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Munafa ebook

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Read Ebook: Les aventures du capitaine Magon ou une exploration phénicienne mille ans avant l'ère chrétienne by Cahun David L On Philippoteaux Paul Illustrator

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Ebook has 2120 lines and 96205 words, and 43 pages

, bergers, cultivateurs ; les Ph?niciens sont industrieux, commer?ants et marins, quoique je puisse dire, sans orgueil, que quelques villes de Ph?nicie, et particuli?rement Arvad, ont vu na?tre des hommes habiles ? ranger les troupes en bataille.

-- Je le vois, dit l'autre, admirant la cuirasse et les armes d'Hannibal, et je vois aussi que les guerriers de Ph?nicie sont bien ?quip?s.

-- J'ai servi ton roi, r?pondit Hannibal, malgr? votre coutume de ne point entretenir de troupes en temps de paix et de ne point prendre d'?trangers ? votre solde. Mais ayant pass? fort jeune dans la ville de Kana, dans l'h?ritage de la tribu des enfants d'Ascer, j'y fus consid?r? moi-m?me comme un enfant de la tribu, et j'ai ainsi combattu dans vos guerres. >>

Le capitaine juif se leva aussit?t pour embrasser Hannibal, et ils burent tous deux ? la coupe d'amiti?, qu'on nous fit passer ensuite ? Hannon et moi.

<< Je suis, dit ce capitaine, de la tribu des enfants de Juda sur l'h?ritage de laquelle nous passons pour aller ? J?rusalem. Tu sauras que pr?sentement le roi entretient quelques troupes, dont je fais partie, comme chef de vingt hommes. Je vous attends ici, o? l'on a pr?par? des chevaux et des ?nes pour votre voyage, et d?s ce soir nous pourrons partir.

-- Je le veux bien, r?pondis-je. Mais je d?sire aussi prendre quelques dispositions ? bord de mes navires, avant de les quitter pour quelques jours. Nous partirons donc demain matin.

-- Alors, s'?cria le Juif, veux-tu nous permettre de visiter tes vaisseaux ? Vous ?tes Ph?niciens, vous devez avoir des objets ? vendre, et nous avons, nous, des emplettes ? faire.

-- Bien volontiers, dis-je au capitaine. Mais ?tant au service du roi qui est notre armateur, nous n'avons emport? de marchandises que pour le troc, et non pour le commerce. Nous ne faisons donc aucun b?n?fice, et nous voulons ici seulement compl?ter notre chargement et nos provisions.

-- Nous trouverons dans les montagnes et dans les villages des troupeaux de ch?vres, des oliviers, des arbres ? baume, dit aussit?t le capitaine. Mon nom est Chama?, fils de Reha?a ; il est connu dans le pays. Je me mets ? ta disposition pour ton chargement de vivres. >>

J'acceptai de bon coeur les offres du capitaine Chama?, qui nous suivit sur nos navires. Nos matelots avaient d?j? ?tal? sur la plage les marchandises que je leur avais permis d'emporter pour leur commerce particulier, et ils discutaient activement avec des p?cheurs et quelques bergers rassembl?s autour d'eux. Sur le Melkarth on fit d?baller d'autres marchandises, appartenant ? l'exp?dition. J'avais fait dresser par Hannon l'?tat de ce que nous voulions c?der et celui de ce que nous voulions acqu?rir, savoir : dix mesures de grain, deux d'huile, un baril d'olives, une demi-mesure de baume, six paniers de figues s?ches, six de dattes et cinquante fromages. Pour les grandes provisions, je comptais sur ce que je trouverais jusqu'? J?rusalem et sur la lib?ralit? du roi David. J'ordonnai aussi ? Bodmilcar, qui ?tait charg? de la vente et des emplettes, d'acheter quelques moutons et chevreaux, pour que nos hommes eussent de la viande fra?che jusqu'en ?gypte.

