Use Dark Theme
bell notificationshomepageloginedit profile

Munafa ebook

Munafa ebook

Read Ebook: Mood fashions by American Thread Company

More about this book

Font size:

Background color:

Text color:

Add to tbrJar First Page Next Page Prev Page

Ebook has 268 lines and 57559 words, and 6 pages

Rentr? ? Urbin, le Castiglione ne tarda pas ? accompagner le duc qui, suivi de toute sa cour, se rendit ? Rome pour pr?senter ?l?onore de Gonzague ? Jules II, son oncle. La cour d'Urbin passa le carnaval ? Rome, et y resta jusqu'au 9 avril 1510.

Non pure intende al bel che agli occhi piace, Ma perche ? troppo debile e fallace Trascende in ver la forma universale.

Le Castiglione prolongea son s?jour ? Rome jusqu'au 20 avril 1510. Il retourna ensuite ? Urbin o? l'arriv?e de la cour fut le signal de divertissements de toutes sortes.

Le Castiglione, dans une lettre sans date adress?e d'Urbin ? son ami le comte Ludovico de Canossa, ?v?que de Tricarico, nous a transmis sur cette solennit? dramatique des d?tails qui m?ritent d'?tre rapport?s.

Bella foris, ludosque domi exercebat et ipse Caesar: magni etenim est utraque cura animi.

Au ciel de la salle ?taient attach?es de tr?s-grandes guirlandes de verdure; elles garnissaient presque la vo?te enti?re, de laquelle pendaient des fils de fer, par les trous des rosaces qui ornent cette vo?te, et ces fils portaient deux rangs de cand?labres d'un c?t? ? l'autre de la salle, avec treize lettres, correspondant au m?me nombre de trous perc?s dans la vo?te. Ces lettres ?taient dispos?es de la mani?re suivante:

Et elles ?taient tellement grandes, que sur chacune d'elles on avait fait tenir depuis sept jusqu'? dix torches qui r?pandaient une tr?s-grande lumi?re. La sc?ne repr?sentait une tr?s-belle ville, avec des rues, des palais, des ?glises, des tours;--rues v?ritables ainsi que les autres choses en relief, mais ex?cut?es en outre avec le secours d'une tr?s-bonne peinture et d'une perspective bien entendue. Entre autres choses, on y voyait un temple ? huit faces en demi-relief, si bien achev?, qu'avec toutes les ressources que poss?de l'?tat d'Urbin, il paraissait impossible qu'il e?t ?t? ex?cut? en quatre mois. Il ?tait enti?rement travaill? en stuc, avec de beaux bas-reliefs repr?sentant divers traits d'histoire. Les fen?tres imitaient l'alb?tre, et toutes les architraves et les corniches ?taient en or fin et azur d'outre-mer: ? certaines places, des vitres imitant des pierreries qui paraissaient naturelles; autour, des figures en relief imitant le marbre, des colonnettes d?coup?es; il serait trop long d'?num?rer surplus. Ce temple ?tait plac? comme au milieu. D'un c?t?, ?tait un arc de triomphe, ?loign? du mur d'au moins une canne, ex?cut? au mieux. Entre l'architrave et la voussure de l'arc ?tait repr?sent?e admirablement, imitant le marbre, mais en peinture, l'histoire des trois Horaces. Dans deux niches, au-dessus des deux pilastres, soutenant l'arc, on avait plac? deux statuettes sculpt?es, repr?sentant deux Victoires tenant ? la main deux troph?es, en stuc. Au sommet de l'arc ?tait une figure ?galement tr?s-belle, enti?rement sculpt?e, rev?tue de son armure, dans la plus belle pose, et frappant avec une lance un homme nu ?tendu ? ses pieds.

