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Munafa ebook

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Read Ebook: Famous pets of famous people by Lewis Eleanor

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Ebook has 668 lines and 49764 words, and 14 pages

--Moi?

--Vous, sire. N'avez-vous pas dit: Qu'on l'enterre et qu'un autre prenne sa place!>> Je prends sa place. Toute la terre ne vous doit-elle pas ob?issance? J'ai ob?i.

--Et la casaque d'uniforme?

Ici Pierrot fut embarrass? un instant, mais la f?e vint ? son secours. Elle le toucha de sa baguette: en un clin d'oeil Pierrot fut habill? comme ses nouveaux camarades. Alors le roi, qui s'?tait pench? vers le fond du carrosse pour parler ? la reine, se retourna brusquement.

--Sire, dit Pierrot, je suis pr?t.

--Comment! tu es habill??

--Sire, ne vous ai-je pas dit que toute la terre vous doit ob?issance? Vous avez voulu que je prisse l'uniforme. Je l'ai pris.

--Voil? un grand prodige, dit Vantripan; mais mon potage ne vaut plus rien. Au palais, et au galop.

En une minute le carrosse, l'escorte et Pierrot disparurent, laissant trente mille badauds stup?faits de la hardiesse de Pierrot, de sa promptitude ? s'habiller, et de la bont? du grand Vantripan. Dans le m?me moment, la pluie qui tombait les for?a de rentrer dans leur famille, o? tout le reste de la journ?e et les trois jours suivants on ne parla d'autre chose que du nouveau page.

Pierrot ?tait ?merveill? de son bonheur.

--Quoi! disait-il, en si peu de temps me voil? admis ? la cour, et en passe de faire une belle fortune. Qui sait?

Au milieu de ces pens?es ambitieuses, on arriva au palais. Pierrot voulut descendre de cheval comme les autres et suivre le roi pour d?ner, mais le gouverneur des pages l'arr?ta.

--Montez votre garde d'abord, lui dit-il.

--Je meurs de faim, dit Pierrot.

--Vous r?pliquez? huit jours d'arr?ts. Mais d'abord, sabre en main et restez ? cheval devant le vestibule; voici la consigne: Quiconque entrera sans laisser passer, vous lui couperez le cou; et si vous y manquez, on vous le coupera ? vous-m?me pour vous apprendre ? vivre.

Ce disant, le gouverneur monta d'un air grave dans son appartement, o? l'attendait un bon d?ner avec un bon feu et d'excellent vin.

C'?tait au mois de novembre, et Pierrot, chamarr? d'or, mais l?g?rement v?tu, montait sa garde ? cheval devant le vestibule. Devant lui, des cuisines royales montaient ? chaque instant une foule de plats succulents, les uns pour le roi, d'autres pour les officiers de sa maison, pour ses ministres, pour les femmes de chambre de la reine, pour les ma?tres d'h?tel, pour tout le monde enfin, except? le d?sol? Pierrot. Chaque plat laissait un parfum exquis dont ?taient douloureusement excit?es les papilles nerveuses du malheureux page.

Les marmitons riaient en passant pr?s de lui, et se le montraient l'un ? l'autre avec des gestes moqueurs.

--Voil? un cavalier dont la digestion sera facile, dit l'un d'eux.

--Habit de velours, ventre de son, dit un autre.

Pierrot, mouill? de pluie, morfondu, ne pouvant souffler dans les doigts de sa main gauche qui tenait la bride du cheval, ni dans les doigts de sa main droite qui tenait le sabre, affam? de plus, donnait de bon coeur au diable le roi, la reine, la cour, les courtisans et la maudite envie qu'il avait eue de quitter son p?re et sa m?re, et d'entrer au service militaire.

Enfin la f?e Aurore eut compassion de ses souffrances.

--Pierrot, dit-elle, cherche dans la sacoche de ton cheval, et mange.

Or dans la sacoche il n'y avait qu'un morceau de pain sec et fort dur, que le pauvre affam? d?vora en quelques minutes. Ainsi se r?alisa son r?ve de d?ner ? cheval.

Comme il finissait, trois heures sonn?rent. Vantripan avait d?n?, lui aussi, mais beaucoup mieux, et plus ? l'aise.

--Ventre de biche! dit-il en paraissant sur le balcon du premier ?tage du palais, j'ai solidement d?n?.

Et il d?fit son ceinturon pour respirer plus ? l'aise.

--Quel est ce page qui monte la garde? ajouta-t-il en abaissant son regard royal sur le pauvre Pierrot.

--Sire, dit un officier, c'est ce jeune homme qui s'est offert si singuli?rement au service de Votre Majest?.

--Pardieu! dit le roi, quand j'ai bien mang? et bien bu, je veux que tous mes sujets soient heureux. Approche ici, page; et toi, dit-il au ministre de la guerre qui avait d?n? avec lui, tire ton sabre, et d?coupe-moi ce chapon r?ti.

Pierrot s'approcha, et Vantripan lui lan?a le chapon. Pierrot le re?ut si adroitement qu'il fit l'admiration g?n?rale.

