Use Dark Theme
bell notificationshomepageloginedit profile

Munafa ebook

Munafa ebook

Read Ebook: L'Été à l'ombre by Aicard Jean

More about this book

Font size:

Background color:

Text color:

Add to tbrJar First Page Next Page Prev Page

Ebook has 802 lines and 34312 words, and 17 pages

--N'y touche pas, Jacques, jusqu'? la No?l, avait-on dit ? mon grand-p?re. Le bonhomme No?l ne serait pas content!

Mais le diable est fin... et comme la No?l suivante approchait, mon grand-p?re, le petit Jacques, ?tait tr?s tourment? de l'id?e de la cr?che.

Tout ?tait-il bien rest? en ordre depuis un an? la mousse ?tait-elle encore verte? et toutes ces grandes branches de houx, avec des fruits rouges, les tiges de bruy?re, qui jouaient des for?ts v?ritables, ne faudrait-il pas les renouveler?... Jacques ?tait donc tr?s tourment?.

Une nuit, la veille de la No?l, il n'y tint plus, il se leva tout doucement... , il alluma une allumette qu'il avait vol?e, ce qui lui ?tait encore plus d?fendu que tout le reste, et, une bougie ? la main, il alla visiter sa cr?che.

Comme le coeur lui battait, lorsqu'il souleva le rideau!... Tout ?tait bien en place. Voici les rois, l'?toile, les bergers, et la cabane o? est J?sus sur de la paille!

Tout ? coup un jet de lumi?re ?blouit l'enfant...

--Au feu! au feu!... Maman! au feu!

La cr?che ?tait en feu!... La chemin?e tirait bien: en un clin d'oeil le rideau eut flamb? et laissa voir la cr?che, le beau th??tre, avec ses personnages pauvres et riches, bergers et rois, qui br?lait!... Les for?ts se tordaient en cr?pitant. Les fruits rouges des houx se tortillaient au bout des branchettes noires et tombaient dans les prairies s?ches qui se mettaient ? fumer. Les bruy?res, qui avaient encore leurs fleurs violettes, jetaient des bouff?es de flamme... on e?t dit un incendie de poudri?re!... La ficelle de Gabriel, l?ch?e par la flamme, se rompit tout ? coup--et Gabriel, la trompette en main, les deux ailes ouvertes, tomba lourdement sur un berger qui tomba sur un mouton--malheureusement, car le mouton ?tant plus dur que la mousse, le berger se rompit un bras, comme Gabriel s'?tait cass? une aile.

Des gens qui causaient au bord des ravins furent pr?cipit?s dans l'ab?me. Les deux rois blancs devinrent noirs, et, chose curieuse, le roi n?gre--s'?tant ?caill?--devint tout blanc... C'?taient comme autant de miracles--pas risibles du tout--et si curieux pourtant qu'au lieu d'?teindre l'incendie, tout le monde de la maison, qui ?tait accouru, restait l? ? le regarder... en bonnet de nuit!

L'eau de la source, qui semblait gel?e, parce que c'?tait du verre--fondit!--Les pierres se fendirent et d?gringol?rent--et enfin l'?toile descendit du ciel, et, tout enflamm?e, brilla d'une vraie lumi?re!

Mais le plus beau, le voici... La cabane o? ?tait J?sus, ?tant bien ? l'abri sous un enfoncement de grosses pierres, br?la la derni?re... Tout ?tait presque fini, vu le bon tirage de la chemin?e, quand la paille sur laquelle reposait J?sus commen?a ? prendre feu.

... Mon grand-p?re, qui ?tait petit, poussa un cri!... s'?lan?a dans la chemin?e, saisit l'enfant J?sus dans les ruines fumantes et le d?posa sur le tapis au milieu des applaudissements.

Et voil? comment mon grand-p?re a sauv? le Sauveur du monde, et cela, parce qu'il l'aimait, ayant lu l'?vangile o? il est ?crit: <>

Les personnages ayant ?t? repeints, on refit l'ann?e suivante une tr?s belle cr?che ? mon grand-p?re--et elle est toujours dans la chemin?e. Je la garde encore, sous un rideau, mais personne ne peut la voir.--Jamais!--J'ai bien trop peur qu'on me la br?le.

LA NO?L DU PETIT ZAN

A Zanette.

--O? donc est le petit, Th?r?se? demanda ? la fruiti?re, son mari, le typographe, qui rentrait du travail.

--Il ?tait l? tout ? l'heure, qui jouait aux billes avec des noisettes, dit la fruiti?re, en coupant ? m?me, dans une motte de beurre, une belle tranche grasse, qui luisait aux clart?s d'un double bec de gaz.

La pratique s'impatientait, et Th?r?se montrait du z?le. Elle ajouta, en jetant le beurre dans sa balance:

--Il se sera cach? derri?re les sacs, pour te faire rire!

L'ouvrier aux mains noires remua les sacs et cria doucement:

--Jean, mon Jeannot, je te vois, sors de l? bien vite!

Il esp?rait entendre un bruit de rire enfantin, sonnant le cristal, ce beau rire des petits qui ?veille au coeur des plus vieux un souvenir de source claire.

Rien ne parut, rien ne s'entendit:

--Jean! Jean!

