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Munafa ebook

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Read Ebook: Saint Michel et le Mont-Saint-Michel by Brin Pierre Marie Corroyer Douard Germain Abel Anastase

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Ebook has 1478 lines and 182018 words, and 30 pages

Authors: Mgr Germain P. M. Brin ?douard Corroyer

SAINT MICHEL

ET LE

MONT-SAINT-MICHEL

Typographie Firmin-Didot.--Mesnil .

SAINT MICHEL

ET LE

MONT-SAINT-MICHEL

PAR M?? GERMAIN ?v?que de Coutances et Avranches

M. L'ABB? P. M. BRIN, PR?TRE DE SAINT-SULPICE Directeur au grand s?minaire de Coutances

ET M. ED. CORROYER, ARCHITECTE

OUVRAGE ILLUSTR?

D'UNE PHOTOGRAVURE, DE QUATRE CHROMOLITHOGRAPHIES ET DE DEUX CENTS GRAVURES

PARIS

LIBRAIRIE DE FIRMIN-DIDOT ET C?? IMPRIMEURS DE L'INSTITUT DE FRANCE 56, RUE JACOB, 56

Tous droits r?serv?s.

PREMI?RE PARTIE

SAINT MICHEL

ET LE MONT-SAINT-MICHEL

DANS LE PLAN DIVIN

CHAPITRE I??

APER?U G?N?RAL SUR SAINT MICHEL ET LES ANGES

Par une admirable loi de cette Providence que Bossuet nous montre constamment attentive au salut des hommes, la gloire de chaque saint ?clate ? l'heure m?me du danger; sa physionomie se d?voile aux regards de chaque g?n?ration malade; ses vertus apparaissent comme le rem?de efficace aux plaies qui la d?vorent. Oui, ? l'heure o? la foi languit et s'?teint, o? la charit? se refroidit, o? la corruption menace de tout envahir, Dieu fait un signe et l'on voit appara?tre ces agents qu'un ?crivain du jour appelle si bien les agents extraordinaires de la v?rit?, de l'amour et de la saintet?.

Que de fois, pour son propre compte, notre si?cle a fait l'exp?rience de ces d?licates attentions de notre P?re qui est aux cieux! Notre si?cle en effet ne conna?t plus la fraternit? chr?tienne; ses fils vivent en proie ? la division, ? la haine; ils se consument dans les luttes mis?rables de l'esprit de parti. J?sus-Christ, pour ranimer parmi eux le feu sacr?, leur ouvre la fournaise embras?e d'amour; il leur montre son coeur en disant: <> Livr? ? l'ignominie des sens, ne connaissant plus la puret? que de nom, et ne croyant qu'aux jouissances animales, notre si?cle a entendu proclamer l'immacul?e conception de la tr?s sainte M?re de Dieu. Affam? d'honneurs, d?vor? d'ambition, poursuivant, sans pudeur comme sans dignit?, les faveurs et les emplois, tout entier au vertige de l'orgueil, notre si?cle a vu monter sur les autels une pauvre et humble berg?re, le rebut de l'humanit?. Adorateur de la richesse, ennemi de la pauvret? qu'il repousse comme l'insupportable opprobre, notre si?cle a vu sous ses yeux la gloire de la saintet? rayonner au front d'un mendiant.

C'est ainsi que toujours Dieu mesure l'?nergie du rem?de ? la profondeur du mal. Une autre plaie, r?clamant elle aussi, elle surtout, la gu?rison, d?sole en ce moment la soci?t?, c'est la plaie du naturalisme. Nous ne disons pas assez, c'est la plaie du mat?rialisme qui ach?ve l'abaissement des ?mes. Triste et singulier spectacle en v?rit? que celui d'un si?cle qui nie le d?mon et qui subit servilement son empire, qui semble avoir jur? de ne plus voir, de ne plus conna?tre que la terre, qui ne sait plus porter ses regards vers un monde sup?rieur pour y rencontrer les esprits ang?liques et se rapprocher du ciel, sa patrie! Quel sera l'agent extraordinaire envoy? par Dieu pour combattre ce mal et pour en triompher? Le proph?te Daniel nous apporte la r?ponse: <> Or fut-il jamais depuis l'origine du monde une ?poque semblable ? la n?tre, et nos jours ne sont-ils pas ceux qu'annonce le proph?te, o? saint Michel devra se lever pour nous arracher au p?ril et appara?tre comme un sauveur?

