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Munafa ebook

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Read Ebook: Capitals of the Northlands: Tales of Ten Cities by Hannah Ian C Hannah Edith B Illustrator

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Ebook has 764 lines and 64780 words, and 16 pages

DE LA

CRUAUTE

RELIGIEUSE.

PARIS,

CHEZ LES MARCHANDS DE NOUVEAUT?S.

TABLE.

Introduction vij

SECTION PREMI?RE. Les hommes donnent toujours aux dieux qu'ils adorent les passions qu'ils ont eux-m?mes 1

SUPPL?MENT ? la Cruaut? Religieuse 187

SECTION PREMI?RE. Des opinions erron?es et des c?r?monies superstitieuses que l'on trouve dans les p?res de l'?glise 189

SECTION PREMI?RE. De l'absurdit? et de l'injustice de la pers?cution 239

FIN DE LA TABLE.

INTRODUCTION.

Je vais examiner dans cet essai les diff?rentes esp?ces de cruaut?s religieuses. Je comprends ?galement sous ce nom, soit les opinions religieuses qui proc?dent de la cruaut? ou qui la font na?tre, soit les actes de barbarie qu'impose la religion m?me, ou ceux dont ses z?lateurs se font un devoir pour son service et par amour pour elle.

La croyance en Dieu ?tant le fondement de toute religion, c'est en g?n?ral l'id?e qu'on se fait de l'?tre supr?me qui imprime un caract?re au culte qu'on lui rend: si les hommes se figurent un Dieu tyrannique, capricieux ou m?chant leur religion respirera l'esclavage, l'incons?quence, la cruaut?. Mais s'ils regardent sinc?rement la divinit? comme un ?tre infiniment sage et bon, l'on a droit d'en conclure que leur religion sera pleine de raison et de bienveillance, et d?terminera ? suivre une conduite honn?te. Les adorateurs d'un seul Dieu disent, sans doute, que cet ?tre est dou? d'une sagesse et d'une bont? infinies; mais s'ils lui attribuent des actions de cruaut?, s'ils s'imaginent qu'on peut lui plaire par des pratiques vaines et pu?riles, ou par des actions barbares; s'ils pensent que Dieu lui-m?me ait ordonn? de telles choses, alors l'id?e qu'ils ont r?ellement de la divinit? sera directement oppos?e ? ce qu'ils en disent, et ce sera cette id?e qui constituera l'essence de leur religion.

Bien des gens sans s'en douter croient ? un Dieu cruel, et en cons?quence ils sont cruels en fait de religion. Ils en imposent l?-dessus ? eux-m?mes et aux autres. Mais qu'ils s'interrogent eux-m?mes de bonne foi et qu'ils se demandent comment ils s'imaginent au fond de leur coeur que l'?tre-Supr?me traitera dans l'autre monde la plus grande partie des hommes qu'il a cr??s et nomm?ment les infid?les quoiqu'in?vitablement tels: qu'ils se demandent comment eux-m?mes, s'ils en avaient le pouvoir, traiteraient en ce monde les gens qui ne s'accordent pas avec eux sur le culte, ou sur les dogmes de la religion: ces questions m?rement examin?es et r?pondues avec candeur feront voir l'opinion des hommes touchant la divinit?, et leur religion dans un jour tr?s diff?rent de celui sous lequel on les avait d'abord envisag?es.

Quoique la plupart des hommes conviennent qu'il n'y a point d'opinions plus importantes par les cons?quences que celles qui ont Dieu et la religion pour objet, cependant il n'y en a point qu'on prenne plus commun?ment sur parole. On apprend le symbole et le cath?chisme par routine ainsi que des vaudevilles et des chansons; l'on ne raisonne pas plus sur les uns que sur les autres.

