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Munafa ebook

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Read Ebook: Robur-le-conquérant by Verne Jules

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Ebook has 1285 lines and 61962 words, and 26 pages

Robur-le-Conqu?rant: Jules Verne

LES VOYAGES EXTRAORDDINAIRES COURONN?S PAR L'ACAD?MIE FRAN?AISE

ROBUR-LE-CONQU?RANT

PAR

JULES VERNE

BIBLIOTH?QUE D'EDUCATION ET DE R?CREATION J. HETZEL ET Cie, 18 RUE JACOB PARIS

TABLE DE MATI?RES

ROBUR-LE-CONQU?RANT

O? le monde savant et le monde ignorant sont aussi embarrass?s l'un ou l'autre.

<< Pan !... Pan !... >>

Les deux coups de pistolet partirent presque en m?me temps. Une vache, qui paissait ? cinquante pas de l?, re?ut une des balles dans l'?chine. Elle n'?tait pour rien dans l'affaire, cependant.

Ni l'un ni l'autre des deux adversaires n'avait ?t? touch?.

Quels ?taient ces deux gentlemen? On ne sait, et, cependant, c'e?t ?t? l?, sans doute, l'occasion de faire parvenir leurs noms ? la post?rit?. Tout ce qu'on peut dire, c'est que le plus ?g? ?tait Anglais, le plus jeune Am?ricain. Quant ? indiquer en quel endroit l'inoffensif ruminant venait de pa?tre sa derni?re touffe d'herbe, rien de plus facile. C'?tait sur la rive droite du Niagara, non loin de ce pont suspendu qui r?unit la rive am?ricaine ? la rive canadienne, trois milles au-dessous des chutes.

L'Anglais s'avan?a alors vers l'Am?ricain :

<< Je n en soutiens pas moins que c'?tait le Rule Britannia! dit-il.

- Non! le Yankee Doodle! >> r?pliqua l'autre.

La querelle allait recommencer, lorsque l'un des t?moins - sans doute dans l'int?r?t du b?tail - s'interposa, disant :

<< Mettons que c'?tait le Rule Doodle et le Yankee Britannia, et allons d?jeuner! >>

Ce compromis entre les deux chants nationaux de l'Am?rique et de la Grande-Bretagne fut adopt? ? la satisfaction g?n?rale. Am?ricains et Anglais, remontant la rive gauche du Niagara, vinrent s'attabler dans l'h?tel de Goat-Island - un terrain neutre entre les deux chutes. Comme ils sont en pr?sence des oeufs bouillis et du jambon traditionnels, du roastbeef froid, relev? de pickles incendiaires, et de flots de th? ? rendre jalouses les c?l?bres cataractes, on ne les d?rangera plus. Il est peu probable, d'ailleurs, qu'il soit encore question d'eux dans cette histoire.

Qui avait raison de l'Anglais ou de l'Am?ricain? Il e?t ?t? difficile de se prononcer. En tout cas, ce duel montre combien les esprits s'?taient passionn?s, non seulement dans le nouveau, mais aussi dans l'ancien continent, ? propos d'un ph?nom?ne inexplicable, qui, depuis un mois environ, mettait toutes les cervelles ? l'envers.

a dit Ovide pour le plus grand honneur de la cr?ature humaine. En v?rit?, jamais on n'avait tant regard? le ciel depuis l'apparition de l'homme sur le globe terrestre.

Or, pr?cis?ment, pendant la nuit pr?c?dente, une trompette a?rienne avait lanc? ses notes cuivr?es ? travers l'espace, au-dessus de cette portion du Canada situ?e entre le lac Ontario et le lac Eri?. Les uns avaient entendu le Yankee Doodle, les autres le Rule Britannia. De l? cette querelle d'Anglo-saxons qui se terminait par un d?jeuner ? Goat-Island. Peut-?tre, en somme, n'?tait-ce ni l'un ni l'autre de ces chants patriotiques. Mais ce qui n'?tait douteux pour personne c'est que ce son ?trange avait ceci de particulier qu'il semblait descendre du ciel sur la terre.

Fallait-il croire ? quelque trompette c?leste, embouch?e par un ange ou un archange?... N'?tait-ce pas plut?t de joyeux a?ronautes qui jouaient de ce sonore instrument, dont la Renomm?e fait un si bruyant usage?

Non! Il n'y avait l? ni ballon, ni a?ronautes. Un ph?nom?ne extraordinaire se produisait dans les hautes zones du ciel - ph?nom?ne dont on ne pouvait reconna?tre la nature ni l'origine. Aujourd'hui, il apparaissait au-dessus de l'Am?rique, quarante-huit heures apr?s au-dessus de l'Europe, huit jours plus tard, en Asie, au-dessus du C?leste Empire. D?cid?ment, si la trompette qui signalait son passage n'?tait pas celle du Jugement dernier, qu'?tait donc cette trompette?

