Read Ebook: The swamp was upside down by Leinster Murray Freas Kelly Illustrator
Font size: Background color: Text color: Add to tbrJar First Page Next Page Prev PageEbook has 472 lines and 19210 words, and 10 pages--Non, non, Madeleine, Ellen, ?a n'en viendra pas l?. Un peu de patience, je vous prie; nous devons tous avoir un peu de patience, dit-elle tendrement. --A quoi bon la patience? repartit brusquement la cadette; si nous ne pouvons avoir d'ouvrage l'?t?, comment pourrons-nous en avoir l'hiver? ?a ne signifie rien que votre patience! --Oh! Madeleine! Madeleine! cria l'a?n?e; ne parle pas si durement ? notre m?re: ce n'est pas sa faute! --Je le sais bien, r?pliqua Madeleine; aussi je ne lui parlais pas durement. --Ah! c'est qu'en effet c'est bien dur, n'est-ce pas, ma m?re? dit Ellen. Est-il possible d'?tre dans une si affreuse condition, quand tous nous voulons travailler, et quand il y aurait tout plein d'ouvrage dans le pays, si les Am?ricains ne nous volaient pas tout, comme nous l'a dit le fabricant de cols de chemise? Et qu'est-ce que ?a lui fait ? lui, si les reliures des livres, ou les cartonnages, ou ce que nous pouvons faire est fait hors du pays, tandis qu'on nous laisse mourir de faim ou mendier ou faire Dieu sait quoi pour vivre? H?las! il y a dans cette ville des centaines de filles dans la m?me position, ? ce moment. Si notre p?re ou Mark pouvait faire quelque chose! mais il n'y a pas plus pour eux que pour nous dans tout le pays. Oh! que faire? que pouvons-nous faire? r?p?ta-t-elle en se tordant les mains et en marchant follement dans la chambre. M?re, ch?re m?re, on ne peut rester comme ?a; c'est impossible, je le r?p?te!... --Patience, Madeleine, patience, dit la pauvre femme. ?a ne durera pas longtemps ainsi, nous aurons bient?t un changement. --Bient?t, c'est encore trop longtemps! fit Madeleine d'un ton amer. Y a-t-il encore de l'esp?rance? croyez-vous qu'il y ait encore de l'esp?rance? Et la malheureuse fille vint tomber aux genoux, de sa m?re. --Non, s'?cria Ellen, non, je n'en vois point; il n'y en a point. Est-ce que tous ces pauvres gens qui, comme nous, sont sans ouvrage ne seraient pas heureux de travailler s'ils avaient du travail? Ils ne le peuvent pas plus que nous, voil? tout. Ici ce sont les ?trangers qui font tout, mais les habitants, on les laisse mourir de faim, voil? ce que vous dirait un enfant. Qu'est-ce que notre p?re est venu faire ici? Jamais nous n'avons port? d'aussi mis?rables haillons! ajouta-t-elle en regardant avec une sorte de honte les guenilles qui composaient son habillement. En entendant ces plaintes, la pauvre m?re ?tait toute troubl?e, et son coeur battait fort, car l'avenir lui apparaissait certainement sous des couleurs aussi sombres qu'? ses filles, et le pr?sent ?tait, h?las! intol?rable. A ce moment la porte de la hutte s'ouvrit et un gamin de dix ans, dont les v?tements en lambeaux ?taient charg?s de neige, arriva en gambadant dans la chambre. Dans ses petits bras, rougis et gerc?s par le froid, il tenait quelques morceaux de bois ? br?ler. --Tenez, maman, dit-il en jetant son fardeau sur les cendres chaudes, voil? du bois. Tu es un bon gar?on, Jean, r?pondit sa m?re en le caressant. Comme tu as froid! tu dois ?tre gel?. Mais ou as-tu eu ce bois, Jean? --Oh! bien, je l'ai eu, r?pondit-il en d?tournant la t?te. --Mais o?, Jean? --?coutez donc, il n'y a personne qui voudrait m'en donner, vous le savez bien, r?pliqua-t-il n?gligemment, et puis il vous faut du feu; ainsi j'ai eu ce bois-l? et j'en aurai encore. --Oh! Jean, Jean, tu ne l'as pas vol?? s'?cria la malheureuse m?re, donnant le nourrisson ? sa fille cadette, et s'agenouillant devant le petit gar?on, qu'elle examina avec une anxi?t? fi?vreuse. --Jean, mon cher Jean, dis-moi que tu ne l'as pas vol?? --Eh! ma