Chama? ne pouvait se lasser d'admirer nos navires et leur ordonnance, le soin et la propret? avec lesquels tout ?tait rang?, l'ob?issance de chacun et la stricte discipline, la beaut? et l'?tranget? des agr?s et des instruments. Tout ?tait nouveau pour lui, et ? chaque pas il faisait des exclamations de surprise. Je le retins ? souper, et quand nous f?mes assis sur la poupe de l'Astart?, il soupira profond?ment.

<< Ah ! dit-il, que la navigation et les voyages lointains sont une belle chose, et quelle source in?puisable de richesses est la Grande Mer ! Pour nous, nous vivons dans nos montagnes aussi ignorants que des bouquetins sauvages, et quand nous avons mis ? sac quelque ville ou village des ennemis, qu'est-ce que notre maigre butin en comparaison de ce que vous acqu?rez par le commerce ? Sans compter que le roi et les principaux du peuple prennent la meilleure part.

-- Et les choses rares et merveilleuses qu'on voit, lui r?pondis-je, les comptes-tu pour rien ?

-- Non sans doute, s'?cria Chama?. J'ai entendu parler par vos marchands ph?niciens des vall?es o? sont les pierreries et les serpents de deux stades de long, des mines d'argent et d'or, et des pierreries qui flottent sur la mer, des poissons de cinquante coud?es, des g?ants et des montagnes qui jettent du feu.

-- Il y a beaucoup ? rabattre l?-dessus, lui dis-je en riant ; mais dans nos voyages nous voyons pourtant des choses extraordinaires et des peuples bien singuliers.

-- Vraiment ! s'?cria Chama? ; je passe pour un brave guerrier et la force de mon bras a renvers? plus d'un Syrien, plus d'un Moabite et plus d'un Philistin. Dans vos aventures lointaines, vous devez avoir de rudes combats ? soutenir. Veux-tu m'emmener, capitaine sidonien ? >>

Hannibal, lui mettant la main sur l'?paule, lui dit d'une voix retentissante :

<< Brave Chama?, il me manque quarante hommes d'armes et archers. Te fais-tu fort de les recruter ?

-- Je m'en fais fort, par le nom de El, mon dieu, le dieu des guerriers.

-- Bien parl?, dis-je ? mon tour. Am?ne-nous quarante braves gar?ons, hardis et robustes, tu les commanderas sous les ordres d'Hannibal, sur nos navires. Et je te fais imm?diatement pr?sent d'une cuirasse neuve et d'un poignard des Chalybes, d'un poignard manche d'ivoire.

-- Vive le roi ! s'?cria Chama?. Je suis votre homme.

-- Ah ! ah ! fit Hannibal en se frottant les mains, voici mon arm?e qui augmente. Nous finirons par conqu?rir des royaumes.

-- Le royaume que je conquerrai, conclut Hannon, je le vends aux ench?res, terre, ville et sujets. J'aime mieux mon futur palais, et j'y nomme d'avance Himilcon pour mon grand ?chanson. Le bouc pour jardinier, les outres verront beau jeu !

-- T?tons de celle-ci en attendant les tiennes, >> dit Himilcon, s'asseyant ? la vue du repas qu'on apportait.

En ce moment, un matelot vint me dire de la part de Bodmilcar que ses ?changes ?taient faits.

<< Pourquoi ne vient-il pas manger avec nous ? demandai-je.

-- Je l'ignore, r?pondit le matelot. Le seigneur capitaine a fait faire son repas ? son bord, o? il a invit? l'eunuque passager. >>

Hannon p?lit.

<< La mal?diction soit de l'eunuque ! m'?criai-je d?s que le matelot fut parti. Il se brasse encore quelque machination. Pourvu que les filles ne soient pas parties avec lui. >>

Hannon se pr?cipita vers la cabine, mais au m?me instant la porte s'ouvrit, et la servante parut, suivie de la dame esclave compl?tement voil?e.

