Read Ebook: La fleur d'or by Gobineau Arthur Comte De
Font size: Background color: Text color: Add to tbrJar First Page Next PageEbook has 106 lines and 24330 words, and 3 pagesProduced by: Ren? Galluvot < LA FLEUR D'OR PAR Le Comte de GOBINEAU PARIS BERNARD GRASSET 61, RUE DES SAINTS-P?RES 1923 OUVRAGES DU M?ME AUTEUR Essai sur l'in?galit? des races humaines . Les Religions et les philosophies dans l'Asie centrale . Trois ans en Asie, 2 volumes . Histoire des Perses . Trait? des ?critures cun?iformes . Deux ?tudes sur la Gr?ce moderne . Histoire d'Ottar Jarl . La Troisi?me R?publique fran?aise et ce qu'elle vaut, ?tude. Voyage ? Terre-Neuve . Ternove, roman . Nouvelles asiatiques . Souvenirs de voyage, nouvelles . Les Pl??ades, roman . L'Abbaye de Typhaines, roman . Mademoiselle Irnois, nouvelle . Ad?la?de, nouvelle . Le Prisonnier chanceux ou les Aventures de Jean de la Tour-Miracle, roman . Nicolas Belavoir, roman . Scaramouche, nouvelle in?dite . Amadis, po?me . L'Aphroessa, po?mes . Les Adieux de Don Juan, po?me . Chronique rim?e de Jean Chouan, po?me . Alexandre le Mac?donien, trag?die . Correspondance Alexis de Tocqueville, Arthur de Gobineau . EXCEPTIONNELLEMENT IL A ?T? TIR? CINQ EXEMPLAIRES SUR PAPIER JAPON NUM?ROT?S DE A ? E ET QUARANTE EXEMPLAIRES SUR PAPIER HOLLANDE VAN GELDER NUM?ROT?S DE F ? AT. Tous droits de traduction, de reproduction et d'adaptation r?serv?s pour tous pays. Copyright by Bernard Grasset 1923. AVANT-PROPOS D. H. PREMI?RE PARTIE SAVONAROLE La terre habit?e par l'homme, l'homme au d?but ne l'a pas bien comprise. Il a contempl? les vastes mers, tant?t barri?res, tant?t grands chemins; il les a vues s?parer ou r?unir les nations r?pandues sur les plages des continents. D'abord ces vastes mers, il les a nomm?es st?riles; il s'est effray? de leurs temp?tes, de ces montagnes d'eaux ruisselantes que les vents ?l?vent, fouettent et font ?crouler dans une terrifiante agitation; le plus grand des po?tes, frapp? d'une terreur sacr?e, n'a-t-il pas racont? que rien de favorable p?t sortir de cette farouche turbulence. Mais, apr?s Hom?re d'autres lyres sont devenues mieux instruites; sous la col?re de Neptune, les caprices d'Amphitrite, les cruelles fantaisies des N?r?ides et les brusques transformations de Prot?e, elles ont chant? les opulences de l'Oc?an, ses cavernes de cristal incrust?es de perles, le corail v?g?tant autour de ses rochers, l'ambre flottant au milieu de ses glaces et, surtout, surtout, du sein de ses courants bleu?tres, de ses vagues transparentes, de son ?cume blanche, scintillante, ?paisse, floconneuse, les sages ont vu s'?lever l'apparition sans pareille de la triomphante Aphrodite. Plus tard, quand l'imagination se trouva trop fl?trie, trop vieille pour continuer le culte de ces jeunes images, ce qu'on appelle la science a reconnu pourtant que de si ?blouissants symboles manifestaient la v?rit? et, qu'en effet la mer sal?e, la mer saum?tre, la mer au liquide ?pais, charg? de substances multiples ?tait le d?positaire des germes de la vie et, tout au contraire de m?riter l'antique reproche de st?rilit?, d?passait grandement en activit? f?conde la surface verte de la plan?te. Pendant les dur?es interm?diaires de ces moments lumineux les jours, les flots des jours, les flots des faits se succ?dent, troubl?s, indistincts; c'est la mer st?rile, aurait dit encore l'Hom?ride. Mais, point; c'est la mer f?conde, remuant dans ses profondeurs, promenant sur ses surfaces les germes des choses futures et laissant flotter humblement, sur la face de ses eaux, cette v?g?tation entrelac?e, sans ?clat, mais constante, qui soul?ve, au milieu des feuillages touffus plaqu?s sur la nappe sombre, les fleurs d'or, les grandes merveilles de la vitalit? humaine. Ce sont des fleurs d'or, ces ?poques splendides