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Read Ebook: L'Illustration No. 2509 28 Mars 1891 by Various
Font size: Background color: Text color: Add to tbrJar First Page Next Page Prev PageEbook has 213 lines and 23642 words, and 5 pagesLe bruit court que l'empereur a ?t? vaincu et que l'arm?e triomphante marche sur Rome: l'imp?ratrice soul?ve la populace contre Marc-Aur?le, ce philosophe incapable de r?gner. Mais, au lieu de Cassius qu'elle attendait, c'est Marc-Aur?le qui entre triomphant dans la ville, tenant Cassius captif. L'effet de cette tr?s belle sc?ne a ?t? des plus grands, et l'oeuvre de M. Stanislas Kzewuski a ?t? chaleureusement applaudie malgr? quelques d?faillances. MM. Pierre Berton et Fabr?gues ont jou? fort convenablement ce drame historique, mais les honneurs de la soir?e ont ?t? pour Mme Jane Hading, tr?s jolie dans ce r?le de Faustine un peu trop complexe et trop puissant pour ses moyens dramatiques. Un arc immense, qui, dans l'esprit de l'auteur, est sans doute l'arc dit des Fabiens, s'?l?ve sur la gauche. On sait que l'arc des Fabiens ?tait ? cheval sur la voie sacr?e. La statue ?questre de l'un des empereurs se voit aupr?s de l'arc triomphal. Un dais immense la prot?ge contre les rigueurs des saisons; tout autour, des colonnes se dressent toutes de marbre ou de porphyre, dans l'ordre corinthien... Au fond, l'on voit se profiler les monuments de l'un des c?t?s du Forum... Les temples, les basiliques, les fontaines, les palais, s'?tagent les uns au-dessus des autres et montent vers le temple de Jupiter Capitolin. C'est sur le Forum que se place la sc?ne ma?tresse de l'Imp?ratrice, Faustine. La foule se presse, r?clamant une victime... Marc-Aur?le arrive vainqueur et des barbares et des tra?tres qui, conseill?s par Faustine, voulaient le d?tr?ner... Les licteurs le pr?c?dent; les l?gions le suivent. La garde pr?torienne attend ses ordres... L'empereur, dont la patience a ?t? mise ? de dures ?preuves et est ? bout, se venge, non sans un certain raffinement, de l'infid?le imp?ratrice... C'est par elle qu'il fait prononcer devant le peuple la condamnation des coupables... Alors Marc-Aur?le livre ? la foule l?che et f?roce le centurion Aper, le complice d'Avidius Cassius dans sa r?volte... Bient?t c'est la sc?ne m?me que repr?sente notre gravure; la foule ram?ne Aper ensanglant?, d?chir? par les mains de la populace... L'imp?ratrice Faustine assiste ? ce spectacle avec effroi et horreur... Car c'est le m?me supplice, elle le sait, qui est r?serv? ? son complice et amant Avidius Cassius, que les pr?toriens gardent encha?n?... Marc-Aur?le reste impassible, en vrai philosophe... Il y a, dans toute cette sc?ne, un effet large et puissant... Il est rendu plus saisissant encore par le r?le qu'y joue la populace romaine, sanguinaire et cruelle autant que l?che, comme toutes les foules. L'INSPIRATION Fragonard, l'incomparable artiste ? qui nous devons ce chef-d'oeuvre, ?tait mieux que quiconque apte ? comprendre l'angoisse sp?ciale de son h?ros; sa peinture, d'une si alerte et si gaie vivacit?, a fr?quemment l'allure d'un coquet billet d'amour. Mais elle a, en outre, quelque chose de robuste et d'?nergique qui, chez nos peintres du dix-huiti?me si?cle, ?tait une qualit? assez rare. De plus, il fut, jusqu'? la R?volution fran?aise, un joyeux et spirituel viveur. Il avait un go?t admirable, pour le luxe, et l'on assure que l'int?rieur de sa ma?tresse, Mlle Guimard, ?tait l'un des plus merveilleux du temps. H?las! les