--Il ?tait l? tout ? l'heure, sur le pas de la porte, avec un gros chien, dit,--sur le trottoir, la concierge d'? c?t?, au moment o?, Th?r?se accompagnant sa pratique, lui ouvrait la porte du magasin.

Le mari et la femme se regard?rent, brusquement inquiets.

A ce moment, tous deux se sentirent dans l'estomac comme un sursaut de tout leur sang effray?, et ils p?lirent.

Le typographe, dans la rue, ? pleine voix cria:

--Jean! Jean!

Elle n'?tait pas tr?s populeuse, cette rue du grand Paris, et voisine pourtant de l'avenue de l'Op?ra, qui ?tait d?fendue ? l'enfant... Peut-?tre avait-il couru jusque-l?. D?j? le p?re y ?tait. D'un oeil qui ne se fixait nulle part, il regardait se mouvoir les jambes actives des passants... A chaque instant, il croyait revoir le petit... Quatre ans... haut comme ?a, en tablier bleu, les joues grasses, roses... et si ?veill?! Le voil?!... Non, c'est un gros chien. Oh! cette fois, c'est bien lui!... Non, c'est une petite fille, qui donne la main ? une dame... ?pouvant?, le pauvre p?re regarda vers le milieu de la chauss?e. Il lui sembla que ses regards se dirigeaient tr?s lentement de ce c?t?, comme s'ils avaient eu peur de voir, sous les roues, une loque roul?e... le tablier bleu... l'enfant ?cras?!... Il y avait un peu de boue, des luisants bleu?tres sur le pav? de bois, glissant... non, rien!--Tout l?-bas, il crut voir quelque chose de vivant s'abattre sous les pieds d'un cheval... mais ce n'?tait rien encore, qu'une ombre dans les reflets... Le typographe essuya son front o? perlait une sueur froide... <> Et il s'en alla, ahuri, regardant ?? et l?, malgr? lui... <>

L'homme rentra dans la boutique: elle ?tait vide.

C'?tait un soir de No?l.

La m?re avait tout quitt?.

Elle avait remont? la rue Richelieu, filant droit devant elle, heurtant les passants, fr?lant les roues des voitures, et comme certaine de ne retrouver le petit que beaucoup plus loin.

<> Pourquoi n'en doutait-elle pas? Il lui ?tait arriv? bien souvent de le chercher un bout de temps dans le voisinage, mais cette fois... il ?tait vol?, pour s?r! quelque chose le lui disait. Et, oui, c'est dans les voitures qu'elle jetait un regard brusque, aussit?t d?tourn?, car une voiture, ?a va si vite! Pourquoi regardait-elle l?, voyons? Les voleurs d'enfants--des boh?miens--?a ne va pas en voiture dans Paris!... ils ont des charrettes!--<>

Sur le grand boulevard, au coin de la rue Richelieu, elle s'arr?ta. Les files des baraques de No?l, ? droite, ? gauche, faisaient deux rues gaies--des rues de village un jour de foire--de chacun des larges trottoirs... La boutique du coin ?tait pleine de polichinelles en bois, en carton, en chiffons, en fer-blanc... de toutes les couleurs... Le marchand offrait sa marchandise enfantine...

La fruiti?re l'interrompit au milieu de son boniment au public attroup?:

--Pardon, sans vous d?ranger, je demeure ? c?t?... la fruiti?re... Par hasard, vous n'auriez pas vu mon petit? on me l'a vol?... quatre ans... un tablier bleu... des joues grasses... il rit toujours, ?a ne pleure jamais... il aimerait tant vos polichinelles!... vous ne l'avez pas vu, par hasard, en voiture, passer l?, il y a un quart d'heure?

Le marchand de joujoux la regarda avec compassion:

--Il faut aller au bureau de police, dit-il.

Elle pensa: <>

Et elle retourna, en effet, tout en regardant toujours, ?? et l?, le pav? de la rue luisante. Il lui semblait que c'?tait une rivi?re sale, ? l'eau ?paisse, et que le petit avait disparu dessous, noy?.

Dans la boutique, elle trouva son homme qui pleurait.

--Eh bien! tu ne l'as pas?

--Il est perdu!

--Non, on l'a vol?!

Ils appel?rent la concierge voisine, qui garda la boutique, et coururent au bureau de police:

--... Quatre ans, monsieur le commissaire... des joues grasses; ?a rit toujours... un tablier bleu... il se cachait quelquefois derri?re les sacs... alors, vous comprenez... d'abord, nous n'avons pas voulu croire... mais il n'a pas pu se perdre!... Il n'allait jamais loin... Notre enfant est vol?!... Si vous avez des petits, vous devez comprendre!... Il a un signe comme ?a, l?, sur le gras potel? de son petit bras.

Le commissaire ?tait ?mu. Le couple sortit... Toute la nuit on laissa la boutique entr'ouverte, ?clair?e. Le p?re et la m?re ?taient l?, au milieu des sacs, des pains de beurre, assis, muets, comme veillant la petite ombre perdue, ? la lueur du double bec de gaz, un peu baiss? par ?conomie.

Add to tbrJar First Page Next Page Prev Page

Back to top Use Dark Theme