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Munafa ebook

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Read Ebook: Le Pays de l'Instar by Franc Nohain

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Ebook has 1026 lines and 56561 words, and 21 pages

Translator: Isabelle de Montolieu

Johann David WYSS

LE ROBINSON SUISSE

ou Histoire d'une famille suisse naufrag?e

Table des mati?res

CHAPITRE I Temp?te.--Naufrage.--Corsets natatoires.--Bateau de cuves.

CHAPITRE II Chargement du radeau.--Personnel de la famille.--D?barquement--Premi?res dispositions.--Le homard.--Le sel.--Excursions de Fritz.--L'agouti.--La nuit ? terre.

CHAPITRE V Voyage au navire.--Commencement du pillage.

CHAPITRE VI Le troupeau ? la nage.--Le requin.--Second d?barquement.

CHAPITRE X Premier ?tablissement.--Le flamant,--L'?chelle de bambou.

CHAPITRE XX Voyage dans l'int?rieur.--Le vin de palmier.--Fuite de l'?ne.--Les buffles.

CHAPITRE XXX L'anis.--Le ginseng.

CHAPITRE I Second hiver.

CHAPITRE II Premi?re sortie apr?s les pluies.--La baleine.--Le corail.

CHAPITRE V Le m?tier ? tisser.--Les vitres.--Les paniers.--Le palanquin.--Aventure d'Ernest.--Le boa.

CHAPITRE VI Mort de l'?ne et du boa.--Entretien sur les serpents venimeux.

CHAPITRE X Arriv?e ? l'?cluse.--Excursion dans la savane. L'autruche.--La tortue de terre.

CHAPITRE XX Coup d'oeil g?n?ral sur la colonie et ses d?pendances.--La basse-cour.--Les arbres et le b?tail.--Les machines et les magasins.

TOME I

CHAPITRE I

Temp?te.--Naufrage.--Corsets natatoires.--Bateau de cuves.

La temp?te durait depuis six mortels jours, et, le septi?me, sa violence, au lieu de diminuer, semblait augmenter encore. Elle nous avait jet?s vers le S.-O., si loin de notre route, que personne ne savait o? nous nous trouvions. Les passagers, les matelots, les officiers ?taient sans courage et sans force; les m?ts, bris?s, ?taient tomb?s par-dessus le bord; le vaisseau, d?sempar?, ne manoeuvrait plus, et les vagues irrit?es le poussaient ?a et l?. Les matelots se r?pandaient en longues pri?res et offraient au Ciel des voeux ardents; tout le monde ?tait du reste dans la consternation, et ne s'occupait que des moyens de sauver ses jours.

<>

Cependant ma courageuse femme essuyait une larme, et, plus tranquille que les enfants, qui se pressaient autour d'elle, elle s'effor?ait de les rassurer, tandis que mon coeur, ? moi, se brisait ? l'id?e du danger qui mena?ait ces ?tres bien-aim?s. Nous tomb?mes enfin tous ? genoux, et les paroles ?chapp?es ? mes enfants me prouv?rent qu'ils savaient aussi prier, et puiser le courage dans leurs pri?res. Je remarquai que Fritz demandait au Seigneur de sauver les jours de ses chers parents et de ses fr?res, sans parler de lui-m?me.

Cette occupation nous fit oublier pendant quelque temps le danger qui nous mena?ait, et je sentis mon coeur se rassurer un peu ? la vue de toutes ces petites t?tes religieusement inclin?es. Soudain nous entend?mes, au milieu du bruit des vagues, une voix crier: <> et au m?me instant nous ?prouv?mes un choc si violent, que nous en f?mes tous renvers?s, et que nous cr?mes le navire en pi?ces; un craquement se fit entendre; nous avions touch?. Aussit?t une voix que je reconnus pour celle du capitaine cria: <> Mon coeur fr?mit ? ces funestes mots: Nous sommes perdus! Je r?solus cependant de monter sur le pont, pour voir si nous n'avions plus rien ? esp?rer. ? peine y mettais-je le pied qu'une ?norme vague le balaya et me renversa sans connaissance contre le m?t. Lorsque je revins ? moi, je vis le dernier de nos matelots sauter dans la chaloupe, et les embarcations les plus l?g?res, pleines de monde, s'?loigner du navire. Je criai, je les suppliai de me recevoir, moi et les miens.... Le mugissement de la temp?te les emp?cha d'entendre ma voix, ou la fureur des vagues de venir nous chercher. Au milieu de mon d?sespoir, je remarquai cependant avec un sentiment de bonheur que l'eau ne pouvait atteindre jusqu'? la cabine que mes bien-aim?s occupaient au-dessous de la chambre du capitaine; et, en regardant bien attentivement vers le S., je crus apercevoir par intervalles une terre qui, malgr? son aspect sauvage, devint l'objet de tous mes voeux.

