Use Dark Theme
bell notificationshomepageloginedit profile

Munafa ebook

Munafa ebook

Read Ebook: L'homme Qui Rit by Hugo Victor

More about this book

Font size:

Background color:

Text color:

Add to tbrJar First Page Next Page

Ebook has 5034 lines and 202840 words, and 101 pages

Nous remercions la Biblioth?que Nationale de France qui a mis ? disposition les images dans www://gallica.bnf.fr, et a donn? l'autorisation de les utiliser pour pr?parer ce texte.

VICTOR HUGO

L'HOMME QUI RIT

De l'Angleterre tout est grand, m?me ce qui n'est pas bon, m?me l'oligarchie. Le patriciat anglais, c'est le patriciat dans le sens absolu du mot. Pas de f?odalit? plus illustre, plus terrible et plus vivace. Disons-le, cette f?odalit? a ?t? utile ? ses heures. C'est en Angleterre que ce ph?nom?ne, la Seigneurie, veut ?tre ?tudi?, de m?me que c'est en France qu'il faut ?tudier ce ph?nom?ne, la Royaut?.

Hauteville-House, 1869.

PREMI?RE PARTIE--LA MER ET LA NUIT

DEUX CHAPITRES PR?LIMINAIRES

I--URSUS II--LES COMPRACHICOS

LIVRE PREMIER--LA NUIT MOINS NOIRE QUE L'HOMME

LIVRE TROISI?ME--L'ENFANT DANS L'OMBRE

LIVRE PREMIER--?TERNELLE PR?SENCE DU PASS?; LES HOMMES REFL?TENT L'HOMME

LIVRE TROISI?ME--COMMENCEMENT DE LA F?LURE

LIVRE QUATRI?ME--LA CAVE P?NALE

LIVRE CINQUI?ME--LA MER ET LE SORT REMUENT SOUS LE M?ME SOUFFLE

LIVRE SEPTIEME--LA TITANE

LIVRE HUITIEME--LE CAPITOLE ET SON VOISINAGE

LIVRE NEUVIEME--EN RUINE

I--C'EST A TRAVERS L'EXC?S DE GRANDEUR QU'ON ARRIVE A L'EXC?S DE MIS?RE II--R?SIDU

CONCLUSION--LA MER ET LA NUIT

NOTE

PREMI?RE PARTIE

LA MER ET LA NUIT

DEUX CHAPITRES PR?LIMINAIRES

I--URSUS

Ursus et Homo allaient de carrefour en carrefour, des places publiques d'Aberystwith aux places publiques de Yeddburg, de pays en pays, de comt? en comt?, de ville en ville. Un march? ?puis?, ils passaient ? l'autre. Ursus habitait une cahute roulante qu'Homo, suffisamment civilis?, tra?nait le jour et gardait la nuit. Dans les routes difficiles, dans les mont?es, quand il y avait trop d'orni?re et trop de boue, l'homme se bouclait la bricole au cou et tirait fraternellement, c?te ? c?te avec le loup. Ils avaient ainsi vieilli ensemble. Ils campaient ? l'aventure dans une friche, dans une clairi?re, dans la patte d'oie d'un entre-croisement de routes, ? l'entr?e des hameaux, aux portes des bourgs, dans les halles, dans les mails publics, sur la lisi?re des parcs, sur les parvis d'?glises, Quand la carriole s'arr?tait dans quelque champ de foire, quand les comm?res accouraient b?antes, quand les curieux faisaient cercle, Ursus p?rorait, Homo approuvait. Homo, une s?bile dans sa gueule, faisait poliment la qu?te dans l'assistance. Ils gagnaient leur vie. Le loup ?tait lettr?, l'homme aussi. Le loup avait ?t? dress? par l'homme, ou s'?tait dress? tout seul, ? diverses gentillesses de loup qui contribuaient ? la recette.--Surtout ne d?g?n?re pas en homme, lui disait son ami.