De l?, en tous pays de la terre, royaumes ou r?publiques, une certaine inqui?tude qu'il importait de calmer. Si vous entendiez dans votre maison quelques bruits bizarres et inexplicables ne chercheriez-vous pas au plus vite ? reconna?tre la cause de ces bruits, et, 51 l'enqu?te n'aboutissait ? rien, n'abandonneriez-vous pas votre maison pour en habiter une autre? Oui, sans doute! Mais ici, la maison, c'?tait le globe terrestre. Nul moyen de le quitter pour la Lune, Mars, V?nus, Jupiter, ou toute autre plan?te du syst?me solaire. Il fallait donc d?couvrir ce qui se passait, non dans le vide infini, mais dans les zones atmosph?riques. En effet, pas d'air, pas de bruit, et, comme il y avait bruit - toujours la fameuse trompette! - c'est que le ph?nom?ne s'accomplissait au milieu de la couche d'air, dont la densit? va toujours en diminuant et qui ne s'?tend pas ? plus de deux lieues autour de notre sph?ro?de.

Naturellement, des milliers de feuilles publiques s'empar?rent de la question, la trait?rent sous toutes ses formes, l'?claircirent ou l'obscurcirent, rapport?rent des faits vrais ou faux, alarm?rent ou rassur?rent leurs lecteurs, dans l'int?r?t du tirage, - passionn?rent enfin les masses quelque peu affol?es. Du coup, la politique fut par terre, et les affaires n'en all?rent pas plus mal. Mais qu'y avait-il?

On consulta les observatoires du monde entier. S'ils ne r?pondaient pas, ? quoi bon des observatoires? Si les astronomes, qui d?doublent ou d?triplent des ?toiles ? cent mille milliards de lieues, n'?taient pas capables de reconna?tre l'origine d'un ph?nom?ne cosmique, dans le rayon de quelques kilom?tres seulement, ? quoi bon des astronomes?

Aussi, ce qu'il y eut de t?lescopes, de lunettes, de longues-vues, de lorgnettes, de binocles, de monocles, braqu?s vers le ciel, pendant ces belles nuits de l'?t?, ce qu'il y eut d'yeux ? l'oculaire des instruments de toutes port?es et de toutes grosseurs, on ne saurait l'?valuer. Peut-?tre des centaines de mille, ? tout le moins. Dix fois, vingt fois plus qu'on ne compte d'?toiles ? l'oeil nu sur la sph?re c?leste. Non! Jamais ?clipse, observ?e simultan?ment sur tous les points du globe, n'avait ?t? ? pareille f?te.

Les observatoires r?pondirent, mais insuffisamment. Chacun donna une opinion, mais diff?rente. De l?, guerre intestine dans le monde savant pendant les derni?res semaines d'avril et les premi?res de mai.

L'observatoire de Paris se montra tr?s r?serv?. Aucune des sections ne se pronon?a. Dans le service d'astronomie math?matique, on avait d?daign? de regarder; dans celui des op?rations m?ridiennes, on n'avait rien d?couvert; dans celui des observations physiques, on n'avait rien aper?u; dans celui de la g?od?sie, on n'avait rien remarqu?; dans celui de la m?t?orologie, on n'avait rien entrevu; enfin, dans celui des calculateurs, on n'avait rien vu. Du moins l'aveu ?tait franc. M?me franchise ? l'observatoire de Montsouris, ? la station magn?tique du parc Saint-Maur. M?me respect de la v?rit? au Bureau des Longitudes. D?cid?ment, Fran?ais veut dire franc

La province fut un peu plus affirmative. Peut-?tre dans la nuit du 6 au 7 mai avait-il paru une lueur d'origine ?lectrique, dont la dur?e n'avait pas d?pass? vingt secondes. Au pic du Midi, cette lueur s'?tait montr?e entre neuf et dix heures du soir. A l'observatoire m?t?orologique du Puy-de-D?me, on l'avait saisie entre une heure et deux heures du matin; au mont Ventoux, en Provence, entre deux et trois heures; ? Nice, entre trois et quatre heures; enfin, au Semnoz-Alpes, entre Annecy, le Bourget et le L?man, au moment o? l'aube blanchissait le z?nith.

