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Read Ebook: On poetic interpretation of nature by Shairp John Campbell
Font size: Background color: Text color: Add to tbrJar First Page Next Page Prev PageEbook has 1572 lines and 69338 words, and 32 pages--Allons, bon, vous voil? encore apr?s ma blouse. L?chez-moi donc! Si vous m'interrompez toujours en me d?truisant mes effets, je ne pourrai jamais finir et vous ne saurez rien. --Oh! quelle patience! s'?cria la Louve en frappant des pieds avec col?re. --Vous ne r?p?terez ? personne ce que je vous raconte? --Non, non, non! --Parole d'honneur? --P?re F?rot, vous allez me donner un coup de sang. --Oh! quelle fille! Quelle fille! A-t-elle une mauvaise t?te! Voyons, m'y voil?. D'abord il faut vous dire que Martial est de plus en plus en bisbille avec sa famille, et qu'ils lui feraient quelque mauvais coup, que cela ne m'?tonnerait pas. C'est pour ?a que je suis f?ch? de ne pas avoir mon bachot, car, si vous comptez sur ceux de l'?le pour y aller, vous avez tort. Ce n'est pas Nicolas ou cette vilaine Calebasse qui vous y conduiraient. --Je le sais bien. Mais que vous a dit la m?re de mon homme? C'est donc ? l'?le qu'il est tomb? malade? --Ne m'embrouillez pas; voil? ce que c'est: ce matin je dis ? la veuve: < Croyant la vie de Martial menac?e par les habitants de l'?le, la Louve, ?perdue de frayeur, transport?e de rage, n'?coutant pas davantage le p?cheur, s'?tait encourue le long de la Seine. Quelques d?tails topographiques sont indispensables ? l'intelligence de la sc?ne suivante. L'?le du Ravageur se rapprochait plus de la rive gauche de la rivi?re que de la rive droite, o? Fleur-de-Marie et Mme S?raphin s'?taient embarqu?es. La Louve se trouvait sur la rive gauche. Sans ?tre tr?s-escarp?e, la hauteur des terres de l'?le masquait dans toute sa longueur la vue d'une rive sur l'autre. Ainsi la ma?tresse de Martial n'avait pas pu voir l'embarquement de la Goualeuse, et la famille du ravageur n'avait pu voir la Louve accourant ? ce moment m?me le long de la rive oppos?e. Rappelons enfin au lecteur que la maison de campagne du docteur Griffon, o? habitait temporairement le comte de Saint-Remy, s'?levait ? mi-c?te et pr?s de la plage o? la Louve arrivait ?perdue. Elle passa, sans les voir, aupr?s de deux personnes qui, frapp?es de son air hagard, se retourn?rent pour la suivre de loin. Ces deux personnes ?taient le comte de Saint-Remy et le docteur Griffon. Le premier mouvement de la Louve en apprenant le p?ril de son amant avait ?t? de courir imp?tueusement vers l'endroit o? elle le savait en danger. Mais, ? mesure qu'elle approchait de l'?le, elle songeait ? la difficult? d'y aborder. Ainsi que le lui avait dit le vieux p?cheur, elle ne devait compter sur aucun bateau ?tranger, et personne de la famille Martial ne voudrait la venir chercher. Haletante, le teint empourpr?, le regard ?tincelant, elle s'arr?ta donc en face de la pointe de l'?le qui, formant une courbe dans cet endroit, se rapprochait assez du rivage. ? travers les branches effeuill?es des saules et des peupliers, la Louve aper?ut le toit de la maison o? Martial se mourait peut-?tre. ? cette vue, poussant un g?missement farouche, elle arracha son bonnet, laissa glisser sa robe jusqu'? ses pieds, ne garda que son jupon, se jeta intr?pidement dans la rivi?re, y marcha tant qu'elle eut pied, puis, le perdant, elle se mit ? nager vigoureusement vers l'?le. Ce fut un spectacle d'une ?nergie sauvage. ? chaque brass?e, l'?paisse et longue chevelure de la Louve, d?nou?e par la violence de ses mouvements, fr?missait autour de sa t?te comme une crini?re double ? reflets cuivr?s. Sans l'ardente fixit? de ses yeux incessamment attach?s sur la maison de Martial, sans la contraction de ses traits crisp?s par de terribles angoisses, on aurait cru que la ma?tresse du braconnier se jouait dans l'onde, tant cette femme nageait