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Munafa ebook

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Read Ebook: Fantasques: Petits poèmes de propos divers by Gilbert De Voisins Auguste

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Ebook has 1330 lines and 51069 words, and 27 pages

REGARD INDISCRET

Par sa gueule, on peut voir, quand la grenouille b?ille, , Le coeur et ses pensers, le ventre et ses entrailles, Mais on les voit, chez la grenouille, beaucoup mieux.

TRAVAUX DOMESTIQUES

Je d?daigne ce que l'on mange: Pendant que mon ?pouse range Les confitures et les poires Dans les recoins secrets de l'odorante armoire, Je fais des mots carr?s et des mots en losange.

?PIPHANIE

Melchior, Balthasar et le n?gre Gaspard S'?taient rencontr?s, par hasard, Marchant d'une fa?on majestueuse et grave, Devant l'?table, au carrefour de trois chemins, Avec leur escorte d'esclaves. Melchior serrait dans ses mains Un lourd pr?sent de myrrhe, Balthasar portait une lyre, Gaspard, enfin, tra?nait un grand cheval de bois. Apr?s s'?tre, sur leurs tributs, Compliment?s avec force saluts, Ils entr?rent tous trois. --L? se trouvaient J?sus, la Vierge, Joseph, l'?ne et le boeuf, ?clair?s par des cierges Dont les flammes semblaient d'or. L'Enfant respira la senteur exquise Qu'apportait Melchior, Fit murmurer sur la lyre une brise, Puis, regardant Gaspard, pour lui dire merci Baisa le grand cheval et le grand n?gre aussi.

ATTENTION D?LICATE

Je vais me fournir d'eau chez mon voisin depuis Qu'un liseron retient la corde de mon puits.

TOURISME

Un petit ?non bistre et blanc s'impatiente Sur la plage de sable o? tu fais la p?dante. L'?ne est d?licieux, ton discours saugrenu; Le fleuve roule devant nous ses ondes lentes O? quelques n?grillons s'?battent, un peu nus, D'une fa?on qui te para?t inconvenante.

ABSENCE

Il ne conna?tra plus les brises qu'il aima, Le cr?puscule obscur, l'aube argent?e ou bl?me, L'air odorant des pins, l'air de Matsushima... Jamais il n'entendra l'?cho de ses po?mes.

A MES MOINEAUX

Moineaux qui picorez le raisin de ma treille, Tout en vous nourrissant selon votre app?tit, Evitez avec soin de manger les abeilles. Il faut que les petits songent aux plus petits.

SP?CIALIT?S

L'ornithorynque , le renne Caribou, la vigogne et le grand tamanoir Sont les seuls animaux que je voudrais avoir Dans mon petit jardin de Clichy-la-Garenne.

SUPPLICE CHINOIS

Sans m?me discuter, je c?de ? tes pri?res... Tombant avec un bruit maigre, insistant et fin, La moindre goutte d'eau sait creuser une pierre. Pour me convaincre, toi, tu bavardes sans fin.

VACANCES

Et la mare aux mille miroitements, Aux molles moires; Et la terrasse o? nous ?changions nos serments, Dix ans apr?s, par un beau soir, Mais qui servait alors de champ de courses; Et les vieux pins o? nous grimpions comme des ours, Les bosquets o? le peau-rouge campe, L'escalier dont nous descendions la rampe A califourchon, malgr? la d?fense De nos parents... Ah! quand j'y pense!... Enfin nos jeux, Et mes grands cris, et vos mani?res, Et la fa?on dont vous disiez: <> Souvent, vous me tiriez les cheveux, , Et parfois vous me battiez presque. Moi, je vous laissais faire Par sentiment chevaleresque, Mais vous en abusiez: vous vous saviez aim?e! --Reflets bariol?s, ?chos brouill?s, fum?es...

PANNEAU BROD?

Cabr?, le daim soyeux veut happer une mouche; Sa biche, tendrement, le suit d'un oeil qui louche.