Un grand nombre d'articles de foi sont embrass?s avec chaleur, soutenus obstin?ment, courageusement d?fendus, non parce qu'on les trouve raisonnables, mais parce qu'on s'est accoutum? de bonne heure ? les respecter, ou parce qu'ils s'accordent soit avec le temp?rament, soit avec les int?r?ts qu'on peut avoir. Nous sommes dispos?s ? penser que les opinions dont on nous a p?n?tr?s dans notre enfance et que l'habitude a fait en quelque fa?on cro?tre avec nous, sont des r?sultats de nos propres raisonnemens quoique nous ne les ayons jamais examin?es. Il y en a quelques-unes qui sont si ?videmment vraies qu'il importe peu de savoir si elles ont ?t? d?couvertes par nous-m?mes ou simplement acquises; mais pour celles qui peuvent comporter le moindre doute, il est tr?s essentiel pour nous de ne les admettre qu'apr?s le plus m?r examen; cela seul peut nous donner le droit de les regarder comme v?ritablement ? nous.

Apr?s ce petit nombre d'observations pr?liminaires, nous allons partager notre sujet dans les trois chefs suivans. Nous examinerons:

SECTION PREMI?RE.

Les hommes donnent toujours aux dieux qu'ils adorent les passions qu'ils ont eux-m?mes.

Nous ne savons rien de clair ni de satisfaisant sur la cr?ation de l'homme. Nous ignorons donc l'opinion premi?re qu'il eut de son cr?ateur et quel fut au commencement l'objet de son adoration.

Les relations de tout les auteurs payens, concernant l'origine de l'homme, sont indubitablement des fables; et le r?cit qu'en fait le livre de la G?n?se, attribu? ? Mo?se, est regard? par plusieurs savans comme une pure all?gorie; en effet, il ressemble plus ? une all?gorie qu'? une histoire; au moins est-il tr?s s?r que ce r?cit est ?trangl?, obscur et peu satisfaisant.

Si nos premiers p?res ont admis l'existence d'un ?tre ?ternel, invisible, tout puissant, d'une bont? infinie, cr?ateur de l'univers, il est vraisemblable que presque toute la post?rit? perdit bient?t et cette connaissance et tout sentiment raisonnable sur la divinit?. Selon les anciens t?moignages que nous ayons de l'histoire, les hommes, d?s les premiers ?ges du monde, ont ador? les plus ?tranges dieux: rien de plus ridicule que leurs diff?rentes opinions sur cette multitude de divinit?s; elles sont si absurdes que, si nous n'en avions pas des preuves incontestables, il nous serait impossible de croire que l'homme, dou? d'abord de quelque intelligence, e?t pu se d?praver ? ce point et tomber dans cet ab?me de d?raison; ces notions furent ?galement absurdes et changeantes, et cela devait n?cessairement arriver; en effet si la v?rit? est de sa nature circonscrite et toujours la m?me, l'erreur n'a pas plus de forme fixe que de limites.

Suivant ce qu'on nous enseigne et l'opinion commun?ment re?ue, tous les hommes descendent d'un seul homme et de sa femme; mais cette opinion para?t insoutenable par plusieurs raisons, et surtout par l'impossibilit? de faire sortir des m?mes parent les hommes blancs et noirs. Mais qu'il y ait eu d'abord un ou plusieurs couples d'hommes cr??s, cela ne fait rien ? la question dont il s'agit.

Mais les hommes en s'?cartant de la v?rit? par diff?rentes routes se sont g?n?ralement r?unis en un point sur le compte de leurs dieux; ils leur ont attribu? les dispositions et les passions qu'ils ?prouvaient eux-m?mes, et souvent leur ressemblance corporelle. Car qu'y a-t-il eu de plus commun dans la plupart des nations et des religions que de repr?senter les dieux sous la figure humaine?

Les Lac?d?moniens, le peuple le plus belliqueux de la terre, repr?sentaient toujours leurs dieux et m?me leurs d?esses en habit de guerre. Pierre Kolbe, dans sa relation du cap de Bonne-Esp?rance, nous dit que quelques-uns des Hottentots, les hommes les plus malpropres qui existent, qui se barbouillent le corps avec de la suie incorpor?e dans de la graisse et ne se v?tissent que de peaux de b?tes, soutiennent que Dieu ressemble, par sa couleur, sa figure et son habillement, aux plus beaux d'entr'eux.

