Read Ebook: La bibliothèque nationale by Mortreuil Th Th Odore
Font size: Background color: Text color: Add to tbrJar First Page Next Page Prev PageEbook has 357 lines and 52024 words, and 8 pagesLeur entr?e ? la Biblioth?que du roi, en 1645, fut signal?e par la r?daction d'un nouveau catalogue. Ils r?vis?rent et augment?rent le catalogue de N. Rigault. Leur travail est divis? en trois parties: les deux premi?res, consacr?es aux manuscrits, contiennent 3,930 num?ros; la troisi?me, affect?e aux imprim?s, mentionne 1,329 volumes. La mort ne donna pas le temps ? ces deux hommes de science et de bien de rendre ? la Biblioth?que tous les services dont ils ?taient capables. P. Dupuy mourut en 1651, et J. Dupuy < < Le Cabinet des manuscrits de la Biblioth?que nationale, par M. L. Delisle. T. I, p. 263. La donation de J. Dupuy fut accept?e dans le cours de l'ann?e qui suivit sa mort. Par lettres patentes enregistr?es au Parlement le 7 avril 1657 le roi ordonna que < DE 1661 A LA MORT DE COLBERT . Colbert fut d'ailleurs second? dans son oeuvre par deux hommes de m?rite et de science, son biblioth?caire, Pierre de Carcavy et Nicolas Cl?ment de Toul, fonctionnaire aussi z?l? que modeste, qui passa dans la Biblioth?que pr?s de quarante ans de sa vie et s'y livra ? des travaux importants soigneusement ex?cut?s, utiles, m?me encore de nos jours, ? ses successeurs. P. de Carcavy et N. Cl?ment furent les seules personnes effectivement attach?es ? la Biblioth?que, sous l'administration de Colbert. En effet, Nicolas Colbert, fr?re du ministre, le m?me qui s'?tait vu charg? de la garde de la collection Dupuy, avait ?t? nomm? ?v?que de Lu?on, et tout en conservant son titre de garde de la librairie, il laissa ? son fr?re l'enti?re direction de la Biblioth?que, qui se trouvait dans les attributions du ministre, surintendant des b?timents et des maisons royales. Nous allons voir comment Colbert fit usage de ce pouvoir. Le legs de Gaston d'Orl?ans enrichit le cabinet du Louvre d'un grand nombre de m?dailles, de figures de bronze, de pierres grav?es. Le P. du Molinet nous apprend qu'il re?ut de ce chef <<24 belles bo?tes d'agathes dont la plupart ?taient en relief.>> A l'?poque de l'acceptation du legs, toutes ces raret?s furent laiss?es ? la garde du biblioth?caire du prince, B?nigne Breunot, abb? de Saint-Cyprien. Il re?ut l'ordre d'en dresser un inventaire, et quand la collection fut port?e au Louvre, il se vit accorder l'intendance du Cabinet des Antiquit?s du roi. En 1666, l'abb? Breunot fut assassin? au Louvre et le Cabinet confi? ? la garde de P. de Carcavy fut r?uni ? la Biblioth?que. L'ilustre reine de Su?de Qui, comme s?ait, poss?de Un esprit haut et g?n?reux, Des belles-lettres amoureux, Ayant appris, des fois plus d'une, Que le sieur, comte de B?thune, Dans son cabinet de Paris, Avait d'excellents manuscrits, Comme aussi plusieurs antiquailles, S?avoir quantit? de m?dailles, Reliefs, portraits, crayons, tableaux, Des plus rares et des plus beaux, A fait proposer audit comte Une somme d'or qui se monte Tant en juste qu'en quart d'?cus Justement ? cent mille ?cus, S'il voulait vendre sa boutique, A cette reine magnifique, Ou pour parler un peu plus net, Les pi?ces de son cabinet. Et Loret ajoute: La proposition est forte Et pourtant l'histoire rapporte Que ledit comte a refuz? Ce grand prix d'argent propoz?, Aimant mieux ses portraits et livres Que d'avoir trois cens mille livres. A la collection donn?e par le comte de B?thune vinrent s'ajouter une partie des manuscrits qui avaient appartenu ? Rapha?l Trichet du Fresne. Ce libraire, un des plus habiles bibliophiles de l'?poque, poss?dait une collection assez nombreuse de livres imprim?s et manuscrits, la plupart sur l'histoire