LXX

HARMONIE

--C'est une nuit tr?s p?le, une nuit de f?erie, Faite pour le baiser ou pour un tendre aveu. La plaine, en ses lointains, s'estompe peu ? peu, L'heure que nous vivons est une r?verie. --La lune, sur les bois, pose sa broderie De fils d'argent et l'herbe exhale un brouillard bleu... Ce voile fait d'azur terni, traversons-le: Un songe est l? qui veille au bord de la prairie. --P?n?trons la futaie en suivant le chemin Fr?quent? par le faune et, la main dans la main, Contemplons le sommeil des nymphes d?coiff?es, --Puis nous reviendrons sur l'herbe du pr? natal Interrompre vos jeux si purs, ? blondes f?es Qui lancez vers la lune un globe de cristal!

PROPOS MONDAINS

Dans un acc?s sentimental, le sous-pr?fet Du Loir-et-Cher, parlant ? des dames ?g?es, D?plore de fa?on tr?s fine les effets D?solants des amours bien ou mal partag?es.

SECRET

Vous offrez le semblant d'une bo?te ? surprises: J'ai peur des rires fous o? votre voix se brise Et je ne sais pas plus ce qui m?rit en vous Que le Doge ce qui se tramait ? Venise.

CHA?NE SANS FIN

Un vieux guerrier poursuit de passion fervente Une femme de peu qui voit tout l'avenir Dans les yeux d'un jeune homme ?pris d'une servante Friande du guerrier. Et tous, voudraient mourir.

ODILON REDON

Onze Fleurs de teintes somptueuses, piqu?es Dans un vase ? reflets de bronze: D'abord une nombreuse orchid?e, Grappe retombante, marqu?e De petits points d'?caille, Puis deux gla?euls rouges et froids, faits en ?mail, Quatre pavots ?blouissants, Couleur de sang, Couleur d'ambre, Et ce cinqui?me pavot, bien plus sombre, Aux p?tales poudr?s de cendre, Discr?tement cach? dans la p?nombre Que projette Une ample et large feuille verte, D'un vert vein? de malachite, Enfin, ouvrant leurs tiges maigrelettes Comme des branches d'?ventail, trois marguerites Dont le coeur est d'un jaune pur... --Magnifique bouquet pour ?clairer ce mur.

OPINIONS

L'escargot m?prise la fl?che Qui n'emporte pas de fardeau; Le peuplier trouve trop s?che La hampe du jet d'eau.

ACROBATIE

Je te laisse absolument libre De t'amuser, fourmi, mais tu Risques de perdre l'?quilibre Sur le fil de ce fin f?tu.

FA?ONS D'?TRE

L'alouette remonte En chantant, apr?s ?tre tomb?e en plein champ. La cascade a grand'honte De s'?tendre dans l'herbe en ?touffant son chant.

ARBRE M?MORABLE

Veillez avec respect sur le poirier sauvage. Cet arbre est, entre tous, un noble v?g?tal. Le prince de Chao coucha sous ce feuillage En revenant, jadis, dans son pays natal.

ANALOGIE

Une gu?pe jaune et venimeuse bourdonne Au sein d'un liseron simple, couleur de ciel. Candeur fausse mais s?duisante, coeur cruel... Esquisse?... Non, c'est un portrait. Je vous le donne.

LXXX

NOSTALGIE

J'offrirais sans d?lai mes dix derniers sequins Et quatre pi?ces d'or pieusement gard?es Pour contempler le bois d'un bar am?ricain, Ses verres bleus et verts et ses catins fard?es.

NOTES DE MUSIQUE

Dans le bois clair, Un oiseau chante Ses petits airs. Leur m?lodie est tant?t vive, tant?t lente, Leurs sujets sont toujours divers. Le menton dans la main, silencieux, j'?coute La chanson triste qui s'?goutte Et cette autre qui semble fuir... L'oiseau s'envole, il revient, il se pose Pour chanter les vertus exquises d'une rose Qui doit bient?t s'ouvrir Sous la ros?e insidieuse qui l'arrose. Il dit les cerisiers en fleurs, Les robes de l'aurore, Un lac mort aux mobiles couleurs Et mille autres choses encore... Il chante l'onde, il chante l'air, Il chante tous ses petits airs; Enfin, d'une discr?te voix, Il te chante, il te loue, il me parle de toi.

MERVEILLES

Est-il rien de si beau que cheval au galop, Sinon femme qui danse ou fr?gate cinglante? Est-il rien de plus pur que, se mirant dans l'eau, L'oiseau d'or qui me hante et qui, chantant, m'enchante?

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