Ursus ?tait remarquable dans le soliloque. D'une complexion farouche et bavarde, ayant le d?sir de ne voir personne et le besoin de parler ? quelqu'un, il se tirait d'affaire en se parlant ? lui-m?me. Quiconque a v?cu solitaire sait ? quel point le monologue est dans la nature. La parole int?rieure d?mange. Haranguer l'espace est un exutoire. Parler tout haut et tout seul, cela fait l'effet d'un dialogue avec le dieu qu'on a en soi. C'?tait, on ne l'ignore point, l'habitude de Socrate. Il se p?rorait. Luther aussi. Ursus tenait de ces grands hommes. Il avait cette facult? hermaphrodite d'?tre son propre auditoire. Il s'interrogeait et se r?pondait; il se glorifiait et s'insultait. On l'entendait de la rue monologuer dans sa cahute. Les passants, qui ont leur mani?re ? eux d'appr?cier les gens d'esprit, disaient: c'est un idiot. Il s'injuriait parfois, nous venons de le dire, mais il y avait aussi des heures o? il se rendait justice. Un jour, dans une de ces allocutions qu'il s'adressait ? lui-m?me, on l'entendit crier:--J'ai ?tudi? le v?g?tal dans tous ses myst?res, dans la tige, dans le bourgeon, dans la s?pale, dans le p?tale, dans l'?tamine, dans la carpelle, dans l'ovule, dans la th?que, dans la sporange, et dans l'apoth?cion. J'ai approfondi la chromatie, l'osmosie, et la chymosie, c'est-?-dire la formation de la couleur, de l'odeur et de la saveur.--Il y avait sans doute, dans ce certificat qu'Ursus d?livrait ? Ursus, quelque fatuit?, mais que ceux qui n'ont point approfondi la chromatie, l'osmosie et la chymosie, lui jettent la premi?re pierre.

Heureusement Ursus n'?tait jamais all? dans les Pays-Bas. On l'y e?t certainement voulu peser pour savoir s'il avait le poids normal au del? ou en de?? duquel un homme est sorcier. Ce poids en Hollande ?tait sagement fix? par la loi. Rien n'?tait plus simple et plus ing?nieux. C'?tait une v?rification. On vous mettait dans un plateau, et l'?vidence ?clatait si vous rompiez l'?quilibre; trop lourd, vous ?tiez pendu; trop l?ger, vous ?tiez br?l?, On peut voir encore aujourd'hui, ? Oudewater, la balance ? peser les sorciers, mais elle sert maintenant ? peser les fromages, tant la religion a d?g?n?r?! Ursus e?t eu certainement maille ? partir avec cette balance. Dans ses voyages, il s'abstint de la Hollande, et fit bien. Du reste, nous croyons qu'il ne sortait point de la Grande-Bretagne.

Quoi qu'il en f?t, ?tant tr?s pauvre et tr?s ?pre, et ayant fait dans un bois la connaissance d'Homo, le go?t de la vie errante lui ?tait venu. Il avait pris ce loup en commandite, et il s'en ?tait all? avec lui par les chemins, vivant, ? l'air libre, de la grande vie du hasard. Il avait beaucoup d'industrie et d'arri?re-pens?e et un grand art en toute chose pour gu?rir, op?rer, tirer les gens de maladie, et accomplir des particularit?s surprenantes; il ?tait consid?r? comme bon saltimbanque et bon m?decin; il passait aussi, on le comprend, pour magicien; un peu, pas trop; car il ?tait malsain ? celle ?poque d'?tre cru ami du diable. A vrai dire, Ursus, par passion de pharmacie et amour des plantes, s'exposait, vu qu'il allait souvent cueillir des herbes dans les fourr?s bourrus o? sont les salades de Lucifer, et o? l'on risque, comme l'a constat? le conseiller De l'Ancre, de rencontrer dans la brou?e du soir un homme qui sort de terre, <>. Ursus du reste, quoique d'allure et de temp?rament bizarres, ?tait trop galant homme pour attirer ou chasser la gr?le, faire para?tre des faces, tuer un homme du tourment de trop danser, sugg?rer des songes clairs ou trisles et pleins d'effroi, et faire na?tre des coqs ? quatre ailes; il n'avait pas de ces m?chancet?s-l?. Il ?tait incapable de certaines abominations. Comme, par exemple, de parler allemand, h?breu ou grec, sans l'avoir appris, ce qui est le signe d'une sc?l?ratesse ex?crable, ou d'une maladie naturelle proc?dant de quelque humeur m?lancolique. Si Ursus parlait latin, c'est qu'il le savait. Il ne se serait point permis de parler syriaque, attendu qu'il ne le savait pas; en outre, il est av?r? que le syriaque est la langue des sabbats. En m?decine, il pr?f?rait correctement Gallien ? Cardan, Cardan, tout savant homme qu'il est, n'?tant qu'un ver de terre au respect de Gallien.

Cela se passait il y a cent quatrevingts ans, du temps que les hommes ?taient un peu plus des loups qu'ils ne sont aujourd'hui.

Pas beaucoup plus.

