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Munafa ebook

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Read Ebook: Famous pets of famous people by Lewis Eleanor

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Ebook has 668 lines and 49764 words, and 14 pages

HISTOIRE DU C?L?BRE PIERROT

SOCI?T? ANONYME D'IMPRIMERIE DE VILLEFRANCHE-DE-ROUERGUE Jules Bardoux directeur.

HISTOIRE DU C?L?BRE PIERROT

?CRITE PAR LE MAGICIEN ALCOFRIBAS

TRADUITE DU SOGDIEN PAR ALFRED ASSOLLANT

TROISI?ME ?DITION

PARIS LIBRAIRIE CH. DELAGRAVE 15, RUE SOUFFLOT, 15

TABLE

HISTOIRE DU C?L?BRE PIERROT

HISTOIRE DU C?L?BRE PIERROT

PREMI?RE AVENTURE DE PIERROT

COMMENT PIERROT DEVINT UN GRAND GUERRIER

Pierrot naquit enfarin?: son p?re ?tait meunier; sa m?re ?tait meuni?re. Sa marraine ?tait la f?e Aurore, la plus jeune fille de Salomon, prince des g?nies.

Aurore ?tait la plus charmante f?e du monde: elle avait les cheveux noirs, le front de moyenne grandeur, mais droit et arrondi, un nez retrouss?, fin et charmant, une bouche petite qui laissait voir dans ses sourires des dents admirables. Son teint ?tait blanc comme le lait, et ses joues avaient cette nuance rose et transparente qui est inconnue aux habitants de ce grossier monde sublunaire. Quant ? ses yeux, ? mes amis! jamais vous n'en avez vu, jamais vous n'en verrez de pareils. Les ?toiles du firmament ne sont aupr?s que des becs de gaz fumeux; la lune n'est qu'une vieille et sale lanterne.

Dans ces yeux si beaux, si doux, si lumineux, on voyait resplendir un esprit extraordinaire et une bont? supr?me. Oh! quelle marraine avait le fortun? Pierrot!

Les f?es, qui sont de grandes dames, ne fr?quentent gu?re de simples meuniers; mais Aurore ?tait si compatissante, qu'elle n'aimait que la soci?t? des pauvres et des malheureux. Un jour qu'elle se promenait seule dans la campagne, elle passa pr?s de la maison du meunier juste au moment o? Pierrot, qui venait de na?tre, criait et demandait le sein de sa m?re; elle entra dans le moulin, pouss?e par une curiosit? bien naturelle aux dames.

Comme elle entrait, Pierrot cessa de crier pour lui tendre les bras. Aurore en fut si charm?e qu'elle le prit sur-le-champ, l'embrassa, le caressa, l'endormit, le repla?a dans son berceau et ne voulut pas sortir du moulin avant d'avoir obtenu la promesse qu'elle serait choisie pour marraine de l'enfant.

Le lendemain, elle tint Pierrot sur les fonts baptismaux et voulut lui faire un pr?sent, suivant la coutume.

--Mon ami, lui dit-elle, je pourrais te rendre plus riche que tous les rois de la terre; mais ? quoi sert la richesse, si ce n'est ? corrompre et endurcir ceux qui la poss?dent? Je pourrais te donner le bonheur; mais il faut l'avoir m?rit?. Je veux te donner deux choses: l'esprit et le courage, qui te d?fendront contre les autres hommes; et une troisi?me: la bont?, qui les d?fendra contre toi. Ces trois choses ne t'emp?cheront pas de rencontrer beaucoup d'ennemis et d'essuyer de grands malheurs; mais, avec le temps, elles te feront triompher de tout. Au reste, si tu as besoin de moi, voici un anneau que je t'ordonne de ne jamais quitter. Quand tu voudras me voir, tu le baiseras trois fois en pronon?ant mon nom. En quelque lieu de la terre ou du ciel que je sois, je t'entendrai et je viendrai ? ton secours.

Voil? comment Pierrot fut baptis?. Je passe sous silence les drag?es dont la f?e Aurore r?pandit une si grande quantit? qu'elle couvrit tout le pays, et que les enfants du village en ramass?rent deux cent cinquante mille boisseaux et demi, sans compter ce que croqu?rent les oiseaux du ciel, les li?vres et les ?cureuils.