Je me h?tai donc de retourner vers ma famille; et, affectant un air de s?curit?, j'annon?ai que l'eau ne pouvait nous atteindre, et qu'au jour nous trouverions sans doute un moyen de gagner la terre. Cette nouvelle fut pour mes enfants un baume consolateur, et ils se tranquillis?rent bien vite. Ma femme, plus habitu?e ? p?n?trer ma pens?e, ne prit pas le change; un signe de ma part lui avait fait comprendre notre abandon. Mais je sentis mon courage rena?tre en voyant que sa confiance en Dieu n'?tait point ?branl?e; elle nous engagea ? prendre quelque nourriture. Nous y consent?mes volontiers; et apr?s ce petit repas les enfants s'endormirent, except? Fritz, qui vint ? moi et me dit: <> J'approuvai cette id?e, et r?solus de la mettre ? profit. Nous cherch?mes partout dans la chambre de petits barils et des vases capables de soutenir le corps d'un homme. Nous les attach?mes ensuite solidement deux ? deux, et nous les pass?mes sous les bras de chacun de nous; puis nous ?tant munis de couteaux, de ficelles, de briquets et d'autres ustensiles de premi?re n?cessit?, nous pass?mes le reste de la nuit dans l'angoisse, craignant de voir le vaisseau s'entr'ouvrir ? chaque instant. Fritz, cependant, s'endormit ?puis? de fatigue.

L'aurore vint enfin nous rassurer un peu, en ramenant le calme sur les flots; je consolai mes enfants, ?pouvant?s de leur abandon, et je les engageai ? se mettre ? la besogne pour t?cher de se sauver eux-m?mes. Nous nous dispers?mes alors dans le navire pour chercher ce que nous trouverions de plus utile. Fritz apporta deux fusils, de la poudre, du plomb et des balles; Ernest, des clous, des tenailles et des outils de charpentier; le petit Franz, une ligne et des hame?ons. Je les f?licitai tous trois de leur d?couverte.>> Mais, dis-je ? Jack, qui m'avait amen? deux ?normes dogues, quant ? toi, que veux-tu que nous fassions de ta trouvaille?

--Bon, r?pondit-il, nous les ferons chasser quand nous serons ? terre.

--Et comment y aller, petit ?tourdi? lui dis-je.

--Comment aller ? terre? Dans des cuves, comme je le faisais sur l'?tang ? notre campagne.>>

Cette id?e fut pour moi un trait de lumi?re, je descendis dans la cale o? j'avais vu des tonneaux; et, avec l'aide de mes fils, je les amenai sur le pont, quoiqu'ils fussent ? demi submerg?s. Alors nous commen??mes avec le marteau, la scie, la hache et tous les instruments dont nous pouvions disposer, ? les couper en deux, et je ne m'arr?tai que quand nous e?mes obtenu huit cuves de grandeur ? peu pr?s ?gale. Nous les regardions avec orgueil; ma femme seule ne partageait pas notre enthousiasme.

<

--Ne sois pas si prompte, ch?re femme, lui dis-je, et attends, pour juger mon ouvrage, qu'il soit achev?.>>

Je pris alors une planche longue et flexible, sur laquelle j'assujettis mes huit cuves; deux autres planches furent jointes ? la premi?re, et, apr?s des fatigues inou?es, je parvins ? obtenir une sorte de bateau ?troit et divis? en huit compartiments, dont la quille ?tait form?e par le simple prolongement des planches qui avaient servi ? lier les cuves entre elles. J'avais ainsi une embarcation capable de nous porter sur une mer tranquille et pour une courte travers?e; mais cette construction, toute fr?le qu'elle ?tait, se trouvait encore d'un poids trop au-dessus de nos forces pour que nous pussions la mettre ? flot. Je demandai alors un cric, et, Fritz en ayant trouv? un, je l'appliquai ? une des extr?mit?s de mon canot, que je commen?ai ? soulever, tandis que mes fils glissaient des rouleaux par-dessous. Mes enfants, Ernest surtout, ?taient dans l'admiration en voyant les effets puissants de cette simple machine, dont je leur expliquai le m?canisme sans discontinuer mon ouvrage. Jack, l'?tourdi, remarqua pourtant que le cric allait bien lentement.