Peu de temps apr?s cette repr?sentation, le Castiglione retourna ? Rome, o? il resta jusqu'au mois d'ao?t 1510. On ignore le motif de ce voyage; il revoyait toujours cette ville avec le plaisir le plus vif; mais ? l'enthousiasme des arts qui l'attirait ? Rome, il se m?lait sans doute une passion d'une autre nature. C'est du moins ce qu'on peut supposer par le sonnet suivant qu'il para?t avoir compos? ? cette ?poque, et qui, tout en peignant son admiration pour la ville ?ternelle, d?voile aussi l'?tat de son coeur, ? la mani?re de P?trarque.

Superbi colli, et voi sacre ruine, Che'l nome sol di Roma ancor tenete, Ahi che reliquie miserande avete Di tant, anime, eccelse e pellegrine! Colossi, archi, teatri, opre divine, Trionfal pompe gloriose e liete, In poco cener pur converse siete, E fatte al vulgo vii favola al fine. Cos?, se ben un tempo al tempo guerra Fanno l'opre famose, a passo lento E l'opre e i nomi il tempo invido atterra: Vivr? dunque fra'miei martiri contento; Che se'l tempo da fine a ci? ch'? in terra, Dar? forse ancor fine al mio tormento.

Superbes collines, et vous ruines sacr?es, qui seules gardez encore le nom de Rome, h?las! quels restes touchants vous conservez de tant de grands hommes, de tant d'?mes illustres. Cirques, arcs, th??tres, oeuvres dignes des dieux, ?lev?s pour orner la pompe des plus glorieux triomphes, vous ?tes aujourd'hui convertis en un peu de poussi?re, et bient?t vous servirez de sujets aux vils r?cits du vulgaire. Ainsi, bien que pendant quelques ann?es les monuments fameux r?sistent aux atteintes du temps, le terme arrive o? le temps, qui d?truit tout, emporte ? la fois et les noms et les oeuvres des hommes. Je vivrai donc sans me plaindre au milieu de mon martyre; car puisque le temps am?ne la fin de tout ce qui est sur la terre, il am?nera sans doute aussi la fin de mes tourments.

Le Castiglione gagna la fi?vre ? Rome, dans ce voyage: il n'en ?tait pas encore enti?rement gu?ri, lorsqu'il revint ? Urbin le 8 ao?t 1510. Il ne resta dans cette ville que le temps strictement n?cessaire a son r?tablissement, et repartit vers la fin de ce mois pour se remettre en campagne.

Le duc d'Urbin ?tait alors occup? ? guerroyer pour le compte du pape Jules II, son oncle, contre Alphonse d'Est, duc de Ferrare, alli? des Fran?ais. Cette campagne s'ouvrit sous d'heureux auspices pour l'arm?e pontificale. D?s l'automne, Francesco Maria s'?tait empar? de plusieurs places fortes; au printemps suivant, il avait port? la guerre pr?s de Ferrare. Mais, le 11 mai 1511, ayant perdu la ville de Bologne, le sort des armes lui devint contraire; il fut mis en pleine d?route, et ses troupes furent oblig?es de se d?bander et de se r?fugier ? grand'peine jusqu'au milieu de ses ?tats. Le Castiglione, dans une lettre ? sa m?re du 1er juin 1511, lui apprend ces tristes nouvelles: <>

Il avait promis ? sa m?re d'aller la voir: mais le duc n'ayant pas voulu lui accorder de cong?, il fut oblig? de retarder cette visite. Sa m?re, qui venait d'?tre malade, en con?ut un vif chagrin. Elle se figurait qu'il avait pris la r?solution de renoncer au mariage, et qu'il n'osait lui faire conna?tre cette grave d?termination. Il n'en ?tait rien cependant, et, pour la rassurer compl?tement, il pria son beau-fr?re Tommaso Strozza de lui expliquer les v?ritables motifs qui l'avaient emp?ch? de se rendre pr?s d'elle. Ces motifs font le plus grand honneur ? la loyaut? du Castiglione, et donnent la mesure de la d?licatesse de ses sentiments.

