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Munafa ebook

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Read Ebook: Partant pour la Syrie by Mazi Re Pierre La

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Ebook has 1050 lines and 42465 words, and 21 pages

Produced by: Laurent Vogel )

PIERRE LA MAZI?RE

Partant pour la Syrie

LITT?RATURE ET ART FRAN?AIS LIBRAIRIE BAUDINI?RE PARIS --23, Rue du Caire, 23--PARIS

DU M?ME AUTEUR:

L'H?pital flottant . Les Amants de P?n?lope . J'aurai un bel Enterrement!... . L'Aventure Thermale ou la Cure interrompue . Mireille des Trois Raisins .

EN PR?PARATION:

L'Inexorable . V?nus cr?anci?re . Les Derni?res Modes de l'Amour . Isra?l sur la Terre des Anc?tres.

IL A ?T? TIR? DE CET OUVRAGE

CES EXEMPLAIRES ONT ?T? PARAPH?S PAR L'AUTEUR.

CE TIRAGE CONSTITUE L'?DITION ORIGINALE.

La location de ce livre est interdite jusqu'au 1er janv. 1928, sauf accord sp?cial avec l'?diteur.

Tous droits de reproduction, de traduction et d'adaptation r?serv?s pour tous pays, m?me l'U.R.S.S.

Copyright by Librairie Baudini?re, Paris, 1926.

Partant pour la Syrie...

Dans la semaine qui pr?c?da mon d?part pour la Syrie, je rencontrai maints amis ? qui j'annon?ai le voyage que j'allais entreprendre. Presque tous me chant?rent les deux premiers vers de la Romance de la reine Hortense. Un ?rudit me donna m?me le plaisir d'entendre, pour la premi?re fois, le couplet tout entier.

J'admirai que chacun par?t si renseign? sur ce pays. Et j'?tais fort confus de le conna?tre si peu lorsque, ayant pouss? mes interlocuteurs, non certes pour les ?prouver, mais dans le dessein de m'instruire, je discernai que leur documentation tenait dans un couplet, un fragment de couplet, que leur savoir commen?ait par une chanson et finissait avec elle.

Du coup, je me trouvai beaucoup moins honteux de mon ignorance et je partis d'un coeur l?ger ? la conqu?te d'une science qui faisait autant d?faut ? mes compatriotes qu'? moi-m?me.

Pour eux, comme pour moi alors, comme pour les quatre cinqui?mes des Fran?ais, la Syrie est un pays situ? quelque part, dans le monde..., un pays o? nous nous sommes install?s apr?s la guerre, et qui n'est ni une colonie, ni un protectorat, o? nous nous d?battons au milieu de tr?s graves difficult?s, o?, enfin, des soldats fran?ais sont morts on ne sait trop comment ni pourquoi.

C'est tout... C'est peu.

Comment! Voil? six ans que nous avons accept? d'exercer un mandat sur la Syrie, six ans que nous envoyons dans ce pays Hauts Commissaires, administrateurs, fonctionnaires de tous ordres, g?n?raux, officiers et soldats; que, si pauvres, nous y d?pensons des sommes ?normes et personne, ou presque, ne le conna?t, ne sait exactement o? il est situ?, ce qui s'y passe, ce que nous y faisons, ce que nous esp?rons y faire... et l'une des plus grandes administrations fran?aises ignore encore qu'il fut d?tach? de l'ancien Empire ottoman.

Beyrouth, Turquie d'Asie!

Pour que notre curiosit? soit ?veill?e, pour que nous nous souciions de cette terre lointaine, il faut qu'une catastrophe s'y produise, qu'un g?n?ral y inscrive une d?faite sur nos drapeaux, que des enfants de chez nous y soient massacr?s.

Alors, on s'?meut. Les feuilles publient quelques d?p?ches, quelques articles. Un d?bat d?sordonn? s'ouvre devant le parlement. Puis les esprits se calment. Et nul ne songe plus ? la Syrie.

