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Munafa ebook

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Read Ebook: Exploration Team by Leinster Murray Emshwiller Ed Illustrator

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Ebook has 436 lines and 20810 words, and 9 pages

Alphonse Allais

CONTES HUMORISTIQUES

Tome I

Table des mati?res

Amours d'escale

Le capitaine Mac Nee, plus g?n?ralement connu dans la marine ?cossaise sous le nom de capitaine Steelcock, ?tait ce qu'on appelle un gaillard. Un charmant gaillard, mais un rude gaillard.

Sa taille se composait de six pieds anglais et de deux pouces de m?me nationalit?, ce qui ?quivaut, dans notre cher syst?me m?trique, ? deux m?tres et quelques centim?tres.

Les mains derri?re le dos, toujours ?l?gamment v?tu, quelles que fussent les perturbations m?t?orologiques, il se promenait sur le pont de son navire, avec l'air fl?neur et d?tach? que prennent les gentlemen d'?dimbourg dans Princes-Street.

Chaque fois que son second, un de ces vieux sal?s de Dundee pour qui la mer est sans voile et le ciel sans myst?re, lui communiquait le <>, Steelcock s'effor?ait de para?tre prodigieusement int?ress?, mais on sentait que son esprit ?tait loin et qu'il se fichait bien des longitudes et latitudes par lesquelles on pouvait se trouver.

Ah! oui, il ?tait loin, l'esprit de Steelcock! Oh! combien loin!

Steelcock pensait aux femmes, aux femmes qu'il venait de quitter, aux femmes qu'il allait revoir, aux femmes, quoi!

Des fois, il demeurait durant des heures, appuy? sur le bastingage, ? contempler la mer.

S'attendait-il ? ce que, soudain, ?merge?t une sir?ne, ou ne voyait-il dans l'onde que la cruelle image de la femme? Les flots ne symbolisent-ils pas bien--des po?tes l'ont observ?--les changeantes b?tes et les d?concertantes trahisons des femmes? .

D?s que la terre de destination ?tait signal?e, Steelcock cessait d'?tre un homme pour devenir un cyclone d'amour, un cyclone d'aspect tranquille, mais aupr?s duquel les pires ouragans ne sont que de bien petites brises.

N'allez pas croire au moins que le distingu? capitaine se jetait, tel un fauve, sur la premi?re chair ? plaisir venue, comme il s'en trouve trop, h?las! dans les ports de mer.

Oh! que non pas! Steelcock aimait la femme pour la femme mais il l'aimait aussi pour l'amour, rien ne lui semblant plus d?licieux que d'?tre aim? exclusivement, et pour soi-m?me.

Avec lui, du reste, ?a ne tra?nait pas; il aimait tant les femmes qu'il fallait bien que les femmes l'aimassent.

Les aventures venaient toutes seules ? ce grand beau gars. Et puis, le monocle bien port? jouit encore d'un vif prestige dans les colonies et autres parages analogues.

Un jour pourtant, cette ridicule manie lui passa de vouloir qu'une femme aim?t lui tout seul.

C'?tait ? Saint-Pierre .

Steelcock avait fait connaissance de la plus d?licieuse cr?ole qu'on p?t r?ver.

Il faudrait arracher des plumes aux anges du bon Dieu et les tremper dans l'azur du ciel pour ?crire les mots qui diraient les charmes de cette jeune femme. .

Bref, Steelcock fut ? m?me de conna?tre l'extase, comme si l'extase et lui avaient gard? les cochons ensemble.

C'est b?te, mais c'est ainsi: les moments heureux coulant plus vite que les autres , le moment du d?part arriva, et Steelcock ne pouvait se d?cider ? quitter l'idole.

Steelcock enfin prit son parti.

Supr?mement, il embrassa la cr?ole et lui mit dans la main un certain nombre de livres sterling, en s'excusant de cette brutalit?, le temps lui ayant manqu? pour acqu?rir un cadeau plus discret.

La jeune femme compta les pi?ces d'or et les mit dans sa poche d'un air pas autrement satisfait.

--Pensez-vous, demanda Steelcock un peu interloqu?, que cette somme n'est pas suffisante ?

Et l'idole r?pondit, dans ce d?licieux gazouillis qui sert de langage aux filles de l?-bas:

--Oh si! toi, tu es bien gentil... mais c'est ton second qui me pose un sale lapin!

Cette r?v?lation porta un grand coup dans le coeur du capitaine. Un voile se d?chira en lui, et il vit ce que c'est que les femmes, en d?finitive.

D?s lors, il ne chercha plus l'exclusivit? dans l'amour, se contentant sagement de l'hygi?ne et du confortable.

Quand il d?barqua dans les pays, tout droit il alla chez les amoureuses professionnelles, comme on va chez le marchand de conserves et de porc sal?.

Et il ne s'en trouva pas plus mal.

Derni?rement il fut amen? ? rel?cher dans une des ?les Lahila .

Les ?les Lahila sont r?put?es dans tout le Pacifique, tant pour la beaut? de leur climat que pour le rel?chement de leurs moeurs.

Un jeune lieutenant de vaisseau, M. Julien Viaud, qui s'est fait depuis une certaine notori?t? sous le nom de Pierre Loti, en ?crivant des r?cits exotiques fort bien tourn?s, ma foi, a compos? l'Hymne national de cette contr?e b?nie.

Je n'en ai retenu que le refrain:

?les Lahila! ?les Lahila! La bonne atmosph?re ?les Lahila! ?les Lahila! Qu'ont toutes ces ?les-l?!

Steelcock, ? peine ? terre, s'informa d'un bon endroit.

Il y fut re?u par une ancienne dame de Bordeaux, un peu d?fra?chie, qui le pr?senta ? ses pensionnaires.

Charmantes, les pensionnaires, et pleines d'enjouement.

Steelcock tomba dans les lacs d'une petite Toulonnaise, noire comme une taupe, qui aurait beaucoup gagn? ? ?tre mieux peign?e, mais bien gentille tout de m?me.

Les amoureux se retir?rent et ce qu'ils firent pendant la nuit ne regarde personne.

Au petit matin un tremblement de terre d?vasta les ?les Lahila.

Les dames eurent ? peine le temps de s'enfuir en des costumes l?gers mais professionnels.

Seuls, Steelcock et sa compagne manquaient ? l'appel.

On commen?ait ? avoir des inqui?tudes s?rieuses sur les infortun?s, quand on vit appara?tre, ? travers une crevasse de la maison, le capitaine couvert de pl?tras, mais impassible et le monocle ? l'oeil.

Royal Cambouis

Chevaux et voitures! Cet horizon d?cida le jeune Gaston de Puyr?leux ? contracter dans cette arme, qu'il jugeait d'?lite, un engagement de cinq ans.

Avant d'arriver ? cette solution, Gaston avait cru bon de d?vorer deux ou trois patrimoines dans le laps de temps qu'emploie le Sahara pour absorber, sur le coup de midi et demi, le contenu d'un arrosoir petit mod?le.

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