librement, fi?rement. Tatou?s en souvenir de son amant, ses bras blancs et nerveux, d'une vigueur toute virile, fendaient l'eau qui rejaillissait et roulait en perles humides sur ses larges ?paules, sur sa robuste et ferme poitrine, qui ruisselait comme un marbre ? demi submerg?. Tout ? coup de l'autre c?t? de l'?le retentit un cri de d?tresse, un cri d'agonie terrible, d?sesp?r?. La Louve tressaillit et s'arr?ta court. Puis, se soutenant sur l'eau d'une main, de l'autre elle rejeta en arri?re son ?paisse chevelure et ?couta. Un nouveau cri se fit entendre, mais plus faible, mais suppliant, convulsif, expirant. Et tout retomba dans un profond silence. --Mon homme!!! cria la Louve en se remettant ? nager avec fureur. Dans son trouble, elle avait cru reconna?tre la voix de Martial. Le comte et le docteur, aupr?s desquels la Louve ?tait pass?e en courant, n'avaient pu la suivre d'assez pr?s pour s'opposer ? sa t?m?rit?. Ils arriv?rent en face de l'?le au moment o? venaient de retentir les deux cris effrayants. Ils s'arr?t?rent aussi ?pouvant?s que la Louve. Voyant celle-ci lutter intr?pidement contre le courant, ils s'?cri?rent: --La malheureuse va se noyer! Ces craintes furent vaines. La ma?tresse de Martial nageait comme une loutre; en quelques brass?es, l'intr?pide cr?ature aborda. Elle avait pris pied, et s'aidait, pour sortir de l'eau, d'un des pieux qui formaient ? l'extr?mit? de l'?le une sorte d'estacade avanc?e, lorsque tout ? coup, le long de ces pilotis, emport? par le courant, passa lentement le corps d'une jeune fille v?tue en paysanne; ses v?tements la soutenaient encore sur l'eau. Se cramponner d'une main ? l'un des pieux, de l'autre saisir brusquement au passage la femme par sa robe, tel fut le mouvement de la Louve, mouvement aussi rapide que la pens?e. Seulement elle attira si violemment ? elle et en dedans du pilotis la malheureuse qu'elle sauvait, que celle-ci disparut un instant sous l'eau quoiqu'il y e?t pied ? cet endroit. Dou?e d'une force et d'une adresse peu communes, la Louve souleva la Goualeuse , qu'elle n'avait pas encore reconnue, la prit entre ses bras robustes comme on prend un enfant, fit encore quelques pas dans la rivi?re et la d?posa enfin sur la berge gazonn?e de l'?le. --Courage! Courage! lui cria M. de Saint-Remy, t?moin comme le docteur Griffon de ce hardi sauvetage. Nous allons passer le pont d'Asni?res et venir ? votre secours avec un bateau. Puis tous deux se dirig?rent en h?te vers le pont. Ces paroles n'arriv?rent pas jusqu'? la Louve. R?p?tons que de la rive droite de la Seine, o? se trouvaient encore Nicolas, Calebasse et sa m?re, apr?s leur d?testable crime, on ne pouvait absolument voir ce qui se passait de l'autre c?t? de l'?le, gr?ce ? son escarpement. Fleur-de-Marie, brusquement attir?e par la Louve en dedans de l'estacade, ayant un moment plong? pour ne plus repara?tre aux yeux de ses meurtriers, ceux-ci durent croire leur victime noy?e et engloutie. Quelques minutes apr?s, le courant emportait un autre cadavre entre deux eaux sans que la Louve l'aper??t. C'?tait le corps de la femme de charge du notaire. Morte, bien morte, celle-l?. Nicolas et Calebasse avaient autant d'int?r?t que Jacques Ferrand ? faire dispara?tre ce t?moin, ce complice de leur nouveau crime: aussi, lorsque le bateau ? soupape s'?tait enfonc? avec Fleur-de-Marie, Nicolas, s'?lan?ant dans le bachot conduit par sa soeur, et dans lequel se trouvait Mme S?raphin, avait imprim? une violente secousse ? cette embarcation et saisi le moment o? la femme de charge tr?buchait pour la pr?cipiter dans la rivi?re et l'y achever d'un coup de croc. Haletante, ?puis?e, la Louve, agenouill?e sur l'herbe ? c?t? de Fleur-de-Marie, reprenait ses forces et examinait les traits de celle qu'elle venait d'arracher ? la mort. Add to tbrJar First Page Next Page Prev Page |
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