Notre si?cle aurait-il eu le pressentiment de cette gu?rison qui doit nous venir par le puissant Archange? La d?votion de saint Michel semble en effet refleurir aujourd'hui; de nouveau l'?re des p?lerinages s'est ouverte sur la grande montagne, orgueil de notre dioc?se; dans une journ?e dont nos annales conserveront le fier et imp?rissable souvenir, la statue du vainqueur de Satan a re?u les honneurs du couronnement solennel. Notre coeur d'?v?que garde la m?moire de ces f?tes splendides, de ce concours prodigieux, de ces ?lans de pi?t?, de cet enthousiasme enfin d?passant toute attente. N'est-ce pas l'heure pour nous de donner ? cette imposante manifestation son n?cessaire et vrai compl?ment; c'est-?-dire d'en faire conna?tre le h?ros; de montrer dans le grand Archange un type achev? de perfection; de tirer de sa nature, de ses pr?rogatives, un enseignement f?cond pour notre progr?s spirituel; de dire, en un mot, ce qu'est saint Michel, quelle place il occupe dans l'ensemble des ?tres en g?n?ral et particuli?rement au sein des c?lestes hi?rarchies?

Que dans le cours du si?cle dernier, que dans la premi?re moiti? du n?tre, le culte de saint Michel ait ?t? d?laiss?, pourrions-nous en ?tre surpris? Bossuet, parlant de ses contemporains, disait d?j? d'eux qu'ils tenaient tout dans l'indiff?rence, tout except? le plaisir et les affaires; F?nelon entendait gronder autour de lui le bruit sourd de l'incr?dulit?; Leibnitz, en termes proph?tiques, annon?ait la temp?te qui allait emporter les derniers d?bris des croyances et des institutions du vieux monde. L'indiff?rence qui succ?de ? leur ?poque devient de plus en plus g?n?rale. A des hommes endormis dans cette funeste l?thargie, comment parler des anges? Comment parler surtout de saint Michel, protecteur du peuple ?lu, soldat de la v?rit?, de la v?rit? qu'ils ne comprennent plus, vainqueur de l'enfer, de l'enfer auquel ils ne croient plus? N'est-ce pas s'exposer ? parler une langue ?trang?re?

Combien parmi nous d'esprits faibles qui croient faire preuve de force en souriant au seul nom de ces fant?mes qu'on nomme les d?mons? <> La r?forme de Luther avait pr?par? ce chef-d'oeuvre en exag?rant le r?le du d?mon. La philosophie sceptique et ath?e qui a succ?d? ? la r?forme, le mat?rialisme qui a ?t? comme l'in?vitable cons?quence de la mollesse et de la sensualit?, ont port? un coup mortel ? la foi en l'autre vie. Quelle diff?rence, ? ce point de vue, entre les robustes croyants du moyen ?ge, courb?s sous le poids d'un labeur incessant, mais relev?s par une esp?rance d'immortalit?, et ces eff?min?s de notre si?cle ne r?vant que bien-?tre, ne croyant qu'au pr?sent, perdant de vue la conqu?te de Rome dans les d?lices de Capoue! En v?rit?, que pouvait avoir de commun avec des hommes de cette trempe l'Archange conducteur et peseur des ?mes? Ajoutez ? cet ?tat universel des esprits l'oubli des traditions du pass?, les sentiments chevaleresques g?n?ralement ?vanouis, l'amour de la patrie trop souvent affaibli, pour ne pas dire ?teint, le prodigieux travail de d?composition op?r? dans nos soci?t?s modernes, et vous comprendrez que non seulement la popularit? du nom de saint Michel, mais son culte, mais son existence m?me ne pouvaient trouver gr?ce devant une telle ?poque. Vous comprendrez que la foi au grand Archange devait sinon succomber, du moins s'affaiblir sous tant de causes de ruine.

Si de l'ordre naturel nous passons ? l'ordre surnaturel, l'intelligence de l'ange s'?largit et s'illumine d'un rayonnement nouveau! <> Quelle science, et comme elle laisse loin derri?re elle nos petites lumi?res humaines! L'homme ne voit ici-bas qu'? travers le miroir de la cr?ation, miroir ?nigmatique et obscur, s'il en fut; l'ange, au contraire, voit le Verbe en qui sont cach?s tous les tr?sors de la science et de la sagesse, il voit tout en lui et il voit tout dans la lumi?re du Verbe. C'est cette lumi?re qui communique au regard de l'ange la p?n?tration, la

vigueur, l'?tendue, et qui, pour tout r?sumer en une phrase, l'?l?ve jusqu'? pouvoir regarder m?me la majest? de Dieu et ? plonger dans la profondeur des secrets de l'infini.