d'Italie, dont le catalogue fut publi? en 1662. A sa mort, sa veuve les mit en vente; Colbert ordonna d'en faire l'acquisition; mais Fouquet, alors au comble de la fortune, acheta la partie relative ? l'histoire d'Italie: la Biblioth?que ne put se procurer que cent cinquante manuscrits environ. Cependant les livres vendus au surintendant ne devaient pas tarder ? entrer dans le d?p?t royal. Par suite de ces importants accroissements, le local de la rue de la Harpe devenait bien insuffisant. Colbert, dont l'action s'?tendait de plus en plus sur la Biblioth?que et qui venait d'y attacher par un titre officiel son biblioth?caire, Carcavy, lui trouva une installation dans les maisons qu'il poss?dait < La Biblioth?que fut transf?r?e rue Vivienne en 1666; elle y re?ut aussit?t toutes les collections de Gaston d'Orl?ans, qui, nous l'avons vu, avaient ?t? d'abord port?es au Louvre. Cette annexion, en r?alit? origine du Cabinet des M?dailles, ?tait ? peine accomplie que par les soins de Colbert, une importante acquisition, celle de la collection form?e par l'abb? de Marolles, devenait le point de d?part de s?ries toutes nouvelles qui devaient constituer le quatri?me d?partement de la Biblioth?que, le d?partement des Estampes. Le d?partement des Estampes ? la Biblioth?que nationale, par M. le vte H. Delaborde, p. 9, 10 et suiv. Un tel but n'avait pu ?tre atteint sans co?ter ? l'abb? de Marolles de grands soins et beaucoup d'argent. Aussi, en vendant son cabinet au roi pour la somme de 30,800 livres, ne faisait-il pas r?ellement une cession, il accomplissait un acte de g?n?reux d?sint?ressement, en m?me temps qu'il se rassurait contre les craintes d'une dispersion, craintes naturelles ? tout collectionneur. Conform?ment au d?sir de l'abb? de Marolles, les recueils c?d?s par lui ont ?t? soigneusement conserv?s ? la Biblioth?que, comme ils m?ritaient de l'?tre. Apr?s avoir ?t? pendant longtemps comme le type caract?ristique et l'essence m?me du d?partement des Estampes, ils en sont encore montr?s comme le plus bel ornement. En m?me temps que la c?l?bre collection de l'abb? de Marolles, la Biblioth?que acqu?rait des s?ries importantes de livres et de manuscrits. C'?taient, en 1667, ? la vente de Gilbert Gaulmin, doyen des ma?tres des requ?tes, moyennant une somme de 2,685 livres 5 sols, 557 manuscrits orientaux, parmi lesquels se trouvaient 127 manuscrits h?breux et 4 manuscrits en langue syriaque, qu'on peut regarder comme les premiers ?l?ments des fonds h?breu et syriaque, aujourd'hui constitu?s au d?partement des manuscrits. A la m?me ?poque, la disgr?ce de Fouquet fut suivie de la dispersion de la magnifique biblioth?que qu'il poss?dait dans son ch?teau de Saint-Mand?. Colbert saisit cette occasion de faire racheter la s?rie relative ? l'histoire d'Italie; cet ensemble, pay? 19,300 livres, se composait de plus de onze cents volumes, la plupart imprim?s. La Biblioth?que fut ?galement appel?e ? profiter des collections que Mazarin avait l?gu?es au Coll?ge des Quatre-Nations. Il s'y trouvait des manuscrits et des imprim?s qui faisaient d?faut ? la Biblioth?que, et celle-ci, de son c?t?, poss?dait, ? la suite des accroissements successifs des derni?res ann?es, nombre de doubles qu'elle avait int?r?t ? ?liminer. Il ?tait naturel que l'un des deux ?tablissements c?d?t ? l'autre ce qu'il avait en trop et demand?t en retour ce qui lui manquait. Colbert fit ordonner cet ?change par un arr?t royal du 12 janvier 1668, < Malgr? ses efforts, Colbert ne put procurer au roi la c?l?bre biblioth?que de MM. de Thou, qui fut acquise par le pr?sident M?nars. Mais il acheta au prix de 25,000 livres celle du m?decin Jacques Mentel, comptant pr?s de 10,000 volumes et 136 manuscrits . En 1672, il obtint