o? l'on b?tit le Parth?non, le Capitole, les D?mes de Beauvais et d'Amiens, et o? l'Italie enti?re ?clate de vie, de couleurs bigarr?es, d'esprit, d'intelligence, de g?nie et de beaut?. Ce sont des fleurs d'or; elles nagent et s'?talent ?tincelantes sur la profondeur murmurante des jours qui les ont produites et de la masse de substance anim?e d'o? elles sont issues. Ce sont des fleurs d'or semblables ? ce lotus mystique de la sagesse indienne, qui, ?panoui tout palpitant sur la mer baratt?e par les g?nies c?lestes, porte au centre de ses p?tales un dieu assis, majestueux, contemplant le monde illumin? par la clart? jaillissant de son front. Mais tandis que de la sorte la fleur d'or est n?e des humidit?s sombres, des coh?rences visqueuses de la f?condit? latente, bien d'autres existences en sont sorties de m?me; celles-ci se tiennent ? son c?t?; se collent contre elle; rampent sur elles; s'amassent, s'accumulent, travaillent contre elle et parviennent ? la d?truire, absolument de la m?me fa?on que dans l'organisme mat?riel les vents, les temp?tes, les glaces, les volcans, les courants, les animaux voraces, insectes, vers, monstres minuscules s'attaquent aux continents, les mordent, les d?chirent et finissent par les ?parpiller. Les immenses fleurs sur le souvenir desquelles flottent encore comme des dieux brahmaniques, les fant?mes de P?ricl?s, de Virgile, de Dante, de Rapha?l, se sont fan?es apr?s avoir embaum? les airs de leurs parfums; elles ont disparu dans la dissolution de leurs ?l?ments; et, cependant: au sein de ce qui nous entoure, comme en nous-m?mes, se maintient une continuelle antith?se entre ce qui semble et ce qui est; c'est pourquoi la mort de toute chose, au lieu d'?tre la fin de cette chose, n'est rien que le commencement de son appropriation ? de nouveaux ?tats. C'est une loi in?vitable. Il en r?sulte la permanence de l'essence intelligente dans ce monde et la nature du r?le que cette essence y est venu jouer; c'est par elle que ce qui appara?t tient de ce qui fut, et que le pr?sent renferme ? la fois des parties appr?ciables du pass? et de l'avenir. Qu'on se transporte en imagination ? la fin de cette ?poque ? laquelle on a donn? le nom de si?cle de P?ricl?s. Euripide meurt; Phidias est mort, ses ?l?ves les plus chers sont morts; la grande p?riode est absolument termin?e. Rien n'est d?truit pourtant, tous les moyens existent pour amener de nouvelles cr?ations, sauf un seul; ?l?ment capital, il est vrai; avec la valeur, avec la saveur, le parfum, la marque particuli?re de l'?poque ?teinte, avec la structure qui lui ?tait propre et l'?me sp?ciale qui l'animait a disparu pour toujours, ce qu'on pourrait appeler le germe viril qu'elle a contenu et qui lui conf?rait l'individualit? de son ?tre; ce germe s'est dissous; il ne compte plus dans la somme des richesses du monde; il ne repara?tra jamais plus. Mais apr?s lui demeure la masse flottante de ce qu'on pourrait appeler les ?l?ments f?minins, dou?s d'une r?ceptivit? propre ? montrer un jour de nouvelles existences, quand une nouvelle cause plastique, fournie par une nouvelle race, aura r?veill? la f?condit? amortie. Ainsi, des d?tritus grecs, en suspension dans les profondeurs des esprits et que l'intelligence romaine vient toucher, ?merge le si?cle d'Auguste. Au sein de cette profusion ?nerv?e de l'antique beaut? hell?nique, la verdeur sauvage du sentiment italiote introduit des combinaisons et l'on voit surgir sous des formes et avec des tendances jusqu'alors inconnues, l'En?ide, les Odes, le livre de Lucr?ce, les com?dies de Plaute, les ?l?gies de Catulle, les temples, les riches constructions r?pandues sur les flancs du Palatin. Etait-ce mieux? Etait-ce aussi bien que les splendeurs regrett?es? C'?tait diff?rent. La beaut? parfaite n'?tait plus; mais la solidit? s'y