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Munafa ebook

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Read Ebook: Considerations politiques sur les coups d'estat by Naud Gabriel

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Ebook has 780 lines and 53111 words, and 16 pages

LES COTILLONS C?L?BRES

PAR

?MILE GABORIAU

Je me conformerai ? cet <> quoiqu'il soit fort pass? de mode depuis qu'il est devenu presqu'aussi facile de faire un livre que de ne pas faire une com?die en cinq actes et en vers pour l'Od?on.

La litt?rature courante et le roman soi-disant historique ont depuis longtemps d?figur? toutes ces femmes c?l?bres, parvenues de l'amour, reines de la main gauche, de par leur esprit ou leur beaut?. H?ro?nes de drame ou de roman, les ma?tresses des rois de France ont d? subir toutes les vicissitudes de l'intrigue ou de la mise en sc?ne, tant?t plac?es dans le nuage ou tra?n?es au ruisseau. La s?v?re histoire se voilait la face, mais les romanciers et les dramaturges sont impitoyables.

Si bien que nous ne connaissons plus gu?re aujourd'hui <> qui, d'un regard souvent ont chang? la politique des rois qu'elles dominaient.

Que les dames se plaignent donc encore de la loi salique!!!

J'ai entrepris de restituer ? ces femmes c?l?bres leur v?ritable physionomie. Ce n'est ni une r?habilitation ni un anath?me, je ne tresse point de couronnes, mais je ne pr?pare pas de claie.

Au milieu de toutes les contradictions des chroniques et des m?moires, j'ai cherch? la v?rit?, voil? tout.

Il y a longtemps que trop de gens travaillent pour le roi de Prusse: il n'est pas malheureux qu'une fois par hasard il se trouve avoir travaill? pour quelqu'un.

LES MAITRESSES L?GENDAIRES.

Avec Clovis, le premier roi des barbares Francs, commence la longue liste de ces favorites qui, de r?gne en r?gne, se transmirent le sceptre du caprice et dont quelques-unes, plus habiles ou plus ambitieuses que les autres, dirigent et r?sument la politique de leur temps.

Dans l'acception moderne du mot pourtant, les descendants chevelus de M?rov?e, les h?ritiers ab?tardis de Charlemagne et les premiers successeurs de Hugues Capet n'eurent point de ma?tresses, mais plut?t ? la fois plusieurs femmes de rangs et d'ordres diff?rents.

Ces femmes de condition subalterne que le souverain fait entrer dans la couche royale, nos plus anciens chroniqueurs les d?signent sous le nom de concubines, mot latin qui rend imparfaitement leur v?ritable ?tat.

Les concubines ?taient ? peu pr?s ce que sont encore aujourd'hui en Allemagne, berceau de la race franque, les ?pouses morganatiques des princes, ? cette diff?rence pr?s que ces unions de la main gauche ne sauraient maintenant exister concurremment avec une autre alliance. Mais cette diff?rence, on le comprend de reste, n'est que le r?sultat de la civilisation chr?tienne qui ne tarda pas ? proscrire cette sorte de polygamie.

Les enfants des concubines ?taient l?gitimes, bien qu'ils ne fussent pas aptes ? succ?der ? la couronne, du moins dans l'ordre r?gulier de l'h?r?dit? royale. Quelques-uns n?anmoins arriv?rent au tr?ne, du fait de l'ascendant ou des crimes de leur m?re.

Ce rang officiel des concubines ne venait donc pas de la d?pravation des moeurs, comme on l'a cru longtemps; c'?tait un des traits caract?ristiques de la constitution de la famille chez les barbares. Tacite nous montre les Germains p?n?tr?s, pour la femme, d'un respect mystique, qui va jusqu'au culte; mais ce sentiment d?licat, compl?tement ignor? du monde ancien, ne s'?levait pas cependant jusqu'? la conception du mariage chr?tien.

L'?glise toujours prudente lorsqu'elle n'est pas toute-puissante, c?da ? la rigueur des temps. Elle tol?ra, chez ses ma?tres, ce qu'elle ne pouvait emp?cher, et pendant plusieurs si?cles encore, elle oublia de frapper sur les tr?nes l'adult?re et l'inceste.

Ce serait une longue et fastidieuse histoire que celle de ces premi?res favorites, ma?tresses l?gendaires, dont, la plupart du temps, les noms seuls nous sont parvenus. Et quels noms! La bouche se contorsionne ? essayer de prononcer ces syllabes tudesques.

Le bon roi Dagobert Aimait ? tort et ? travers.

Eloi, l'argentier, le sermonnait fort, dit-on, sur ce chapitre; mais le roi faisait la sourde oreille, ? ce que pr?tend, du moins, la fin du couplet grivois, dont nous avons cit? les deux premiers vers.