des Carmes de la place Maubert, pour une rente de six minots de sel, la cession de 67 manuscrits et de 18 incunables. Quelques ann?es plus tard, la Biblioth?que recueillit une vingtaine de manuscrits qui avaient fait partie de la riche biblioth?que de P?tau. Non moins que les livres manuscrits et imprim?s, les collections de m?dailles et d'estampes install?es par ses soins dans la Biblioth?que du roi ?taient l'objet de la sollicitude du grand ministre. Aux antiquit?s provenant du cabinet de Gaston d'Orl?ans, s'ajout?rent successivement et par voie d'acquisition, les m?dailles de Pierre Seguyn, doyen de Saint-Germain , le cabinet de M. Lauthier, d'Aix , les collections de M. Tardieu, lieutenant-g?n?ral, celles de M. de Sere, conseiller d'Etat, du comte de Brienne, la suite de m?dailles modernes de MM. Le Charron et de Trouenne, dans lesquelles ?taient venues se fondre une partie des raret?s de Peiresc et les pierres grav?es de Bagarris. Le fameux cachet dit de Michel-Ange appartenait ? cette derni?re collection. A c?t? de la collection de Marolles, Colbert, autant pour favoriser l'accroissement du cabinet des estampes, que pour encourager les arts, eut l'id?e de confier aux artistes contemporains le soin de reproduire par la gravure les oeuvres c?l?bres des peintres de l'?poque ou du si?cle pr?c?dent et les ?v?nements les plus remarquables du r?gne. Dirig?e par Nicolas Cl?ment avec l'aide de Goyton, l'imprimeur du roi, l'entreprise r?ussit pleinement. En treize ans, de 1670 ? 1683, pr?s de 1,000 pi?ces furent grav?es; leur ensemble est connu sous le nom de Cabinet du Roi; elles furent, par ordre de Colbert, d?pos?es dans la Biblioth?que, ainsi que les planches en cuivre qui avaient servi ? ces reproductions. Ces planches y rest?rent jusqu'en 1812, ?poque o? elles pass?rent ? l'Administration des Mus?es. Colbert ne se borna pas ? rechercher tout ce qui pouvait, en France, contribuer au d?veloppement de la Biblioth?que; il voulut que les int?r?ts de ce grand ?tablissement fussent ?galement servis ? l'?tranger. Fort des pouvoirs dont il disposait, il r?alisa ses bienveillantes intentions, soit en donnant ? des savants des missions sp?ciales, soit en signalant aux repr?sentants de la France ? l'?tranger ce qu'il croyait devoir ?tre utile aux collections royales. Au savant voyageur Vaillant il confia la mission de parcourir l'Italie, la Gr?ce, l'Egypte, la Perse, pour y recueillir des m?dailles. Vaillant en rapporta un nombre consid?rable, < D'aussi prodigieux accroissements n?cessitaient des mesures d'ordre et de conservation. Celui qui avait r?tabli la r?gularit? dans le service des finances n'?tait pas homme ? les n?gliger. Ce fut Nicolas Cl?ment qui fut charg? de la mise en ordre des collections et des travaux de catalogue. Depuis l'inventaire de 1645, le nombre des volumes manuscrits et surtout des volumes imprim?s ?tait devenu si ?lev? qu'il ?tait impossible de l'utiliser pour un nouveau travail. En neuf ann?es, de 1675 ? 1684, Cl?ment parvint ? faire le catalogue des livres imprim?s, alors au nombre de pr?s de 40,000. Divis?, suivant la mati?re des ouvrages, en vingt-trois s?ries, ? chacune desquelles fut affect?e une lettre de l'alphabet, il remplit sept volumes r?dig?s sur un plan m?thodique et six volumes de table alphab?tique. Pour les manuscrits, Cl?ment les partagea, d'apr?s la langue, en seize classes ou fonds, et il assigna ? chaque division, en tenant compte des formats et de la mati?re, un certain nombre de cotes qui, pour l'ensemble du catalogue, allaient du n? 1 au n? 10542. Ces travaux consid?rables et bien faits ont d'autant plus d'importance qu'avec quelques modifications ils ont servi de r?gle aux classements et aux catalogues post?rieurs. Encore