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Munafa ebook

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Read Ebook: Paris de siècle en siècle: Le Cœur de Paris — Splendeurs et souvenirs by Robida Albert

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Ebook has 499 lines and 48182 words, and 10 pages

ain-pied avec les rues.

Les maisons du pont Notre-Dame appartenaient ? la ville, qui les donnait ? bail pour neuf ann?es moyennant vingt ?cus d'or par an. La ville se r?servait la jouissance des fen?tres du premier ?tage pour les jours d'entr?e royale ou de solennit? quelconque, sur le pont Notre-Dame, car, devenu le plus beau pont de Paris, et aussi le plus solide, puisqu'il ?tait tout neuf et de construction soign?e, le pont Notre-Dame devint le passage des cort?ges royaux aux c?r?monies de Notre-Dame, aux entr?es princi?res.

Pour Henri II, les arcs triomphaux du pont Notre-Dame arrang?s ? l'antique se charg?rent de divinit?s pa?ennes, parmi lesquelles Diane, au premier rang, rappelait quelque peu malicieusement ? la reine de la main droite celle de la main gauche. Tout le long du pont, une rang?e de sir?nes, plus grandes que nature, appliqu?es ? la muraille de maison en maison, encadrait de festons de lierre les fen?tres garnies des belles dames invit?es de la ville.

Vers la m?me ?poque fut ?tablie la pompe Notre-Dame, en un ?difice aquatique semblable ? la Samaritaine du Pont-Neuf, mais plus simple, qui dressait sur un formidable soubassement de poutres des b?timents renfermant deux m?canismes de pompes.

L'ensemble ?tait fort pittoresque, en avant des arches du pont Notre-Dame et de sa ligne de pignons. Le plancher s'?levait avec le niveau de la Seine, et sous la for?t des poutres et des poutrelles tournaient de grandes roues de moulin. Les deux pompes, l'une construite par le sieur Daniel Joly, ing?nieur qui dirigeait la Samaritaine, l'autre par un sieur Jacques de Mance, fournissaient de l'eau ? un certain nombre de fontaines anciennes et nouvelles, mais leur d?bit baissa bient?t, et apr?s diff?rents exp?dients il fallut en 1700 remplacer les premiers engins par de nouvelles machines dues ? Rannequin, constructeur de la machine de Marly. Par malheur, la machine de Rannequin comme celles de ses pr?d?cesseurs, tout en fonctionnant parfaitement ? ses d?buts, vit, par l'usure des pi?ces, sa force et son produit diminuer rapidement.

La porte conduisant aux pompes Notre-Dame par une passerelle exigea la d?molition d'une maison du pont; cette porte fut d?cor?e d'un m?daillon du roi et de deux figures, un fleuve et une na?ade attribu?es ? Jean Goujon, et provenant de la poissonnerie du March?-Neuf attenant aux maisons du Petit-Pont.

Au-dessus de la porte ?tait grav?e une inscription latine de Santeuil, le po?te chanoine de Saint-Victor qui fournissait de vers latins toutes les fontaines et tous les monuments de Paris. Rapportons-en la traduction faite par Corneille:

Que le dieu de la Seine a d'amour pour Paris D?s qu'il en peut baiser les rivages ch?ris; De ses flots suspendus la descente plus douce Laisse douter aux yeux s'il avance ou rebrousse. Lui-m?me ? son canal, il d?robe ses eaux, Qu'il a fait rejaillir par de secr?tes veines, Et le plaisir qu'il prend ? voir des lieux si beaux, De grand fleuve qu'il est, le transforme en fontaine.

La pompe Notre-Dame, bien des fois r?par?e, transform?e, orn?e d'une haute tour carr?e, v?cut jusqu'? nos jours. Elle offrait un motif superbe aux aquafortistes, aux peintres du vieux Paris, avec ses oppositions violentes de lumi?res et de noirs vigoureux, son enchev?trement d'?normes poutres sous lesquelles filaient les eaux vertes de la Seine, et aussi les belles arches du vieux pont, reli?es aux sombres vo?tes ouvertes ? hauteur de l'eau sous le quai de G?vres.

