Read Ebook: The little elves seeking the beautiful world by Warner Lucy Hamilton Bardwell George Willis Illustrator
Font size: Background color: Text color: Add to tbrJar First Page Next PageEbook has 256 lines and 10895 words, and 6 pagesMADAME ROSE PIERRE DE VILLERGL? NOUVELLES PAR AM?D?E ACHARD PARIS LIBRAIRIE DE L. HACHETTE ET Cie RUE PIERRE-SARRAZIN, N? 14 MADAME ROSE PIERRE DE VILLERGL? TYPOGRAPHIE DE CH. LAHURE ET Cie Imprimeurs du S?nat et de la Cour de Cassation rue de Vaugirard, 9 MADAME ROSE PREMI?RE PARTIE. Parmi les villages que les jeux de la fantaisie et de la sp?culation ont ?lev?s aux environs de Paris, il n'en est peut-?tre pas de plus joli et de plus frais que Maisons. La mode l'a un peu g?t? en multipliant les jardins et les cottages; mais elle n'a pu d?truire ni la beaut? de la Seine qui le c?toie, ni la majest? royale des avenues qui l'entourent. De longues all?es bord?es de grands arbres percent le parc dans toutes les directions, et laissent voir, derri?re un rideau tremblant de feuillage, des pavillons et des villas dans lesquels le luxe des propri?taires, gens de finance pour la plupart, a prodigu? mille recherches co?teuses; mais aux premiers souffles de la bise, les h?tes frileux de ces habitations coquettes disparaissent: on ne voit plus personne ? Maisons, si ce n'est dans le village, qu'un pli de terrain d?robe aux oisifs de l'?t?. Cependant une de ces villas ?tait encore habit?e vers la fin du mois de novembre 184.... Cette villa, situ?e en plein champ ? l'extr?mit? du parc et du c?t? de la Seine, se composait d'un seul corps de logis b?ti au milieu d'un jardin clos de haies vives. Tout blanc et perc? de fen?tres ? persiennes vertes, ce corps de logis ?tait ?lev? d'un ?tage sur rez-de-chauss?e. Il avait l'air propre et honn?te, et semblait destin? au logement de quelque bon rentier retenu ? Maisons par l'?nergie de ses go?ts champ?tres. Le jardin, plant? de l?gumes et d'arbres fruitiers assez mal venus, ?tait divis? en petits compartiments, dont le buis dessinait les contours anguleux. Une tonnelle, un banc de bois et quelques peupliers encore jeunes, en compl?taient la d?coration. Quel motif avait pu engager Georges de Francalin ? prolonger son s?jour ? Maisons bien au del? du moment o? chacun s'empresse de regagner Paris? C'est ce que personne ne savait. ?tait-ce pour ?chapper ? l'agitation fi?vreuse qui tourmentait alors la France enti?re? Avait-il ?t? ruin?, comme tant d'autres, ? la suite des ?v?nements de f?vrier! Cette retraite avait-elle pour cause un malheur domestique ou quelqu'une de ces infortunes printani?res qui font verser tant de larmes, et dont plus tard on se souvient en souriant? Jacob aurait peut-?tre pu le dire; mais Jacob, on le sait, ne parlait pas. Georges ?tait arriv? ? la Maison-Blanche vers la fin d'avril avec P?tronille, Jacob et Tambour. Trois ou quatre grandes caisses remplies de livres l'avaient suivi; il avait achet? un canot, un fusil, des vareuses, tout cet attirail de chasse et de p?che sans lequel les jours ? la campagne peuvent para?tre longs, m?me les jours d'hiver, et bient?t on avait vu s'?lever dans le b?cher une pile de bois propre ? braver les neiges de d?cembre et les pluies de janvier. On sait qu'? Paris un changement de domicile met dans les relations des barri?res plus infranchissables que n'en mettait jadis entre les Capulet et les Montaigu la haine h?r?ditaire de deux familles: en partant pour la campagne, Georges ?tait donc parti pour l'exil. Deux ou trois de ses amis se souvenaient seuls qu'il habitait Maisons. Il vivait avec Tambour et causait avec ses livres. Ses habitudes ?taient les plus r?guli?res du monde; il ne savait jamais la veille ce qu'il ferait le lendemain. Il se couchait tard ou t?t, selon le temps, un jour avec le soleil, et le jour d'apr?s avec la lune. S'il partait avec l'intention de lire dans quelque coin du bois, on le surprenait ramant sur la Seine avec l'ardeur inqui?te d'un contrebandier. Il d?jeunait tant?t chez lui, tant?t ? l'auberge, ce qui, pour le