de nos jours, tous les livres du d?partement des imprim?s sont r?partis, en raison du sujet qui y est trait?, en cat?gories d?sign?es par les lettres de l'alphabet. Pour les parties qui n'ont pu ?tre trait?es dans ces derniers temps, le cadre trac? par Cl?ment est rest? ? peu pr?s le m?me et les indications donn?es par son catalogue sont toujours de la plus grande utilit?. Tels furent les r?sultats atteints par Colbert, ? l'int?rieur et ? l'ext?rieur, dans son administration de la Biblioth?que. De son temps m?me, la grandeur et l'?clat de ses services ne furent pas m?connus; < Gallois. Trait? des belles biblioth?ques. Le Prince, p. 56. Colbert mourut en 1683; la m?me ann?e, Pierre de Carcavy se retira. C'?tait encore une grande perte pour la Biblioth?que ? laquelle il avait rendu d'importants services. Associ? aux projets du ministre, nul plus activement que lui n'en avait second? et poursuivi la r?alisation. DE LA MORT DE COLBERT A LA MORT DE LOUVOIS Louvois, en succ?dant ? Colbert comme surintendant des b?timents, eut la Biblioth?que dans ses attributions. Cet ?v?nement fut suivi de plusieurs modifications dans le personnel. A ce moment, J?r?me Bignon avait encore la charge de ma?tre de la librairie; celle de garde de la librairie ?tait occup?e par Louis Colbert, fils du ministre, qui avait ?t? nomm? par son p?re en 1676. Louvois acheta les deux charges et les fit conf?rer ? son fils, ?g? de 9 ans, Camille Le Tellier, plus tard abb? de Louvois. L'abb? Gallois, un prot?g? de Colbert, avait succ?d? ? Carcavy, il fut remplac? par l'abb? Var?s, qui lui-m?me quitta la Biblioth?que en 1684. A la retraite de ce dernier, l'orientaliste Melchis?dec Th?venot fut nomm? garde de la librairie. En attendant que son fils f?t en ?ge de remplir ses fonctions, Louvois prit en main la gestion des affaires de la Biblioth?que, et, dirig? par son fr?re, l'archev?que de Reims, il s'effor?a de marcher sur les traces de Colbert. Comme son pr?d?cesseur, il encouragea le z?le des savants et des agents diplomatiques qui faisaient ? l'?tranger des recherches pour la Biblioth?que. Ses instructions, sans ?tre aussi fructueuses que celles de Colbert, ne rest?rent pas sans r?sultat pour nos collections. En Italie, le c?l?bre Mabillon recueillit une cinquantaine de manuscrits et plus de 4,000 volumes imprim?s pendant que dom Estiennot faisait ex?cuter des copies ? Rome. MM. D'Avaur et d'Alenc? en Hollande, M. d'Obeil en Angleterre, M. de la Piqueti?re en Su?de, achet?rent un grand nombre de livres imprim?s pour le compte du gouvernement fran?ais. L'ambassadeur de France ? Constantinople, Girardin, procura ? la Biblioth?que, moyennant 400 ?cus, quinze manuscrits grecs et un latin provenant de la Biblioth?que du S?rail. < Les acquisitions poursuivies ? l'?tranger n'emp?chaient pas celles qui pouvaient ?tre faites en France. D?j?, en 1683, sur l'ordre du roi, la Biblioth?que avait re?u les papiers de M?zeray trouv?s chez lui apr?s sa mort. En 1685, Le Pelletier, contr?leur g?n?ral des finances, fit remettre douze volumes d'extraits du Tr?sor des chartes de Bretagne. Cet envoi fut suivi de l'acquisition des manuscrits de Chantereau Lef?vre, intendant de Lorraine, collection qui comprenait 42 volumes relatifs au duch? de Lorraine, et de l'entr?e de 125 volumes provenant de la biblioth?que de N. Rigault. Le Cabinet s'enrichit successivement de la collection de m?dailles d'or et de bronze form?e par le duc de Verneuil, de la suite de m?dailles en or acquise de M. de Monjoux, d'une s?rie, alors unique en Europe, de 200 m?dailles des rois de Syrie, de 200 pi?ces de monnaie des rois de France offertes par le pr?sident de Harlay. En m?me temps l'abb? Bizot recueillait des monnaies modernes achet?es pour le