Homo n'?tait pas le premier loup venu. A son app?tit de n?fles et de pommes, on l'e?t pris pour un loup de prairie, ? son pelage fonc?, on l'e?t pris pour un lycaon, et ? son hurlement att?nu? en aboiement, on l'e?t pris pour un culpeu; mais on n'a point encore assez observ? la pupille du culpeu pour ?tre s?r que ce n'est point un renard, et Homo ?tait un vrai loup. Sa longueur ?tait de cinq pieds, ce qui est une belle longueur de loup, m?me en Lithuanie; il ?tait tr?s fort; il avait le regard oblique, ce qui n'?tait pas sa faute; il avait la langue douce, et il en l?chait parfois Ursus; il avait une ?troite brosse de poils courts sur l'?pine dorsale, et il ?tait maigre d'une bonne maigreur de for?t. Avant de conna?tre Ursus et d'avoir une carriole ? tra?ner, il faisait all?grement ses quarante lieues dans une nuit. Ursus, le rencontrant dans un hallier, pr?s d'un ruisseau d'eau vive, l'avait pris en estime en le voyant p?cher des ?crevisses avec sagesse et prudence, et avait salu? en lui un honn?te et authentique loup Koupara, du genre dit chien crabier.

Ursus pr?f?rait Homo, comme b?te de somme, ? un ?ne. Faire tirer sa cahute ? un ?ne lui e?t r?pugn?; il faisait trop cas de l'?ne pour cela. En outre, il avait remarqu? que l'?ne, songeur ? quatre pattes peu compris des hommes, a parfois un dressement d'oreilles inqui?tant quand les philosophes disent des sottises. Dans la vie, entre notre pens?e et nous, un ?ne est un tiers; c'est g?nant. Comme ami, Ursus pr?f?rait Homo ? un chien, estimant que le loup vient de plus loin vers l'amiti?.

Il disait encore: Quand je serai mort, qui voudra me conna?tre n'aura qu'? ?tudier Homo. Je le laisserai apr?s moi pour copie conforme.

Ursus avait communiqu? ? Homo une partie de ses talents, se tenir debout, d?layer sa col?re en mauvaise humeur, bougonner au lieu de hurler, etc.; et de son c?t? le loup avait enseign? ? l'homme ce qu'il savait, se passer de toit, se passer de pain, se passer de feu, pr?f?rer la faim dans un bois ? l'esclavage dans un palais.

La cahute, sorte de cabane-voiture qui suivait l'itin?raire le plus vari?, sans sortir pourtant d'Angleterre et d'?cosse, avait quatre roues, plus un brancard pour le loup, et un palonnier pour l'homme. Ce palonnier ?tait l'en-cas des mauvais chemins. Elle ?tait solide bien que b?tie en planches l?g?res comme un colombage. Elle avait ? l'avant une porte vitr?e avec un petit balcon servant aux harangues, tribune mitig?e de chaire, et ? l'arri?re une porte pleine trou?e d'un vasistas. L'abattement d'un marche-pied de trois degr?s tournant sur charni?re et dress? derri?re la porte ? vasistas donnait entr?e dans la cahute, bien ferm?e la nuit de verrous et de serrures. Il avait beaucoup plu et beaucoup neig? dessus. Elle avait ?t? peinte, mais on ne savait plus trop de quelle couleur, les changements de saison ?tant pour les carrioles comme les changements de r?gne pour les courtisans, A l'avant, au dehors, sur une esp?ce de frontispice en volige, on avait pu jadis d?chiffrer cette inscription, en caract?res noirs sur fond blanc, lesquels s'?taient peu ? peu m?l?s et confondus.

Cette inscription, effac?e et biff?e par la pluie et par la bont? de la providence, ?tait heureusement illisible, car il est probable qu'? la fois ?nigmatique et transparente, cette philosophie de l'or respir? n'e?t pas ?t? du go?t des sh?riffs, pr?v?ts, marshalls, et autres porte-perruques de la loi. La l?gislation anglaise ne badinait pas dans ce temps-l?. On ?tait ais?ment f?lon. Les magistrats se montraient f?roces par tradition, et la cruaut? ?tait de routine. Les juges d'inquisition pullulaient. Jeffrys avait fait des petits.

Dans l'int?rieur de la cahute il y avait deux autres inscriptions. Au-dessus du coffre, sur la paroi de planches lav?e ? l'eau de chaux, on lisait ceci, ?crit ? l'encre et ? la main:

<

<

<

<

<

<> est plus que <>

<>; les lords non pairs sont <>; il n'y a de lords que ceux qui sont pairs.

<

<

<

<

<

<

Add to tbrJar First Page Next Page

Back to top Use Dark Theme