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Munafa ebook

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Read Ebook: Le monde de la mer by Moquin Tandon Alfred Lackerbauer P Illustrator

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Ebook has 2459 lines and 147437 words, and 50 pages

'elle produit!

Les Polypes aiment les r?gions chaudes de l'Oc?an, et prosp?rent mal dans les pays froids.

Les Polypiers occupent quelquefois des espaces immenses qui grandissent sous les flots, s'?l?vent en r?cifs, entourent les ?les, les joignent entre elles, les unissent aux continents, et comblent ainsi la profondeur des mers.

En 1702, un voyageur anglais, Strachan, observa que les Polypiers ?taient capables de former de grandes masses de rochers. En 1780, Forster, savant compagnon du capitaine Cook, ?tablit d'une mani?re positive que la plupart des ?les de la mer du Sud doivent leur existence ? la multiplication excessive et ? l'agglom?ration compacte des Polypiers. Cette mani?re de voir a ?t? confirm?e par un grand nombre de marins, de zoologistes et de g?ologues.

Ces Zoophytes sont r?unis au fond de l'eau par masses innombrables. Ils absorbent les sels calcaires contenus dans l'Oc?an, et en composent leurs cellules et leurs axes; ils produisent ainsi des associations souvent colossales.

Leurs germes tombent autour d'eux, et donnent naissance ? de nouveaux g?teaux. Les derniers venus s'?lancent tout autour des premiers et au-dessus d'eux, et les ?touffent; ceux-ci laissent apr?s leur mort leurs cellules de pierre greff?es les unes sur les autres. Ces couches de mati?re devenue inerte servent de fondement ? de nouvelles g?n?rations qui se superposent r?guli?rement comme les assises dans une ma?onnerie. Il r?sulte de ces agglom?rations gigantesques des rochers immenses qui atteignent jusqu'? deux ou trois cents lieues de longueur!

Ces rochers s'?l?vent peu ? peu du fond de la mer, sans trouble, sans effort, sans r?action. Au bout d'un certain temps, ils composent des ?les; ces ?les forment de vastes terres. Il faut des si?cles, il est vrai, pour que ce travail s'accomplisse, mais le temps ne manque jamais ? la Nature!

Les auteurs de ces constructions s?culaires sont des animalcules g?latineux, fragiles, ch?tifs, presque toujours microscopiques; mais ils sont extr?mement nombreux... il y en a des milliards. Ils peuvent donc produire, par l'entassement de leurs squelettes, des ma?onneries dont le genre humain tout entier, travaill?t-il cent mille ans, n'enfanterait qu'une bien faible partie!

Une fois arriv?s ? la surface de l'eau, les Polypiers cessent de cro?tre, parce que leurs animalcules sont des ?tres essentiellement aquatiques. Enfants de la mer, ils doivent vivre dans la mer; ils meurent ? l'air et au soleil. Voil? pourquoi les couches les plus ?lev?es de ces gigantesques ?difices sont toujours priv?es de vie.

Les vagues qui se brisent contre ces ?les ou ces rochers en d?tachent des quartiers, les roulent, les ballottent et les r?duisent en poussi?re. Il en r?sulte d'abord un gravier blanch?tre parsem? de quelques blocs arrondis, puis un sable plus ou moins fin et plus ou moins gris?tre. Les flots apportent des restes de v?g?taux, de Mollusques, de Crustac?s, de Poissons..... Ces restes se d?composent et se m?lent aux d?bris madr?poriques: la terre v?g?tale commence ? se former. C'est ainsi que la Providence a fait surgir de l'Oc?an des espaces de terrain consid?rables.

Le massif, mont? au niveau de la mer, est bient?t envahi par la v?g?tation et embelli par l'animalit?. Les vagues y abandonnent quelques graines; celles-ci se d?veloppent. Les v?g?taux prennent pied dans le terrain, et l'?le est bient?t couverte de verdure. Des troncs d'arbres arrach?s par la mer sur les c?tes voisines, et pouss?s par les courants, abordent sur sa plage. Des Vers, des coquillages, des Insectes et d'autres petits animaux apport?s avec ces troncs se h?tent de gagner la terre; ils y pullulent et en constituent la premi?re population. Les Tortues de mer accourent vers l'?le naissante, et viennent y d?poser leurs oeufs. Les Oiseaux, attir?s de loin par la verdure, arrivent pour s'y reposer et pour y construire leurs nids. Enfin, les habitants des ?les voisines, chass?s par quelque coup de vent ou s?duits par la beaut? du site et par l'abondance de ses fruits, s'y rendent avec leurs pirogues, y b?tissent des cabanes, y fondent une tribu; et l'industrie de l'Homme compl?te et vivifie l'industrie des Polypiers!

