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Munafa ebook

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Read Ebook: Les Sources by Gratry Alphonse

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Ebook has 789 lines and 54869 words, and 16 pages

deux mouvements voulez-vous appartenir? Auquel des deux voulez-vous donner toutes vos forces? Il faut choisir. Il faut vaincre ce mouvement faux qu'on nomme le si?cle, le mauvais si?cle, qui est la r?sultante de tous les ?go?smes, de toutes les sensualit?s, de tous les aveuglements et de tous les orgueils du temps: mouvement coupable, qui croise et retarde le mouvement vrai du genre humain.

LE SOIR ET LE REPOS

Tout n'est pas dit sur ces heures de la matin?e qui doivent vous apporter, comme fruit secondaire, le don d'?crire; qui ouvrent les sources de l'?me et la pens?e originale; qui font travailler en nous la raison plus que des ann?es de lecture; qui mettent en mouvement l'homme entier; qui clarifient l'esprit et m?me le corps. Je n'ai pas dit encore tous les moyens de donner ? ces heures toute leur f?condit?, ni de vous faire arriver au grand but, vous, disciple de la justice et de la v?rit?, qui voulez avoir Dieu pour ma?tre.

Vous avez d?j? bien compris que ce travail d'?crire est en grande partie une pri?re. Je vous parlerai, en effet, tout ? l'heure, de la pri?re proprement dite, qui est le grand moyen de donner ? ces heures et ? la vie enti?re toute leur f?condit?. Mais, avant cela, voici un moyen que je vous recommande pour doubler votre temps.

Voulez-vous doubler votre temps? Faites travailler votre sommeil.--Je m'explique.

Posez-vous des questions le soir; bien souvent vous les trouverez r?solues au r?veil.

Quand un germe est pos? dans l'esprit et le coeur, ce germe se d?veloppe non seulement par nos travaux, nos pens?es, nos efforts, mais par une sorte de fermentation sourde, qui se poursuit en nous sans nous. C'est ce que l'?vangile fait entendre quand il dit: <> Ainsi de notre ?me, elle fructifie d'elle-m?me.

Que font les ?coliers pour bien apprendre leur le?on? Ils la regardent le soir, avant de s'endormir, et ils la savent le lendemain matin.

Que font les religieux pour bien m?diter le matin? Ils pr?parent leur m?ditation la veille, apr?s la pri?re du soir, et ils la trouvent toute vivante au r?veil dans leur esprit et dans leur coeur. Rien de plus connu.

Laplace, l'illustre math?maticien, nous apprend, dans un de ses ouvrages, que souvent il posait le soir des probl?mes par le travail et la m?ditation, et que le matin au r?veil, il les trouvait r?solus.

Voil? le fait. Le sommeil travaille. Il faut donc le faire travailler en lui pr?parant son travail le soir.

L'emploi du soir! le respect du soir! Quelle grave question pratique!

Nous venons de parler de ce qu'on peut appeler la cons?cration du matin. Parlons de la cons?cration du soir.

C'est ici ou jamais qu'il faut savoir rompre avec nos habitudes pr?sentes. Je nie que les esprits puissent grandir avec l'organisation actuelle du soir.

Quand toute journ?e finit par le plaisir, sachez que toute journ?e est vide. Je ne parle pas de ceux qui, chaque soir, brisent toute leur force et leur dignit? d'homme par une orgie. Je parle de ceux qui, comme presque tous aujourd'hui, cessent toute vie s?rieuse ? un moment donn?, pour l'interrompre pendant au moins douze heures ou quatorze heures. Que devient ce temps? Qu'est-ce que nos conversations du soir, nos r?unions, nos jeux, nos visites, nos spectacles? Il y a l? comme un emporte-pi?ce de quatorze heures sur la vie v?ritable. C'est du repos, dira-t-on. Je le nie. Ce qui dissipe ne repose pas. Le corps, l'esprit, le coeur, ?puis?s, dissip?s hors d'eux-m?mes, se pr?cipitent apr?s une soir?e vaine, dans un lourd et st?rile sommeil, qui ne repose rien, parce que la vie trop dispers?e, n'a plus ni le temps ni la force de se retremper dans ses sources. Dans quel ?tat sort-on d'un tel sommeil?

Certes, il faut du repos; et nous manquons aujourd'hui de repos bien plus encore que de travail.

Le repos est le fr?re du silence. Nous manquons de repos comme de silence.

Nous sommes st?riles faute de repos plus encore que faute de travail.

Qu'est-ce donc que le repos? Le repos, c'est la vie se recueillant et se retrempant dans ses sources.

Le repos pour le corps, c'est le sommeil: ce qui s'y passe, Dieu le sait. Le repos pour l'esprit et pour l'?me, c'est la pri?re. La pri?re, c'est la vie de l'?me, la vie intellectuelle et cordiale, se recueillant et se retrempant dans sa source, qui est Dieu.

La vie devrait se composer de travail et de repos, comme la suite du temps de cette terre se compose de jour et de nuit.

