l'usage impur et sacril?ge qu'il assigne ? ces pr?tendues idoles, en disant: < Oui, les Hermaphrodites, monstres effeminez, Corrompus bourdeliers, et qui estoyent mieux nez Pour valets de putains que seigneurs sur les hommes, Sont les monstres du si?cle et du temps o? nous sommes! Je ne suis male ny femelle, Et si je s?ay bien en cervelle Lequel des deux je dois choisir; Mais qu'importe ? qui je ressemble? Il vaut mieux les avoir ensemble: On en re?oit double plaisir. Henry fut mieux instruit ? juger des atours Des putains de sa cour, plus propres aux amours: Avoir ras le menton, garder la face pasle, Le geste effemin?, l'oeil d'un Sardanapale, Si bien qu'un jour des Rois, ce douteux animal, Sans cervelle, sans front, parut tel en son bal: De cordons emperlez sa chevelure pleine, Sous un bonnet sans bord, fait ? l'italienne, Faisoit deux arcs voutez; son menton pincet?, Son visage de rouge et de blanc empast?, Son chef tout empoudr?, nous monstr?rent l'id?e, En la place d'un roy, d'une putain fard?e. Pensez quel beau spectacle! et comme il fit bon voir Ce prince avec un busc, un corps de satin noir Coup? ? l'espagnole, o? des dechiquetures Sortoient des passemens et des blanches tirures, Et afin que l'habit s'entresuivist de rang, Il monstroit des manchons gauffrez de satin blanc, D'autres manches encor qui s'estendoient fendues, Et puis jusques aux pieds d'autres manches perdues. Pour nouveau parement, il porta, tout ce jour, Cet habit monstrueux, pareil ? son amour; Si qu'au premier abord chascun estoit en peine S'il voyoit un roy-femme ou bien un homme-reine! Nul heur, nul bien ne me contente Absent de ma divinit?! >>Le roy de Navarre y avoit apostill? de sa main: N'appellez pas ainsi ma tante: Elle aime trop humanit?. >>On connut par l? qu'il aimoit les femmes, contre les r?gles de l'amour sacr?: cela le fit chasser ? coups de pied, comme le duc de Longueville, pour avoir demand? au roy ses couleurs en une lettre de papier illumin?; si je contois les espousailles de Qu?lus, l'autre contrat sign? du sang du roy et du sang de d'O pour tesmoin, par lequel il espousoit monsieur le Grand; de plus, si je redisois les paroles de ce prince agenouill? sur Maugiron mort, ayant la bouche coll?e entre les deux parties honteuses!...>> Quand j'oy qu'un roy transy, effrai? du tonnerre, Se couvre d'une voute et se cache sous terre, S'embusque de laurier, fait les cloches sonner; Son pech?, poursuivy, poursuit de l'estonner; Qu'il use d'eau lustrale, il la boit, la consomme En clyst?res infects; il fait venir de Rome Les cierges, les agnus, que le pape fournit; Bouche tous ses conduits d'un charm? grain-benit; Quand je voy composer une messe complete, Pour repousser le ciel, inutile amulete; Quand la peur n'a cess?, par les signes de croix, Le bra?er de Mass? ny le froc de Fran?ois: Tels spectres inconnus font confesser le reste; Le pech? de Sodome et le sanglant inceste Sont reproches joyeux de nos impures cours. Triste, je trancheray ce tragique discours, Pour laisser aux pasquils ces effroyables contes, Honteuses veritez, trop veritables hontes! A ces bois, ces prez et ces antres, Offrons les voeux, les pleurs, les sons, La plume, les veux, les chansons D'un po?te, d'un amant, d'un chantre.>> Ainsi, Bassompierre lui-m?me, en prenant si vivement la d?fense de Marguerite, avoue que les calomnies qu'il reproche ? Dupleix pouvaient bien n'?tre que des m?disances et des indiscr?tions; mais Dupleix n'avait fait que r?p?ter avec une extr?me r?serve ce qui se disait partout, ? la cour et m?me dans le peuple, depuis que la reine de Navarre eut quitt? son ch?teau enchant? d'Usson, en 1605, pour revenir se fixer ? Paris: son ?tat hyst?rique ou hypocondriaque ?tait devenu tel, ? cette ?poque, que les scandales qu'il engendrait tous les jours furent l'entretien et l'?tonnement de la France enti?re. < Comme roine tu devrois estre En ta royale maison; Comme putain, c'est bien raison Que tu sois au logis d'un prestre. Mon oeil est tout ravy, quand il voit et contemple Ses beaux cheveux orins, qui ornent chaque temple, Son beau et large front et sourcils ?benins, Son beau nez decorant et l'une et l'autre joue, Sur lesquelles Amour ? toute heure se joue, Et ses beaux brillants yeux, deux beaux astres benins. Heureux qui peut baiser sa bouche cinabrine, Ses levres de corail, sa denture yvoirine, Son beau double menton, l'une des sept beautez, Le tout accompagn? d'un petit ris folastre, Une gorge de lys sur un beau sein d'albastre, O? deux fermes tetins sont assis et plantez! Ces petits pieds ouverts, rendant bon tesmoignage Quel est le demeurant du rare personnage. N'est-ce pas une chose estrange De voir un grand roy serviteur, Les femmes vivre sans honneur, Et d'une putain faire un ange! Nous devons benir ceste main Qui s?me avec tant de largesses, Pour le plaisir du genre humain, Quantit? de si belles vesces.