Les actions si puissantes des animalcules les plus petits et les plus faibles sont empreintes, dans la Nature, d'un charme et d'une philosophie que ne donneront jamais dans nos mus?es les formes les plus ?l?gantes de leurs cadavres soigneusement conserv?s et savamment class?s.

Les Infusoires, les Foraminif?res et les Polypes existent dans la mer par milliards de milliards... C'est l'infini vivant!

CHAPITRE X

LE CORAIL.

Peyssonnel, chirurgien de la marine, reconnut le premier la v?ritable nature de l'arbrisseau Corail. Il fit part de sa d?couverte au c?l?bre R?aumur, qui h?sita quelque temps ? la transmettre ? l'Acad?mie royale des sciences. Ce ne fut qu'en 1727 qu'il se d?cida ? la communiquer ? l'illustre compagnie, mais sans l'adopter encore lui-m?me.

Les observations de Peyssonnel furent contest?es jusqu'au moment o? Trembley e?t publi? ses belles exp?riences sur le Polype d'eau douce, et que les savants eussent constat? la grande ressemblance qui existe entre la nature de ce curieux Invert?br? et les animalcules du Corail.

Guettard et Bernard de Jussieu firent expr?s un voyage sur nos c?tes pour v?rifier les assertions de Peyssonnel.

Ce Polypier habite surtout dans la M?diterran?e et dans la mer Rouge. Il se trouve ? diverses profondeurs. Cependant il n'est jamais ? moins de 3 m?tres, ni ? plus de 300.

Chaque pied de Corail ressemble ? un joli sous-arbrisseau rouge, sans feuilles, portant de d?licates petites fleurs ?toil?es ? rayons blancs.

Les axes de ce sous-arbrisseau sont les parties communes ? l'association; les fleurettes sont les Polypes.

Les arborisations dont il s'agit se dirigent ordinairement de haut en bas, et non de bas en haut, comme celles des plantes. Elles forment des buissons, des taillis, et, comme nous l'avons dit plus haut, de v?ritables for?ts. Ces axes offrent une ?corce molle, comme r?ticul?e, p?n?tr?e d'un suc laiteux, et creus?e de petites cavit?s, qui sont les loges des Polypes. De petits corps durs sont contenus en grand nombre dans son ?paisseur. Au-dessous de l'?corce, se trouve le Corail proprement dit, qui ?gale le marbre en duret?, et qui est remarquable par sa surface stri?e, par sa belle couleur rouge, par son extr?me duret? et par le poli brillant dont il est susceptible. Les anciens croyaient que sa substance ?tait molle dans l'eau, et ne prenait de la consistance qu'au contact de l'air.

Sic et coralium, quo primum contigit auras Tempore, durescit.....

Le Corail est donc, comme on l'a dit avec justesse, animal en dehors et rocher en dedans.

M. Lacaze-Duthiers a ?tudi? tout r?cemment la reproduction du Corail. Il est arriv? ? des r?sultats extr?mement int?ressants. Suivant ce savant zoologiste, les individus de la colonie sont tant?t m?les, tant?t femelles, tant?t hermaphrodites. Ordinairement les Polypes d'un sexe l'emportent en nombre, dans une m?me branche, sur ceux d'un autre sexe. Ainsi, tel rameau pr?sente presque exclusivement des m?les, et tel autre des femelles. Quant aux hermaphrodites, ils semblent les moins nombreux.

Les oeufs du Corail ont des p?dicules longs et gr?les; ils font saillie ? l'ext?rieur des lames minces qui se trouvent dans le sac digestif. Ils sont sph?riques, opaques et d'un blanc de lait. Ils se d?tachent par la rupture de leur support, et tombent dans la cavit? g?n?rale, cavit? qui sert tout ? la fois d'estomac et de poche incubatrice, dans l'int?rieur de laquelle deux mati?res bien diff?rentes peuvent, ? c?t? l'une de l'autre, la premi?re se dissoudre et servir ? l'entretien de l'animal, la seconde se d?velopper et produire un ?tre nouveau!

