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Munafa ebook

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Read Ebook: L'Été à l'ombre by Aicard Jean

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Ebook has 802 lines and 34312 words, and 17 pages

LE PR?SIDENT.

La Cour va d?lib?rer.

UN HUISSIER.

Voici le chocolat et les journaux de monsieur. Monsieur a-t-il bien dormi?

L'accus? s'?veille. Un rayon de soleil joue sur son lit. On est au mois de mai. On entend piailler sur les arbres voisins cent nich?es de moineaux ensemble. Un valet de chambre est l?, debout, souriant d'un air aimable:

LE VALET DE CHAMBRE.

Voici le chocolat et les journaux de monsieur. Monsieur a-t-il bien dormi?

L'ACCUS?.

Ah! mon pauvre Baptiste! sans toi j'?tais condamn? ? mort.

LA NO?L DE GRAND-P?RE

D?DI? AUX ENFANTS

Dans notre pays de Provence, quand vient la No?l, les petits enfants s'amusent beaucoup:--je vais vous dire comment.

Il n'y a pas d'arbre de No?l. Et on ne met pas ses sabots dans la chemin?e, parce qu'on porte peu de sabots.

J'ai bien entendu dire que d'autres enfants mettaient leurs souliers dans la chemin?e: moi, je n'ai jamais fait ?a. D'abord je ne croyais pas ? l'existence du bonhomme No?l: alors je n'aurais pas mis mes souliers dans la chemin?e, puisque, selon mon id?e, il ne serait venu rien mettre dedans.

Comment donc s'amusent chez nous les petits enfants pour la No?l?

Voil?, ils font des <>. Et comment fait-on des cr?ches? Voici:

On prend une caisse de bois, de la grandeur qu'on veut, on la pose sur une table ou sur une ?tag?re, et, au lieu de la laisser debout, l'ouverture en haut comme si on voulait la remplir de quelque chose, on la renverse. De cette mani?re, l'un des c?t?s ?tant l'ouverture, elle a tout de suite l'air d'un th??tre.

Dans ce th??tre, on met les d?cors. Oh! les jolis d?cors!... Ce sont d'abord des pierres naturelles, les plus pleines de trous et de bosses qu'on puisse trouver dans la colline ou au bord de la mer.

Apr?s cela, on va chercher de belles plaques de mousse bien verte. On en trouve dans la colline, du c?t? du nord, au fond des ravins o? le soleil n'entre jamais. La mousse est l?, qui vit bien tranquille, au pied des bruy?res. Elle est ?paisse et molle comme un beau tapis:--c'est vrai qu'on dirait du velours... mais c'est plus beau. Cette mousse est form?e de milliers de petites ?toiles vertes press?es les unes contre les autres. Il y a quelquefois dessus des aiguilles de pins qui sont tomb?es... on les ?carte ou on les laisse, s'il n'y en a pas trop, car cela aussi est joli. Elle est tout humide, la mousse, puisqu'elle vit d'humidit?... On enfonce ses cinq doigts tout droits dedans, puis, bien doucement, on glisse sa main par dessous, ? peu pr?s comme on fait pour prendre une toupie en train de tourner... Quand on a plac? ainsi sa main, on la soul?ve avec pr?caution; de tous les c?t?s les brins de mousse s'arrachent et on a une belle plaque, avec les racines qui portent de la terre mouill?e, l?g?re... on dirait v?ritablement une prairie, une prairie tout enti?re. Quelquefois une foug?re naissante est venue avec; alors il semble tout ? fait qu'on a dans la main une grande prairie, avec un grand arbre au milieu! Quand on a la mousse , on la porte ? la maison et on la met, ? son id?e, sur les pierres qui font le d?cor du th??tre.

Et, tout de suite, les pierres ont l'air d'?tre des montagnes... Voici des chemins pour les charrettes, d'autres o? ne peuvent passer que les mulets et les hommes, d'autres o? ne pourront venir que les ch?vres seulement... le berger sera bien forc? de rester plus bas... ce sont des cimes inaccessibles.