Du milieu de ces figures effac?es se d?tachent plusieurs physionomies saisissantes ou sympathiques qui personnifient ou symbolisent un r?gne, une ?poque.

La premi?re que nous rencontrons est celle de Fr?d?gonde, la blonde ma?tresse de Chilp?ric, qu'il finit par ?pouser, apr?s deux alliances royales.

Il n'y a peut-?tre dans l'histoire que deux princesses, Marie Stuart et Marie-Antoinette, sur qui la calomnie se soit acharn?e avec plus de rage. On a pr?t? ? Fr?d?gonde tous les crimes et toutes les infamies, et son nom, comme celui de N?ron, est devenu

Dans la race future, Aux ma?tresses des rois la plus cruelle injure.

On en a fait une fr?n?tique de luxure comme Messaline, une horrible empoisonneuse comme Lucrezia Borgia.

Mais la critique moderne a fait justice de ces imputations absurdes, amoncel?es sur elle par la haine des gens d'?glise, qui seuls alors ?crivaient l'histoire. Elle a relev? toutes les contradictions et les impossibilit?s de cet ?chafaudage d'accusations monstrueuses qui s'?tayaient les unes contre les autres, et de ce tissu d'horreurs sanglantes, il n'est rest? que la d?monstration nette, irr?futable et concluante de la sup?riorit? des talents et du g?nie de cette femme.

Par contre, on n'avait que des paroles d'excuses et de m?nagements pour les crimes bien autrement r?els et positifs de Brunehaut, sa rivale. La reine d'Austrasie, il est vrai, fut toujours au mieux avec le haut clerg?; elle trouva en lui un appui s?r dans le pr?sent et un pan?gyriste d?vou? pour l'avenir.

L'?cole historique moderne a replac? les choses ? leur v?ritable point de vue. Brunehaut nous appara?t telle qu'elle fut, une princesse arrogante, imp?rieuse, ? demi Romaine, s'acharnant ? une lutte au-dessus de ses forces et de son g?nie contre l'ind?pendance farouche des leudes de l'Est.

Fr?d?gonde, au contraire, sortie des rangs du peuple vaincu pour s'asseoir sur le tr?ne de Neustrie, personnifie la r?sistance ? l'?l?ment ?tranger; la cause qu'elle d?fend, et qui triomphe avec et par elle, est celle de la nationalit? fran?aise, dont les germes se d?veloppent d?j? dans les provinces d'entre Seine et Loire.

Fr?d?gonde a, sur la reine d'Austrasie, un autre avantage, celui du d?sint?ressement; j'ajouterai m?me, si le mot ne sonnait pas ?trangement ? cette ?poque, celui de l'humanit?. En opposition aux exactions, ? la cupidit? insatiable de Brunehaut, on aime ? constater la noble conduite de la femme de Chilp?ric, se d?pouillant de ses joyaux et de ses biens pour soulager la mis?re et les souffrances g?n?rales dans une cruelle ?pid?mie qui d?cima le royaume, en l'ann?e 580.

Ces deux imputations paraissent aussi peu justifi?es l'une que l'autre.

Voici le r?cit d'Aimoin: <>

Il n'est pas besoin de relever toutes les invraisemblances de cette fable. Comment admettre que le prince outrag?, dont la patience et le sang-froid n'?taient pas les vertus dominantes, ait pu s'?loigner sans mot dire, au moment o? le hasard lui r?v?lait la liaison criminelle de sa femme? Il faudrait supposer ? ce barbare la dignit? et le bon ton d'un de nos raffin?s de civilisation. D'ailleurs, Fr?d?gonde avait tout ? craindre et rien ? esp?rer de la mort de son ?poux. Elle demeurait seule, charg?e de la tutelle d'un enfant de quatre mois, press?e de tous c?t?s par des ennemis furieux.

R?duite ? cette extr?mit?, la reine se montra ? la hauteur du danger. Comme Marie-Th?r?se enflammant d'enthousiasme les magnats de Hongrie et les ralliant ? la cause de son fils, nous la voyons, ? la journ?e de Soissons, parcourir les rangs de l'arm?e, haranguer les soldats et faire passer dans l'?me de chacun d'eux la confiance et l'espoir. Elle met ? leur t?te ce Landry dont les talents militaires lui assurent la victoire.

Blanche de Castille, la chaste m?re de saint Louis, n'h?sita pas en pareille circonstance ? employer les bras du comte de Champagne dont elle avait repouss? l'amour. Pourquoi donc la veuve de Chilp?ric aurait-elle refus? les services d'un capitaine d?vou? et habile, qu'une calomnie posthume s'est plu ensuite ? transformer en s?ducteur et en meurtrier?