Voil? les anges; ils voient et ils aiment; ils sont fix?s dans cette infinie beaut? qui les tient captifs; ils l'aiment avec toutes les ?nergies de leur ?tre, avec toutes les puissances de leur affection, avec toute l'avidit?, toute l'ardeur, tous les transports dont ils sont capables. Plus ils voient, plus ils d?sirent de voir encore; et, bien que satisfait, leur amour n'est jamais rassasi?. Ajoutons-le seulement pour notre consolation: ils puisent en Dieu quelque chose de l'amour m?me qu'il nous porte et apprennent de lui la compassion et la sollicitude pour nos ?mes.

Tel est l'amour des anges en g?n?ral; tel est en particulier l'amour de saint Michel. Un pieux auteur, consid?rant dans le grand Archange les deux facult?s que nous venons d'?tudier, nous le fait conna?tre par un trait frappant: <> Voil? bien saint Michel, tel que la foi nous le montre, g?ant par l'intelligence et g?ant par l'amour!

Voil? la beaut?, voil? la gloire et les sublimes privil?ges de l'ange au jour de sa cr?ation. Voil? par cons?quent la beaut?, la gloire de saint Michel, beaut? toujours splendide, gloire toujours radieuse, gloire et beaut? qui ne connurent jamais d'ombre. Mais de quel ?clat nouveau, de quel ?clat incomparable ne brille pas saint Michel depuis que, par sa fid?lit? ? Dieu, il a m?rit? la gr?ce, il est entr? en participation de la nature divine, cette nature qui est la gloire et la beaut? m?me? N'insistons pas; il y a l? des myst?res que nous ne pouvons scruter, des merveilles dont notre faible vue ne saurait soutenir l'aspect. Vouloir les p?n?trer, ce serait nous exposer ? succomber sous le poids de cette gloire, ? perdre, comme Daniel quand l'ange Gabriel lui appara?t, ? perdre notre force, ? p?lir, ? tomber d?faillants, an?antis. Un auteur que nous avons cit? d?j? n'a pas craint d'?crire: <> N'est-il pas vrai que nous pouvons maintenant appliquer au glorieux Archange ces belles paroles de saint Denys: <>

Hommes du dix-neuvi?me si?cle, regardez donc; regardez et instruisez-vous ? cette ?cole des anges. C'est l? qu'il faut chercher la lumi?re, l? qu'il faut apprendre l'amour, l? qu'il faut demander la force, l? qu'il faut contempler le mod?le pour essayer de le peindre en vous-m?mes et de le traduire dans les actes de votre vie mortelle.

En jetant un regard sur l'univers, non pas tel que le con?oivent trop de philosophes modernes, mais tel que la saine raison et les lumi?res de la foi nous le d?couvrent, notre ?me est sous le coup d'un vrai saisissement, le saisissement de l'admiration et du transport. Arrach?e pour ainsi dire ? elle-m?me par ce spectacle d'une sagesse infinie et d'une ?blouissante richesse, elle s'?crie avec le Psalmiste: <> Et si nous sortons de ce monde sensible pour saisir dans son ensemble le plan divin tout entier, quelle prodigieuse conception se d?roule devant nous, quelle vari?t?, quelle unit? et quelle harmonie!

Maintenant, voulez-vous conna?tre le rang qu'occupe saint Michel dans le plan g?n?ral des ?tres? Eh bien! montez, montez par del? les horizons humains, montez par del? les astres, montez par del? les anges inf?rieurs, montez jusqu'? la hi?rarchie plac?e imm?diatement au-dessous du tr?ne de Dieu: c'est l? qu'il vous appara?tra tout brillant d'intelligence, tout br?lant d'amour, tout rayonnant de gloire et d'honneur.

Voulez-vous conna?tre apr?s cela jusqu'o? s'?l?ve l'Archange dans l'ordre surnaturel? Interrogez l'?criture. <

Mais cette hi?rarchie qui s'impose au genre humain s'impose de m?me ? la soci?t? des anges. Oui, dans cette soci?t? comme dans la n?tre, on distingue, s'il est permis de s'exprimer ainsi, la noblesse, la bourgeoisie et le peuple. Dieu l'a-t-il voulu pour mettre un baume sur les plaies de notre orgueil irrit?? Nous ne savons; mais il en est ainsi, et saint Thomas l'affirme quand, mesurant les connaissances propres aux intelligences d'en haut, c'est-?-dire les illuminations plus ou moins vives que chacune d'elles re?oit de Dieu, il distingue dans leur sein trois hi?rarchies ou trois degr?s. Laissons-le du reste parler lui-m?me: <>