foi, peut-?tre que oui, dit-il maussadement. Pourquoi aussi ne voulait-on pas me donner du bois? Il vous fallait du feu, maman. Je n'aurais pas fait ?a pour moi. Mais pour vous... D'ailleurs, Tom William le fait, et il dit qu'il n'y a pas de mal ? ?a, si on ne peut avoir d'ouvrage pour acheter du bois. Et comme ?a, c'est bien, n'est-ce pas, maman? dit-il en sautant dans la chambre pour se r?chauffer. --Non, non, Jean, c'est tr?s-mal; tu vas reporter ?a... et tout de suite. Il ne faut pas voler, m?me pour ta pauvre m?re, Jean. Nous ne pouvons rester sans feu, c'est vrai; mais tu ne dois pas ?tre un voleur, non, non! Prends-moi ce bois et, reporte-le comme un honn?te gar?on, dit-elle, en essayant de lui replacer le fagot dans les bras. --Non, je ne le reporterai pas, dit-il en rejetant le bois dans le foyer; je ne le reporterai pas, quand vous ?tes tous gel?s et qu'il n'y a pas un brin de bois ? la maison. Prenez-le pour cette fois, maman, et peut-?tre que je n'en chiperai plus jamais. Ah! jeune enfant, voil? que tu voles! Et que te dit la justice? Ses ministres voient-ils en toi les semences du crime dont les cachots cueilleront le fruit? voient-ils en toi le germe de ce qui constitue les coupables? Leur main va-t-elle s'?tendre vers toi pour t'administrer l'antidote au poison qui d?j? circule en tes veines, ou n'ont-ils rien que le ch?timent pour le cultiver et le d?velopper, pour que les prisons ne soient pas vides et que les cours de police ne ch?ment pas? --Ce n'est pas tout, continua le petit Jean, tirant de sa poche une pi?ce de monnaie et un billet tout froiss?; tenez, regardez, maman, ce que m'a donn? un homme, pour porter cette lettre ? Madeleine. Les joues de la jeune fille p?lirent affreusement. D'une main tremblante elle arracha la lettre ? son fr?re et la cacha dans les plis de son corsage; mais ce fut sans mot dire, et sa confusion n'en fut que plus apparente. Un horrible soup?on avait jailli dans le sein de la m?re; des larmes br?laient les paupi?res de la pauvre femme. --Oh! Madeleine, Madeleine! s'?cria-t-elle apr?s un instant de p?nible silence, de qui vient cette lettre? Est-ce de Guillaume, Jean? --Non, ce n'est pas de Guillaume, maman; c'est d'un monsieur. --Madeleine, ?a para?t bien dr?le, dit la m?re ?perdue; confie-moi ce que c'est. Tiens voici ton p?re qui rentre, je vais tout lui dire. --Non, ma m?re, non, je vous en prie! s'?cria la jeune fille en apercevant un homme qui passait pr?s de la fen?tre et se dirigeait vers la porte; non, ne le lui dites pas, je vous avouerai tout, mais ne le lui dites pas! --Madeleine, ma pauvre Madeleine! fit la malheureuse femme tombant ? genoux et saisissant sa fille dans ses bras, cette atroce mis?re nous tuera tous! Madeleine, ma pauvre Madeleine! Venez, vous les heureux du monde et contemplez ce tableau. C'est le temps de f?ter, de danser, de vous r?jouir; c'est le temps de vanter les charmes de la vie; mais avant que vous ne vous soyez plong?s trop avant dans l'ivresse de vos plaisirs, d?tournez-vous un instant du sentier jonch? de fleurs o? vous passez l'existence et jetez les yeux de ce c?t?. Si c'est une fable que nous ?crivons, s'il n'y a point de v?rit? dans les portraits, ah! soyez aveugles si vous le voulez; mais s'il est vrai qu'? votre porte m?me la mis?re grelotte de froid et de faim; s'il est vrai que telles sont les tristes r?alit?s du jour, qui se multiplient et grossissent dans les grandes villes canadiennes ? mesure que s'?coulent les ann?es, alors il est bon, pour vous qui ?tes riches, contents et prosp?res, que vos oreilles soient ouvertes, que votre main s'?tende aux malheureux; car, si vous ne pouvez leur donner un abri et du pain en ?change du dur travail qu'ils feraient volontiers pour vous, il vaut mieux les traiter en mendiants, leur jeter une froide