Pourtant, au fond du bassin de la M?diterran?e orientale, au-del? d'une longue c?te d?coup?e, battue des flots, jalonn?e de villes et de vestiges de cit?s qui, jadis, brill?rent d'un ?clat incomparable, s'?tend une r?gion faisant pour nous l'objet d'une entreprise qui, si nous avions ?t? heureux et habiles, e?t pu nous valoir de consid?rables avantages et dans laquelle, si nous continuons ? accumuler les erreurs et les fautes, nous risquons de perdre une partie de notre prestige d?j? si entam?.

Territoires immenses, plus riches de souvenirs historiques, de souvenirs religieux et de l?gendes que tous autres au monde; territoires offrant les plus belles possibilit?s au commerce, ? l'industrie, ? l'agriculture, ? l'?levage, mais pr?sentement ruin?s, boulevers?s par la guerre, ses suites, la r?volte, la r?pression, et dont les habitants, appartenant ? dix races, ? trente confessions, se d?chirent entre eux, chaos v?ritable, telle appara?t cette Syrie sur laquelle nous nous sommes engag?s ? faire r?gner le calme, l'ordre, la prosp?rit? et o?, jusqu'ici, nous n'avons rencontr? que d?boires.

Pourquoi?

Oh! sans doute parce que nous y avons employ? de mauvaises m?thodes et envoy? des hommes qui, tous, n'?taient ni comp?tents, ni pr?par?s ? la t?che qu'on leur confiait.

Mais pour d'autres raisons encore: sur cette terre ? la fois b?nie et maudite, o? se croisent toutes les routes d'Europe et d'Afrique vers l'Asie, o? naquirent et p?rirent tant de civilisations, que d?sol?rent tant d'invasions, l'homme, plus que partout ailleurs, est loup pour l'homme.

Divis?s jusqu'? l'infini en petits groupes ennemis, les Syriens, de confessions chr?tienne, musulmane, druse, d'origines arabe, turque, arm?nienne, grecque, kurde, tcherkesse, font tous preuve du particularisme le plus ?troit, le plus enfantin, r?vent tous d'asservir, sinon de d?truire, ceux du groupe voisin.

Chacun r?clame, exige un statut sp?cial qui lui assurera des privil?ges que, d'ailleurs, rien ne justifie; nul ne veut se soumettre ? une r?gle g?n?rale, ? une loi qui, pour ?tre efficace et bienfaisante, doit ?tre ?gale pour tous.

Pr?tend-on contraindre l'indig?ne ? la subir? Il crie ? la pers?cution. Et ses clameurs sont si per?antes que le monde entier les entend.

Pour paradoxal que cela puisse para?tre, il se compla?t dans ce r?le d'?ternel m?content, d'?ternel protestataire. Il ne d?sire rien tant que la prolongation d'une incertitude, d'une instabilit? politique qu'il s'ing?nie ? entretenir en sollicitant avec force aujourd'hui tel statut qui, lui ?tant accord?, n'a plus aucune valeur ? ses yeux, puisqu'il exige sans d?lai le retour ? l'?tat de choses ancien contre lequel, demain, il recommencera de protester!...

La Syrie n'est-elle pas le pays o? les dieux eux-m?mes furent le plus ?prement discut?s?

Au surplus, n'est-elle pas rest?e l'objet de convoitise qu'elle fut au cours des si?cles, et nos ennemis, peut-?tre surtout nos alli?s, ne nous ont-ils pas vus, avec un amer regret, nous y installer?...

T?moins des difficult?s qu'? chaque pas nous y rencontrions, ils n'ont rien fait pour nous aider ? les surmonter. Au contraire. Ils ont plus ou moins encourag? les m?contents, les ambitieux, tous ceux ? qui pesait notre tutelle ou qui r?vaient de jouer un r?le politique que notre pr?sence leur interdisait. Selon une formule connue, ils ont tout mis en oeuvre <>.