<

Le pape a dit plusieurs fois que j'?tais l'?missaire dont le duc se servait pour n?gocier avec les Fran?ais. Cette id?e qu'il a de moi lui fut donn?e, ? ce que je crois, par un homme qui me voulait peu de bien, et qui fut le comte Giov. Francesco della Mirandola. Le pape s'est confirm? dans cette id?e, lorsque ?tant all? ? Parme conduire le capitaine Peralte, je fus accueilli par ces Fran?ais avec les plus grandes politesses et avec beaucoup de distinction: tellement que le pape dit un jour ? l'?v?que de Tricarico , qu'il savait de source certaine que j'?tais all? ? Mantoue, lorsque l'?v?que de Gurg y vint, pour m'entendre avec lui, m?me pour le compte des Fran?ais; et il ne fut pas possible de le d?tromper, m?me apr?s que l'?v?que lui eut fait affirmer par trois ou quatre personnes que je n'avais pu aller ? Mantoue. Les choses ?taient en cet ?tat, lorsque je demandai au duc la permission de me rendre en Lombardie. Mais le duc, dans la disposition o? il est, n'a pas voulu me l'accorder et m'a pri? d'attendre jusqu'? ce que le pape ait d?cid? ce qu'il veut faire de lui. Il est certain que si le pape m'avait vu aller en Lombardie, personne au monde n'aurait pu l'emp?cher de croire que j'y ?tais all? pour ces men?es. C'est pourquoi j'ai trouv? le refus du duc tr?s-raisonnable et tr?s ? propos; et il m'a sembl? que le moment aurait ?t? mal choisi pour rompre les liens qui m'attachent ? cette cour depuis tant d'ann?es.>>

Le commencement de la campagne, en l'ann?e 1512. fut assez funeste aux armes pontificales: les Fran?ais avaient gagn?, le 11 avril, la bataille de Ravenne, mais la mort de Gaston de Foix mit fin ? leurs succ?s. Le duc d'Urbin ne tarda pas ? recouvrer les villes qui s'?taient rendues aux Fran?ais: il reprit m?me l'importante place de Bologne, dont la perte avait ?t? pour lui l'occasion du meurtre du cardinal de Pavie, et, le 13 juin 1512, il y fit solennellement son entr?e, avec le cardinal Sigismond Gonzague, legat du pape.

Le Castiglione prit une part active ? cette campagne; il ne quitta le th??tre de la guerre que momentan?ment, pour aller, au commencement de juillet, recevoir ? Urbin le duc de Ferrare, Alphonse d'Est, qui se rendait ? Rome, muni d'un sauf-conduit de Jules II, pour t?cher de rentrer en gr?ce aupr?s du pontife et de se disculper de son alliance avec les Fran?ais; ce qu'il ne put obtenir, le pape exigeant que le duc lui rem?t le duch? de Ferrare, qu'il pr?tendait appartenir aux ?tats de l'?glise, et lui offrant, par une sorte de compensation d?risoire, la ville et le territoire d'Asti qui venaient d'?tre enlev?s aux Fran?ais, Le malheureux prince dut donc se r?signer ? voir ses ?tats ravag?s par les troupes pontificales, et le Castiglione, comme les autres capitaines, se mit ? vivre aux d?pens des pauvres habitants du Ferrarais.

Quelques mois apr?s, au commencement d'octobre, il fut envoy? par le duc d'Urbin ? Mod?ne, pour conf?rer avec l'?v?que de Gurg, le n?gociateur de Charles-Quint.