Allons plus loin, et entrons avec les P?res et les docteurs dans la constitution m?me des anges. Chacune des trois hi?rarchies c?lestes repr?sente une des personnes de l'auguste Trinit?; et, toutes ensemble, ramen?es ? une parfaite unit?, sont comme l'expression, le miroir vivant de Dieu lui-m?me. Symbole de l'ordre, la premi?re est l'image de la puissance et de l'intelligence du P?re; symbole de la science, la seconde est l'image de la sagesse du Verbe; symbole de l'activit?, la troisi?me est l'image de l'amour, de l'action et de la vie du Saint-Esprit. Chacune est de plus divis?e en trois choeurs ou trois ordres distincts, nous dit saint Denys. Dans le premier, figurent les S?raphins, qui poss?dent le privil?ge de l'amour; les Ch?rubins qui poss?dent celui de la science; les Tr?nes qui jugent dans la paix et la stabilit?. Dans le second, les Dominations, qui repr?sentent le domaine souverain du Cr?ateur; les Vertus, qui ont la force pour apanage; les Puissances, qui ont pour attribut la justice. Dans le troisi?me, les Principaut?s qui veillent sur les nations; les Archanges qui sont les messagers extraordinaires du Tr?s-Haut; les Anges, ses messagers ordinaires. Enfin, s'il faut en croire saint Thomas, chaque membre qui entre dans la composition de ces choeurs forme une esp?ce.

Telle est, dans sa froide et p?le analyse, l'enseignement ? la fois si large et si vigoureux de saint Thomas sur les anges. C'est, comme on l'a dit justement, c'est en de semblables mati?res qu'on est heureux de voir l'oeil profond du m?taphysicien s'illuminer des clart?s sup?rieures de la th?ologie, mais pour les refl?ter ? son tour avec tant de puissance et d'?clat.

Apr?s avoir esquiss? ce tableau magnifique de la constitution des anges, il nous reste ? chercher, parmi ces millions d'esprits lumineux, la place de saint Michel. Sur cette question d'un si vif int?r?t pour notre pi?t?, les docteurs sont partag?s d'opinion. Faut-il classer saint Michel dans le second ordre de la derni?re hi?rarchie, parmi les Archanges, glorieux messagers que Dieu d?pute vers les hommes dans les circonstances graves et solennelles? Doit-on le ranger au nombre des Principaut?s qui ont pour mission la garde des cit?s et des peuples? Ou bien, enfin, nous ?levant ? ces hauteurs prodigieuses, o? le g?nie des P?res est mont?, devons-nous chercher saint Michel au premier rang parmi les S?raphins, ? la t?te m?me de tous les esprits bienheureux et v?n?rer en lui le prince des c?lestes hi?rarchies? L'?criture sainte, les saints P?res, de graves th?ologiens nous autorisent ? croire que c'est bien sur ces hauteurs qu'il faut admirer le vainqueur de Lucifer.

A l'autorit? si claire de la sainte ?criture ajoutons le sentiment des P?res de l'?glise. <> Si, comme on l'affirme d'ailleurs, Lucifer appartenait au choeur des S?raphins, <>

Nous n'ignorons pas que l'ap?tre saint Jude applique ? saint Michel la qualification d'archange; mais ce que nous savons bien aussi, c'est que de l'aveu des Grecs, de l'aveu des commentateurs, d'Estius en particulier, cette qualification ne prouve nullement qu'il appartienne ? cet ordre. Elle a simplement pour but d'indiquer qu'il marche ? la t?te des anges et qu'il en est le chef supr?me. Pris dans son sens g?n?ral, en effet, le mot ange d?signe l'universalit? des esprits bienheureux; le mot archange, impliquant l'id?e de commandement, d?signe en ce cas le chef, le prince des c?lestes hi?rarchies.

Nous pouvons donc le dire ? l'honneur du grand Archange, avec un diacre de l'?glise de Constantinople: <>

Est-ce assez de voix chantant les grandeurs de saint Michel? Vous venez de l'entendre: c'est la voix de Dieu dans l'?criture, c'est la voix des saints P?res, c'est la voix de la science, c'est la voix de la saintet? qui s'unissent de concert pour nous montrer saint Michel dominant tous les choeurs ang?liques et r?gnant ? la t?te des c?lestes hi?rarchies. Certes, un ?v?que, fier de diriger le dioc?se que saint Michel a honor? de sa pr?sence et de ses miracles, fier de porter dans ses armes sa triomphante image, heureux de se sentir sous sa protection, e?t pu c?der ? l'entra?nement de tels sentiments pour exalter peut-?tre outre mesure l'Archange ? jamais illustre; mais, vous le voyez, il ne s'est fait que l'?cho des voix les plus imposantes.