<> r?pondis-je.

Notre embarcation toucha enfin le bord et descendit dans l'eau, retenue pr?s du navire par des c?bles; mais elle tourna soudain et pencha tellement de c?t? que pas un de nous ne fut assez hardi pour y descendre.

Je me d?sesp?rais, quand il me vint ? l'esprit que le lest seul manquait; je me h?tai de jeter au fond des cuves tous les objets pesants que le hasard pla?a sous ma main, et, peu ? peu, en effet, le bateau se redressa et se maintint en ?quilibre. Mes fils alors pouss?rent des cris de joie, et se disput?rent ? qui descendrait le premier. Craignant que leurs mouvements ne vinssent ? d?placer le lest qui maintenait le radeau, je voulus y suppl?er en ?tablissant aux deux extr?mit?s un balancier pareil ? celui que je me souvenais d'avoir vu employer par quelques peuplades sauvages; je choisis ? cet effet deux morceaux de vergue assez longs; je les fixai par une cheville de bois, l'un ? l'avant, l'autre ? l'arri?re du bateau, et aux deux extr?mit?s j'attachai deux tonnes vides qui devaient naturellement se faire contre-poids.

Il ne restait plus qu'? sortir des d?bris et ? rendre le passage libre. Des coups de hache donn?s ? propos ? droite et ? gauche eurent bient?t fait l'affaire. Mais le jour s'?tait ?coul? au milieu de nos travaux, et il ?tait maintenant impossible de pouvoir gagner la terre avant la nuit. Nous r?sol?mes donc de rester encore jusqu'au lendemain sur le navire, et nous nous m?mes ? table avec d'autant plus de plaisir, qu'occup?s de notre important travail, nous avions ? peine pris dans toute la journ?e un verre de vin et un morceau de biscuit. Avant de nous livrer au sommeil, je recommandai ? mes enfants de s'attacher leurs corsets natatoires, pour le cas o? le navire viendrait ? sombrer, et je conseillai ? ma femme de prendre les m?mes pr?cautions. Nous go?t?mes ensuite un repos bien m?rit? par le travail de la journ?e.

CHAPITRE II

Chargement du radeau.--Personnel de la famille.--D?barquement--Premi?res dispositions.--Le homard.--Le sel.--Excursions de Fritz.--L'agouti.--La nuit ? terre.

Aux premiers rayons du jour nous ?tions debout. Apr?s avoir fait faire ? ma famille la pri?re du matin, je recommandai qu'on donn?t aux animaux qui ?taient sur le vaisseau de la nourriture pour plusieurs jours.

<>

J'avais r?solu de placer, pour ce premier voyage, sur notre petit navire, un baril de poudre, trois fusils, trois carabines, des balles et du plomb autant qu'il nous serait possible d'en emporter, deux paires de pistolets de poche, deux autres paires plus grandes, et enfin un moule a balles. Ma femme et chacun de mes fils devaient en outre ?tre munis d'une gibeci?re bien garnie. Je pris encore une caisse pleine de tablettes de bouillon, une de biscuit, une marmite en fer, une ligne ? p?cher, une caisse de clous, une autre remplie d'outils, de marteaux, de scies, de pinces, de haches, etc., et un large morceau de toile ? voile que nous destinions ? faire une tente.

Nous avions apport? beaucoup d'autres objets; mais il nous fut impossible de les charger, bien que nous eussions remplac? par des choses utiles le lest que j'avais mis la veille dans le bateau. Apr?s avoir invoqu? le nom du Seigneur, nous nous disposions ? partir, lorsque les coqs se mirent ? chanter comme pour nous dire adieu: ce cri m'inspira l'id?e de les emmener avec nous, ainsi que les oies, les canards et les pigeons. Aussit?t nous pr?mes dix poules avec deux coqs, l'un jeune, et l'autre vieux; nous les pla??mes dans l'une des cuves, que nous recouvr?mes avec soin d'une planche, et nous laiss?mes au reste des volatiles, que nous m?mes en libert?, le choix de nous suivre par terre ou par eau.