>> Tous les honn?tes gens, tous les bons citoyens s'indignaient ? l'id?e de l'union du roi avec une femme d?shonor?e qui tranchait d?j? de la reine de France. Un satirique publia ce huitain au sujet de ce beau mariage, qui n'existait encore qu'en promesse sign?e de la main de Henri IV: Mariez-vous, de par Dieu! sire, Votre heritier est tout certain, Puisqu'aussy bien un peu de cire Legitime un fils de putain: Putain dont les soeurs sont putantes, La grand'm?re le fut jadis, La m?re, cousines et tantes, Horsmis madame de Sourdis! Tallemant des R?aux, qui nous a r?v?l? de si neuves et si curieuses particularit?s sur Henri IV, rapporte un bon mot, un peu libre, de ce prince, au sujet de la Fanuche, qu'on lui avait pr?sent?e comme une vierge et qui n'en ?tait pas ? son apprentissage. Non l'ire, non l'honneur, non quelque humeur jalouse L'ont fait ensanglanter au sang de son espouse. D'honneur, en eust-il donc? eut-il est? jalous D'une qu'il scavoit bien estre commune ? tous, Et que mesme il avoit nourrie en tous delices, Adher?, consenty, mille fois, ? ses vices?.... Va, passant, elle a eu justement le salaire Que merite ? bon droit une femme adultere, Et luy, soit pour jamais dit l'infame bourreau De celle dont il fut autrefois macquereau! CHAPITRE XL. Les lois destin?es ? sauvegarder les moeurs et ? punir tous les d?lits de fornication ?taient fort rigoureuses, mais on ne les appliquait pas toujours avec une ?gale mesure. Quelques-unes allaient jusqu'? l'atrocit?, comme pour laisser le juge r?gler la peine en raison des circonstances qui s'?levaient pour ou contre l'accus?. Ainsi, le rapt et la s?duction pouvaient ?tre punis de mort, lors m?me que le coupable offrait de r?parer son crime par un mariage qui en e?t d?truit l'effet. En 1583, le parlement de Paris condamna au gibet un clerc du Palais qui avait engross? la fille d'un pr?sident aux enqu?tes, bien que cette fille, ?g?e de vingt-cinq ans, d?clar?t vouloir ?pouser son s?ducteur. Un ma?tre des comptes, que Pierre de l'Estoile me nomme pas en disant qu'il ?tait de la ville de Rennes en Bretagne, se vit condamner, par arr?t du parlement, ? ?pouser une veuve, ? laquelle il avait fait un enfant sous promesse de mariage: < C'?tait principalement dans ces sortes de proc?s que la justice se montrait parfois trop accessible ? des influences de diverse nature. Il ne fallait que le cr?dit d'un grand seigneur pour peser sur la balance de Th?mis et pour la faire monter ou descendre au gr? d'une vengeance, d'une paillardise ou de tout autre int?r?t. Dans les causes concernant la police des moeurs, la Prostitution servait trop souvent de mobile ? la sentence du juge, qui se faisait ainsi le complaisant de quelque personnage puissant ou qui ob?issait en secret ? ses propres passions impudiques. Pierre de l'Estoile cite un exemple attristant de ces d?nis de justice. Il vit ? la Conciergerie, en 1609, une pauvre femme qui, depuis plus de douze ans, poursuivait inutilement devant toutes les juridictions le corrupteur et l'assassin de sa fille. Cette fille n'?tait ?g?e que de cinq ans, lorsqu'elle avait ?t? viol?e par un homme ? la garde de qui la pauvre m?re l'avait confi?e, et la malheureuse cr?ature, qui fut trouv?e < Pierre de l'Estoile a consign? dans ses registres-journaux un exemple encore plus remarquable des pr?varications de la justice de son temps. C'est un pr?cieux document ? joindre au chapitre o? nous avons trait? de la Prostitution dans la cl?mence . < Cayet, se voulant faire prebstre, A monstr? qu'il a bon cerveau; Car il veult, avant que de l'estre, Faire restablir le bordeau.