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Munafa ebook

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Read Ebook: Mousseline: roman by Sandre Thierry

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Ebook has 1483 lines and 34645 words, and 30 pages

Quant au p?re Tr?buc, qui avait roul? par le monde et qui de temps en temps allait se promener au hasard ? travers la capitale, il ne revenait jamais chez lui, rue Legendre, sans se r?jouir d'?tre gardien du square des Batignolles plut?t que des Buttes-Chaumont ou du Parc Monceau. Ici, parmi trop d'?l?gances et de richesse, la vie e?t ?t? trop difficile, car il ne faut pas offrir ? une enfant de pauvres, tout honn?tes qu'ils sont, le spectacle du luxe inaccessible. Et l?, aux Buttes-Chaumont, par exemple:

--C'est trop populaire, disait le p?re Tr?buc. Il y a de la promiscuit?.

A Batignolles au contraire tout ?tait pour le mieux. Mousseline, fillette grandissant sous les yeux de son p?re dans un jardin salubre, ne pouvait que subir sans g?ne la direction de ses parents. Les parents furent r?compens?s. Mousseline ? vingt ans ?tait une jeune fille modeste, avenante, gaie, habile ? se chiffonner une robe, sachant faire la cuisine, instruite au surplus, car elle avait son certificat d'?tudes, et elle ?tait dactylographe, gagnant de bons mois, comme disait son p?re, ce qui lui permettait d'aider ses parents. Ponctuelle avec cela, elle rentrait ? heure fixe de son bureau.

--Un brin paresseuse au r?veil pourtant, objectait la m?re Tr?buc, quand elle et le p?re Tr?buc discutaient ? voix basse de ce mariage que madame Loissel croyait possible.

--H?! r?pondait le p?re. Faut bien qu'elle ait un d?faut: elle serait trop parfaite. En tout cas, la Maman, tu ne diras pas qu'elle n'est pas docile, ta fille?

--?a, c'est vrai, avouait la m?re Tr?buc.

Et il lui revenait ? point que Mousseline s'?tait r?sign?e ? ne pas se couper les cheveux ? la Jeanne d'Arc, quand toutes les filles se les coupaient ainsi.

--Avoue que j'avais raison, disait le p?re Tr?buc: ?a fait mauvais genre.

Depuis que sa fille ?tait une jeune fille, tout tenait pour lui dans ces quatre mots:

--?a fait mauvais genre.

--Qu'est-ce qu'y a qui ne va pas, la Maman? dit le p?re Tr?buc en d?grafant son ceinturon.

--Qu'est-ce que tu veux qu'y ait?

--Tu as l'air toute dr?le.

--Toute dr?le? Je n'ai rien du tout.

--Je croyais.

--Je te dis que j'ai rien. C'est de la fatigue et de la vieillerie, mon pauvre Ernest. Avec ces premi?res chaleurs, ?a me tue de faire les escaliers comme je les fais.

--C'est vrai qu'on vieillit, dit-il.

Et il ne dit plus rien. Lui, pendant cette belle journ?e d'avril, il s'?tait senti tout content, dehors, tant?t au soleil et tant?t ? l'ombre, dans son square plein de cris d'enfants.

--La Fille n'est pas rentr?e?

--Pas encore. Tiens, ouvre le buffet, et travaille.

--Des hu?tres! O? est le couteau?

--Dans le tiroir, ? sa place.

Le p?re Tr?buc n'insista pas. Puisque sa femme lui r?pondait sur ce ton et demeurait devant le fourneau sans se d?ranger, il ne se trompait pas, elle avait quelque chose. Il ne demanda pas si ces hu?tres venaient de monsieur Marsouet, le s?nateur des Baquier. Il les ouvrit en silence.

--Rien pour moi, Madame Tr?buc? lan?a une voix jeune par la porte brutalement heurt?e et pouss?e.

--Si, si. Y a des lettres.

La m?re Tr?buc, s'essuyant les mains ? son tablier bleu, accourait du fond de la loge.

--Y a aussi des imprim?s, dit-elle.

Et elle remit son courrier ? mademoiselle Baudetrot, locataire du troisi?me ? gauche, qui ?tait sage-femme et partait le matin, avant l'arriv?e du facteur, pour la maison de sant? o? elle exer?ait.

Mademoiselle Baudetrot regardait ses enveloppes.

--Dites, Madame, fit la m?re Tr?buc, y a Monsieur Daix qui n'est pas bien.

--Ah! exclam?rent ensemble le p?re Tr?buc et la sage-femme.

--Para?t qu'il a pris froid dans l'autobus, rapport ? une fen?tre ouverte. Alors il tousse et il a de la fi?vre.

--Tu l'as vu? demanda le p?re Tr?buc.

--C'est madame Loissel qui me l'a dit. Elle dit comme ?a que ?a doit ?tre la grippe.

--Je verrai, d?cida la sage-femme. Avec ces anciens combattants, le moindre rhume peut devenir mortel. Il suffit qu'ils aient ?t? gaz?s, et c'est le cas de Monsieur Daix, je crois.

--C'est un bien brave Monsieur, dit la m?re Tr?buc.

--Je verrai ?a, r?p?ta la sage-femme. Merci de m'avoir pr?venue, Madame Tr?buc.

--Pas de quoi, Madame. C'est moi qui vous remercie.

--De rien, de rien.

Mademoiselle Baudetrot fit claquer la porte en s'en allant: elle avait des gestes brusques.

Mais le p?re Tr?buc n'eut pas le loisir d'interroger sa femme. Une auto stoppait devant la maison.

--Monsieur Marsouet, dit-il.

Mademoiselle Baquier passa rapidement sans tourner la t?te, tandis que le s?nateur, qui la suivait, soulevait son chapeau vers la concierge aper?ue.

Au m?me moment l'auto d?marrait, et Mousseline poussait ? son tour, mais sans brusquerie, elle, la porte de la loge.

--Bonjour, Papa! Bonjour, Maman!

Et des baisers, et tout de suite de la joie.

--Des hu?tres! Veine alors! C'est le p?re Marsouet?

--Mousseline! gronda la m?re Tr?buc.

--En voil? des fa?ons! ajouta le p?re. En voil? un genre!

Mousseline se mordit les l?vres.

--Tu sais bien qu'? cette heure-ci nous ne sommes pas chez nous! reprit le p?re Tr?buc. Tu sais bien que tout le monde rentre ? cette heure-ci!

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