Le triomphe d?finitif de l'arm?e neustrienne assura le repos et la gloire du r?gne de Fr?d?gonde pendant la minorit? de son fils. Elle mourut dans tout l'?clat d'un tr?ne affermi et pacifi?, ? l'?ge de cinquante-quatre ans, ayant conserv? jusqu'? cet ?ge toute sa gr?ce et toute sa beaut?. Femme, reine et m?re, Fr?d?gonde nous para?t irr?prochable, de tous points. La dissolution des moeurs de Brunehaut, au contraire, est attest?e par tous les historiens; elle causa la ruine de la monarchie austrasienne; et pour garder le pouvoir, on la voit, octog?naire, livrer ? une d?bauche pr?coce ses deux petits-fils qu'elle ne tarde pas ? faire ?gorger, quand ils essaient de secouer son joug odieux.

Franchissons sans autre transition l'espace de plusieurs si?cles qu'une nuit ?paisse enveloppe, et arr?tons-nous devant une touchante figure que tour ? tour le drame et le roman ont popularis?e. Agn?s de M?ranie, qui a inspir? ? M. Ponsard une uvent que ceux quces, ne fut pas la ma?tresse de Philippe-Auguste; mais son union avec ce prince ayant ?t? d?clar?e ill?gitime par les foudres toutes-puissantes de la Papaut?, on ne peut gu?re la consid?rer que comme une de ces ?pouses morganatiques dont nous parlions tout ? l'heure. L'histoire des amours de Philippe et d'Agn?s est triste et curieuse. Apr?s la mort d'Isabelle de Hainaut, sa premi?re femme, le roi de France avait demand? la main de la fille du roi de Danemark, Waldemar Ier, la princesse Isemburge. Elle lui fut accord?e et le mariage se c?l?bra en grande pompe ? Amiens. Mais cette union n'eut point de lune de miel; au lendemain de la premi?re nuit de ses noces, le roi quitta brusquement sa nouvelle ?pouse et refusa de la revoir. Que s'?tait-il pass? dans le royal t?te-?-t?te? C'est un myst?re que le temps n'a point ?clairci.

Dans la proc?dure qui eut lieu ? l'occasion de la dissolution de ce mariage, le roi n'argu? d'aucune imperfection physique, il n'?l?ve aucun soup?on sur la chastet? d'Isemburge; il d?clare seulement ressentir pour elle un ?loignement insurmontable, et comme il fallait un pr?texte aux ?v?ques de son royaume pour rompre le lien religieux qui l'engageait, il all?gue une pr?tendue parent? avec elle sans m?me en fournir la preuve. Son clerg?, ob?issant ? ses d?sirs, pronon?a la nullit? du mariage.

Vainement le roi de France essaya de lutter contre le pouvoir formidable qui pr?tendait rendre toutes les couronnes vassales de la tiare: le l?gat du Pape assembla un concile ? Lyon, excommunia Philippe, et mit le royaume en interdit.

L'amant d'Agn?s ne se laissa pas abattre par cet anath?me, arme terrible alors; il fit casser par le parlement la d?cision du concile et saisir le temporel des pr?lats qui l'avaient condamn?.

A ce jeu il e?t perdu sa couronne, si Agn?s, voyant l'isolement se faire autour du monarque impuissant ? lutter contre les superstitions de son temps, ne s'?tait d?cid?e au plus douloureux des sacrifices. Elle craignit de causer la perte de Philippe-Auguste et se retira dans un couvent o? elle mourut de chagrin la m?me ann?e.

Nous voici arriv?s ? une des ?poques les plus tristes de notre histoire. Un fou est assis sur le tr?ne de France; ? ses c?t?s s'agite une incroyable m?l?e de trahisons, de d?bauches et d'infamies. Les princes du sang, les fr?res du roi, se disputent les lambeaux du pouvoir, tandis qu'Isabeau de Bavi?re, ?pouse adult?re, m?re d?natur?e, le vend ? l'?tranger.

L'histoire nous apprend peu de choses d'Odette de Champdivers. C'?tait, dit-on, la fille d'un marchand de chevaux; le roi la vit et la trouva belle; ce fut Isabeau elle-m?me qui, pour se d?barrasser du malheureux insens?, la jeta dans le lit de son mari.

A dater de ce moment, toujours aux c?t?s du roi de France, on retrouve Odette de Champdivers, sa seule joie dans ses intervalles lucides, comme les cartes ? jouer ou tarots ?taient sa seule distraction.

C'?tait, en effet, pour ce vieil enfant que l'on venait d'inventer les cartes dont l'imagier Jacquemin Gringonneur peignait si merveilleusement les bizarres figures.

AGNES SOREL.

L'Anglais, d?j?, se croyait vainqueur, et le roi d'Angleterre prenait le titre de roi d'Angleterre et de France.

Le miracle eut lieu!

Une jeune paysanne, bien ignorante, bien inconnue, appara?t tout ? coup ? la cour du roi fugitif. C'est Jeanne Darc, l'humble berg?re de Domr?my.

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