En 1769, on d?cida la suppression des maisons construites sur le pont Notre-Dame; on ne les d?molit cependant qu'en 1786, en m?me temps que celles du pont au Change et du pont Marie. Sous la R?volution, le pont Notre-Dame ne pouvait garder son nom, il porta quelque temps le nom de la Raison, puisqu'il menait au temple de cette divinit? nouvelle.

La pompe Notre-Dame disparut en 1861; vers la m?me ?poque, le pont lui-m?me fut comme rabot? sur toutes ses faces et banalis? autant que faire se pouvait, pour le d?guiser en pont moderne, sans caract?re et sans lignes. Sa pente ?tait abaiss?e, les irr?gularit?s supprim?es, les becs triangulaires rapetiss?s et arrondis... Les aquafortistes peuvent rentrer leurs crayons et leurs pointes. Qui donc aurait maintenant l'id?e de le dessiner, ce vieux pont Notre-Dame?

Le pont fut ordonn? apr?s enqu?te et conseil tenu au Parlement par les commissaires royaux, le pr?v?t de Paris, les conseillers au Parlement, le doyen, le chantre, le p?nitencier et quatre chanoines de Notre-Dame, plus cinq bourgeois notables. Les travaux commenc?rent aussit?t; le pr?v?t Aubryot, qui avait grand besoin de ma?ons et de manoeuvres pour les consid?rables travaux alors entrepris dans Paris, faisait des rafles de vagabonds et de voleurs et les envoyait ? ses b?tisses. L'abbaye de Saint-Germain des Pr?s ?leva des protestations comme elle ne manquait pas de le faire chaque fois que l'on touchait ? la rivi?re pour une cause quelconque, que l'on b?tissait quelque chose dessus ou que l'on ?tablissait un bac. Elle se pr?tendait, en vertu d'une donation de Childebert, propri?taire de la rivi?re depuis le Petit-Pont jusqu'? S?vres, eaux, fonds et rives, sur une largeur de dix-huit pieds! On n?gligea ces r?clamations et le pont fut achev? en 1387.

Reconstruit en bois, il alla jusqu'en l'ann?e 1616 dont l'hiver fut particuli?rement rigoureux; le 30 janvier, vinrent le d?gel et la d?b?cle: les eaux et les gla?ons arrivant ? l'assaut avec violence emportaient pi?ce ? pi?ce les charpentes du pont du c?t? d'amont et les maisons qui se trouvaient dessus. Le m?me jour, le pont au Change perdait aussi quelques maisons de la m?me fa?on. Des meubles de ces maisons ?croul?es dans la rivi?re furent port?s par les eaux jusque du c?t? de Saint-Denis; les riverains qui les avaient recueillis les voulant garder en vertu du droit d'?pave, il fallut un arr?t du Parlement pour les leur faire restituer.

Il restait une partie des charpentes du pont Saint-Michel et sur ces poutres ?branl?es, la ligne de maisons du c?t? d'aval isol?es au milieu de la Seine; tout cela devait fatalement ?tre emport? par le premier gonflement de la rivi?re. Au mois de juillet eut lieu ce second ?croulement.

De nouveau, le pont Saint-Michel fut reconstruit, avec un soin tout particulier cette fois, par une compagnie qui en avait obtenu la concession. Sur les quatre arches de pierre orn?es ? la pile du milieu d'un saint Michel ? cheval, et de statues dans des niches aux autres piles, on ?leva trente-deux maisons d'architecture sym?trique. La compagnie devait percevoir les revenus de ces maisons pendant soixante ann?es apr?s lesquelles la propri?t? en reviendrait au roi, mais en 1672, moyennant une somme de 200,000 livres et une redevance annuelle, le roi abandonna la propri?t? de ces maisons.

L'H?tel-Dieu qui, de l'?le de la Cit?, s'?tait ?tendu sur la rive gauche de la Seine, communiquait avec ses b?timents m?ridionaux par deux ponts, l'un le pont Saint-Charles construit en 1606, compl?tement affect? au service de l'h?pital, et l'autre, le pont au Double, construit en 1634, sur le c?t? duquel un passage avait ?t? r?serv? aux pi?tons, moyennant le paiement d'un double tournois, c'est-?-dire de deux deniers, et plus tard d'un liard.