C'est pendant le cours de ces n?gociations qu'il re?ut du duc la r?compense de ses longs et loyaux services ? la cour d'Urbin. Ce prince, on l'a vu, lorsqu'il obtint de Jules II son absolution du meurtre du cardinal de Pavie et sa r?int?gration dans ses honneurs et dignit?s, avait, en outre, re?u l'investiture de la ville de Pesaro et de son territoire, comme fief h?r?ditaire, ? la seule condition d'acquitter une l?g?re redevance ? la chambre apostolique. Le duc, voulant donner au Castiglione un ?clatant t?moignage de son estime, avait d?tach? de ce fief et lui avait donn? un ch?teau appel? Ginestreto, situ? <> Dans une lettre ? sa m?re, du 47 octobre 1512, le Castiglione laisse ?chapper toute la joie que lui cause cette donation: <>

Dans le mois de janvier 1513, le duc prit possession de l'?tat de Pesaro, dont il ne re?ut n?anmoins l'investiture de L?on X que quelques mois plus tard. Le Castiglione l'accompagna, et re?ut des mains de son ma?tre le ch?teau qu'il lui avait donn?; mais, par des motifs qu'il n'explique pas ? sa m?re, il en op?ra l'?change, avec l'agr?ment du duc, contre le domaine de Nuvilara, qui lui convenait mieux, celui-ci n'?tant qu'? deux milles de Pesaro, dans un tr?s-bon air, avec une tr?s-belle vue de terre et de mer, ? cinq milles de Fano, dans un pays tr?s-fertile. <>

Le Castiglione assista, avec le duc d'Urbin, ? la prise de possession de ce pontife dans l'?glise Saint-Jean-de-Latran, le 11 avril, un mois juste apr?s son ?lection. A cette occasion, les principaux habitants de Rome se distingu?rent par les d?corations dont ils orn?rent leurs palais et leurs maisons, ainsi que les rues et les places publiques. Un t?moin oculaire, le m?decin florentin Jean-Jacques Penni, nous a conserv? un curieuse description des f?tes et des c?r?monies qui eurent lieu dans cette circonstance, et sur lesquelles nous reviendrons.

Une preuve ?clatante de l'amiti? dont le nouveau pontife honorait le Castiglione appara?t dans la ratification qu'il lui accorda, d?s le 11 mai suivant, de la donation du ch?teau de Nuvilara qui lui avait ?t? faite par le duc d'Urbin. Le bref qui contient la confirmation de ce don renferme l'?loge de la valeur, de la science et des autres qualit?s du comte. Sur ses instances, le pape maintint Francesco-Maria dans la charge de pr?fet de Rome, et voulut que la chambre apostolique lui pay?t tout ce qui lui ?tait d? pour la solde de ses troupes pendant la derni?re campagne; ce qui n'?tait point une m?diocre faveur obtenue pour ce prince.

Vers la fin d'ao?t, le Castiglione revint ? Urbin, mais il y resta peu de temps, parce que le duc, comprenant combien il pouvait lui ?tre utile ? Rome, ne tarda pas ? l'y renvoyer avec le titre d'ambassadeur, ? la grande satisfaction du comte et de toute la cour. Il fut accueilli dans cette ville avec le plus grand empressement, non-seulement par le souverain pontife, les cardinaux et les pr?lats qu'il connaissait depuis longtemps, mais surtout par les savants, les artistes et les amateurs des lettres et des arts qui, dans ses pr?c?dents voyages ? Rome, avaient pu appr?cier son caract?re aimable, la solidit? et la vari?t? de ses connaissances, la puret? de son go?t et la s?ret? de son jugement.

On croit commun?ment qu'avant l'av?nement de L?on X, les sciences, les lettres et les arts n'?taient que m?diocrement cultiv?s ? Rome; que Jules II, absorb? par les grandes questions politiques, et plus port? ? la guerre qu'aux arts de la paix, n'encourageait point les artistes et les litt?rateurs. C'est l? une erreur et une injustice; il est certain, au contraire, que, malgr? les agitations d'un pontificat continuellement expos? aux commotions les plus graves, ce pape ne fit pas moins pour les lettres et pour les arts que son successeur L?on X, dont ce si?cle a pris le nom.