bouleversements politiques l'avaient ruin?. Mais qu'importe! Il laissait derri?re lui un si glorieux r?ve! Il avait montr? dans tant d'admirables toiles des ?tres d?licieux, heureux de vivre et de s'aimer! Leur souvenir, sans doute, l'accompagna jusqu'? la fin de ses jours. Et cela lui constituait une sorte de richesse plus v?ritable que l'autre, la sympathie de cette joyeuse et saine r?union de belles cr?atures, dont les sourires avaient inspir? ses chefs-d'oeuvres! M. CAMOURS La science a perdu cette semaine un de ces serviteurs consciencieux et m?ritants que la renomm?e bruyante ne poursuit pas au fond de leurs laboratoires, mais qui conservent, pour tous les esprits ?clair?s, une gloire d'autant plus pure. Il s'agit de M. Auguste-Thomas Cahours, membre de l'Acad?mie des sciences, commandeur de la L?gion d'honneur, d?c?d? ? l'?ge de soixante-dix-huit ans. Il avait ?t? ?l?ve de l'?cole polytechnique, mais ses pr?dispositions pour l'?tude de la science pure, de la science th?orique, l'engag?rent ? quitter le corps d'?tat-major o? il ?tait class? ? sa sortie de l'?cole. D?missionnaire, il se consacra exclusivement ? l'?tude de la chimie et surtout de la chimie organique. Il devint professeur ? l'?cole centrale, puis r?p?titeur de chimie ? l'?cole polytechnique, enfin essayeur ? la Monnaie. Il fut un des premiers chimistes qui ?tablirent le transport des radicaux mol?culaires en chimie organique, et, par suite, un des cr?ateurs des formules de constitution aujourd'hui adopt?es par tous les savants. C'est en 1868 qu'Auguste-Thomas Cahours entra ? l'Acad?mie des sciences o? il rempla?ait, dans la section de chimie, le savant J.-B. Dumas, nomm? secr?taire perp?tuel. ANIE Roman nouveau, par HECTOR MALOT Suite.--Voir nos num?ros depuis le 21 f?vrier 1891. Jusque-l? Anie n'avait rien dit, mais comme toujours, lorsqu'un diff?rend s'?levait entre son p?re et sa m?re, elle essaya d'intervenir: --Je demande qu'il ne soit pas question de mon mariage, dit-elle, et qu'on ne s'en pr?occupe pas; ce que cet h?ritage inesp?r? a de bon pour moi, c'est de me rendre ma libert?; maintenant je peux me marier quand je voudrai, avec qui je voudrai, et m?me ne pas me marier du tout, si je ne trouve pas le mari qui doit r?aliser certaines id?es autres aujourd'hui que celles que j'avais il y a un mois. --Ce n'est pas dans ce pays perdu que tu le trouveras, ce mari. --Je te r?pondrais comme papa: Pourquoi pas? si je devais tenir une place quelconque dans vos pr?occupations, mais justement je vous demande de ne me compter pour rien. --Tu accepterais de vivre ? Ourteau! --Tr?s bien. --Tu es folle. --Quand on ?tait r?sign?e ? vivre rue de l'Abreuvoir, on accepte tout... ce qui n'est pas Montmartre, et d'autant plus volontiers que ce tout consiste en un ch?teau, dans un beau pays... --Tu ne le connais pas. --Je suis dedans. Comme sa fille l'avait secouru il voulut lui venir en aide: --Et ce que je d?sire pour nous ce n'est pas une existence monotone de propri?taire campagnard qui n'a d'autres distractions que celles qu'on trouve dans l'engourdissement du bien-?tre, sans soucis comme sans pens?es. Quand je disais tout ? l'heure qu'on pouvait faire rendre ? la propri?t? un revenu de dix pour cent au moins, ce n'est pas en se croisant les bras pendant que les r?coltes qu'elle peut produire poussent au hasard de la routine, c'est en s'occupant d'elle, en lui donnant ses soins, son intelligence, son temps. Par suite de causes diverses Gaston laissait aller les