Read Ebook: Le Témoin: 1914-1916 by Aicard Jean

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Ebook has 26 lines and 3697 words, and 1 pages

s yeux non pas un paysage, Mais l'?me de la France aim?e,--et son visage, Tel qu'il ?tait hier, tel qu'il sera demain, Lorsqu'on aura chass? le cauchemar germain.

Le grand pavois flottait, triomphant par avance, En plein ciel libre, ? bord du cuirass? PROVENCE, Qui saluait, du bruit tonnant de son canon, Le pays des lauriers, dont il porte le nom.

Dans la montagne et les gorges les plus profondes, Ce tonnerre, en ?chos, roulait par larges ondes, Sans qu'on v?t, m?me au loin, un nuage orageux. Cach?e, et s'exer?ant ? ses terribles jeux, La mitrailleuse, exacte ? scander ses rafales, Soufflait ce bruit que fait la mer, par intervalles, En roulant des galets qui se choquent entre eux.

Dans l'air pur, tout fleuri de pavillons nombreux, De blancs oiseaux marins, les ailes toutes grandes, Entrela?aient leurs vols en vivantes guirlandes, Sur cet ?den r?el, sur ce r?ve enchant?.

Et, devant ces splendeurs de supr?me beaut?, Le Mage s'?cria:

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Entre ciel et mer, blanc, ses deux ailes tendues, Un hydroavion, roi des deux ?tendues, Planait,--et, pour nos coeurs, en ce si?cle d'effrois, Moderne labarum, figurait une croix.

XXX

La vision fondit comme un reflet sous l'onde.

Et nous ?tions tous deux, seuls, au sommet du monde.

Le bruit sourd du canon lointain, ? temps ?gaux, ?branlait la montagne en frappant les ?chos: On e?t dit le marteau d'un Titan dans sa forge.

Aupr?s de nous, chantait un petit rouge-gorge; Sous la croix, sur ce haut d?sert plat, rocailleux, Il s'attaquait du bec aux dards des chardons bleus.

Et l'univers n'?tait, sous nos yeux, qu'une plaine.

Tel, au pied de la croix, Jean, pr?s de Magdeleine, Le vieillard, sur le haut crucifix vermoulu, S'appuya, cette fois dans un geste voulu. Il mourait, et cherchait cet appui de son ?me.

Et de ses veux sa foi jaillit comme une flamme; Il sembla qu'elle allait allumer tout l?-bas Des renouveaux d'espoir aux coeurs de nos soldats;

Et l'on e?t dit, au front du Sina?, Mo?se Lan?ant des feux lointains sur la Terre Promise, Et certain que les fils d'Isra?l la verront. Ses cheveux au soleil irradiaient son front; Sa barbe ruisselait dans le vent comme un fleuve: Et ses yeux contemplaient une humanit? neuve, Pr?par?e, ? travers tant de si?cles ?teints, Par tous les r?ves purs qu'on n'a jamais atteints.

O Terre de l'amour! ?ternelle esp?r?e!

Or, sous la Croix, qui me parut d?mesur?e, Le vieillard, tout ? coup, en murmurant: <> Tomba. Tout s'?teignit en lui, regards et voix...

Et la Croix, sous mes yeux, parut grandir encore.

Midi, plus rayonnant, mais plus frais qu'une aurore, Frappait d'aplomb sur nous et sur le Crucifix; Le Dieu mort promettait le triomphe ? ses fils: Sur ses bras grands ouverts tombait tant de lumi?re, Que leur ombre enla?ait la terre tout enti?re.

ACHEV? D'IMPRIMER

SUR LES PRESSES DE L'IMPRIMERIE LAHURE

LE 10 MARS 1916

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