dire en passant, faisait le d?sespoir de P?tronille, oblig?e de l'attendre aupr?s d'une c?telette qui noircissait sur le gril. Personne n'?tait plus actif ou plus paresseux: il battait la campagne comme un chasseur, ou restait ?tendu dans l'herbe comme un lazzarone; mais presque toujours Tambour ?tait de la partie. Il faut dire cependant que Tambour, sauf les jours de chasse, avait des moeurs un peu bien vagabondes; il ne demeurait au logis que les jours de pluie et n'y rentrait qu'au moment des repas; il employait le reste du temps ? courir de tous c?t?s, poussant toutes les portes et s'occupant des affaires d'autrui avec une indiscr?tion qui ne redoutait ni les remontrances ni les rebuffades. Aussit?t qu'on voyait appara?tre quelque part un museau couleur orange, on s'?criait: < On ?tait alors, on le sait, vers la fin du mois de novembre; la campagne avait ces teintes p?les et voil?es qui plaisent quelquefois plus que les couleurs vives et l'?clat joyeux de l'?t?. Il n'y avait presque plus de feuilles aux arbres, si ce n'est aux ch?nes tout couronn?s de rameaux que les premiers froids avaient enduits de rouille. Le soleil se montrait ? peine. A toute minute, de grands vols de corbeaux traversaient le ciel gris et remplissaient l'espace de leurs cris sinistres. Georges ne rencontrait plus dans ses promenades que le pi?ton charg? de distribuer les lettres, et les p?cheurs avec lesquels il avait fait connaissance; mais cette solitude et l'?pret? de la saison les lui rendaient plus ch?res, et jamais peut-?tre il ne les avait faites ni si longues ni si fr?quentes. Un matin donc, Georges ?tait sorti d'assez bonne heure; il portait son fusil et traversa la prairie dans la direction de la Seine. La chasse est prohib?e en tout temps dans le parc et les d?pendances de Maisons; mais les chasseurs s'amusent quelquefois pendant l'hiver ? tirer les oiseaux de passage qui s'abattent parmi les joncs du rivage, ou qu'on surprend dans les criques form?es par le lit du fleuve. Telle n'?tait pas l'intention de Georges ce jour-l?; il avait un fusil, parce que ce fusil s'?tait trouv? sous sa main au moment de quitter la Maison-Blanche. Tambour avait regard? son ma?tre, et, comprenant au mouvement de ses yeux qu'on n'avait nul besoin de lui, il ?tait parti, la queue en l'air, ? la recherche d'un certain taureau noir auquel il avait d?clar? la guerre. Le taureau, qui ?tait jeune et de bonne mine, avait accept? le d?fi, et, en preux chevalier, il mettait autant d'empressement ? courir au-devant de Tambour que Tambour en mettait ? courir au-devant de ses cornes. Le taureau, ayant lev? son mufle, avait flair? le chien et ?tait parti au galop; les deux adversaires se rencontr?rent ? mi-chemin, et le combat s'engagea sur-le-champ dans la prairie. Georges laissa l'?pagneul aux prises avec le taureau, et atteignit bient?t les bords de la Seine. Deux corbeaux qui creusaient l'herbe ? coups de bec, cherchant leur p?ture, partirent ? sa vue; Georges les mit en joue et fit feu. Les deux corbeaux battirent de l'aile et s'enfonc?rent dans le ciel. < Une bande de corbeaux s'?leva du bord de la rivi?re au bruit de cette double d?tonation, et se mit ? voleter de tous c?t?s. Les uns passaient au-dessus de la t?te de Georges allant et venant, d'autres fuyaient ? tire-d'aile du c?t? de la for?t; quelques-uns, les plus hardis ou les plus jeunes, s'abattaient dans la prairie et couraient ?a et l?. M. de Francalin rechargea son fusil et se mit ? leur poursuite; mais les oiseaux vigilants s'?loignaient bient?t, et, quelle que f?t son activit? ? les tirer, il ne put en atteindre aucun. Le chasseur s'ent?ta, et, remarquant que les corbeaux traversaient le fleuve ? toute minute, il pensa qu'il serait peut-?tre plus heureux en canot. La ruse de M. de Francalin r?ussit. Bient?t un corbeau arriva lourdement et passa au-dessus du canot. Le chasseur ?paula et fit feu. Au premier coup, le corbeau s'enleva, au second, il pirouetta sur lui-m?me, effleura l'eau du bout de ses ailes noires, et alla tomber dans l'herbe ? quelques pas du rivage. < Comme il se mettait debout pour bien reconna?tre la place o? l'oiseau se d?battait, il entendit crier du c?t? d'Herblay. Il tourna la t?te et aper?ut un enfant qui venait de glisser dans la rivi?re et se tenait cramponn? au bout d'une corde qui pendait le long d'un bateau. Une petite fille pench?e sur le bord de ce bateau, s'effor?ait de retirer son camarade et appelait au secours de toutes ses forces. <> cria un homme dont la barque ?tait en aval du c?t? de la Frette. < Il n'?tait plus qu'? quelques brasses du bateau, lorsque les mains de l'enfant, engourdies par la fatigue et le froid, l?ch?rent prise. La petite fille se pencha brusquement en le voyant dispara?tre et passa par-dessus le bord. Le courant les prit tous deux et les emporta. Georges l?cha les rames, et, ?tant sa vareuse, se jeta dans la rivi?re. Tambour sauta apr?s lui. En quatre brass?es, le chasseur eut atteint la petite fille, que ses gros jupons de laine maintenaient ? la surface de l'eau. Il la saisit vigoureusement par le bras, et nageant d'une main, il la d?posa ? bord du bateau. < On ne voyait rien que la surface du fleuve, ?? et l? ray?e par un souffle de vent. < Un l?ger bouillonnement, qu'il aper?ut ? quelque distance au-dessus de l'eau, lui indiqua la place o? le petit gar?on avait sombr?. Il y poussa de toutes ses forces; mais d?j? Tambour l'avait devanc?, et, plongeant tout ? coup, il reparut bient?t, tenant dans sa gueule le pan d'une veste. Deux jambes inertes et deux bras sans mouvement pendaient aux deux c?t?s de son museau. Georges saisit l'enfant et le souleva hors du fleuve sans que Tambour voul?t l?cher prise, et tous deux arriv?rent sur le rivage, o? sauveurs et sauv?s trouv?rent la petite fille, qui pleurait ? chaudes larmes. < Georges ?tait fort embarrass? entre ces deux enfants, dont l'un sanglotait tandis que l'autre ne donnait aucun signe de vie. < Mais, tandis qu'il parlait, l'homme ? la barque aborda pr?s de lui, et sauta sur le sable. < Il souleva l'enfant que Georges frictionnait. < --Bien s?r, Canada? dit Georges. --Eh! oui. Tenez, le voil? qui souffle d?j?.... Ajoutez un rhume ? la peur, si vous voulez, et ce sera tout.>> Le p?cheur d?pouilla l'enfant de ses habits tout tremp?s d'eau, et l'enveloppa d'un caban de grosse laine. < Le fait est que M. de Francalin grelottait; l'eau dont ses v?tements ruisselaient ?tait glac?e, et le vent qui soufflait en rendait l'impression plus froide encore. Il ne r?pondit pas, et se mit ? marcher fort vite. Quant ? Tambour, ? qui sa conscience de chien rendait un bon t?moignage, il courait en avant avec force gambades, et fourrait son museau curieux dans tous les buissons. Au bout d'une centaine de pas, la petite fille s'arr?ta court: < Un groupe de femmes et d'enfants au-devant desquels courait une paysanne en jupon rouge parut au milieu du chemin. Toutes les femmes parlaient ? la fois; seule, celle qui marchait la premi?re ?tait muette. Les enfants faisaient grand bruit. < La Thibaude l'?carta de la main et sauta sur le petit gar?on comme une louve. < --Eh! oui, r?pondit Canada, et il n'en est pas mort!>> La Thibaude n'avait d'yeux que pour le petit gar?on, et le retournait dans tous les sens. La violence des baisers maternels et la chaleur du gros caban avaient rendu la vie ? l'enfant: il ouvrit les yeux et se mit ? pleurer. Sa m?re, qui ?tait toute blanche comme un linceul, devint rouge comme son jupon; elle le coucha brusquement sur ses genoux, et du revers de sa main lui appliqua une demi-douzaine de tapes vigoureuses qui sonnaient sur les chairs nues. < Le petit Jacques ne pleurait plus, il criait. < --Eh! pardine! elle jouait, r?pondit Canada.... Est-ce que vous voulez emp?cher des enfants de jouer, ? pr?sent?... ?a court apr?s les morceaux de bois qui descendent la rivi?re, ?a veut p?cher ? la ligne avec des b?tons, c'est jeune, c'est ?tourdi, et ?a roule dans l'eau.... ?a m'est arriv? dix fois.... Add to tbrJar First Page Next Page |
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