Quand Pierrot eut dix-huit ans, la f?e Aurore le prit ? part et lui dit:

--Mon ami Pierrot, ton ?ducation est termin?e. Tu sais tout ce qu'il faut savoir: tu parles latin comme Cic?ron et grec comme D?mosth?nes; tu sais l'anglais, l'allemand, l'espagnol, l'italien, le cophte, l'h?breu, le sanscrit et le chald?en; tu connais ? fond la physique, la m?taphysique, la chimie, la chiromancie, la magie, la m?t?orologie, la dialectique, la sophistique, la clinique et l'hydrostatique; tu as lu tous les philosophes et tu pourrais r?citer tous les po?tes; tu cours comme une locomotive et tu as les poignets si forts et si bien attach?s, que tu pourrais porter, ? bras tendu, une ?chelle au sommet de laquelle serait un homme qui tiendrait lui-m?me la cath?drale de Strasbourg en ?quilibre sur le bout de son nez. Tu as bonnes dents, bon pied, bon oeil. Quel m?tier veux-tu faire?

Pierrot avait bien entendu l'apart?, mais il n'en fit pas semblant. <> Ses yeux ?taient ?blouis des splendeurs de l'uniforme, des ?paulettes d'or, des pantalons rouges, des tuniques bleues, des croix qui brillent sur les poitrines des officiers sup?rieurs. Le sabre qui pend ? leur ceinture lui parut le plus bel instrument et le plus utile qu'e?t jamais invent? le g?nie de l'homme. Quant au cheval, et tous mes lecteurs me comprendront sans peine, c'?tait le r?ve de l'ambitieux Pierrot.

--Il est glorieux d'?tre fantassin, disait-il; mais il est divin d'?tre cavalier. Si j'?tais Dieu, je d?nerais ? cheval.

Son r?ve ?tait plus pr?s de la r?alit? qu'il ne le croyait.

--Embrasse ton p?re et ta m?re, dit la f?e, et partons.

--O? donc allons-nous? dit Pierrot.

--A la gloire, puisque tu le veux; et prenons garde de ne pas nous rompre le cou, la route est difficile.

Qui pourrait dire la douleur de la pauvre meuni?re quand elle apprit le projet de Pierrot?

--H?las! dit-elle, je t'ai nourri de mon lait, r?chauff? de mes caresses et de mes baisers, ?lev?, instruit, pour que tu te fasses tuer au service du roi! Quel besoin as-tu d'?tre soldat, malheureux Pierrot? Te manque-t-il quelque chose ici? Ce que tu as voulu, en tout temps, ne l'avons-nous pas fait? Ne te l'avons-nous pas donn?? Pierrot, je t'en supplie, ne me donne pas la douleur de te voir un jour rapport? ici mort ou estropi?. Que ferions-nous alors? Que fera ton p?re, dont le bras se fatigue et ne peut plus travailler? Comment et de quoi vivrons-nous?

--Pardonne-moi, pauvre m?re, dit l'ent?t? Pierrot, c'est ma vocation. Je le sens, je suis n? pour la guerre.

Ici la m?re se mit ? pleurer. Le meunier, qui n'avait encore rien dit, rompit le silence:

--Tu peux t'en aller, Pierrot, si tu sens que c'est ta vocation, quoique ce soit une vocation singuli?re que celle de couper la t?te ? un homme, ou de lui fendre le ventre d'un coup de sabre et de r?pandre ? terre ses entrailles. La voix des parents n'a appris, n'apprend et n'apprendra jamais rien aux enfants. Ils ne croient que l'exp?rience! Va donc, et t?che d'acqu?rir cette exp?rience au meilleur march? possible.

--Mais, dit Pierrot, ne faut-il pas combattre pour sa patrie?

--Quand la patrie est attaqu?e, dit le meunier, il faut que les enfants courent ? l'ennemi et que les p?res leur montrent le chemin; mais il n'y a aucun danger, mon pauvre Pierrot, tu le sais bien: nous sommes en paix avec tout le monde.

--Mais....