Quand tout ce pays est bien arrang?, on pense ? montrer qu'il y a de l'eau; alors on pose un morceau de vitre ou de miroir entre deux pierres... on fait d?border, par-dessus, tout autour, un peu de mousse verte, et voil? un bassin, une source... Ah! que c'est beau!

Mais le d?cor n'est rien. Il faut que la pi?ce commence. C'est toujours la m?me, et elle est si touchante! Le petit enfant J?sus est n? dans une ?table... Il est couch? sur de la paille. Sa m?re et saint Joseph le regardent, et, de tous les c?t?s, des paysans, des p?tres, lui apportent des pr?sents, parce qu'un ange, descendu du ciel, leur a annonc? la grande nouvelle... Il vient aussi des rois pour voir J?sus dans son berceau... Ceux-l?, une ?toile marche devant eux, qui leur montre le chemin...

Pourquoi est-ce une grande nouvelle, la naissance de J?sus? Parce que ce petit enfant, devenu un homme, a appris ? tout le monde de tr?s belles, de tr?s bonnes choses que, depuis ce temps, les m?res et les p?res conseillent toujours ? leurs enfants.

Il a conseill?, le premier, ? tous les hommes de s'aimer beaucoup entre eux, de ne pas se faire du mal, et d'aimer m?me les b?tes, en souvenir de l'?ne et du boeuf qui le r?chauffaient en soufflant sur lui leur haleine chaude, lorsque, tout petit et tout nu, il ?tait couch? sur la paille.

... Voil? donc la pi?ce qu'il faut montrer.

Au plafond de la cr?che, on a coll? du papier bleu, c'est le ciel. On y a m?me coll? des ?toiles en papier d'argent. De ce plafond, c'est-?-dire du ciel,--tombent deux ficelles: l'une au bout de laquelle est suspendu l'ange Gabriel, sa trompette ? la main, les deux ailes ouvertes--;... l'autre, au bout de laquelle se balance l'?toile--une com?te--qui guide les rois mages. Ils sont trois, dont un n?gre, qui a un turban--et ils portent l'encens, la myrrhe et l'or.

Tous ces personnages, chez nous, on les ach?te au march?, de bons paysans qui les ont faits en terre--avec leurs doigts. Il y en a de toutes les grandeurs; ils sont peints <>. Les couleurs sont tendres et vives. C'est vraiment tr?s gai. Les personnages ont les costumes du pays o? on les a faits.

Voici une femme qui va porter ? J?sus un petit poulet. Elle le tient par les pattes, la t?te en bas--pauvre b?te! Elle a un grand, grand chapeau noir, grand comme un parapluie--? cause du soleil;--c'est la mode de notre pays.

Voici un joueur de tambourin. La courroie de son long tambour est pass?e ? son bras gauche. La caisse de l'instrument lui bat les jambes... Il marche, et pendant que sa main droite frappe le tambourin avec la fine baguette, sa main gauche rapproche de ses l?vres la petite fl?te dont il va jouer en m?me temps.

Et puis, une foule de personnages suit ceux-l?. Il y a le berger, en grand manteau, avec tous ses moutons. Il y a la vieille qui file. Il y a ceux qui portent des agneaux. D'autres qui portent des sacs... Chacun fait ce qu'il peut.

Tous ces personnages, on les dispose du mieux possible dans le th??tre qu'on a pr?par?.

Premi?rement, dans une cabane ouverte ? tous les vents, sur un peu de paille, on met le petit enfant J?sus, puis ses parents, qui sont assis pas trop loin; puis l'?ne et le boeuf, tout pr?s de lui, couch?s, leurs genoux pli?s sous eux et le museau tr?s pr?s de Celui qu'ils veulent r?chauffer.

Ensuite, on pose les personnages qui sont d?j? arriv?s, ceux qui sont entr?s et qui se retireront tout ? l'heure pour faire place ? d'autres... Quand les rois sont dans la cr?che, il y a une chose dr?le, c'est que l'?toile d'or, la com?te, est bien forc?e de les attendre dehors!...