Nous n'attendions plus que ma femme; elle arriva bient?t avec un sac qu'elle d?posa dans la cuve de son plus jeune fils, seulement, ? ce que je crus, pour lui servir de coussin. Nous part?mes enfin.

Dans la premi?re cuve ?tait ma femme, bonne ?pouse, m?re pieuse et sensible; dans la seconde, imm?diatement apr?s elle, ?tait Franz, enfant de sept ? huit ans, dou? d'excellentes dispositions, mais ignorant de toutes choses; dans la troisi?me, Fritz, gar?on robuste de quatorze ? quinze ans, courageux et bouillant; dans la quatri?me, nos poules et quelques autres objets; dans la cinqui?me, nos provisions; dans la sixi?me, Jack, bambin de dix ans, ?tourdi, mais obligeant et entreprenant; dans la septi?me, Ernest, ?g? de douze ans, enfant d'une grande intelligence, prudent et r?fl?chi; enfin dans la huiti?me, moi, leur p?re, je dirigeais le fr?le esquif ? l'aide d'un gouvernail. Chacun de nous avait une rame ? la main, et devant soi un corset natatoire dont il devait faire usage en cas d'accident.

La mar?e avait atteint la moiti? de sa hauteur quand nous quitt?mes le navire; mais elle nous fut plus utile que d?favorable. Quand les chiens nous virent quitter le b?timent, ils se jet?rent ? la nage pour nous suivre, car nous n'avions pu les prendre avec nous ? cause de leur grosseur: Turc ?tait un dogue anglais de premi?re force, et Bill une chienne danoise de m?me taille. Je craignis d'abord que le trajet ne f?t trop long pour eux; mais en les laissant appuyer leurs pattes sur les balanciers destin?s ? maintenir le bateau en ?quilibre, ils firent si bien qu'ils touch?rent terre avant nous.

Notre voyage fut heureux, et nous arriv?mes bient?t ? port?e de voir la terre. Son premier aspect ?tait peu attrayant. Les rochers escarp?s et nus qui bordaient la rivi?re nous pr?sageaient la mis?re et le besoin. La mer ?tait calme et se brisait paisiblement le long de la c?te; le ciel ?tait pur et brillant; autour de nous flottaient des poutres, des cages venant du navire. Fritz me demanda la permission de saisir quelques-uns de ces d?bris; il arr?ta deux tonnes qui flottaient pr?s de lui, et nous les attach?mes ? notre arri?re.

? mesure que nous approchions, la c?te perdait son aspect sauvage; les yeux de faucon de Fritz y d?couvraient m?me des arbres qu'il assura ?tre des palmiers. Comme je regrettais beaucoup de n'avoir pas pris la longue-vue du capitaine, Jack tira de sa poche une petite lunette qu'il avait trouv?e, et qui me donna le moyen d'examiner la c?te, afin de choisir une place propre ? notre d?barquement. Tandis que j'?tais tout entier ? cette occupation, nous entr?mes, sans nous en apercevoir, dans un courant qui nous entra?na rapidement vers la plage, ? l'embouchure d'un petit ruisseau. Je choisis une place o? les bords n'?taient pas plus ?lev?s que nos cuves, et o? l'eau pouvait cependant les maintenir ? flot. C'?tait une plaine en forme de triangle dont le sommet se perdait dans les rochers, et dont la base ?tait form?e par la rive.

Tout ce qui pouvait sauter fut ? terre en un clin d'oeil; le petit Franz seul eut besoin du secours de sa m?re. Les chiens, qui nous avaient pr?c?d?s, accoururent ? nous et nous accabl?rent de caresses, en nous t?moignant leur reconnaissance par de longs aboiements; les oies et les canards, qui barbotaient d?j? dans la baie o? nous avions abord?, faisaient retentir les airs de leurs cris, et leur voix, m?l?e ? celle des pingouins, des flamants et des autres habitants de ce lieu que notre arriv?e avait effray?s, produisait une cacophonie inexprimable. N?anmoins j'?coutais avec plaisir cette musique ?trange, en pensant que ces infortun?s musiciens pourraient au besoin fournir ? notre subsistance sur cette terre d?serte. Notre premier soin en abordant fut de remercier Dieu ? genoux de nous y avoir conduits sains et saufs.

Nous nous occup?mes ensuite de construire une tente, ? l'aide de pieux plant?s en terre et du morceau de voile que nous avions apport?.

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