compte du roi ? l'?tranger, M. Fesch donnait une pierre grav?e du plus grand prix, et les b?n?dictins de St-Evre de Toul faisaient pr?sent du c?l?bre cam?e repr?sentant l'apoth?ose de Germanicus. Si la distraction ordonn?e par Louvois portait atteinte ? l'int?grit? de notre grand d?p?t, elle ne nuisait pas, on le voit, ? la prosp?rit? du Cabinet des M?dailles dont le roi rehaussait encore l'?clat par sa haute protection. L'impulsion donn?e par Colbert ?tait donc dignement continu?e par Louvois; elle s'?tendit aux catalogues, dont la confection fut, sous l'administration du nouveau ministre, activement poursuivie. Cl?ment reprit son premier travail qui n'?tait plus ? jour; il acheva en 1688 un second catalogue des livres imprim?s qui remplit quatorze volumes et dont la table alphab?tique en 21 volumes fut mise au net plus tard, en 1721, par Buvat. L'inventaire des manuscrits de 1682 avait besoin d'?tre revu et compl?t?. Cette t?che fut accomplie par des savants que leurs ?tudes sp?ciales d?signaient pour ce travail. L'isra?lite converti, Louis de Compi?gne, qui ?tait en relations avec Bossuet, fut charg? des manuscrits h?breux. L'abb? Renaudot revit son travail et commen?a le catalogue des manuscrits syriaques. D'Herbelot s'occupa des manuscrits arabes, Dipy et Petis de la Croix des manuscrits turcs et persans, Du Cange, Cotelier des manuscrits grecs. Mabillon, Ruinart et d'autres religieux de St-Germain-des-Pr?s, particip?rent ? l'inventaire des manuscrits latins. Ces savants compos?rent ainsi 8 volumes de notices d'une grande exactitude qui servirent de base au catalogue imprim? de 1739. A la mort de Louvois, son fils n'avait encore que 17 ans. Son go?t des livres et son amour de la science ?taient garants de son d?vouement aux int?r?ts de la Biblioth?que. Tout enfant, il avait ?tonn?, par son savoir pr?coce et en particulier par sa connaissance de la langue grecque, une r?union des premiers personnages de la cour que son p?re avait invit?s ? l'h?tel Vivienne. Jeune homme, il occupait ses loisirs ? relier des manuscrits. Il avait d'ailleurs un guide ?clair? dans son oncle l'archev?que de Reims qui conserva la haute direction que, du vivant de Louvois, il avait eue sur les affaires de la Biblioth?que. Le manuscrit grec n? 3,015 a ?t? reli? par lui. Peu de temps apr?s la publication de cet arr?t, Melchis?dec Th?venot quitta la Biblioth?que, et en r?compense de ses nombreux travaux, N. Cl?ment fut nomm? ? sa place commis en titre. L'emploi laiss? vacant fut occup? par Jean Boivin, qui suivit dans l'accomplissement de ses fonctions l'exemple de z?le et de d?vouement donn? par son devancier. L'entr?e de Boivin ? la Biblioth?que fut marqu?e par l'importante d?couverte qu'il fit d'un manuscrit palimpseste de l'ancien testament. En 1700, on acheta pour 970 livres 35 volumes manuscrits reli?s aux armes de Le Ragois de Bretonvilliers. Cette m?me ann?e, la Biblioth?que recevait en don plus de cinq cents manuscrits grecs, latins, fran?ais, orientaux, etc., dont l'archev?que de Reims se d?fit en sa faveur. N. Cl?ment n'?tait pas ?tranger ? cette d?termination, derni?re marque de la sollicitude du pr?lat pour nos collections, et tout joyeux, il terminait ainsi la lettre par laquelle il annon?ait cette bonne nouvelle ? l'abb? de Louvois: < L'ann?e 1707 fut marqu?e par un ?v?nement malheureux pour la Biblioth?que. Un pr?tre ren?gat natif du Dauphin? et r?fugi? ? La Haye, Jean Aymont, ?tait parvenu ? surprendre la confiance de Cl?ment. Gr?ce ? la protection de ce dernier, il obtint de revenir en France; et toutes facilit?s lui furent donn?es pour p?n?trer dans la Biblioth?que. Cl?ment l'y laissait travailler seul; il put ainsi tr?s-ais?ment commettre le vol qu'il pr?m?ditait et qui