Les oeufs s'allongent et se rev?tent de cils vibratiles. D?s qu'ils sont pondus , ils se creusent d'une cavit? qui s'ouvre au dehors par un pore destin? ? devenir la bouche. Alors ils prennent la forme d'un petit ver blanch?tre et demi-transparent; ces larves nagent en tous sens avec une assez grande agilit?, en se d?tournant quand elles se rencontrent. Elles montent et descendent dans les vases qui les contiennent, portant toujours en avant leur grosse extr?mit? ou leur base, tandis que leur bouche est en arri?re. De l? vient, lorsqu'elles trouvent des obstacles, qu'elles buttent contre eux. Elles ont une tendance ? s'accoler, puis ? adh?rer, et cela d'autant plus, que leur genre de progression favorise leur contact en les poussant contre les objets. Ainsi, ce sont les mouvements m?mes qui semblent destin?s ? faire cesser cette p?riode de libert?, en facilitant l'adh?rence de la partie du corps qui r?pondra plus tard ? la base du Polype.

Arrive bient?t le moment o? les larves vont se fixer. L'animal abandonne sa forme de ver; il s'?tale, pour ainsi dire, et perd en hauteur ce qu'il gagne en largeur: il se raccourcit et devient comme disco?de. L'extr?mit? la plus effil?e, celle qui porte la bouche, rentre dans le tissu, et, en s'enfon?ant au milieu du disque, elle s'entoure d'un bourrelet circulaire . Sur ce bourrelet, naissent les rudiments des huit tentacules, qui se couvrent bient?t de festons lat?raux.

Ce premier Polype fix? devient le fondateur d'une grande colonie arboris?e. Des gemmes ou bourgeons se forment sur ses axes, et produisent, en se d?veloppant, tout un petit peuple de Coraux.

Chez les animaux adh?rents, les larves sont mobiles. C'est une loi g?n?rale! Les jeunes Polypes, au sortir de l'oeuf, diff?rent presque en tout de leurs parents. Ils doivent subir des m?tamorphoses pour arriver ? l'?tat parfait, mais des m?tamorphoses inverses, ? certains ?gards, de celles des Insectes. Chez ces derniers, la chrysalide, qui est immobile, se change en Papillon qui vole. Chez les Coraux, la larve, qui nage, se transforme en Polype qui adh?re!... Il n'y a peut-?tre pas dans la Nature une loi qui, renvers?e, ne devienne une autre loi.

Dans le premier genre, les axes sont noueux d'espace en espace, et recouverts d'un encro?tement adh?rent et persistant; dans le second, ils sont ?trangl?s et rev?tus d'un encro?tement libre et caduc.

Le tissu des M?lites est pierreux et homog?ne, celui des Isis est compos? de deux substances distinctes; leurs ?tranglements sont corn?s et noir?tres, leurs articulations sont calcaires et stri?es.

On emploie souvent, dans le commerce, la tige des Isis pour du Corail blanc; la structure des deux esp?ces de tiges est si diff?rente, qu'il suffit d'une loupe pour les distinguer. Les deux figures ci-dessus montrent la grossi?ret? de la fraude.

Chaque Corail, vrai ou faux, est un atelier distinct de petits travailleurs, habiles, toujours nombreux, toujours actifs; atelier merveilleux o? se fabriquent ? la fois la mati?re premi?re, corne ou marbre, qui lui est indispensable, et les ouvrages ?l?gants, tiges ou branches, qui lui sont particuliers.

Cette structure remarquable ?tablit entre les deux r?gnes organiques les rapports les plus curieux. Nous trouvons dans ces animaux, comme dans les v?g?taux, une tige, des branches et des rameaux recouverts d'une v?ritable ?corce. Leurs axes sont corn?s ou calcaires; dans les v?g?taux, ils sont herbac?s ou ligneux. Des deux c?t?s, le tissu est plus ou moins solide, stri?, cannel?, tordu et compos? de couches concentriques. De plus, l'?corce animale est spongieuse et plus ou moins tendre, comme l'?corce v?g?tale.

Les gemmes repr?sentent les bourgeons; les Polypes repr?sentent les fleurs. Les barbillons s'?talent en rosettes comme des p?tales; ils forment une corolle anim?e qui s'?panouit et se ferme alternativement.

Dans le Polypier, de m?me que dans le v?g?tal, les individus ?l?mentaires sont aux extr?mit?s des axes ou sur les c?t?s, ou bien tout ? la fois terminaux et lat?raux.