Mais en faisant la part des exag?rations contenues dans le parall?le de Fea pour soutenir sa th?se, on est forc? de reconna?tre que, sous beaucoup de rapports, Jules II ? tout autant fait pour les lettres et les arts que son successeur.

Nonobstant les chances diverses des guerres qu'il eut ? soutenir presque constamment pendant les dix ann?es de son pontificat, Jules ne cessa pas d'attirer ? Rome et de prot?ger les artistes et les savants.

Parmi les premiers, il sut distinguer et honorer d'une protection toute particuli?re Bramante, Michel-Ange et Rapha?l; ce qui suffirait seul pour sa gloire.

Tous ces travaux, tous ces embellissements avaient ?t? ex?cut?s par Jules II dans l'espace de moins de dix ann?es; aussi Thomas Inghirami, en pronon?ant son oraison fun?bre devant le sacr? coll?ge, put-il dire avec l'assentiment de l'auguste assembl?e: <>

Michel-Ange ne fut pas moins occup? par Jules II: il travailla d'abord ? son tombeau, dont l'admirable statue de Mo?se ne devait former que la moindre partie. Plus tard, il peignit la vo?te de la chapelle Sixtine, qui fut d?couverte et livr?e aux regards du public le 1er novembre 1512. Il est donc vrai de dire que L?on X n'eut qu'? continuer, aux deux grands ma?tres de l'art, la protection que leur accordait son illustre pr?d?cesseur.

Jules II fut le v?ritable fondateur du mus?e du Vatican; car c'est ? lui qu'on doit la r?union des premi?res statues antiques qui furent d?couvertes et plac?es, sous son pontificat, dans la cour du Belv?d?re. Le pontife encourageait la recherche de ces antiques, et les achetait, en r?compensant g?n?reusement ceux qui les avaient d?couvertes. Le groupe du Laocoon en est un c?l?bre exemple.

Le savant Fea rapporte un passage d'une lettre ?crite par Francesco di San-Gallo, fils de Giuliano, le c?l?bre architecte, de laquelle il r?sulte que Giuliano et Michel-Ange se trouv?rent pr?sents ? la fouille faite, en juin 1506, dans les Thermes de Titus, au moment o? fut retrouv? par hasard le groupe du Laocoon. Giuliano fut envoy? par ordre de Jules II pour reconna?tre cette d?couverte. Voici le passage de cette lettre:

<> Et il partit sur-le-champ. Et comme Michel-Ange Buonarotti se trouvait constamment ? la maison, parce que mon p?re l'avait fait venir et lui avait donn? ? faire le tombeau du pape, il voulut qu'il v?nt avec lui: je montai en croupe sur le cheval de mon p?re, et nous part?mes. Descendus l? o? ?taient les statues, mon p?re dit aussit?t: <> Il fit agrandir le trou, afin de pouvoir le tirer dehors, et, apr?s l'avoir examin?, nous retourn?mes d?ner.>>

Pline affirme que le groupe du Laocoon a ?t? ex?cut? dans un seul bloc de marbre par Agesander, Polydorus et Athenodorus, Rhodiens:

Jules II fit sur-le-champ l'acquisition de ce merveilleux monument de la statuaire antique, et, suivant Fea, on-seulement il le paya g?n?reusement, mais il donna en outre ? Felice de Fredis, le propri?taire de la vigne dans laquelle ce groupe avait ?t? retrouv?, un emploi lucratif ? la cour pontificale.

Ce chef-d'oeuvre de la sculpture antique ne fut pas le seul dont Jules II enrichit le Belv?d?re: il y fit placer ?galement l'Apollon, le Torse, l'Hercule, l'Ariane abandonn?e par Th?s?e, c?l?br?e sous le nom de Cl?op?tre par le Castiglione en beaux vers latins qu'il composa sous L?on X, l'Hercule Commode, Salustia Barbia Orbiana, femme d'Alexandre S?v?re, en V?nus, toutes statues des plus admirables et des plus pr?cieuses, et dont l'acquisition d?note chez le pontife un go?t d?cid? pour les belles choses.