aum?ne, ou les chasser ?pouvant?s de vos rivages, que de les abandonner aux serres du besoin. Ils ne veulent ni ?tre des qu?teux ni fuir la terre qui leur donnera du pain. Ils ne demandent qu'? travailler pour vivre; ? travailler pour que leurs enfants aient du pain! Pourquoi donc n'entend-on pas leur pri?re dans cette vaste contr?e? Pourquoi ne profite-t-on pas au Canada de sources de richesses qui feraient de ce beau pays un immense empire? Pourquoi, l? o? la nature a ?t? prodigue de ses bienfaits et o? elle a donn? des tr?sors qui satisferaient largement vingt millions d'habitants; o? rien ne manque pour asseoir les bases d'un gigantesque royaume et le rendre florissant, pourquoi, l?, le g?nie et l'habilet? des deux races fran?aise et saxonne manquent-ils ? ce degr? que les pauvres ?parpill?s sur cet immense et fertile territoire sont sans pain et se sauvent par milliers de ces bords, pour aller dire aux habitants des contr?es lointaines: < CHAPITRE II PAUVRET? ET MANQUE D'OUVRAGE Pourquoi donc t'arr?ter l?, pensif, au seuil de ta porte? Pourquoi tes yeux sont-ils humides et ta main tremble-t-elle sur le loquet? Ton coeur ne devrait-il pas bondir de joie et ton visage rayonner d'all?gresse: car c'est l? ta maison, si je ne me trompe, et tes enfants t'attendent? Voyez-le sur le pas de sa porte, vous p?res et maris des familles heureuses! Il h?site, il chancelle presque; son esprit se replie douloureusement sur lui-m?me; il craint jusqu'au regard de ceux qu'il ch?rit: peut-il compter la somme de ses lourds chagrins? Entre, entre, mis?rable! Pour toi point d'espoir: comme deux gal?riens, la pauvret? et toi ?tes riv?s ? la m?me cha?ne; ton aspect ne la chassera point du taudis;--n'avez-vous pas, elle et toi, taille gr?le, membres d?charn?s, visage fam?lique, v?tements en haillons? Il se nomme Mordaunt. Il a immigr? au Canada avec sa famille, dans l'espoir d'am?liorer sa condition et de trouver un foyer pour ses chers enfants. Mais, au lieu de l'abondance, c'est la pauvret? qui lui a tendu les bras en d?barquant; au lieu du bourdonnement de l'industrie, du r?sonnement de l'enclume, des joyeux bruissements des m?tiers ? tisser, du sifflement des machines ? vapeur, les lamentations et les plaintes des malheureux remplissent les chemins, et tout en mettant le pied sur le rivage, l'?migrant a vu s'?vanouir ses plus chaudes esp?rances. Pourquoi? C'est ? vous de r?pondre, ? Canadiens! Les enfants aimaient leur p?re, la femme aimait son mari. Quand il parut, ils refoul?rent leurs douleurs. Mais il se fit aussit?t un silence lugubre, mortel dont tout leur amour ne put bannir la funeste impression, et sur leurs joues s'?tendit une p?leur que nulle affection ne pouvait masquer. Dans le coeur du pauvre homme se ficha une nouvelle angoisse. De ses l?vres disparut le maladif sourire qu'il y avait appel?, et il se prit ? promener autour de lui un regard incertain, comme s'il doutait qu'il e?t bien fait de franchir le seuil de sa demeure. --Allons, Edouard, dit sa femme, qui avait d?j? lu sur sa mine effar?e qu'il revenait affam? et sans avoir r?ussi dans ses d?marches; allons, Edouard, ne reste pas au froid et viens t'asseoir pr?s du feu; tu dois avoir bien froid, et tu n'as rien mang? depuis ce matin. Jean, fais un bon feu, mon gentil gar?on. Et toi, Ellen, pr?pare quelque chose ? d?ner pour ton p?re. Nous ne t'attendions pas, Edouard, parce que nous ne savions pas ? quelle heure tu rentrerais. Il fait bien froid dehors, n'est-ce pas? --Marguerite, dit-il tendrement, tu es trop bonne. Et en pronon?ant ces paroles, son corps tremblait d'?motion. Il s'assit et s'enfon?a le visage dans les mains. Merci, merci ? vous, Marguerite! Add to tbrJar First Page Next Page Prev Page |
Terms of Use Stock Market News! © gutenberg.org.in2025 All Rights reserved.