Read Ebook: Considerations politiques sur les coups d'estat by Naud Gabriel
Font size: Background color: Text color: Add to tbrJar First Page Next Page Prev PageEbook has 780 lines and 53111 words, and 16 pagesUne jeune paysanne, bien ignorante, bien inconnue, appara?t tout ? coup ? la cour du roi fugitif. C'est Jeanne Darc, l'humble berg?re de Domr?my. A cette heure o? le d?couragement s'est empar? de tous, elle annonce qu'elle a mission de Dieu pour chasser l'Anglais, pour faire sacrer le < L'incr?dulit? et la raillerie l'accueillent. En ce temps de superstitions et de ridicules croyances nul ne veut ajouter foi ? ses paroles. --Que peut cette vilaine pour votre cause? disent au roi les courtisans. --Quelle que soit la main qui me rendra ma couronne, je b?nirai cette main. Et il accueille Jeanne Darc, et il d?clare que, le premier, il veut combattre sous sa miraculeuse banni?re. La France, comme l'agonisant qui recueille avidement la moindre parole de salut, a entendu la voix de la vierge inspir?e, la France tressaille et rena?t ? l'esp?rance. Jeanne Darc dit: --Levez vous, et marchons! Chacun se l?ve et la suit. --Allons sauver Orl?ans! Et Orl?ans est sauv?. De ce jour, les choses changent de face; l'ennemi tremble ? son tour. Jeanne Darc lui renvoie la terreur que, la veille encore, il inspirait ? tous. L'Anglais n'attaque plus, il se d?fend. Il se renferme dans ses places fortes dont les murailles ne lui semblent m?me plus un abri suffisant. L'heure de la d?livrance a sonn? et, chaque jour, depuis l'arriv?e de l'h?ro?que jeune fille, est marqu? par de nouvelles conqu?tes. A l'?glise, elle se tient pr?s du roi, son ?tendard ? la main. --Il ?tait ? la peine, dit-il, il est juste qu'il soit ? l'honneur. --Gentil roi, dit-elle, ores est ex?cut? le plaisir de Dieu qui voulait que vous vinssiez ? Reims recevoir votre digne sacre, pour montrer que vous ?tes vrai roi et celui auquel le royaume doit appartenir, voil? mon devoir accompli, souffrez donc que je retourne vers mes parents qui sont en grand mal de moi. Mais elle exer?ait un trop grand prestige sur le peuple et sur l'arm?e pour qu'on la laiss?t partir. Oblig?e de rester, elle en ?prouve un < Ce triste pressentiment allait, h?las! se r?aliser bient?t. Toujours la premi?re au danger, Jeanne Darc accourt ? la d?fense de la ville menac?e. D?s le jour de son arriv?e, elle tente contre les Bourguignons une vigoureuse sortie. Les Fran?ais, inf?rieurs en nombre, sont repouss?s. Jeanne, toujours la derni?re ? la retraite, reste seule expos?e ? tous les coups; elle tient t?te aux masses afin de laisser aux siens le temps de se retirer. Enfin, elle songe ? rentrer dans la ville; il est trop tard. Imprudence, fatalit? ou trahison, la poterne qui doit assurer son salut est ferm?e, et, apr?s d'h?ro?ques efforts, elle est oblig?e de se rendre. Un chevalier bourguignon, le b?tard de Vend?me, re?oit son ?p?e. Mais tenir Jeanne Darc prisonni?re n'est point assez pour l'Anglais. Il faut tenter de d?truire le prestige de l'h?ro?ne de la France, et, par un proc?s inf?me, on essaie de la fl?trir. L'?v?que de Beauvais, Pierre Cauchon, accepte le d?shonneur et l'ignominie de cette t?che. Le 24 mai 1431, l'inique sentence re?oit son ex?cution, et Jeanne, conduite au b?cher, expire au milieu des plus cruels tourments. --J?sus! J?sus! J?sus! Telle est sa derni?re parole, l'expression supr?me de ses mortelles angoisses, cri de douleur et d'esp?rance qui, dominant les g?missements et les sanglots de la foule agenouill?e autour du b?cher, monte vers le