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Munafa ebook

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Read Ebook: Les aventures du capitaine Magon ou une exploration phénicienne mille ans avant l'ère chrétienne by Cahun David L On Philippoteaux Paul Illustrator

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Ebook has 2120 lines and 96205 words, and 43 pages

-- D'autant plus, ajouta Hannibal, que c'est n?cessaire, car son eunuque para?t l'amuser m?diocrement. >>

Pendant tout ce temps, Hannon et la dame ionienne causaient ensemble. Comme on remplissait les coupes de vin :

<< Hannon, lui dis-je, pour mettre fin ? cette conversation qui m'alarmait, tu sais jouer du psalt?rion ?

-- Oui, dit Hannon. Tu m'as d?j? entendu.

-- La dame doit savoir chanter des chansons de son pays et ne nous refusera pas de nous en chanter une ? >>

La dame, qui comprenait quelque peu le ph?nicien, me r?pondit qu'elle chanterait bien volontiers.

<< Eh bien ! Hannon, mon ami, lui dis-je, va-t'en querir ton psalt?rion et accompagne les chants de cette dame ; apr?s quoi nous irons chacun ? nos affaires. Allons, va. >>

Hannon ayant accord? son instrument, la dame ?carta son voile et nous fit voir un visage d'une beaut? merveilleuse. Elle ?tait v?tue et par?e ? la ph?nicienne, portant robe de pourpre lam?e d'argent, triple collier en perles d'or, perles fines et perles ?maill?es de dessins divers, mais coiff?e ? la mode de son pays, la t?te nue, et les cheveux relev?s sur le front et attach?s par le milieu. Nous f?mes tous frapp?s de sa beaut? et nous rest?mes silencieux.

Mon esclave apporta deux lampes de terre qu'il accrocha sur des b?tons dress?s contre les bordages et l'Ionienne commen?a.

Elle nous chanta, d'une voix harmonieuse, des vers o? ?taient racont?es les actions de la guerre que les Acha?ens de son pays firent, il y a longtemps maintenant, au roi et ? la ville d'Ilion. Je comprenais moi-m?me quelques mots d'ionien, comme en apprennent les marins dans leurs voyages, mais je n'entendais pas grand'chose ? son r?cit. Pourtant, par instants, sa voix devenait vibrante, et je voyais briller les yeux de Chama? et Hannibal caresser la garde de son ?p?e. Nous ?tions ?mus par sa beaut?, par sa voix, par l'harmonie de ses chants, sans comprendre ce qu'elle disait. Quand elle se leva pour rentrer dans sa cabine, sa d?marche ?tait si majestueuse qu'il me sembla que la d?esse Astart? devait marcher ainsi sur les flots.

Illustration : L'Ionienne chanta d'une voix harmonieuse.

Hannon se leva aussi, sans la regarder, et alla s'appuyer contre le bordage, o? il resta en silence la t?te tourn?e vers la mer, comme quelqu'un qui a le coeur oppress?. Depuis quelque temps je ne retrouvais plus sa gaiet? et ses plaisanteries d'autrefois. J'allai m'appuyer ? c?t? de lui.

<< Allons, Hannon, mon enfant, lui dis-je, je vois que tu as du chagrin.

-- Je ne le nierai pas, capitaine, me r?pondit-il. Cela se passera.

-- Il ne faut rien dire de tout cela ? Bodmilcar, appuyai-je. Je n'ai pas confiance en son serment et je crains quelque malice de l'eunuque.

-- Oh ! reprit Hannon vivement, qu'il fasse ce qu'il voudra. Pour moi, j'ai fait un serment et j'y resterai fid?le. Je n'ai plus qu'un d?sir, c'est d'?tre au plus t?t ? Tarsis, d'y courir les aventures et d'y faire des d?couvertes. Me voil? en passe de devenir un vrai marin, crois-moi, bon capitaine. >>

Nous nous serr?mes la main. Je me sentais tous les jours plus attach? ? Hannon. Quand je revins vers la compagnie, je trouvai Chama? qui se disposait ? descendre dans la barque, pour revenir ? terre.

<< Allons, bonne nuit, capitaine Chama?, lui dis-je, et ? demain, de bon matin.

Illustration

-- Bonne nuit, capitaine Magon, et toi, capitaine Hannibal, et toi, joyeux pilote. Bonne nuit, Abiga?l, mon joli pigeon, cria-t-il encore d'une voix retentissante, quand il fut dans la barque.

-- Bonne nuit, Chama?, mon agneau, >> r?pondit de la cabine la voix rieuse d'Abiga?l.

En ce moment, l'eunuque, accompagn? de Bodmilcar, mettait le pied sur le c?t? oppos? du bateau.

<< Il a une belle voix, ricana l'eunuque en se dirigeant vers la cabine ; il a les poumons puissants, mais le Pharaon trouvera peut-?tre mauvais qu'on fasse voir ses servantes ? tout le monde.

-- Et que les capitaines de navire, en compagnie de leurs scribes, donnent des festins aux esclaves royales, ajouta Bodmilcar, en poussant du pied le psalt?rion qu'Hannon avait oubli? sur le coussin de la belle Ionienne.