Pierrot partit fort chagrin, mais obstin? dans sa r?solution. Si la bonne f?e avait piti? de la douleur de ses parents, elle savait fort bien qu'un peu d'exp?rience ?tait n?cessaire pour rabattre la pr?somption de Pierrot, et elle avait confiance dans l'avenir.

Ils march?rent longtemps c?te ? c?te sans rien dire. Enfin, apr?s plusieurs jours, ils arriv?rent dans le palais du roi. L?, Pierrot fut si ?bloui des colonnes de marbre, des grilles en fer dor?, des gardes chamarr?s d'or, et des cavaliers qui couraient au galop le sabre en main, ? travers la foule, pour annoncer le passage de Sa Majest?, qu'il oublia compl?tement les remontrances de ses parents.

Comme il regardait, bouche b?ante, un spectacle si nouveau, le roi passa en carrosse, pr?c?d? et suivi d'une nombreuse escorte. Il ?tait midi moins cinq minutes, et la famille royale, au retour de la promenade, allait d?ner. Aussi le cocher paraissait fort press?, dans la crainte de faire attendre Sa Majest?. Tout ? coup un accident inattendu arr?ta le carrosse. Un des chevaux de l'escorte fit un ?cart, et le page qui le montait, et qui ?tait ? peu pr?s de l'?ge de Pierrot, fut jet? contre une borne et eut la t?te fracass?e. Tous les autres s'arr?t?rent au m?me instant pour lui porter secours ou au moins pour ne pas le fouler sous les pieds des chevaux.

--Eh bien! qu'est-ce? dit aigrement le roi en mettant la t?te ? la porti?re.

--Sire, r?pondit un page, c'est un de mes camarades qui vient de se tuer en tombant de cheval.

--Le butor! dit le roi; qu'on l'enterre et qu'un autre prenne sa place. Faut-il, parce qu'un maladroit s'est bris? la t?te, m'exposer ? trouver mon potage refroidi?

Il parlait fort bien, ce grand roi. Si chaque souverain, ayant trente millions d'hommes ? conduire, pensait ? chacun d'eux successivement et sans rel?che pendant quarante ans de r?gne, il ne lui resterait pas une minute pour manger, boire, dormir, se promener, chasser et penser ? lui-m?me. Encore ne pourrait-il, en toute sa vie, donner ? chacun de ses sujets qu'une demi-minute de r?flexion. ?videmment c'est trop peu pour chacun. C'?tait aussi l'opinion du grand Vantripan, empereur de Chine, du Tibet, des deux Mongolies, de la presqu'?le de Cor?e, et de tous les Chinois bossus ou droits, noirs, jaunes, blancs ou basan?s qu'il a plu au ciel de faire na?tre entre les monts Koukounoor et les monts Himalaya. Aussi, ne pouvant penser ? tous ses sujets, en gros ou en d?tail, il ne pensait qu'? lui-m?me.

Par l'?num?ration des ?tats de ce grand roi, vous voyez, mes amis, que la Chine fut le premier th??tre des exploits de Pierrot. Il ne faudrait pas croire pour cela que Pierrot f?t Chinois. Il ?tait n?, au contraire, fort loin de l?, dans la for?t des Ardennes; mais la f?e, par un enchantement dont elle a gard? le secret, sans quoi je vous le dirais bien volontiers, l'avait, au bout de trois jours de marche, et pendant son sommeil, transport?, sans qu'il s'en aper??t, sur les bords du fleuve Jaune, o? se d?salt?rent, en remuant ?ternellement la t?te, des mandarins aux yeux de porcelaine. Mais revenons ? la col?re du roi quand il craignit de trouver son potage refroidi.

Au bruit de cette royale col?re, toute l'escorte trembla. Le grand roi ?tait d'humeur ? faire sauter comme des noisettes les t?tes de trois cents courtisans pour venger une injure si grave. Chacun cherchait des yeux, dans la foule, un rempla?ant au malheureux page.

La f?e Aurore poussa de la main le coude de Pierrot. Celui-ci, sans balancer, saisit les r?nes, met le pied ? l'?trier et monte ? cheval.

--Ton nom? dit Vantripan.

--Pierrot, sire, pour vous servir.

--Tu es un dr?le bien hardi. Qui t'a dit de monter ? cheval?

--Vous-m?me, sire.

--Moi?

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