Pour gagner le pont au Double, il fallait passer au pied de la tour sud de Notre-Dame, suivre un passage ?troit sous les b?timents de l'archev?ch? et s'engager sous une petite vo?te donnant sur l'esp?ce de balcon r?serv? le long du pont enti?rement occup? pour le reste par la salle Saint-Cosme.

Le pont Saint-Charles a disparu compl?tement, d?moli en m?me temps que l'H?tel-Dieu. La salle Saint-Cosme ayant ?t? supprim?e en 1835, le pont au Double fut enti?rement livr? au public. Depuis, lors des grands changements, on abattit ? son tour le pont au Double et on le reporta plus en aval, ? peu pr?s entre son ancien emplacement et celui du pont Saint-Charles.

La Cit? fut rattach?e par le pont Rouge ? partir de 1634 ? l'?le Saint-Louis, laquelle, ? la cr?ation du quartier nouveau, avait ?t? dot?e de deux communications, le pont Marie vers la rive droite et le pont de la Tournelle ? la rive gauche. Il ne faut pas confondre le pont Rouge de la Cit? et le pont Rouge des Tuileries. Celui-ci construit en 1632 ? la place du bac ?tabli de longue date entre le Pr? aux Clercs et les Tuileries, et dont la rue du Bac rappelle encore le souvenir, s'appela aussi pont Barbier, du nom de son constructeur. C'?tait une longue passerelle de bois peinte en rouge compos?e de dix arches, et au milieu de laquelle s'?levait une autre Samaritaine, une haute construction en pans de bois pos?e sur d'?normes poutres, entre lesquelles tournaient de grandes roues.

LES ILES SAINT-LOUIS ET LOUVIERS

Le chien d'Aubry de Montdidier.--Herbages et cabarets de l'?le Notre-Dame.--La tour Loriaux et son foss?.--L'?le Tranch?e et l'?le aux Vaches.--L'entreprise Marie.--D?boires et proc?s.--Le quartier de l'Ile.--Le pont de la Tournelle.--La tour des Gal?riens.--Le pont Marie.--Ecroulement de deux arches.--L'accident du pont Rouge.--Le quai des Balcons.--Les h?tels Bretonvilliers, Lambert, Pimodan, etc.--Les chantiers de bois de l'?le Louviers.

Appel?e ?le Notre-Dame avant de prendre le nom de son ?glise paroissiale Saint-Louis, l'?le Saint-Louis, comme plus ancien souvenir du temps o? elle n'?tait que pr? ou saulaie, herbage tranquille avec un cabaret peut-?tre sous les arbres, a la vieille l?gende du chien de Montargis, fameuse au moyen ?ge, et que rappelait une sculpture au manteau de la chemin?e du grand ch?teau de Montargis.

On conna?t l'aventure: Un nomm? Aubry de Montdidier, ayant ?t? assassin? et enterr? dans une for?t pr?s de Paris, son chien, apr?s avoir pass? plusieurs jours sur sa fosse, s'en fut trouver ? Paris un ami de son ma?tre et l'importuna tellement par ses hurlements et ses fa?ons extraordinaires que celui-ci finit par comprendre qu'un malheur devait ?tre arriv? ? son ami.

Il suivit le chien qui l'entra?na jusqu'? la fosse o? le malheureux Aubry gisait. Une s?pulture chr?tienne fut donn?e au cadavre, le crime fut mis sur le compte de voleurs quelconques, et bient?t oubli?.

Mais le fid?le animal n'oubliait pas. L'ami de son ancien ma?tre l'avait gard? chez lui; un jour, il vit ce chien se jeter sur un homme avec fureur. On lui fit l?cher prise difficilement, on le battit. Plusieurs fois, le fait se renouvela; avec le m?me h?rissement de fureur, le chien sautait ? la gorge de l'homme, un chevalier nomm? Macaire, chaque fois qu'il le rencontrait ou le d?couvrait dans un groupe. Comme Macaire ?tait connu pour avoir ?t? l'ennemi d'Aubry, des soup?ons naquirent bient?t de l'acharnement du chien. Une accusation directe fut port?e, finalement fut d?cid? le recours au jugement de Dieu. Le combat ayant ?t? ordonn? entre l'homme et le chien, les pr?s de l'?le Notre-Dame servirent de champ clos. On sait que la bataille se termina par la victoire du chien, Macaire ?tait vraiment l'assassin, il l'avoua avant de mourir.