<< Ne crains rien, dit la servante en riant, ne crains rien, seigneur. Le vilain oiseau est envol?, mais les colombes restent. Nous lui avons refus? de le suivre.

-- Il vous l'a donc demand? ? dis-je, furieux.

-- Non, il s'est born? ? nous l'offrir, sans insister. Mais nous aimons mieux rester sur ton joli navire, o? nous sommes si bien, que nous en aller sur ce navire tout noir, l?-bas.

-- C'est bon, c'est bon, lui r?pondis-je. Jusqu'? l'arriv?e, je ne veux pas absolument que vous me quittiez. Vous avez bien fait de rester et je tancerai vigoureusement l'eunuque.

-- Pouvons-nous prendre le frais sur le pont, capitaine ? me demanda la jolie servante.

-- Comme il vous plaira, >> lui r?pondis-je.

Chama?, qui ?tait absorb? dans une conversation qu'il avait engag?e avec Hannibal sur leurs actions de guerre, leva la t?te, et se dressant sur ses pieds :

<< Comment, mais n'est-ce pas toi, Abiga?l, que je vois ?

-- Et n'est-ce pas toi, Chama?, du village de Gu?dor ? >>

Ils se prirent les mains et, se regardant l'un l'autre, comme des amis qui ne se sont pas vus depuis longtemps, pleur?rent tous les deux.

<< Comment es-tu ici, sur ce navire ph?nicien, Abiga?l ? dit enfin Chama?.

-- Ignores-tu donc que j'ai ?t? enlev?e de mon village lors d'une incursion des Philistins d'Ascalon, et qu'ils m'ont vendue aux Tyriens ?

-- J'?tais ? la guerre dans le nord, contre le roi de Tsoba, et je ne suis pas revenu au pays depuis mon retour : comment pourrais-je le savoir ?

-- Sache donc, dit Abiga?l en reprenant son air joyeux, que le roi Hiram m'acheta et me donna pour servante ? cette dame ionienne qu'il a achet?e pareillement et dont il fait pr?sent au Pharaon d'?gypte. Le bon capitaine Magon est charg? de nous conduire.

-- H?las ! s'?cria Chama?, je suis des v?tres ; je te retrouve, et il faudra encore nous s?parer. Que je regrette donc ? pr?sent que la route vers l'?gypte soit si courte ! Je voudrais que notre voyage dur?t aussi longtemps que celui de nos p?res, quand ils vinrent de cette m?me terre d'?gypte en cette terre de Kanaan que nous voyons d'ici. >>

J'invitai Abiga?l ? s'asseoir avec nous, touch? de cette rencontre, et je priai Hannon de faire la m?me invitation ? la dame ionienne, puisqu'il savait parler sa langue. Celle-ci fit une profonde inclination et s'assit sur un coussin qu'on lui avait pr?par?.

Pendant le repas, qui fut des plus gais, Abiga?l et Chama? nous racont?rent comment ils avaient gard? les ch?vres ensemble pendant leur enfance et quel attachement ils avaient l'un pour l'autre. Je me sentais presque f?ch? de la conduire au Pharaon.

<< Peut-?tre, dit Abiga?l, le Pharaon aura-t-il piti? de moi et ne voudra-t-il pas me garder. Je ne suis qu'une servante, et c'est la dame ionienne qui lui est destin?e. Qu'est-ce qu'un si grand monarque ferait de moi ? Il a des servantes par milliers. Il me renverra.

-- Oui, oui, dit Chama? en serrant ses poings robustes, N'est-ce pas vrai, capitaine Magon ?

-- Je pense en moi, r?pondis-je, qu'Abiga?l n'est point envoy?e au Pharaon, mais doit accompagner la dame ionienne pour la d?sennuyer en route.

-- D'autant plus, ajouta Hannibal, que c'est n?cessaire, car son eunuque para?t l'amuser m?diocrement. >>

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