ciel comme pour demander gr?ce pour cette France oublieuse qu'elle vient de sauver, pour ce roi ingrat qui lui doit sa couronne, et qui n'ont rien tent? pour l'arracher des mains de ses ennemis. Le supplice de Jeanne Darc fit horreur aux Anglais eux-m?mes, et l'un de leurs g?n?raux ne put s'emp?cher, lorsqu'on lui en apprit les d?tails, de s'?crier d'une voix indign?e: --Ah! nous venons de commettre l? un ex?crable forfait! il nous portera malheur. Ses capitaines, braves compagnons de Jeanne, murmuraient hautement; mais le roi ne voulait pas les entendre; il n'avait d'oreilles que pour les courtisans assez vils pour flatter tous ses go?ts. Que de fois cependant il eut ? rougir de son inaction! --Eh bien! mes amis, leur dit-il, que pensez-vous de cette danse? Ne trouv?-je pas, malgr? l'Anglais, moyen de me divertir? --Il est vrai, Sire, r?pondit froidement La Hire, et < --Vous ?tes heureux, Sire, de savoir vous contenter de si peu, lui disait dans une autre occasion un de ses meilleurs amis. Le roi de France, en effet, avait grandement besoin d'?tre philosophe; tous les jours n'?taient pas jours de f?te ? sa cour; l'argent manquait souvent le lendemain des < Voici ce que raconte Martial d'Auvergne. Un jour que La Hire et Pothon Le vinrent voir pour festoyment, N'avoit qu'une queue de mouton Et deux poulets tant seulement. Las! cela est bien au rebours De ces viandes d?licieuses, Et de ces mets qu'on a tous jours En d?penses trop somptueuses. --Ma?tre, lui dit-il, prends moi la mesure d'une paire de souliers. L'homme ob?it. --Maintenant, reprit le roi, tu peux te retirer, j'entends que ces souliers soient faits sans d?lai. Et comme l'homme ne bougeait pas. --Pardonnez-moi, Sire, dit alors le ma?tre cordonnier, seulement il faut ?tre juste en affaires. --Certainement, mais que veux-tu dire? --Rien, sinon qu'il m'est impossible de faire les souliers dont je viens de prendre la mesure. --Et pourquoi? --Je n'ai point l'habitude, Sire, de faire cr?dit aux gens insolvables, et depuis longtemps ceux qui fournissent au roi ne sont pas pay?s.... Le soir m?me, le roi se plaignait am?rement de l'insolence de cet homme. --H?las, Sire, r?pondit un de ses familiers, il faut bien vous r?soudre ? n'avoir plus cr?dit ? Bourges, < A ces moments d'humiliants d?boires < Tel ?tait le caract?re de ce prince, faible, nonchalant, mobile. Impressionnable ? l'exc?s, il avait des ?clairs d'indignation et de courage, mais fr?quentes ?taient ses heures d'abattement et de d?sespoir. Un instant la voix inspir?e de Jeanne Darc avait r?veill? en lui le sentiment du devoir, mais cette voix ?teinte, son caract?re avait repris le dessus, et il semblait ?puis? par les efforts d'?nergie qu'il avait d? faire. Si bien que l'oeuvre de la Pucelle mena?ait de devenir inutile, lorsque parut Agn?s Sorel. Ainsy comme la religion revere les Dieux, & que la superstition les offense, tous les gens de bien embrasseront la clemence & la douceur; mais ils ?viteront la compassion. Car c'est une marque d'un coeur bas, & d'un esprit foible, de se laisser toucher aux maux que l'on voit souffrir aux autres. Qu'il n'y a rien qui soit si bienseant ? un homme qu'un grand courage. Car pour m?nager une grande fortune il faut un grand esprit, & tel que s'il ne s'est ?lev? jusques ? elle & ne s'est plac? au dessus, il la renverse & la met plus bas que la terre. A est? m?pris? & moqu? pour avoir voulu composer des livres, & faire l'homme de lettres. Add to tbrJar First Page Next Page Prev Page |
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