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Munafa ebook

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Read Ebook: Le joug: roman by Gilbert Marion

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Ebook has 378 lines and 10678 words, and 8 pages

L'ouragan se d?cha?na avec le jour. Fanny, au sortir d'un sommeil de dix heures, se r?veillait comme foudroy?e de fatigue. Elle ouvrit les yeux, surprise de ne pas retrouver son fardeau de soucis. Non. Ils avaient gliss? d'elle, ou, peut-?tre qu'elle gisait, assomm?e, sous leur poids, mais elle ne les sentait plus. La temp?rature de la souffrance suit des courbes comme celle de la fi?vre. Et la gu?rison ou la mort ont la m?me apparence, parfois. Et puis, quand la nature s'en m?le et qu'elle jette sa folie au travers de la n?tre, il faut bien s'arr?ter pour la laisser passer.

Le grand courant d'air du fleuve drainait ? lui tous les vents du plateau qui menaient infernalement la ronde. Par moments, une averse imp?tueuse faisait mollir la temp?te. Le ciel se d?chirait et s'effilochait en nuages incessants accourus du fond de l'horizon marin vers la bouche immense de l'estuaire. Fanny songea d'abord:

<>

De tous ses tourments, il semblait ne lui rester plus que ce petit souci lancinant.

Quand dix heures sonn?rent, elle sortit.

D?s la porte, une rafale la prit et la colla contre le mur, suffoqu?e, sans voix et sans souffle. Il y avait de tout dans le vent: de la pluie, de la gr?le et des feuilles chass?es horizontalement.

Enfin, une accalmie lui permit de gagner le chemin d?tremp?. La t?te et les ?paules sous un ch?le de laine noire, elle marchait, pli?e en deux, les oreilles bourdonnantes, ahurie, abrutie, vid?e de r?flexion et m?me d'id?es.

Quand elle aper?ut Silas, il d?bouchait du tournant de la route de Villebonne et le vent d'ouest le poussait vers elle tout en la retenant. Elle songea confus?ment: <>. Mais il la rejoignait et lui cria ses salutations.

Une cav?e s'ouvrait ? leur droite. Elle prit son bras et l'y entra?na.

Il y r?gnait un certain calme. Les talus, barrant le vent par leur digue d'arbres et de terre, les accueillirent comme une ?glise. Le grand homme ?ta son chapeau.

--Tonnerre de Brest! cria-t-il, quel temps? J'ai eu chaud ? monter de la gare.

Tout son corps vigoureux tremblait encore de l'effort donn?. Il se mit ? rire.

--Eh bien, Fanny?

Puis, il la regarda mieux et n'ajouta rien. Alors, elle dit:

--Je suis venue parce que...

--Oui, fit-il, comme elle s'arr?tait.

--Parce que je voulais vous voir avant...

Elle s'arr?ta encore.

--Pourquoi? demanda-t-il impatiemment.

Elle baissa la t?te.

--Il ne veut pas.

Le grand homme parut de pierre. Puis il dit:

Sans parler, elle fit <>.

La phrase ?tait tomb?e entre eux comme un bolide: fulgurante, incompr?hensible, inattendue. Enfin, M. Froment pronon?a:

--Qu'est-ce que ?a signifie? Est-il fou? A-t-il des droits sur vous? Que lui avez-vous dit depuis quinze jours?

Elle r?pliqua seulement:

--Il sait.

--Ah! fit-il.

Elle le vit qui semblait vaincre une difficult? ? parler. Enfin, il ajouta:

--Et alors?

--Alors, il m'a dit qu'il ?tait le premier, le seul, ? avoir des droits sur moi.

Elle ajouta encore:

--Il a eu une vie malheureuse, ? cause de moi.

--Ce n'est pas vrai, ce n'est pas vrai! cria-t-il passionn?ment. Il y en a de plus malheureux. Et maintenant vous l'accueillez, vous ne lui refusez pas une place: il doit vous laisser vivre.

--Non, dit-elle, il ne veut pas.

Alors, f?ch?, il cria plus fort dans le vent qui s'?levait de nouveau:

--C'est que vous n'avez pas su lui dire. Vous acceptez tout!

Elle baissa la t?te.

--Comment a-t-il os?! dit-il encore. Vous ne lui avez pas dit que c'?tait d?cid??

--Si. Il est but?. Il ne veut rien ?couter. Il me reproche...

Il pencha sa t?te vers elle.

--Quoi donc?

--Ma faute.

Cette fois, il recula, les mains inertes.

--C'est un monstre! siffla-t-il entre ses dents serr?es.

--C'est tout de m?me mon gar?on, dit-elle simplement.

Il la regarda. Quelque chose comme de l'adoration parut dans ses yeux, et il lui prit violemment les mains.

--Fanny, vous avez besoin qu'on vous prot?ge contre vous-m?me. Sans quoi, vous serez toujours esclave et martyre. Votre fils ne veut pas que vous vous mariiez, dites-vous? L?galement, il ne peut s'y opposer. Il ne peut que faire du scandale.

Elle r?p?ta obstin?ment:

--Il ne veut pas.

Sans ?couter, il continua:

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