Il est donc vrai que saint Michel est l'ange des batailles et le prince des chevaliers du ciel, comme disaient autrefois les preux. Non, les si?cles n'ont pas eu tort dans leur merveilleux enthousiasme, et nous comprenons que chez les Grecs et chez les Latins, on se soit si longtemps

CHAPITRE II

MISSION DE SAINT MICHEL.--SON CULTE

Ici, vous m'arr?tez par une objection qui se pr?sente naturellement ? l'esprit: saint Michel n'est-il pas le d?fenseur de tous les ?tats chr?tiens aussi bien que de la France? Je veux pr?venir vos jugements et vous introduire dans les desseins de Dieu. Pour arriver ? ses fins, Dieu se sert ici-bas tant?t des individus et tant?t des peuples. Quand un peuple se met ouvertement ? sa disposition, pour le servir ? la face du monde, Dieu envoie ? ce peuple des protecteurs c?lestes; et s'il existe d'une part un d?vouement g?n?reux et complet, de l'autre il existe un paiement en succ?s et en gloire que la divine justice se charge d'effectuer ? bref d?lai. Tel est le sort de la France dans la destin?e si vari?e des peuples chr?tiens. Suivez, en effet, ma pens?e, et bient?t vous poss?derez le secret des pr?dilections de saint Michel pour notre ch?re patrie.

Dieu a toujours ? lui sur la terre soit un peuple, soit un homme dont il fait son oeil, son bras et parfois son tonnerre. Quand c'est un homme seulement, cet homme vaut ? lui seul une l?gion; quand c'est un peuple, ce peuple surpasse tout son temps et porte ? son front l'aur?ole de l'h?ro?sme et de la gloire. Pour nous bien convaincre de ces v?rit?s, parcourons rapidement les annales du monde et ne marchons que sur les cimes de l'histoire. Nous voyons d'abord appara?tre d'illustres personnages, Seth, No?, Abraham et la suite des saints Patriarches; la nation choisie se forme sur un sol ?tranger et ennemi; mais on sent que Dieu est l?. Il y est dans une suite d'hommes c?l?bres et de fameux capitaines, Mo?se, Josu?, les Juges; puis viennent ces rois immortels que Dieu enrichit de tous les dons et qu'il arme de toutes les puissances. Ce n'?tait alors qu'une figure de l'avenir. Le peuple juif, en effet, n'est qu'une proph?tie en permanence; il dispara?t comme peuple, et avec J?sus-Christ commence un nouveau monde.

Pendant trois cents ans, l'?glise combat; elle se fonde dans le sang et le martyre, sans voir venir personne ? son secours du c?t? de la terre. Arrive enfin Constantin, l'homme de la Providence. Mais ses successeurs ne comprennent pas leur mission; au lieu de prot?ger l'?glise, ils l'entravent, la jalousent et la tourmentent. Dieu ne veut pas de ces empereurs comme instruments. C'est alors qu'il choisit les Francs pour d?fendre l'?glise et former sa garde vigilante et d?vou?e. Les Francs r?pondent ? l'appel divin; leur souverain victorieux en t?te, ils vont au bapt?me en foule. Bient?t cette nation, la premi?re accourue ? la voix d'en haut, passe tout enti?re sous les drapeaux du Christ et re?oit de Rome le titre de fille a?n?e de l'?glise. Le nouveau peuple de Dieu est trouv?. Voil? celui qui doit ?tre ? la fois et le bouclier et l'?p?e de L'?pouse du Sauveur. Mais le souverain Ma?tre n'est pas ingrat; s'il aime qu'on se d?clare hautement pour lui, vite il r?pond aux avances de ceux qui d?fendent sa cause. La France s'est faite ? Reims son homme-lige; il lui envoie son Archange, l'ange des batailles et des triomphes. Cet envoi providentiel est, si j'ose ainsi parler, comme le sceau de l'alliance entre Dieu et le peuple ?lu. Saint Michel choisit lui-m?me sa citadelle et son asile sur ce c?l?bre rocher assis aux flancs de l'aquilon. C'?tait la r?ponse du Tr?s-Haut ? notre patrie, quand elle se fut d?clar?e sa vassale. A dater de ce jour, cette race intr?pide et guerri?re des Francs marche ? la t?te des peuples; toujours s?re de son ang?lique alli?, elle porte partout la lumi?re avec les libert?s sacr?es de la foi chr?tienne; partout o? elle passe, les cha?nes tombent, la tyrannie dispara?t, la barbarie recule ?pouvant?e. A peine saint Michel a-t-il pris possession de son sol, que la France se fait reconna?tre, ? son allure et ? ses coups, comme la ma?tresse du monde.

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