Les tableaux de Dieu le p?re sous la figure d'un vieillard, sont tr?s communs dans les pays catholiques romains. L'auteur de cet essai a vu ? Lyon un Dieu le p?re coiff? d'un chapeau ? la mode, ? trois c?t?s, apparemment pour repr?senter la Trinit?.

Il est ?vident que la plupart des hommes se prennent eux-m?mes pour mod?les dans les id?es qu'ils se font des dieux et m?me d'un seul dieu; ils agrandissent seulement leurs propres dimensions; un dieu n'est pour eux qu'un homme colossal, ou, si l'on veut, l'homme est un Dieu pigm?e. Il est vraisemblable que si d'autres animaux, soit reptiles, soit insectes, ?taient capables d'imaginer des dieux, ils leur donneraient aussi leur propre ressemblance; ce seraient des dieux ?l?phans ou fourmis, des dieux brebis ou lions.

Cette propension g?n?rale que les hommes ont de donner ? leurs divinit?s les dispositions et les passions qui les dominent eux-m?mes, nous rend tr?s-bien raison de la cruaut? qu'ils ont toujours attribu?e ? leurs dieux. Elle est en m?me temps une preuve tr?s forte de la cruaut? naturelle du coeur humain.

Les hommes sentent, par leur propre exp?rience et par celle des autres, combien le pouvoir est ?troitement li? avec la tyrannie et la cruaut?. Ils ont l?-dessus des exemples tir?s de la conduite des ma?tres avec leurs serviteurs, des maris avec leurs femmes, des p?res avec leurs enfants, des pr?cepteurs avec leurs pupilles, des monarques absolus avec leurs esclaves, et comme ils ont attribu? ? leurs dieux un pouvoir illimit?, ils ne mettent aucunes bornes ? leur tyrannie et ? leur cruaut?.

Nous devons cependant convenir qu'il y a bien peu de serviteurs assez fid?les, assez attach?s, assez soigneux pour ?tre justement regard?s comme des amis malheureux. Il n'en est pas moins certain que leurs ma?tres doivent toujours se souvenir qu'ils sont de la m?me esp?ce qu'eux, et par cons?quent les traiter avec indulgence et humanit?.

Il est ?vident, par des exemples sans nombre, que la plus grande partie du genre humain, dans tous les temps, dans toutes les nations, dans toutes les religions, a regard? cette cruaut? comme un attribut de ses dieux. Les payens ont g?n?ralement suppos? que les leurs les ch?tiaient par les plus grandes calamit?s, comme la famine ou la peste; et cela commun?ment pour l'omission de quelque c?r?monie vaine et ridicule, ou pour avoir m?pris? quelque conte absurde de leurs devins ou de leurs pr?tres. S'ils croyaient leurs dieux capables de s'irriter pour des sujets aussi frivoles, ils pensaient aussi pouvoir les apaiser par des expiations du m?me genre. On n'employait souvent pour cela que quelques chansons, quelques danses ou quelques jeux en leur honneur. Les Romains sur-tout, lorsqu'ils ?taient afflig?s de quelque contagion, pour expier leurs p?ch?s et apaiser les dieux, nommaient un dictateur, dont les fonctions se bornaient ? attacher un clou au temple de Jupiter; il abdiquait sa magistrature apr?s cette belle c?r?monie.

Le lecteur verra sans doute que dans ces sortes d'expiations, aussi bien que dans beaucoup d'autres pratiques religieuses, les payens ont ?t? imit?s de bien pr?s par un grand nombre de chr?tiens.