Enfin, on arrange de tous les c?t?s tous les autres... Ici des bergers qui ?coutent l'ange... pendant que les moutons broutent la mousse, qui joue le r?le de l'herbe. L?, des gens qui se sont rencontr?s au d?tour du chemin.--O? allez-vous?--A Bethl?em.--Venez-donc avec moi.--Pourquoi faire?--Je vous expliquerai ?a en route, venez vite! Je suis press?!--Et, de tous les c?t?s, les gens vont dans tous les sentiers... Il faut prendre soin qu'ils soient presque tous tourn?s dans la direction de la cr?che, puisqu'ils s'y rendent.

Et voil? comment s'amusent pour la No?l les petits enfants dans mon pays de Provence.

Mais je vous ai dit tout ?a parce que j'ai quelque chose ? vous conter que je tiens de mon grand-p?re.

Quand il ?tait petit... il y a cent ans de cela! Mon Dieu, oui!... Comme le temps passe tout de m?me! Il faut bien l'employer, voyez-vous!... Quand il ?tait petit, mon cher grand-p?re, qui est mort depuis quinze ans, eut envie, lui aussi, de faire une cr?che.

Son p?re, ? lui, conseilla de la faire dans une grande chemin?e qui servait rarement, une de ces chemin?es ? manteau, comme on dit, si grandes, que deux grandes personnes peuvent s'asseoir dessous.

Vous pensez quelle joie! La cr?che serait si vaste! il fallait des personnages hauts comme toute la main, au lieu qu'il y en a beaucoup qui sont gros seulement comme le petit doigt.

On fit donc la cr?che dans cette grande chemin?e, qui ?tait celle du salon, et du feu dans la chemin?e de la salle ? manger, qui ?tait ? c?t? du salon... Cet hiver-l? il ne faisait pourtant pas froid du tout, mais pour la No?l, chez nous, en ce temps, on b?nissait encore le feu. Et puis, le feu, c'est si gai ? voir!

Or, voici comment se faisait la b?n?diction.

Quand toute la famille ?tait r?unie, avant de se mettre ? table... oh! les belles tables de No?l, blanches, ?tincelantes et si charg?es de beaux fruits, de dattes et d'oranges, orn?es de laurier vert!... Je dis donc que devant la table mise et tout le monde pr?sent, le plus vieux ou le plus petit de la famille s'avan?ait vers la chemin?e, et l?, ?tendant la main vers la flamme du foyer, il disait: <> Apr?s ces paroles, ou d'autres ? peu pr?s pareilles, on se mettait ? table et on mangeait joyeusement.

Le plus joli de la No?l, c'?tait que, ce soir-l?, et cette bonne habitude du moins dure encore, les familles se r?unissaient de tr?s loin. Ceux qui ?taient s?par?s toute l'ann?e se retrouvaient, ce soir-l?. On voyait des fils, pauvres, partir deux jours avant la No?l, ? pied, ? travers les montagnes, pour aller voir leur vieille m?re. Et, eux aussi, comme les visiteurs du petit J?sus, ils portaient quelque chose... un poulet... un sac de ch?taignes... Ces coutumes vont se perdant. Elles avaient du bon. Elles signifiaient qu'avant tout, je vous dis, nous devons nous aimer les uns les autres, car la vie est courte et souvent triste. En s'aimant, on est presque heureux.

Et pendant le repas, de temps en temps, les enfants regardent leur cr?che, pour voir si rien n'a boug?... mais rien ne bouge, s'ils n'y touchent pas!

Revenons ? mon grand-p?re. La cr?che fut faite, comme j'ai dit, dans la grande chemin?e. C'?tait magnifique. On alluma des lampes. Les voisins vinrent voir. On en parla beaucoup dans tout le village.

<>

Non, on ne la d?truisit pas! Il fut convenu que la cr?che resterait jusqu'? l'ann?e prochaine, dans la grande chemin?e. Et elle y resta, en effet; seulement, on fit tomber, devant,--un rideau, et elle attendit la No?l prochaine.

--N'y touche pas, Jacques, jusqu'? la No?l, avait-on dit ? mon grand-p?re. Le bonhomme No?l ne serait pas content!

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