Evidemment, il n'y avait pas ? rejeter ces observations en bloc. Nul doute que la lueur e?t ?t? observ?e en divers postes - successivement - dans le laps de quelques heures. Donc, ou elle ?tait produite par plusieurs foyers, courant ? travers l'atmosph?re terrestre, ou, si elle n'?tait due qu'? un foyer unique, c'est que ce foyer pouvait se mouvoir avec une vitesse qui devait atteindre bien pr?s de deux cents kilom?tres ? l'heure.

Mais, pendant le jour, avait-on jamais vu quelque chose d'anormal dans l'air?

Jamais.

La trompette, du moins, s'?tait-elle fait entendre ? travers les couches a?riennes?

Pas le moindre appel de trompette n'avait retenti entre le lever et le coucher du soleil.

Dans le Royaume-Uni, on fut tr?s perplexe. Les observatoires ne purent se mettre d'accord. Greenwich ne parvint pas ? s'entendre avec Oxford, bien que tous deux soutinssent qu'il n'y avait rien.

<< Illusion d'optique! disait l'un.

- Illusion d'acoustique! >> r?pondait l'autre.

Et l?-dessus, ils disput?rent. En tout cas, illusion.

A l'observatoire de Berlin, ? celui de Vienne, la discussion mena?a d'amener des complications internationales. Mais la Russie, en la personne du directeur de son observatoire de Poulkowa, leur prouva qu'ils avaient raison tous deux; cela d?pendait du point de vue auquel ils se mettaient pour d?terminer la nature du ph?nom?ne, en th?orie impossible, possible en pratique.

En Suisse, ? l'observatoire de Sa?tis, dans le canton d'Appenzel, au Righi, au G?bris, dans les postes du Saint-Gothard, du Saint-Bernard, du Julier, du Simplon, de Zurich, du Somblick dans les Alpes tyroliennes, on fit preuve d'une extr?me r?serve ? propos d'un fait que personne n'avait jamais pu constater - ce qui est fort raisonnable.

Mais, en Italie, aux stations m?t?orologiques du V?suve, au poste de l'Etna, install? dans l'ancienne Casa Inglese, au Monte Cavo, les observateurs n'h?sit?rent pas ? admettre la mat?rialit? du ph?nom?ne, attendu qu'ils l'avaient pu voir, un jour, sous l'aspect d'une petite volute de vapeur, une nuit, sous l'apparence d'une ?toile filante. Ce que c'?tait, d'ailleurs, ils n'en savaient absolument rien.

En v?rit?, ce myst?re commen?ait ? fatiguer les gens de science, tandis qu'il continuait ? passionner, ? effrayer m?me les humbles et les ignorants, qui ont form?, forment et formeront l'immense majorit? en ce monde, gr?ce ? l'une des plus sages lois de la nature. Les astronomes et les m?t?orologistes auraient donc renonc? ? s'en occuper, si, dans la nuit du 26 au 27, ? l'observatoire de Kantokeino, au Finmark, en Norv?ge, et dans la nuit du 28 au 29, ? celui de l'Isfjord, au Spitzberg, les Norv?giens d'une part, les Su?dois de l'autre, ne se fussent trouv?s d'accord sur ceci : au milieu d'une aurore bor?ale avait apparu une sorte de gros oiseau, de monstre a?rien. S'il n'avait pas ?t? possible d'en d?terminer la Structure, du moins n'?tait-il pas douteux qu'il e?t projet? hors de lui des corpuscules qui d?tonaient comme des bombes.

En Europe, on voulut bien ne pas mettre en doute cette observation des stations du Finmark et du Spitzberg. Mais, ce qui parut le plus ph?nom?nal en tout cela, c'?tait que des Su?dois et des Norv?giens eussent pu se mettre d'accord sur un point quelconque.

On rit de la pr?tendue d?couverte dans tous les observatoires de l'Am?riqu? du Sud, au Br?sil, au P?rou comme ? La Plata, dans ceux de l'Australie, ? Sidney, ? Ad?la?de comme ? Melbourne. Et le rire australien est des plus communicatifs.

Bref, un seul chef de station m?t?orologique se montra affirmatif sur cette question, malgr? tous les sarcasmes que sa solution pouvait faire na?tre. Ce fut un Chinois, le directeur de l'observatoire de Zi-Ka-Wey, ?lev? au milieu d'une vaste plaine, ? moins de dix lieues de la mer, avec un horizon immense, baign? d'air pur.

<< Il se pourrait, dit-il, que l'objet dont il s'agit f?t tout simplement un appareil aviateur, une machine volante! >>

Quelle plaisanterie!

Cependant, si les controverses furent vives dans l'Ancien Monde, on imagine ce qu'elles durent ?tre en cette portion du Nouveau, dont les Etats-Unis Occupent le plus vaste territoire.

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