Que des payens qui d?ifiaient souvent leurs semblables et particuli?rement leurs princes les plus odieux, attribuassent encore la cruaut? ? des dieux fauteurs de leurs vices aussi bien que de leurs vertus, il ne faut pas s'en ?tonner. Mais que les adorateurs d'un Dieu infiniment bon lui fassent la m?me injure, cela est aussi absurde qu'?tonnant.

Cependant il est notoire que les juifs, les chr?tiens et les mahom?tans, qui tous pr?tendent croire un pareil Dieu, le repr?sentent comme plus cruel encore que les dieux payens. L'opinion enseign?e par les juifs, adopt?e et propag?e par les sages chr?tiens, est qu'un Dieu mis?ricordieux et bienfaisant, rempli de patience, riche en bont?, plein d'une compassion tendre, pr?t ? pardonner l'iniquit?, les transgressions, les p?ch?s, ne laisse pas de vouloir ch?tier cruellement les coupables, venge les iniquit?s des p?res sur les enfans, et sur les enfant des enfans, jusqu'? la troisi?me et quatri?me g?n?ration.

Les chr?tiens ont encore port? cette opinion beaucoup plus loin que la troisi?me et quatri?me g?n?ration. Ils ont ?tendu la vengeance divine depuis le premier homme jusqu'au dernier: pour le p?ch? d'Adam toute la post?rit? se trouve punie.

Tous les infid?les et les incr?dules sont encore ?galement menac?s de la damnation ?ternelle; ainsi la croyance du vrai Dieu ayant ?t? pendant un grand nombre de si?cles exclusivement accord?e ? un peuple obscur, m?prisable, m?chant vu que ce peuple habitait une petite contr?e qui n'avait que peu de commerce avec ses voisins, il s'ensuit que faute d'avoir la connaissance du vrai Dieu tout le reste du genre humain a d? ?tre ?ternellement malheureux. Nous sommes oblig?s de croire que les Aristides, les Phocion, les Timol?on, les Epaminondas, les Socrates, les Platon, en un mot que les hommes les plus excellens du paganisme ont ?t? envelopp?s dans cette cruelle sentence. Depuis la venue du Christ nous devons damner et tous ceux qui n'ont point cru en lui quoiqu'ils n'en aient jamais entendu parler, et ceux aussi qui le reconnaissant pour Dieu n'ont pas admis le m?me genre de culte ou de doctrine enseign? par quelque secte particuli?re; c'est ce qu'osent soutenir les catholiques romains, et c'est au moins ce que pr?sume un grand nombre de protestans: voil?, si vous en croyez les mahom?tans, la fa?on dont Dieu traitera tous les hommes qui n'auront point reconnu leur proph?te, et qui n'auront point regard? l'Alcoran et sa doctrine comme ?man?s du ciel.

Je ne peux pas quitter le sujet de Dieu, condamnant ainsi les hommes ? des tourmens ?ternels et inou?s, sans proposer une question ? ceux qui sont assez malheureux pour admettre une doctrine aussi blasph?matoire et aussi diabolique. Je la propose sur-tout ? ceux qui, sans la croire, sont assez l?ches ou assez pervers pour l'enseigner et la r?pandre.

Je leur demanderai donc quelle peut ?tre la fin l?gitime et avantageuse de toute punition? N'est-ce pas en premier lieu de corriger les coupables? ce qui certainement est tr?s fort ? d?sirer: en second lieu, n'est-ce pas de d?tourner les hommes de commettre les crimes pour lesquels ils en voyent d'autres punis? Enfin n'est-ce pas d'?loigner ou de retrancher de la soci?t? des membres qui sont ? craindre pour elle? Telles sont les notions invariables que les hommes doivent se former du but que les ch?timens doivent se proposer; or des ch?timens ?ternels ne remplissent aucune de ces vues l?gitimes; le coupable ne peut pas ?tre corrig?; il le serait m?me inutilement, car, corrig? on non, il sera toujours tourment?. Son exemple ne peut pas en d?tourner d'autres du crime; sa conduite ainsi que son destin sont irr?vocablement d?termin?s. Enfin l'on ne peut pas imaginer que parmi les damn?s quelqu'un puisse ?tre dangereux pour la soci?t?.