Nous donc aujourd'hui, nous travaillons encore un peu, mais nous ne nous reposons plus. Apr?s l'agitation du travail, vient l'agitation du plaisir, et apr?s l'une et l'autre, la prostration et l'affaissement.

O? est pour nous le repos du soir, le repos sacr? du dimanche, celui des f?tes, et ces plus longs repos encore qu'ordonnait la loi de Mo?se?

Le repos, moral et intellectuel, est un temps de communion avec Dieu et avec les ?mes, et de joie dans cette communion. Or, il est bien visible que nous n'avons conserv? du repos que des figures vides dans nos coutumes et nos plaisirs du soir.

Je ne connais qu'un seul moyen de vrai repos dont nous ayons, quelque peu, conserv? l'usage, ou plut?t l'abus, dans l'emploi du soir: c'est la musique. Rien ne porte aussi puissamment au vrai repos que la musique v?ritable. Le rythme musical r?gularise en nous le mouvement, et op?re, pour l'esprit et le coeur, m?me pour le corps, ce qu'op?re pour le corps le sommeil, qui r?tablit, dans sa pl?nitude et son calme, le rythme des battements du coeur, de la circulation du sang et des soul?vements de la poitrine. La vraie musique est soeur de la pri?re comme de la po?sie. Son influence recueillie, en ramenant vers la source, rend aussit?t ? l'?me la s?ve des sentiments, des lumi?res, des ?lans. Comme la pri?re et comme la po?sie, avec lesquelles elle se confond, elle ram?ne vers le ciel, lieu du repos. Mais nous, nous avons trouv? le moyen d'?ter presque toujours ? la musique son caract?re sacr?, son sens cordial et intellectuel, pour en faire un exercice d'adresse, un prodige de v?locit? et un brillant tapage qui ne repose pas m?me les nerfs, loin de reposer l'?me.

Vous donc qui voulez faire parler le silence et travailler le sommeil, rendez utile aussi votre repos. Faites en sorte que l'interruption du travail soit vraiment le repos. Consacrez vos soir?es. Allez ? la r?alit? des vaines et vides figures qu'ont conserv?es nos habitudes. Que le repos du soir soit un commerce d'esprit et d'?me, un effort commun vers le vrai par quelque facile ?tude des sciences, vers le beau par les arts, vers l'amour de Dieu et des hommes par la pri?re; donnez des germes de lumi?re, et de saintes ?motions au sommeil qui va survenir et o? Dieu m?me les cultivera dans l'?me de son fils endormi.

Une vie bien ordonn?e consacrerait ainsi le soir. Elle consacrerait aussi la fin de chaque p?riode de sept jours, par un repos sacr? et par un jour de communion des ?mes en Dieu. Une vie bien ordonn?e consacrerait ainsi la fin de chaque ann?e par un repos r?parateur qui doublerait la s?ve et la f?condit? du travail de l'ann?e suivante.

Mais ces beaut?s du soir de la vie ne sont que des illusions pour la plupart des hommes; pour presque tous, la r?alit? est bien autre. La vie enti?re ne peut finir dans l'harmonie sacr?e, dans le saint et f?cond repos, plein de germes que doit d?velopper la mort pour le monde d'en haut, que si chacune de nos ann?es et chacun de nos jours ont su finir par le repos sacr?: car l'automne de la vie ne recueille que ce que chaque jour a sem?!

CHAPITRE IV

LA PRI?RE

J'ose esp?rer que vous ne trouverez pas ces conseils inutiles aux progr?s de la Logique vivante, c'est-?-dire au d?veloppement du Verbe en vous. Je les crois plus utiles, en Logique proprement dite, que l'?tude des formes du syllogisme, ?tude que je ne m?prise point, vous le savez. Je vous donne les moyens pratiques de d?velopper en vous la vraie lumi?re de la raison. Si vous les employez, si vous pr?parez vos journ?es par la cons?cration du soir, votre sommeil lui-m?me travaillera. Vous vous r?veillerez plein de s?ve, plein d'id?es implicites, d'harmonies sourdes. Si, pour ?couter cette fermentation int?rieure de la vie, cette voix du Verbe au fond de l'?me, vous savez ?tablir le silence en vous, le silence vrai, ext?rieur et int?rieur: si, pour ne pas se borner ? de vagues auditions de ces murmures lointains, qui cesseraient bient?t par la moindre paresse, vous y correspondez par le travail; si vous cherchez ? en fixer les pr?cisions et les d?tails par la pens?e articul?e et incarn?e dans l'?criture, soyez certains qu'apr?s bien peu de jours d'un tel effort, vous en verrez les fruits. Et lorsque, apr?s votre travail, vous prendrez un jour de repos, et, apr?s une journ?e, quelques semaines,--si c'est le vrai repos, non son contraire,--vous verrez que votre repos continuera votre travail, et que vous pourrez dire de votre esprit ce qu'on dit de la terre:

Nec nulla interea est inaratae gratia terrae.

Cependant je n'ai pas tout dit, et il me reste ? vous donner le plus important des conseils. J'ai nomm? la pri?re, mais n'en ai pas encore parl? directement, quoique indirectement je n'aie gu?re cess? d'en parler.