Sous Charles V, la d?fense de l'?le Notre-Dame ?tait compl?t?e par une tour appel?e la tour Loriaux. Des cabarets s'?lev?rent dans l'?le o?, le dimanche, les Parisiens venaient s'esbaudir et jouer aux boules sous les peupliers et les ormeaux.

Le projet de transformation se rattachait aux grands travaux entrepris par le B?arnais dans sa capitale et que sa mort entrava ou r?duisit quelque peu. L'?le appartenant au chapitre de Notre-Dame, il fallut la lui acheter, ce qui n'alla pas sans nombreuses difficult?s, les chanoines ne consentant que de fort mauvaise gr?ce ? se laisser enlever ce vieux fief de la cath?drale, pour des constructions qui devaient fort d?sagr?ablement boucher la vue aux maisons canoniales.

Le sieur Christophe Marie, gros financier et entrepreneur, fut charg? de l'entreprise g?n?rale des constructions des ?les Notre-Dame et des ponts devant les relier aux rives, par un acte du 16 mai 1614 lui accordant la concession des terrains ? condition de r?unir les deux ?les en comblant la coupure, de ceindre le tout de quais en pierres de taille dans l'espace de dix ans, d'ouvrir des rues de quatre toises sur lesquelles toutes les maisons b?ties lui paieraient pendant soixante ann?es des droits de censive, lods et ventes. Christophe Marie avait pour associ?s les sieurs Poulletier, commissaire des guerres, secr?taire de la chambre du roi, et le Regrattier, autre financier.

Des maisons se construisaient d?j?. Le chapitre de Notre-Dame continuait cependant ? ?lever des difficult?s malgr? le r?glement des indemnit?s et divers arrangements qui maintenaient le quartier nouveau dans la justice du chapitre et d?cidaient qu'apr?s les soixante ann?es de jouissance accord?es au sieur Marie ou ses h?ritiers, les droits de censive et autres reviendraient aux chanoines.

La soci?t? Marie ayant ?puis? sa caisse c?da son affaire, en 1623, ? un autre entrepreneur, Jean de Lagrange, secr?taire du roi, qui rendit pour un peu de temps toute leur activit? aux chantiers; celui-ci, en s'engageant ? continuer les travaux, dut ajouter un pont de pierre pour joindre l'?le ? la rive gauche vers la Tournelle, dans l'alignement du pont de la rive droite, et un pont de bois aboutissant de l'?le au port Saint-Landry dans la Cit?. En ?change de ce suppl?ment de charges il obtenait le droit d'?tablir des bateaux pour lavandi?res, douze ?taux de bouchers et de construire deux rang?es de maisons sur chacun de ces ponts de pierres. Huissiers et procureurs entr?rent alors en sc?ne, les anciens adjudicataires voulaient reprendre leur affaire au sieur Lagrange et des proc?s s'?taient engag?s en outre entre les acqu?reurs des terrains et l'entreprise.

Enfin les anciens entrepreneurs purent ?vincer Lagrange en 1627 et rentrer avec de nouveaux fonds dans la place. Ces travaux prirent encore une vingtaine d'ann?es et ne furent achev?s par Marie et le syndicat des propri?taires de l'?le qu'en 1647, apr?s bien des traverses, en d?pit de nombreux proc?s, et en passant sur le corps de v?ritables lev?es de procureurs.

Paris semble ? mes yeux un pays de romans, J'y croyais ce matin voir une ?le enchant?e, Je l'ai laiss?e d?serte et la trouve habit?e. Quelque Amphion nouveau, sans l'aide des ma?ons En superbes palais a chang? ces buissons...

En 1642, les ma?ons ?taient en train d'achever les quais maintes fois interrompus, le pont Marie ?tait termin? et habit?. Une ligne de maisons hautes et r?guli?res le rattachait aux lignes architecturales des h?tels construits sur les quais.