Est-il possible que les hommes puissent tomber dans une contradiction aussi manifeste que de repr?senter Dieu comme un ?tre d'une bont? infinie, ou m?me de l'?quit? la plus ordinaire, et croire en m?me tems ou enseigner qu'il punit ainsi ses cr?atures? ne devraient-ils pas plut?t le repr?senter comme un d?mon barbare, comme un ?tre infiniment injuste et cruel? Il cr?e l'homme par un acte de sa volont? pure, afin de condamner ensuite l'ouvrage de ses mains ? une ?ternelle mis?re! Quelle est la cause de cette rigueur? Il est puni pour des choses qui n'ont aucunement d?pendu de lui! Est-il un seul homme assez f?roce pour vouloir de sang froid, pour quelque raison que ce f?t, condamner ? des tourmens ?ternels ses propres enfans, ou m?me un ennemi d?clar?? En est-il un assez impitoyable pour ne pas ?pargner ? quelque ?tre que ce f?t des tourmens sans mesure? L'homme de bien ne voudrait-il pas au contraire r?pandre le bonheur aussi loin qu'il pourrait s'?tendre? Tout son d?sir ne serait-il pas de procurer la f?licit? ? tous les ?tres cr??s? Quoique ces notions indignes et absurdes sur la divinit? soient originairement ?man?es d'une disposition barbare que bien des gens portent en eux-m?mes et qui est inspir?e ? d'autres par diff?rens moyens, on leur enseigne ces opinions et elles s'impriment plus ou moins profond?ment dans leur ?me selon que, par temp?rament, ils sont plus ou moins dispos?s ? la cruaut?. Mais on devrait faire attention que loin de servir la religion en inculquant la doctrine des peines ?ternelles, l'on fournit des armes ? l'ath?isme qui an?antit toute religion, et d'un autre c?t? l'on jette dans le d?sespoir un grand nombre d'?mes honn?tes, simples et timor?es, sans contenir les m?chans intr?pides et endurcis, dont des craintes ?loign?es ne peuvent, comme l'exp?rience le prouve, r?primer les exc?s.

Que les hommes devraient bien prendre garde aux id?es qu'ils se font de la divinit?.

Cela n'est-il pas en effet arriv?? Des nations enti?res n'ont-elles pas pr?tendu et cru, sans doute, que Dieu leur avait ordonn? d'entreprendre les guerres les plus injustes, de tourmenter, d'assassiner, jusqu'? leurs propres enfans, de d?truire des nations? Des barbaries de toute esp?ce n'ont-elles pas ?t? commises au saint nom du Seigneur?

Il n'est sans doute ni un livre, ni un homme, ni m?me un ange descendu du ciel qui m?ritent aucune cr?ance s'ils enseignent que Dieu soit cruel ou commande aux hommes de l'?tre. Tant que les hommes croiront que tous les actes d'injustice, de violence, de barbarie offensent la divinit? et sont contraires ? sa loi, on pourra se flatter qu'ils seront d?tourn?s de les commettre; mais ? quoi ne doit-on pas s'attendre lorsqu'ils seront dans l'opinion contraire? Que n'a-t-on pas ? craindre sur-tout des souverains et des nations qui ne peuvent ?tre contenus par les loix humaines? C'est une excuse bien faible et bien fausse que de dire que nous ne connaissons point la profondeur des d?crets de la divinit?; il n'est pas moins t?m?raire d'assurer que l'on puisse d?montrer que Dieu commande de pareilles actions.