trouvait avec le faste dominateur. Une impression de force toute particuli?re s'y rencontrait. Une t?nacit? dans les id?es, une correction dans les pens?es, une largeur dans les doctrines, une disposition ? g?n?raliser la conception du devoir; quelque chose de plus humain, mais de raide, de dur, de ferme, de despotique, de prosa?que apprenait aux g?n?rations d'alors et la r?alit? et la pr?cision; on ne sentait plus cette joie enfantine de la vie, cette ga?t? satisfaite du mouvement ne cherchant rien au-del? de ce qui brillait; ce n'?tait plus ce culte heureux de l'existence couronn?e des premi?res roses; on ne retrouvait pas, on avait perdu pour jamais quelque chose de divin, de c?leste, d'olympien qui, jadis, mouillait de son nectar les l?vres souriantes d'Anacr?on et d'Alc?e; d?sormais l'oreille endurcie entendait retentir l'altier commandement de Rome; l'air ?mu en vibrait; une correction rigoureuse voulait tout recouvrir d'un filet d'airain. Ce monde croyait pourtant imiter les Grecs. Il se trompait, mais il poussait et grandissait ? son tour et s'?levait, fleur superbe, comme l'autre fleur s'?tait jadis ?lev?e sur la surface des si?cles. Il ?tait rong?, comme elle l'avait ?t? par les ennemis irr?conciliables de la dur?e; il tomba et quittant les atomes immortels dont il avait ?t? compos?, il perdit son ?me et resta dissous jusqu'au jour o? la f?condation germanique fit pointer un nouveau bouton. De m?me que les Romains s'?taient cru des Grecs, de m?me les moines lettr?s, les ?v?ques savants, les professeurs de Paris, de Cologne, de Padoue, les architectes et les sculpteurs de Corbie, de Strasbourg, d'Assise se prirent pour des Romains. Le b?n?dictin d'Alsace, Gunther, en ?crivant pour Fr?d?ric II de Souabe son Ligurinus, s'estimait virgilien! On en ?tait bien ?loign?. Ce que les gens d?licats de Rome avaient appel? la v?nust?, n'e?t alors ?t? compris de personne. En revanche, jamais on ne contempla une plus vaste accumulation d'id?es. L'esprit ? la recherche de faits indiff?rents aux temps anciens n'avait pas le pouvoir d'exprimer avec ?l?gance ni m?me avec nettet? ce qu'il tirait de lui-m?me, ce qu'il ramassait d'ailleurs; il ?tait trop actif, trop press?; il voulait trop; il donnait, il prenait, il demandait; il ne se reposait pas; ? la fois, en m?me temps, tout d'un coup, il aspirait ? trop de conqu?tes et se perdait dans la poursuite des innombrables r?ves sortis de tous les coins de la plus prodigieuse imagination qui fut jamais. L'antiquit?, l'avidit? romaine s'?taient content?es d'agiter leurs destins dans un cercle g?ographique assez ?troit. Le moyen-?ge aspira ? conna?tre le globe entier comme ? scruter la nature de l'?me et Dieu dans leurs secrets les plus ferm?s. Ses veines satur?es de sang burgonde, gothique, frank, normand, lombard, palpitaient de tous les genres de convoitise, d'ambition, d'activit?. Il remuait, il allait, il venait, il voyageait, il fouillait, il ?coutait, il exprimait et se trouvait jet? aux antipodes de la majestueuse placidit? du monde grec, comme de l'orgueilleuse s?curit? des C?sars. Il se croyait romain, ai-je dit; je le r?p?te; il se croyait romain! Il s'imaginait ?tre rempli des inspirations de la muse latine et s'en donnait pour preuve son attache persistante ? l'ancien langage. Il se vantait aussi d'?tre l'?l?ve de la d?cadence byzantine; quant aux savants, aux ?crivains, aux artistes, aux politiques de Byzance, eux, ils se d?claraient grecs, parce que de leur c?t? ils reproduisaient tels sujets de la glyptique alexandrine; mais sans le vouloir et trop absorb?s dans leurs id?es pour s'apercevoir de leur impuissance ? imiter, ils faisaient passer le sujet charmant sous les formes s?ches, anatomiques dont les figurations aust?res de leurs saints ?taient rev?tues. Le moyen-?ge fut