>> Catholique, il poursuit encor son entreprise. Agrippa d'Aubign?, qui ?tait l'ennemi personnel du pauvre Cayet et qui ne cessa jamais de vomir contre lui les plus atroces injures, croit pouvoir le qualifier ainsi: L'avocat des putains, syndic des maquereaux. Ce dernier fait, rapport? par Pierre de l'Estoile, conseiller du roi et grand audiencier ? la chancellerie de France, prouve que, nonobstant les ordonnances des rois et les r?glements de police, les bordeaux de Paris, tol?r?s, sinon autoris?s, avaient une notori?t? scandaleuse, qui amenait parfois leur fermeture et l'expulsion des femmes perdues et des hommes avilis qu'on y trouvait ? demeure. Pierre de l'Estoile caract?rise encore mieux le d?sordre ?trange qui r?gnait ? cette ?poque dans la police des moeurs: < < Mathurin Regnier, fils d'un ?chevin de la ville de Chartres, neveu, par sa m?re, du po?te Desportes, tonsur? d?s l'?ge de onze ans, et destin? ? la pr?trise, attach? de bonne heure, en qualit? de secr?taire, ? la personne d'un cardinal, Fran?ois de Joyeuse, qui l'emmena et le retint ? Rome pendant dix ans, n'avait pu se d?fendre de c?der aux penchants libertins qui le firent tomber dans les d?sordres les plus scandaleux. On ne saurait dire si ce fut la po?sie qui l'avait pr?dispos? ? la d?bauche, ou bien si la d?bauche ?veilla en lui l'inspiration po?tique. Regnier, que les amours avaient < . . . qui rend le po?te ardent et chaud, Subject ? ses plaisirs, de courage si haut, Qu'il mesprise le peuple et les choses communes, Et, bravant les faveurs, se mocque des fortunes; Qui le fait desbauch?, frenetique, resvant, Porter la teste basse et l'esprit dans le vent, Esgayer sa fureur parmy des precipices, Et plus qu'? la raison subject ? ses caprices. C'est que mon humeur libre ? l'amour est sujete! De conduire ma barque en ce ravissement; Au gouffre du plaisir la courante m'emporte; Tout ainsi qu'un cheval qui a la bouche forte, J'ob?is au caprice. . . . . . . .>> Il s'abandonne, il est vrai, avec d?lices, ? cette fougue des sens; sa faute est volontaire; il est content de son mal; il se tient trop heureux, dit-il, D'estre, comme je suis, en tous lieux amoureux, Et, comme ? bien aymer mille causes m'invitent, Aussi mille beautez mes amours ne limitent; Et courant ?? et l?, je trouve tous les jours, En des subjects nouveaux, de nouvelles amours. Regnier aime sans choix; toutes les femmes lui sont bonnes: les vieilles comme les jeunes, les laides aussi bien que les belles. Il soutient cette th?se singuli?re, que la cr?ature la plus disgracieuse, la plus repoussante, peut encore jouer son r?le de femme dans l'?ternelle com?die de l'amour. Voil? bien le raffinement d'une sensualit? monstrueuse et d?prav?e! Il n'y a peut-?tre que Regnier qui ait ?mis un pareil paradoxe, entre tous les po?tes ?rotiques anciens et modernes: Tant l'aveugle appetit ensorcelle les hommes, Qu'encores qu'une femme aux amours fasse peur, Que le ciel et Venus la voient ? contre-coeur, Toutesfois, estant femme, elle aura ses delices, Relevera sa grace avecq des artifices, Qui dans l'estat d'amour la sauront maintenir, Et par quelques attraits les amants retenir. Il d?veloppe ensuite, en homme expert et convaincu, son syst?me des compensations en amour, et il fait ressortir les m?rites secrets qu'on peut rencontrer chez une femme, pour se d?dommager de ses d?fauts ext?rieurs et de son inf?riorit? apparente; il est d'accord avec Ovide, quand il prend parti m?me pour la niaise et l'ignorante: Je croy qu'au fait d'amour elle sera scavante, Et que Nature, habile ? couvrir son deffault, Luy aura mis au lict tout l'esprit qu'il luy faut. Il pense que cette Nature pr?voyante a si bien arrang? les choses, De peur que nulle femme, ou fust laide ou fust belle, Ne vescust sans le faire et ne mourust pucelle. Apr?s avoir justifi? de la sorte toutes les imperfections qui peuvent ?tre le partage du sexe f?minin, il revient ? son aveugle et irr?sistible besoin d'essayer partout les forces de son incontinence; il exprime la violence et l'ardeur de son temp?rament avec une verve libidineuse, que nous retrouvons seulement chez R?tif de la Bretonne un si?cle et demi plus tard: ce n'est pas de l'amour; c'est de la sensualit?, sans d?licatesse, sans frein et sans loi: Or, moy qui suis tout flamme, et de nuict et de jour, Qui n'haleine que feu, ne respire qu'amour, Je me laisse emporter ? mes ardeurs communes, Et cours sous divers vents de diverses fortunes. Ravy de mes objets, j'ayme si vivement, Que je n'ay pour l'amour ny choix ny jugement. De toute eslection mon ame est despourveue, Et nul object certain ne limite ma veue. Toute femme m'agr?e. . . . . . . . La douleur aux traits veneneux, Comme d'un habit ?pineux, Me ceint d'une horrible torture; Mes beaux jours sont chang?s en nuits, Et mon coeur, tout fletry d'ennuis, N'attend plus que la sepulture. Add to tbrJar First Page Next Page Prev Page |
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