Ont-ils r?ussi? Pas encore compl?tement. C'est tout ce qu'on peut affirmer.

De notre c?t?, nous accumulions les fautes comme ? plaisir. Alors que nous eussions d?, apr?s avoir ?labor? un plan politique administratif, ?conomique et social, en confier l'ex?cution ? des hommes fermes, au courant des choses de l'Orient et que nous eussions soutenus, maintenus longtemps ? leurs postes o? ils fussent rest?s sourds aux criailleries d'une population dont la turbulence et le go?t pour l'intrigue sont connus, nous arriv?mes ? Beyrouth sans programme.

La connaissance du pays manquait aux hommes charg?s de nous y repr?senter. Ils faisaient empiriquement de la politique et de l'administration ? la petite semaine, s'appuyaient tant?t sur un groupe, tant?t sur un autre et r?ussissaient ? les m?contenter tous.

Pourtant, ils finissaient par se ressaisir et, au moment qu'ils allaient se lib?rer des tutelles qu'eux, tuteurs, ils avaient accept?es, et peut-?tre entreprendre de bonne besogne, on les rempla?ait au gr? des caprices, des surprises, des sautes de la politique int?rieure fran?aise.

Tout ?tait ? recommencer!

Ah! que n'avons-nous pris pour mod?le l'Angleterre qui, elle aussi, exerce un mandat sur des provinces d?tach?es, comme la Syrie, de l'ancien Empire Ottoman? Les fonctionnaires qu'elle y installa n'?taient certes pas tous des hommes de g?nie. Mais ils avaient l'incontestable sup?riorit? de demeurer longtemps ? leurs places o?, imperturbablement et quelle que f?t la nuance ? laquelle ils appartenaient, tous servaient, dans le m?me esprit, la politique coloniale de la ch?re vieille Angleterre!

Nous avons d?j? us? cinq Hauts-Commissaires ? Beyrouth. Un sixi?me vient de s'y installer! Chacun d'eux, peut-?tre parce que c'?tait n?cessaire ou simplement parce qu'il est humain de ne pas respecter l'oeuvre de celui qu'on remplace, d?truisit ce qu'avait fait son pr?d?cesseur et institua une politique personnelle dont on ne lui donna pas le temps de r?colter les fruits...

C'est ainsi que nous avons nous-m?mes ?miett? notre prestige, ruin? l'autorit? de nos repr?sentants, fourni aux populations les plus ?nerv?es, les plus malais?es ? gouverner, les plus enclines ? entrer en fermentation, des motifs ? protester, ? s'agiter, ? se r?volter contre un pouvoir qui s'attestait h?sitant et dont on estimait inutile de respecter les d?cisions puisqu'elles n'avaient aucun caract?re d?finitif et qu'il suffisait d'une campagne habile men?e ? Paris ou ? Gen?ve pour les faire rapporter et, si besoin ?tait, obtenir le rappel de celui qui les avait prises!

Qui d?barque ? Beyrouth, parcourt la Syrie de Damas ? Alep, d'Alexandrette ? Bosra-eski-Cham et s'efforce de comprendre l'?tat du probl?me syrien reste confondu devant sa complexit?.

A mesure que les jours, les semaines, les mois s'?coulent, l'?chevau qu'il essaie de d?brouiller lui para?t plus inextricable.

Avait-il le dessein d'?crire un livre compos?, susceptible de donner une vue d'ensemble sur ce pays o? la France joue une partie si importante?

S'il est dou? de quelque bonne foi et s'il n'est habit? ni par l'outrecuidance, ni par la na?vet?, ce qui, ? tout prendre, est la m?me chose, il doit y renoncer...

Y renoncer et se contenter de publier quelques notes, quelques impressions, en disant avec loyaut? ? qui les lira: <>

Le Sphinx bouscul?

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