un grand inventeur. En politique, il imagina le droit personnel et l'?tablit en face des pr?rogatives du souverain. Il le voulut inviolable et nia, en principe, que le salut de l'Etat f?t la mesure de la s?curit? des sujets. Dans les arts, moins soucieux de l'ensemble que du d?tail, il chercha un id?al raffin?; il voulut empreindre, dans le marbre, dans la pierre, sur le parchemin des missels, l'expression des figures avec une pr?cision, avec une sorte d'exaltation de r?alit? dont ni Rome ni la Gr?ce n'avaient jamais, le moins du monde, ?prouv? le besoin. Ce qu'il atteignit est si merveilleux, si accompli que telle statue de cath?drale peut ?tre plac?e justement aussi haut que toute cr?ation de l'art antique dans son plus parfait d?veloppement. Ce qui surtout fit ?poque, ce fut la diffusion dans l'Europe enti?re d'une ?gale soif de voir, de cr?er, de p?n?trer, de transfigurer les choses suivant un mode sup?rieur ? la condition terrestre. Cette pr?occupation ne fut pas celle d'un homme, d'une ?cole, d'une ville, d'un lieu restreint; elle s'empara du continent. Quelquefois on s'aventura dans des voies diff?rentes, mais on y chercha les m?mes choses; en politique, les guildes et la Hanse germanique ne furent pas semblables aux communes de la Flandre, aux cit?s de la Provence et du Languedoc, aux bourgs des royaumes de l'Espagne; mais, partout, on voulut ?galement des droits, des franchises, des moyens de libert? et, par dessus le march?, avide, comme l'?tait chacun, de mettre en relief son individualit? partout, on voulut des privil?ges, cette notion si absolument ?trang?re au monde antique et, en effet, partout les privil?ges exist?rent pour tout le monde et m?me pour les l?preux. Dans l'architecture, les styles se distingu?rent les uns des autres parce que l'originalit? d?bordait; une cath?drale italienne n'emprunta gu?re ? la soeur d'au-del? du Rhin; mais le m?me cachet s'imprima pourtant sur toutes les variantes, parce que, nulle part, on ne resta ?tranger ? la passion de l'infini. Quant ? la litt?rature, arm?e, casqu?e, la lance au poing, impr?gn?e de l'esprit d'aventure, elle promena de Constantinople ? l'Islande les h?ros des po?mes chevaleresques, leur bravoure folle, leur passion d'ind?pendance, leur besoin de mouvement et ce temp?rament immod?r? qui composait ses personnages de tout ce que l'on concevait alors de plus brillant, de plus ?loquent, de plus intr?pide. Ce qu'il y eut encore de particulier dans cette floraison du moyen-?ge, c'est qu'aucune p?riode n'y absorbe une telle part de forces que l'on puisse affirmer: ? telle date fut le beau moment et s'?panouit la fleur par excellence. On doit faire cette observation pour les Grecs; il y eut chez eux soixante ann?es incomparables; on le peut chez les Romains; le grand ?clat dura un si?cle et quelque chose au del?; quant au moyen-?ge, d?s le d?but, il s'empara de ce qu'il avait ? faire et, plus fort sur un point, plus faible sur l'autre, il ne cessa plus, jusqu'? sa fin, de se mouvoir, de toucher ? tout, d'interroger, de questionner, de vouloir et de ne vouloir pas. Il y eut pour cela deux raisons. L'?l?ment germanique actif, viril, ?tait partout; ici plus abondant, l? moins, mari?, pond?r?, dirig? de mani?res diff?rentes; en somme, toujours le m?me; de plus, la religion pr?tait aux diff?rents centres d'activit? des maximes, des habitudes identiques. En face de chaque atelier intellectuel, ? Burgos comme ? Hambourg, ? Londres, ? Dublin comme ? Venise, comme ? Florence s'imposait le m?me cadre et une identit? absolue de sujets ? traiter. Ce qui fut sp?cial dans cette s?rie de tableaux, ce furent les couleurs. Les objets se plac?rent au midi et au nord sous des jours tr?s diff?rents. Add to tbrJar First Page Next Page |
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