-- Absolument comme moi je trouve mauvais, r?pondis-je, exasp?r? par l'insolence de l'eunuque et la m?chancet? de Bodmilcar, qu'un eunuque syrien, un esclave, vienne se m?ler de donner des avis ? un homme libre, ? un capitaine sidonien sur son bord, et cherche ? d?baucher ses passag?res pour les conduire sur le navire d'un subordonn?.

-- Haza?l est ma?tre de diriger les esclaves comme il l'entend, dit aigrement Bodmilcar. Il a l'ordre du roi pour cela. >>

Je regardai Bodmilcar dans le blanc des yeux. Il me jeta un regard de d?fi.

<< Oui, reprit-il, cette femme ionienne est mon ancienne esclave. Le roi l'a achet?e, c'est bien ; il l'envoie au Pharaon, c'est bien encore, et je n'ai rien ? y dire. Mais, comme serviteur du roi, je dois emp?cher que ses pr?sents ne changent de destination et ne s'en aillent aux mains d'un scribe quelconque.

-- Et moi, r?pliquai-je, comme capitaine de ces navires, je dois veiller ? ce que la discipline y soit observ?e et ce que nul ne pr?tende y donner des ordres en dehors des miens. C'est ? moi qu'il appartient d'interpr?ter les commandements du roi et de juger qui a tort ou qui a raison.

-- Bien dit, s'?cria Hannibal. La discipline et l'ob?issance doivent ?tre observ?es ! Voil? qui est bravement parl?, selon les r?gles de la guerre et de la navigation !

-- Je saurai ce qui me reste ? faire, dit Bodmilcar d'une voix ?trangl?e par la col?re.

-- A retourner ? ton bord et t'occuper de tes matelots qui ont cinq jours ? passer ici, voil? ce qu'il te reste ? faire, >> r?pondis-je tranquillement.

Bodmilcar descendit aussit?t dans sa barque, et je l'entendis prof?rer des menaces et des mal?dictions en s'en allant. Mais je fis semblant de ne pas y prendre garde.

<< En attendant, dit l'eunuque, je vais ch?tier cette servante.

-- Toi ? lui dis-je, en lui arr?tant le bras.

-- Moi-m?me, >> r?pliqua-t-il en se d?gageant.

L?-dessus il ouvrit la porte de la cabine ; mais, avant qu'il ne l'e?t referm?e, la main vigoureuse d'Hannibal s'abattit sur son ?paule, le fit pirouetter et le poussa devant moi.

Illustration : La main vigoureuse d'Hannibal s'abattit sur son ?paule.

<< Eh bien ! eh bien ! que me veut-on ? balbutia-t-il tout effar?, en regardant tour ? tour Hannibal qui le tenait toujours, et moi, qui ?tais debout en face de lui, les bras crois?s.

-- On te veut ceci, lui dis-je : celui qui, ? bord d'un navire ph?nicien, l?ve la main sur qui que ce soit sans l'ordre du capitaine, est li?, suspendu ? une corde et plong? trois fois dans la mer du haut de la vergue. As-tu compris clairement ? >> L'eunuque, tremblant de peur, baissa la t?te.

<< Eh bien, ajoutai-je, puisque tu as compris clairement, t?che de ne pas oublier. Je te dirai de plus : celui qui, ? bord d'un navire ph?nicien, maudit quelqu'un, est attach? au m?t et re?oit vingt-cinq coups de corde. As-tu encore compris clairement ? >>

L'eunuque fit signe que oui.

<< Eh bien, lui dis-je, t?che de ne pas oublier non plus. Tu dois savoir qu'Abiga?l a la langue bien pendue, et que moi je ne suis par sourd. Penses-y bien ; et maintenant, l?che-le, Hannibal. >>

L'eunuque rentra dans sa cabine en courbant le dos et Hannibal me quitta, enchant?.

<< Nous les ferons marcher droit, sois tranquille, capitaine, me dit-il, et je ne m'y ?pargnerai pas. Qu'est-ce qu'un navire o? on d?sob?it ? C'est comme une compagnie de gens de guerre o? on raisonne. Ah ! ah ! mais nous sommes l?, nous autres. >> Le lendemain, de bon matin, je fis venir Bodmilcar.

<< ?coute, lui dis-je, tu es un vieux marin ph?nicien. Je crains que ta passion et les mauvais conseils de l'eunuque ne t'aient tourn? la t?te. J'esp?re que quand nous serons d?barrass?s de lui et de cette Ionienne, je te retrouverai tel que je t'ai connu autrefois. Veux-tu me promettre de renoncer ? semer le trouble ?

-- Ce n'est pas moi qui le s?me, r?pondit Bodmilcar.

-- Si fait, c'est toi. Il faut me promettre.

-- Je ne ferai rien pour cela, en tout cas, me dit-il, d'un air embarrass?.

-- Eh bien, j'y compte, lui dis-je. Voici les dispositions que j'ai prises. Tu vas rester ici, avec le commandement de la flotte en compagnie d'Asdrubal, d'Amilcar, d'Himilcon et sous la protection des hommes d'armes. Hannibal, Hannon et moi, nous allons ? J?rusalem. Tu n'auras rien ? acheter en nous attendant : nous ferons les approvisionnements dans l'int?rieur du pays. Tu vois que ta t?che n'est pas lourde.

-- Et les deux femmes ? dit vivement Bodmilcar.

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