Le pont de la Tournelle construit au d?but de l'entreprise Marie ?tait en bois. Une d?b?cle des glaces l'avait emport? en 1637; il avait ?t? reb?ti en bois, en d?rogation aux engagements de l'entreprise, par suite du manque de fonds. Sa solidit? probl?matique donnait aux riverains des inqui?tudes tr?s fond?es, car une douzaine d'ann?es apr?s sa reconstruction, il fut encore emport? par la Seine, en partie du moins, mais cette fois la reconstruction d?finitive en pierre fut d?cid?e.

Lorsque d'un rude hyver nous ressentons l'outrage Et qu'au foyer le feu n'a de quoy se nourrir, Icy l'on voit venir les for?ts ? la nage, Et le port Saint-Bernard nous peut seul secourir.

La grosse tour carr?e s'appelait aussi la tour des Gal?riens; elle servait de d?p?t aux malheureux condamn?s aux gal?res qui entass?s p?le-m?le dans toutes ses chambres, dans tous ses recoins, dans les caves ou sous les combles, y attendaient le d?part des cha?nes pour Marseille. Saint Vincent de Paul, ?mu par tant de mis?res, alla plus d'une fois leur porter des consolations et essayer d'obtenir quelque adoucissement ? leur triste sort.

La tour des Gal?riens fut d?molie en 1787, en m?me temps que la porte Saint-Bernard.

Quant au pont de la Tournelle, contrairement au pont Marie, son pendant de l'autre c?t? de l'?le, il ne porta jamais de maisons. Vers 1850, la chauss?e en dos d'?ne fut aplanie et le pont ?largi au moyen d'arcs en fonte appliqu?s de pile en pile.

Le pont de l'autre rive de l'?le, en sa prime jeunesse, eut peu de chance. En 1658, une grosse crue de la Seine fit quelques d?g?ts sur les rives et causa le naufrage d'un certain nombre de bateaux charg?s de marchandises. Les eaux rapides et limoneuses charriant des arbres et des ?paves battaient les ponts avec violence et mena?aient d'emporter les maisons b?ties sur les berges ou les moulins du fleuve. Tout ? coup dans la nuit du 28 f?vrier au 1er mars, deux arches du pont Marie du c?t? de l'?le c?d?rent entra?nant avec elles vingt-deux des cinquante maisons.

Une soixantaine de personnes p?rirent dans la catastrophe. Dans les maisons ?croul?es se trouvaient deux ?tudes de notaires, englouties avec toutes leurs archives, ce qui malgr? toutes les recherches faites, amena de graves embarras pour bien des familles. D?s que le lieutenant civil et les magistrats pr?venus du sinistre purent accourir, ils prirent toutes les mesures n?cessaires en pareil cas, ils firent ?vacuer les maisons rest?es debout, et plac?rent des postes de soldats aux extr?mit?s du pont pour emp?cher les voleurs de chercher aubaine sous pr?texte de sauvetage. Le fleuve montant toujours, on fit ?vacuer de m?me des maisons du quai menac?es aussi, et d?loger les habitants du pont au Change et du Petit-Pont.

Les eaux s'?coul?rent heureusement, les ponts rest?rent et les Parisiens log?s sur la rivi?re purent se remettre de leur chaude alarme.

Ce fut l'occasion d'une v?rification g?n?rale des ponts et d'une r?fection des parties ?branl?es. Le pont Marie resta pr?s de deux ans ? l'?tat de ruine b?ante, puis pendant que l'on discutait sur sa reconstruction on jeta, en attendant la d?cision, une passerelle de bois sur la br?che et l'on ?tablit un p?age pour subvenir aux d?penses de la restauration future. Ce pont de bois provisoire dura dix ans, apr?s lesquels la pile et les deux arches tomb?es furent r?tablies en pierres.

Les vingt-deux maisons ?croul?es avec les arches ne furent pas reb?ties, de sorte que le pont demeura pour un si?cle en deux tron?ons irr?guliers, une partie charg?e de ses ?troites et hautes maisons ? quatre ?tages et le reste d?couvert et libre. En 1788, les vingt-huit ou trente maisons subsistantes furent jet?es bas en m?me temps que celles du pont au Change, et le pont resta comme nous le voyons aujourd'hui, le plus beau pont de Paris apr?s le Pont-Neuf.

