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Munafa ebook

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Read Ebook: L'impudente by Deberly Henri

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Ebook has 976 lines and 54954 words, and 20 pages

HENRI DEBERLY

L'IMPUDENTE

deuxi?me ?dition

PARIS ?DITIONS DE LA NOUVELLE REVUE FRAN?AISE 3, rue de Grenelle

TOUS DROITS DE REPRODUCTION ET DE TRADUCTION R?SERV?S POUR TOUS LES PAYS Y COMPRIS LA RUSSIE. COPYRIGHT BY LIBRAIRIE GALLIMARD. 1923.

A JACQUES RIVI?RE son reconnaissant

H. D.

--Sans doute, Mademoiselle Dimbre?

--Elle-m?me, Monsieur.

--Je suis Georges Elp?mor, Mademoiselle... Vous avez, je pense, d'autres bagages que ces deux valises?

--Oui, Monsieur, j'ai une troisi?me valise et une petite malle.

--On viendra les chercher demain matin. Le paysan aujourd'hui avait ? faire. Voulez-vous m'accompagner, Mademoiselle?

Un tonneau attendait devant la gare. Elp?mor gratifia de menue monnaie le nonchalant commissionnaire adoss? au mur qui tenait la bride sous son bras et aida la jeune fille ? s'installer.

--Nous en avons pour une demi-heure, annon?a-t-il. Je d?teste aller vite quand il fait beau. D'ailleurs, la promenade n'est pas d?plaisante!

Mlle Dimbre inclina distraitement la t?te. L'?quilibre de ses sacs la pr?occupait. Quand Georges fut mont?, elle saisit les r?nes et contint l'impatience du petit cheval, tandis que son compagnon, debout pr?s d'elle, achevait de disposer le l?ger bagage.

Il faisait encore chaud, mais l'apr?s-midi touchait ? sa fin et le soleil d?j? n'?tait plus une g?ne. Le poney partit d'un bon pas. Elp?mor le laissait user sa fougue, ?coutant avec politesse la jeune fille qui lui racontait son voyage, ? demi tourn?e. Elle parlait pos?ment, sans aucun geste, en personne d?tach?e d'un r?cit banal, cependant poursuivi, faute de mieux. A Marseille, retard?e par des achats, il s'en ?tait fallu de peu qu'elle manqu?t son train.

--C'e?t ?t? stupide! conclut-elle, sans m?me une allusion au vain d?rangement que sa n?gligence aurait pu imposer ? Georges.

Puis elle se tut. L?g?rement accoud?e, le menton sur sa main gant?e de gris sombre, elle regardait filer les troncs des platanes, peu curieuse en apparence de cette jolie ville o? elle venait cependant pour la premi?re fois.

--Et la guerre, Mademoiselle? Que pense-t-on de la guerre, ? Paris?

--Beaucoup de mal, Monsieur, quand il tombe des bombes.

--Et lorsque les gothas se tiennent tranquilles?

--Alors, c'est comme toujours: on n'y pense pas!...

Son sourire excusait cette indiff?rence.

--Moi, je n'y ai personne. Et vous, Monsieur?

--Je n'y ai eu que moi-m?me, r?pondit Georges, mais j'en ai fait plus que ma part pendant deux ann?es...

Il leva son bras gauche.

--Voyez! dit-il.

La main, labour?e d'une cicatrice, se fermait difficilement et semblait sans force.

--Vous avez ?t? bless??

--Oui, par une balle... Celui qui l'a tir?e m'a rendu service! Je me tiendrai jusqu'? ma mort pour son oblig?.

Il avait baiss? la t?te en disant ces mots et sa voix tremblait de passion. Apr?s un court silence, il ajouta:

--La guerre est d?testable et elle est partout. Dans ma propre maison, Mademoiselle, entre ma femme et moi, la guerre existe. Rien ne donne ? pr?sumer qu'elle touche ? sa fin. Notre Alsace-Lorraine a huit ans et elle s'appelle Claude!

--Je sais, dit la jeune fille d'un air entendu.

--Ah! vous ?tes au courant? Allons, tant mieux.

Le tonneau, sorti d'Aix, roulait ? petit bruit sur la route poudreuse et le cheval soufflait dans la premi?re c?te. Elp?mor d?signa, du bout de son fouet, le paysage ?tendu derri?re lui.

--C'est joli, tout cela! murmura-t-il.

Puis, revenant ? son id?e sans nulle transition:

--Vous, Mademoiselle, je vous ai mand?e comme renfort. Si vous passez du c?t? de ma femme, je vous pr?viens d'avance que j'abandonne tout!

--Vous n'?tes pas opini?tre, Monsieur, dit en se retournant Mlle Dimbre.

--Il se peut! Et surtout je ne suis plus joueur. Loin de stimuler mon amour-propre, une partie qui se dessine contre moi ne m'int?resse plus.

--Je t?cherai de vous gagner celle-ci. Mais encore faudra-t-il que vous m'y aidiez!

Appuy?e de l'?paule au porte-guides, elle se pr?sentait presque de face au regard de Georges et il la vit alors pour la premi?re fois.

Rien n'?tait plus orgueilleux que cette belle figure. Les yeux, tabac d'Espagne, bord?s de cils noirs, la bouche bien dessin?e, peut-?tre un peu grande, mais d'une expression majestueuse et d'une couleur vive, animaient la froideur d'une chair de lait sous l'or d'une chevelure de princesse danoise. L'oreille ?tait charnue, le col flexible, et tout le corps, sans doute, d'une charpente l?g?re, ? en juger par la souplesse du buste ?lanc?. Le regard surprenait par son ?nergie, l'attitude sans nonchalance accusait la force. L'ensemble, harmonieux, avec, dans sa noblesse et son ?quilibre, quelque chose de la gr?ce farouche d'une panth?re, paraissait susceptible des m?mes d?tentes.

Pos?ment, de sa voix grave, la jeune fille exigeait pour r?ussir un abandon total du futur ?l?ve. Elle entendait gouverner sans les parents. Leurs influences ne pouvant que se contrarier, il importait qu'elle se sent?t affranchie des deux.

--Si je devais ?tre discut?e, si surtout je devais voir mon action contrainte, j'aimerais mieux, Monsieur, ne rien entreprendre.

--Vous serez libre, Mademoiselle, promit Elp?mor. Pour moi, je m'y engage, et je compte seul!

Elle le remercia d'un sourire et, d?tournant la t?te presqu'aussit?t, sembla s'int?resser au paysage.

La voiture arrivait au haut d'une c?te. Devant elle, se pr?sentait une longue descente droite, unie, plut?t rapide, assez encaiss?e. A cinq cents m?tres, un pont enjambait la route; un village ensuite s'?tendait.

--Luynes! dit Elp?mor.

Il d?signa sur la droite un fort bouquet d'arbres.

--Et par ici la Cagne, ajouta-t-il... Nous serons arriv?s dans trois minutes.

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