Enfin, une derni?re ressemblance se rencontre dans leur reproduction. Le Corail et le v?g?tal donnent des individus isol?s, oeufs ou graines, qui se d?tachent de la collection, se d?veloppent et produisent une colonie dont les membres demeurent adh?rents, et par suite d'autres Coraux et d'autres v?g?taux, c'est-?-dire d'autres ?tres collectifs. C'est la synth?se qui engendre l'analyse, et l'analyse qui reconstitue la synth?se!

On fait la p?che du Corail principalement ? l'entr?e de la mer Adriatique, aux environs de Bone et de la Calle, et dans le d?troit de Bonifacio. Cette p?che donne naissance ? une industrie consid?rable, qu'il serait important d'encourager et de r?gulariser.

Sur les c?tes de la Sicile, la p?che est extr?mement simple. Trois ou quatre p?cheurs, plac?s sur une barque, plongent dans la mer une sorte de croix de bois horizontale, ? branches ?gales, portant ? chaque extr?mit? un filet de forme cono?de, tiss? avec de l'?toupe. Au centre de l'appareil est ajust?e en dessous une grosse pierre, qui l'entra?ne rapidement au fond de l'eau. La croix est attach?e ? une corde; on la descend ? une profondeur de 60 ? 100 m?tres. Un p?cheur ?l?ve et abaisse alternativement cet appareil; en m?me temps les autres rament lentement, de mani?re ? balayer la surface d'un certain nombre de rochers. Les mailles l?ches des quatre filets promen?s sur les Coraux accrochent leurs branches, les cassent, ou arrachent les Polypiers tout entiers. Quand on suppose que la prise est suffisante, on retire l'appareil; on d?tache la r?colte, et on la d?pose dans le bateau.

A la place de l'instrument que nous venons de d?crire, on emploie quelquefois un autre engin, compos? d'un cercle de fer de 50 centim?tres de diam?tre, qui forme l'ouverture d'une petite poche destin?e ? recevoir les branches qu'on brise. A droite et ? gauche sont suspendus deux filets. Le cercle est situ? ? l'extr?mit? d'une grande poutre, quelquefois plus longue que la barque. Cette poutre est port?e par deux cordes, et, tout pr?s du cercle de fer, on a fix? une pierre. On introduit cet instrument dans des cavit?s o? le premier n'a pas pu p?n?trer.

Dans d'autres localit?s, on se sert de b?tons garnis d'?toupes, que l'on tra?ne au fond de la mer avec un boulet. Derri?re se trouve un filet ? larges mailles, o? tombe le Corail ? mesure qu'il est d?tach?.

Le Corail ainsi obtenu est toujours m?l? ? d'autres Polypiers, ? divers animaux, et m?me ? des plantes marines.

Anciennement, on p?chait ce Zoophyte avec de grandes cloches dans lesquelles un homme ?tait plac?. Par ce moyen, on obtenait le Corail pur et non bris?.

Dans certains pays, les p?cheurs plongent ? des profondeurs plus ou moins consid?rables, et r?coltent le Corail ? la main.

Malgr? les efforts du gouvernement fran?ais, et malgr? les b?n?fices de l'industrie coraill?re, nos p?cheries dans le d?troit de Bonifacio et sur le littoral africain ne sont gu?re fr?quent?es que par des marins ?trangers.

En 1852, les corailleurs qui exploit?rent le d?troit de Bonifacio ?taient tous des Italiens. Le produit de la campagne ne donna qu'une quarantaine de mille francs.

En 1853, sur 211 bateaux p?cheurs qui se rendirent sur les c?tes d'Afrique, il n'y en avait que 19 fran?ais; la plupart ?taient napolitains. La m?me chose a lieu presque tous les ans.

D'apr?s les documents publi?s par le minist?re de la guerre, les c?tes de Bone et de la Calle ont fourni, en 1853, 35 800 kilogrammes de Corail, lesquels, vendus en majeure partie aux fabricants de Naples, ? raison de 60 francs le kilogramme, ont repr?sent? une valeur brute de 2 148 000 francs. Beaucoup de bateaux, la plupart napolitains, dont les frais ne d?passaient pas au maximum 8000 francs, ont emport? 4 ? 500 kilogrammes de Corail, et ont eu par cons?quent un b?n?fice de 16 ? 22 000 francs.

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