choses, et, ses vignes ayant ?t? malades, il les avait abandonn?es, de sorte qu'une partie des terres sont en friche et ne rapportent rien. --Tu veux gu?rir ces vignes? --Je veux les arracher et les transformer en prairies. Gr?ce au climat ? la fois humide et chaud, gr?ce aussi ? la nature du sol, nous sommes ici dans le pays de l'herbe, tout aussi bien que dans les cantons les plus riches de la Normandie. Il n'y a qu'? en tirer parti, organiser en grand le p?turage; faire du beurre qui sera de premi?re qualit?; et avec le lait ?cr?m? engraisser des porcs; mes plans sont ?tudi?s... --Nous sommes perdues! s'?cria Mme Barincq. --Pourquoi perdus? --Parce que tu vas te lancer dans des id?es nouvelles qui d?voreront l'h?ritage de ton fr?re; certainement je ne veux pas te faire de reproches, mais je sais par exp?rience comme une fortune fond, si grosse qu'elle soit, quand elle doit alimenter une invention. --Il ne s'agit pas d'inventions. --Je sais ce que c'est: on commence par une d?pense de vingt francs, on n'a pas fini ? cent mille. L'arriv?e au haut de la c?te emp?cha la discussion de s'engager ? fond et de continuer; sans r?pondre ? sa femme, Barincq commanda au cocher de mettre la voiture en travers de la route, puis ?tendant la main avec un large geste en regardant sa fille: --Voil? les Pyr?n?es, dit-il; de ce dernier pic ? gauche, celui d'Anie, jusqu'? ces sommets ? droite, ceux de la Rhune et des Trois-Couronnes, c'est le pays basque--le n?tre. Elle resta assez longtemps silencieuse, les yeux perdus dans ces profondeurs vagues, puis les abaissant sur son p?re: --A ne conna?tre rien, dit-elle, il y a au moins cet avantage que la premi?re chose grande et belle que je voie est notre pays; je t'assure que l'impression que j'en emporterai sera assez forte pour ne pas s'effacer. --N'est-ce pas que c'est beau? dit-il tout fier de l'?motion de sa fille. Mais Mme Barincq coupa court ? cette effusion: --Tiens, voil? notre ch?teau, dit-elle en montrant la vall?e au bas de la colline, au bord de ce ruban argent? qui est le Gave, cette longue fa?ade blanche et rouge. --Mais il a grand air, vraiment? --De loin, dit-elle d?daigneuse. --Et de pr?s aussi, tu vas voir, r?pondit Barincq. --Je voudrais bien voir le plus t?t possible, dit Mme Barincq, j'ai faim. La c?te fut vivement descendue, et quand apr?s avoir travers? le village o? l'on s'?tait mis sur les portes, la cal?che arriva devant la grille du ch?teau grande ouverte, la concierge annon?a son entr?e par une vigoureuse sonnerie de cloche. --Comment! on sonne? s'?cria Anie. --Mais oui, c'?tait l'usage du temps de mon p?re et de Gaston, je n'y ai rien chang?. C'?tait aussi l'usage que Manuel r?pond?t ? cette sonnerie en se trouvant sur le perron pour recevoir ses ma?tres, et, quand la cal?che s'arr?ta, il s'avan?a respectueusement pour ouvrir la porti?re. --Voulez-vous d?jeuner tout de suite? demanda Barincq. --Je crois bien, je meurs de faim, r?pondit Mme Barincq. Quand Anie entra dans la vaste salle ? manger dall?e de carreaux de marbre blanc et rose, lambriss?e de boiseries sculpt?es, et qu'elle vit la table couverte d'un admirable linge de Pau damass? sur lequel ?tincelaient les cristaux taill?s, les sali?res, les huiliers, les sauci?res en argent, elle eut pour la premi?re fois l'impression du luxe dans le bien-?tre; et, se penchant vers son p?re, elle lui dit en soufflant ses paroles: Add to tbrJar First Page Next Page Prev Page |
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