Pour les communications de l'?le Notre-Dame avec la Cit?, l'entreprise Marie jeta sur la rivi?re un troisi?me pont praticable aux pi?tons seulement; celui-ci ?tait en bois, il eut une forme bizarre, impos?e par les r?clamations du chapitre: il prenait ? la pointe du nouveau quartier de l'?le Notre-Dame, poussait droit ? la rive de la Cit?, puis quelques toises avant d'aborder sous les maisons du clo?tre, il ?vitait cette rive et par une courbe s'en allait toucher au petit port Saint-Landry.

Le pont Rouge achev? en 1634 fut inaugur? par un accident. Il y avait cette ann?e grandes processions jubilaires ? Paris, il arriva que trois paroisses se rencontr?rent sur ce pont de bois o? la presse et la bousculade furent telles qu'une balustrade c?da sur un point. Quelques personnes tomb?rent dans la Seine, on crut que le pont s'?croulait et une panique s'ensuivit dans laquelle le nombre des victimes fut grand; on compta une vingtaine de morts, ?cras?s ou pr?cipit?s dans le fleuve, et plus de quarante bless?s.

La pointe orientale de l'?le avait pour ornement les deux plus c?l?bres de ces h?tels, l'h?tel Lambert et l'h?tel de Bretonvilliers. Celui-ci, construit en 1660 par le financier le Ragois de Bretonvilliers sur les plans de du Cerceau, formait une immense demeure en plusieurs corps de b?timents r?unis par une arcade jet?e par-dessus la rue de Bretonvilliers. L'h?tel Bretonvilliers a disparu, morcel?, puis d?moli, il n'en est rest? que des d?bris et le pavillon de l'Arcade.

Le fisc toujours d?test?, et si justement alors avec le syst?me des fermes, logeait ici ? la fin du si?cle dernier, l'h?tel de Bretonvilliers renfermait les bureaux de la ferme g?n?rale: <>

Son voisin l'h?tel Lambert continue ? ouvrir magnifiquement la perspective des belles constructions du quai d'Anjou. Son constructeur fut M. Lambert de Thorigny, pr?sident de la Chambre des requ?tes du Parlement. L'architecte Levain, les peintres Lebrun et Lesueur s'?taient charg?s d'en faire un v?ritable palais o? l'on admirait fort l'escalier monumental occupant le pavillon ? fronton au fond de la cour, les grands appartements d?cor?s de superbes toiles, de plafonds, de sculptures et de magnifiques menuiseries. On trouvait l? le cabinet des Muses et le salon de l'Amour, dont les peintures sont maintenant au Louvre, et la grande galerie dont le plafond de Lebrun est consacr? aux travaux d'Hercule, ? ses luttes et ? son mariage avec H?b?.

L'h?tel Lambert eut pour possesseurs la marquise du Ch?telet dont le nom rappelle Voltaire, le fermier g?n?ral Dupin, a?eul de George Sand. Le fils de ce fermier g?n?ral, ?l?ve de Jean-Jacques, ayant perdu au jeu sept cent mille livres, dut vendre l'h?tel ? un autre fermier g?n?ral M. de la Haye. Apr?s la R?volution, on vit dans l'h?tel M. de Montalivet, puis un pensionnat, puis un fabricant de lits militaires...

Ce fut le temps des ?preuves, l'h?tel y perdit bien des choses et fut m?me menac? de dispara?tre; enfin, en 1840, la princesse Czartoriska, le sauva de la d?molition et le restaura pour s'y installer.

L'h?tel de Lauzun ou de Pimodan que son magnifique balcon d?signe, quai d'Anjou, 17, est l'un des h?tels c?l?bres de l'?le, c'est pour le financier Gruyn que le logis ?tala d'abord les somptuosit?s de ses appartements. Le brillant duc de Lauzun, l'?poux de Mlle de Montpensier, lui succ?da. Apr?s diff?rents possesseurs, le marquis de Pimodan en 1779 lui donna le second nom sous lequel il est connu. En 1841, achet? par un c?l?bre collectionneur, le baron J?r?me Pichon, l'h?tel de Pimodan prit tout ? coup un ?clat litt?raire auquel il ne s'attendait pas. Roger de Beauvoir, Th?ophile Gautier et d'autres litt?rateurs de la pl?iade romantique devinrent les locataires du baron Pichon.

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