La premi?re de ces raisons ne prouve rien. Dieu dans ses d?crets ne peut point avoir r?solu des crimes: il r?pugne ? toute id?e raisonnable de la divinit? qu'elle puisse ordonner des actions m?chantes et criminelles, et par cons?quent la preuve de fait ne doit jamais ?tre admise. Il est impossible d'admettre comme r?v?lation divine ce qui renverse la certitude de tous les principes qui doivent ?tre suppos?s pr?c?demment ? toute r?v?lation, car c'est d?truire les seuls moyens par lesquels nous puissions juger de la v?rit? d'une r?v?lation divine.

Comment supposer que l'?tre infiniment sage, juste et bon p?t se plaire ? ?tablir les loix les plus n?cessaires pour ses cr?atures, telles que sont celles de la morale, et leur ordonne ensuite d'enfreindre ces m?mes loix en appuyant ses ordres par des miracles? Supposons une nation m?chante et d?prav?e pouvons-nous imaginer que Dieu soit assez destitu? de moyens de la punir pour ?tre oblig? de charger ? cet effet une autre nation de devenir encore plus m?chante et plus cruelle que la premi?re? Pouvons nous croire qu'il ordonne de n'?pargner ni les boeufs, ni les ?nes ni les troupeaux qui n'ont point p?ch?, et de massacrer indistinctement les hommes, les femmes, les vieillards et les enfans ? la mammelle? La v?rit? est que, quand des enthousiastes, des fanatiques ou des hypocrites qui font hautement profession d'?tre d?vots, ont commis ou sont pr?ts ? commettre quelque action d?testable, lorsqu'ils ont int?r?t de la faire commettre ? d'autres, ils se couvrent du nom de la divinit? et pr?tendent qu'elle est ordonn?e ou inspir?e par elle; par ce moyen ils ajoutent ? la barbarie l'impi?t? et le blasph?me.

Les r?gles naturelles, les limites de la v?rit? sont la morale et le bon sens; ce sont l? les loix de Dieu qui ne sont point ?crites sur des tables de pierre, mais qui sont profond?ment grav?es dans les coeurs des hommes. Mais si ces loix sont une fois ?cart?es ou enfreintes, alors l'erreur, l'enthousiasme et le fanatisme, semblables ? un torrent, renversent la v?rit? et entra?nent avec elle tout ce qu'il y a de plus sacr? et de plus utile au genre humain. Quelles opinions extravagantes et monstrueuses ne peuvent pas ?tre d?bit?es comme des r?v?lations divines! quelles actions, quelque atroces qu'elles soient, ne seront pas sanctifi?es sous le nom de devoirs religieux, et quand on les fera passer pour des commandemens de Dieu! C'est assur?ment le comble de la fourberie et de l'impudence dans quelques hommes d'oser dire que Dieu leur ordonne de violer les lois sacr?es de la nature et de la soci?t? en commettant des actions atroces et barbares; c'est le dernier terme de la folie et du d?lire fanatique que de devenir fauteur d'une imposture aussi caract?ris?e. Pr?tendre que Dieu a fait des miracles pour autoriser des ordres qui d?truisent ses lois ?ternelles et inviolables, c'est employer la fraude la plus indigne pour soutenir la fausset? la plus manifeste.

Des cruaut?s religieuses que les hommes exercent sur eux-m?mes.

Apr?s avoir, en peu de mots, expos? les opinions fatales que la plupart des hommes se font commun?ment, soit des divinit?s, soit du Dieu qu'ils adorent, nous allons passer au second point, et nous examinerons les usages barbares et les rites cruels qu'ils ont souvent pratiqu?s dans leurs cultes divers.

Les pratiques de ces cultes doivent naturellement se conformer aux id?es que les hommes se font de leurs divinit?s; d'ailleurs l'exp?rience le prouve. En effet les peuples s'?tant g?n?ralement persuad?s que leurs dieux, ou leur Dieu unique, ?taient des ?tres cruels, leur culte s'est presque toujours senti de ces notions dangereuses.

Ces pieuses cruaut?s ont ?t? exerc?es par les hommes, tant?t sur eux-m?mes, tant?t sur des animaux, tant?t sur les ?tres de leur propre esp?ce.

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