Je vous le demande, priez-vous? Si vous ne priez pas, qu'?tes-vous? ?tes-vous ath?e ou panth?iste? Alors ce n'est pas ? vous que je parle en ce moment. Je parle ? l'homme qui, ayant reconnu, d?s ses premiers pas en ce monde, le c?t? vain de la vie, cherche son c?t? vrai, savoir: l'amour de la justice et la vue de la v?rit?. Cet homme-l? croit en Dieu. Et pour peu que cet homme sache la valeur des mots, il sait que Dieu est l'amour infini, la sagesse, la vie infinie, libre, intelligente, personnelle, en qui nous sommes, en qui nous nous mouvons, en qui nous respirons.

Or, la pri?re est la respiration de l'?me en Dieu. L'?me prie longtemps sans le savoir. L'?me des enfants, dans leurs ann?es pures, prie et contemple, sans r?fl?chir, avec la force et la grandeur de la simplicit?. Mais, apr?s ces ann?es passives, viennent les ann?es actives et libres. La pri?re libre, avec conscience d'elle-m?me, formera l'homme en vous et d?veloppera en vous, ? l'image de Dieu, la personnalit? qui est implicite et latente dans l'enfant.

Je ne vous prouverai pas ici plus amplement qu'il faut prier. Je ne vous y exhorterai m?me pas. Je vous en donnerai les moyens.

Or voici, pour ?viter les distractions dans la m?ditation, le conseil donn? r?cemment ? l'assembl?e du clerg? d'un dioc?se de France.

<>

?crivez lentement, parlez ? Dieu que vous savez pr?sent: ?crivez ce que vous lui dites; priez-le de vous inspirer, de vous dicter ses volont?s, de vous mouvoir de ces mouvements int?rieurs, purs, d?licats et simples, qui sont sa voix, et qui sont infaillibles. En effet, s'il vous dit: <> cela peut-il ?tre trompeur? S'il vous dit: <> direz-vous que ces r?v?lations ne sont pas infaillibles? Et si, dans le m?me temps, l'amour ?nergique de ces v?rit?s manifestes vous est comme inspir? au coeur par je ne sais quelle touche divine qui saisit et qui fixe, direz-vous que la source de ces forces ardentes et lumineuses n'est pas Dieu? Et si, sans rien ajouter d'arbitraire et d'inutile ? ces impressions fortes et ? ces lumi?res simples, vous les ?crivez toutes br?lantes, pensez-vous que vous n'en serez pas doublement saisi, et que la distraction et le sommeil interviendront dans cette m?ditation? Quelqu'un disait,--c'?tait une femme:--<>

Essayez, et j'esp?re que plus d'une fois vous cesserez d'?crire pour tomber ? genoux et pour verser des larmes.

Plus d'une fois, sous la touche de Dieu,--vous savez qu'il est vrai de le dire: Dieu nous touche,--plus d'une fois votre ?me, recueillie par le grand et divin saisissement de ce rare et puissant contact, votre ?me op?rera d'elle-m?me cet acte prodigieux que Bossuet nomme le plus grand acte de la vie, et qu'il faut que je vous fasse conna?tre.

Voici donc l'acte le plus profond, le plus sublime et le plus important que l'?me humaine puisse op?rer, et dont Bossuet, d'accord avec l'?glise catholique et la plus savante th?ologie, vous parle ainsi:

<

<>

<>

<>

<

<>

Vous le voyez, je vous m?ne en Th?ologie mystique ? propos de logique: mais tout se touche. La Logique vivante, qui est le d?veloppement du Verbe en vous, c'est-?-dire de votre esprit ou verbe humain par son union ? l'esprit et au Verbe de Dieu, la Logique r?elle et vivante, a certainement pour source principale la pri?re, la pri?re substantielle telle que Bossuet vient de nous la d?crire.

Ajoutons un mot sur l'autre pri?re, celle dont quelques-uns se d?go?tent, parce que ce sont, disent-ils, toujours les m?mes paroles, qu'? la fin l'habitude nous emp?che de voir et d'entendre.

Le fond de cette pri?re quotidienne, c'est l'Oraison dominicale: <>, et le reste. Cette pri?re que notre m?re, dans notre premi?re enfance, nous a fait dire sur ses genoux et en joignant elle-m?me nos mains, est celle qui a ?t? dict?e, mot pour mot, par le Christ, le ma?tre des hommes. Cette pri?re, me f?t-elle inintelligible, je veux, ? tous les titres, et vous voulez comme moi la r?p?ter, tous les jours de la vie, matin et soir, jusqu'? la mort. Du reste, lorsque votre esprit s'est ouvert et a regard? le monde et son histoire, vous avez d? comprendre le sens visiblement divin de ces paroles. Elles sont la pri?re essentielle de l'humanit? sur la terre: <> ?videmment, cela m?me est la substance de la pri?re, telle que Dieu doit n?cessairement la dicter ? tout coeur qu'il inspire.

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