Mais l'entreprise qui honore le plus ce grand pape,

<>

c'est la construction de Saint-Pierre.

Nicolas V avait song? ? r?parer la basilique du prince des ap?tres, et, dans ce but, il avait fait ?tudier un plan de cette restauration par l'architecte Bernardo Rossellini. Mais la mort l'emp?cha de donner suite ? ce projet, et on ne voit pas que ses successeurs aient eu l'intention de le reprendre. A l'av?nement de Jules II, l'ancienne basilique mena?ait ruine, et la n?cessit? de sa reconstruction ne pouvait ?tre mise en doute. Cependant, les cardinaux se montr?rent oppos?s ? la d?molition de la vieille ?glise; non qu'ils ne d?sirassent voir s'?lever une nouvelle basilique, construite sur un plan plus vaste et plus magnifique, mais parce qu'ils ne pouvaient, sans g?mir, se r?signer ? voir d?truire de fond en comble l'ancienne ?glise v?n?r?e dans toutes les parties de la terre, rendue auguste par les tombeaux de tant de saints et de martyrs, et c?l?bre par tant d'?v?nements remarquables qui s'?taient accomplis dans son enceinte.

Cependant Bramante ne cessait d'exciter le pontife ? attacher son nom ? un monument digne de la puissance de l'?glise et de sa propre grandeur. Le pape avait consult? Giuliano da San Gallo, en qui depuis longtemps il avait grande confiance. De son c?t?, Bramante avait r?solu de repousser tout projet petit et mesquin, de ne rien entreprendre qui ressembl?t ? ce qui ?tait alors connu, mais d'aborder une oeuvre ardue, p?rilleuse, qui fit un jour ? venir l'admiration de la post?rit?, en excitant un ?tonnement m?l? de terreur. Pour vaincre les derniers scrupules du pontife et le d?terminer ? approuver son projet, Bramante fit ex?cuter un plan en bois de la nouvelle basilique. Jules II, frapp? de la beaut? du plan, ordonna sur-le-champ de d?molir la moiti? de l'ancienne ?glise, afin qu'on p?t jeter les fondements du nouvel ?difice.

La premi?re pierre de la basilique actuelle fut pos?e par le pontife, le samedi 18 avril 1506, apr?s une messe solennelle, en pr?sence des cardinaux et d'un grand nombre de pr?lats.--<>

La vie litt?raire, ? cette ?poque, s'effor?ait de ramener les moeurs ? l'imitation de celles de l'ancienne Rome, du temps d'Auguste. Et de m?me qu'on trouve dans les pi?ces de vers adress?es par B?roalde et Sadolet aux courtisanes les plus en vogue de leur temps, des inspirations prises dans Horace, Tibulle et Properce, de m?me aussi l'on rencontre, dans les habitudes de la vie, des usages et des vices emprunt?s aux Romains contemporains de ces po?tes. Paul Jove nous en fournit la preuve dans une anecdote qui m?rite d'?tre rapport?e.

C'est probablement ? cette courtisane que le Castiglione adressa ces distiques, ? l'imitation d'Horace et de Properce:

Me miserum quisnam haec tam bella Labella momordit? Improbus et ver? rusticus ille fuit. Non aliter leporem canis, accipiter ve columbam Maudit: adue fluit in turgidulo ore cruor. Quid nectis, malesana, dolos? quid, perfida, juras? Lividam ab impresso agnosco ego dente notam. Atque utinam non ulteriora etiam malus ille Sumserit. Heu duras in amore vices!

Ainsi, dans ce si?cle, la beaut?, la forme, ?tait publiquement honor?e presque ? l'?gal de la vertu, et ? l'exemple des Ath?niens du temps de P?ricl?s, les Italiens du seizi?me si?cle assuraient ? la beaut?, m?me couverte de vices, les honneurs de l'immortalit?! En pr?sence de ces faits, attest?s de la mani?re la plus authentique, on doit moins s'?tonner de la licence de moeurs qui r?gnait alors dans tous les rangs de la soci?t?, et principalement dans les plus hautes classes.