Les gens qui ont bien d?n? ne sont pas, comme on sait, difficiles sur le choix de leurs plaisanteries, et celles des rois, quelle qu'en soit la tournure, sont toujours excellentes.

Apr?s le chapon vint une bouteille de vin, puis un petit pain, puis des g?teaux. Finalement Pierrot d?na mieux qu'il ne l'avait esp?r?; mais il voyait rire toute la cour, et ce rire ne lui faisait pas plaisir.

--Quand je d?ne avec mes parents, pensait-il, le d?ner n'est pas friand, mais je ne mange les restes de personne, et personne ne se moque de moi.

Cette pens?e indigna Pierrot. Quand il eut fini, et cela dura quelques minutes ? peine, tant il montra d'activit?, Vantripan le fit monter pr?s de lui.

--Il est aux arr?ts, dit le gouverneur des pages.

--Est-ce ainsi qu'on m'ob?it? dit le roi d'une voix tonnante. Va toi-m?me prendre sa place, et garde les arr?ts pendant six mois.

Le gouverneur descendit la t?te basse et prit la place de Pierrot au milieu des rires de toute la cour. Chacun trouva la justice de Vantripan admirable.

Le roi, content de lui, s'assit dans un bon fauteuil et attendit l'arriv?e de Pierrot. A ses c?t?s, dans un autre fauteuil, pr?s du feu, ?tait assise la reine, dont nous n'avons pas encore parl?, et qui ?tait une femme assez grande, fort blonde, fort grosse, de qui ses femmes de chambre disaient:

--Il est impossible de savoir si elle est plus m?chante que b?te ou plus b?te que m?chante.

Derri?re elle se tenait debout, tant?t sur un pied, tant?t sur l'autre, la princesse Bandoline, sa fille, surnomm?e par les courtisans Reine de Beaut?; elle ?tait fort belle en effet, mais encore plus orgueilleuse, et regardait la race des Vantripan comme la plus illustre de toutes les races royales, et elle-m?me, comme la plus illustre personne de cette race. De l'autre c?t? de la chemin?e se chauffait, assis, l'h?ritier pr?somptif de la couronne, le prince Horribilis, laid et m?chant comme un singe; il faisait l'orgueil et la joie de sa m?re, qui ne voyait en lui qu'un esprit gracieux et p?n?trant, et il effrayait d'avance ceux qui craignaient de devenir ses sujets. Rang?s en demi-cercle, les courtisans se tenaient debout autour de la famille royale, et semblaient attendre en bataille l'entr?e de Pierrot.

Celui-ci se pr?senta simplement et sans embarras. Il n'avait pas vu la cour, mais l'?ducation que lui avait donn?e la f?e Aurore le mettait d?s l'abord de plain-pied avec tous ceux qu'il voyait. Arriv? ? quelques pas du roi, il s'arr?ta modestement.

--Approche, dr?le, lui dit gaiement le roi. D'o? sors-tu? Je ne t'ai jamais vu.

--Sire, dit Pierrot, le soleil ne regarde pas les hommes, mais tous les hommes regardent le soleil.

Cette r?ponse fit le meilleur effet. Vantripan, flatt? de se voir compar? au soleil, croisa ses mains sur son ventre avec satisfaction. Quant ? Pierrot, s'il r?pondait par une flatterie, c'est qu'il ne se souciait pas d'une r?ponse plus directe. Au milieu de tant de grands seigneurs, il sentait qu'il n'aurait pas beau jeu ? dire: Je suis Pierrot, fils de Pierre le meunier et de Pierrette sa femme. Cette g?n?alogie honn?te, mais modeste, aurait fait rire toute la cour. Pierrot ne reniait pas sa famille, mais il n'en parlait pas; c'?tait un commencement d'ingratitude.

Quoi qu'il en soit, d?s les premiers mots Pierrot fit merveille. La reine lui fit quelques questions et trouva ses r?ponses admirables. Le prince Horribilis lui dit des m?chancet?s qui furent repouss?es avec fermet? par Pierrot, mais sans qu'il os?t riposter ? un si dangereux adversaire. La princesse Bandoline elle-m?me daigna d?tourner ses yeux de la glace o? elle se contemplait elle-m?me, et apr?s l'avoir consid?r? quelque temps au moyen d'un lorgnon ? verre de vitre, elle se pencha vers sa m?re et dit assez haut pour ?tre entendue de Pierrot:

--Il est assez bien de sa personne, ce petit.

Ce fut le signal des compliments. Toute la cour se jeta sur Pierrot et voulut l'embrasser. Celui-ci ne savait comment se d?barrasser de la foule d'amis qu'il avait acquis si subitement; il s'en tira pourtant avec assez de bonheur, gr?ce aux secours de la f?e Aurore qui, sans se montrer, lui soufflait toutes ses r?ponses.

Pour que la le?on f?t compl?te, elle voulut aider elle-m?me ? sa fortune.

La voix de Vantripan fit cesser ce tumulte.

--Pierrot, dit-il, tu me plais, et je t'attache ? notre personne sacr?e. Je te donne une compagnie dans mes gardes.

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