Si le banquier Chigi, le protecteur de la belle Imperia, n'e?t fait servir son immense fortune qu'? satisfaire les caprices de cette courtisane, sa m?moire, aujourd'hui, serait ensevelie, comme celle de tant d'autres grands de ce monde, dans l'oubli le plus profond et le mieux m?rit?: mais son amour pour les arts, les g?n?reux encouragements qu'il leur accorda, l'amiti? qui l'attacha aux plus grands ma?tres de son temps ont fait surnager son nom sur l'oc?an des ?ges, et l'ont entour? d'une brillante aur?ole. Li? intimement avec le Castiglione qu'il avait connu ? la cour d'Urbin, il ne l'?tait pas moins avec Rapha?l; ? ce double titre, sa biographie m?rite d'?tre rapport?e avec d?veloppement. C'est ce que nous allons essayer de faire, en nous aidant des recherches les plus r?centes, publi?es ? Rome, et particuli?rement de celles du docte Fea, qui, comme biblioth?caire de l'illustre maison Chigi, eut pendant tr?s-longtemps ? sa disposition les titres et les documents particuliers ? cette famille, et toutes les richesses manuscrites et imprim?es de cette vaste collection rassembl?e depuis plusieurs si?cles.

Agostino Chigi est un de ces amateurs illustres que le go?t des arts et l'amiti? des grands artistes, non moins que le d?sir d'assurer sa fortune, paraissent avoir d?termin? ? venir se fixer ? Rome.

Sa fortune ?tait immense: il passait pour le marchand le plus riche qu'il y eut alors en Italie. Sigismond Tizio, son compatriote, dans une histoire manuscrite de Sienne, cit?e par Fea, dit qu'il poss?dait un revenu annuel de soixante-dix mille ducats d'or, somme ?norme pour cette ?poque, et qui constituerait encore aujourd'hui une fortune colossale. Heureusement pour les arts et pour la post?rit?, Chigi sut faire un noble emploi de cette fortune. Que resterait-il de sa m?moire, si, au lieu d'avoir appliqu? une partie de ses revenus ? encourager les grands artistes de son temps, en leur offrant les moyens de faire valoir leur g?nie, il e?t augment? ses richesses en accumulant ses ?conomies, ou dissip? ses revenus en d?penses d'un vain luxe? Son nom, depuis longtemps oubli?, serait pour jamais enseveli dans la nuit des temps: tandis que, gr?ce ? la protection ?clair?e qu'il sut accorder ? l'art, sa m?moire, associ?e aux noms immortels de Balthasar Peruzzi, de Sebastiano del Piombo et de Rapha?l, se perp?tuera d'?ge en ?ge, et vivra autant que la gloire de ces grands ma?tres. Remarquable exemple de la sup?riorit? de l'art sur la richesse!

<>

Cet acte prouve combien Agostino avait confiance dans les artistes, puisqu'il ne faisait pas de prix avec l'orf?vre Cesarino, mais d?clarait s'en rapporter ? l'estimation qui serait faite de son travail par des experts.

La villa, outre la loge ou portique, comprend encore une galerie d'?gale longueur, et dispos?e, par l'architecte de mani?re ? recevoir une s?rie de peintures dans divers compartiments de grandeur moyenne. Une seule fut ex?cut?e par Rapha?l: c'est celle qui repr?sente le triomphe de Galat?e. Cette composition, dans le go?t antique, rappelle, par les accessoires, les peintures et les mosa?ques ?chapp?es ? la destruction des barbares et du temps. La Galat?e est un mod?le inimitable de go?t et de beaut?.

Add to tbrJar First Page Next Page Prev Page

Back to top Use Dark Theme