ne fut d?couvert que quand il eut repass? en Hollande. Onze manuscrits de valeur avaient ?t? d?rob?s par ce mis?rable, d'autres plus importants encore, comme la Bible de Charles-le-Chauve, avaient ?t? indignement lac?r?s. Cl?ment mit la plus grande diligence ? se rendre compte de l'?tendue du mal; on fit des r?clamations, des poursuites furent commenc?es, mais elles demeur?rent ? peu pr?s sans r?sultat. La Biblioth?que ne rentra en possession que d'une trentaine de feuillets qui lui furent lib?ralement restitu?s par le Cte d'Oxford. Un ?change auquel le Mus?e britannique s'est pr?t? avec le plus gracieux empressement vient de nous faire recouvrer les morceaux dont l'absence d?shonorait trois de nos plus importants manuscrits. Cette triste affaire empoisonna les derni?res ann?es de Cl?ment; sa sant? en fut atteinte et il mourut en 1712. Son imprudence, dont il fut la premi?re victime, ne doit pas nous faire oublier les ?minents services de cet humble et honn?te savant qui consacra son existence laborieuse ? des rangements et ? des catalogues de la premi?re utilit?, et qui, avant de mourir, donna un nouveau t?moignage de sa constante sollicitude pour la Biblioth?que, en lui l?guant sa collection de portraits. Ce recueil qui contenait plus de dix-huit mille pi?ces avait ?t? form? par Cl?ment surtout en vue de l'historien; l'authenticit? de la pi?ce par rapport au personnage dont elle ?tait l'image passait aux yeux de Cl?ment avant sa valeur artistique; cette pr?f?rence ?tait bien naturelle au collectionneur dont la science, plus encore que l'art, avait occup? toute la vie. Tel quel, cet ensemble avait une importance capitale pour le d?partement des Estampes, car ind?pendamment de sa valeur intrins?que, il y commen?ait une collection toute nouvelle, cette galerie incomparable de portraits, qui continu?e et accrue dans le m?me esprit que son fondateur, est une des s?ries du d?partement le plus souvent et le plus utilement consult?es. < La conception d'un plan aussi large que celui de Gaigni?res, et la r?alisation qu'? l'aide de ses faibles ressources il en poursuivit avec autant de pers?v?rance que de succ?s ne peuvent en effet s'expliquer que par l'enthousiasme et l'?nergie que la science donne ? ceux qui l'aiment. Il avait form? le projet de r?unir tout ce qui, ? un degr? quelconque, int?ressait l'art, l'histoire et l'arch?ologie de notre pays. Documents manuscrits et imprim?s, costumes, monuments, personnages, repr?sentations d'?v?nements politiques et militaires, rien ne fut oubli? dans sa galerie qu'on pourrait comparer ? une vaste encyclop?die figur?e de la France du moyen ?ge. Ancien secr?taire du duc de Bellegarde, puis ?cuyer de Mlle de Guise, avec le titre de gouverneur de Joinville et d'instituteur des enfants de France, Roger de Gaigni?res ne poss?dait gu?re comme revenu que les pensions aff?rentes ? ces charges et une rente de douze cents livres ? lui l?gu?e par Mlle de Guise. Avec des donn?es aussi ?tendues, Gaigni?res ne pouvait pas esp?rer n'avoir que des documents originaux; aussi sa collection, bien que renfermant un assez grand nombre de pi?ces authentiques, ?tait compos?e, en majeure partie, de reproductions copi?es ou dessin?es par ses soins. Mais comme ces reproductions ont toujours ?t? faites sur l'original m?me, il en r?sulte que, malgr? leur imperfection relative et tr?s-explicable, elles sont encore de la plus grande utilit? pour l'historien et l'arch?ologue. S'agit-il par exemple d'un personnage? Gaigni?res leur donnera un portrait soit grav?, soit dessin? d'apr?s un manuscrit ou d'apr?s quelqu'autre monument authentique: peut-?tre se trouvera-t-il avoir relev? son ?pitaphe; si le personnage a ?crit, notre amateur aura recueilli ou fait copier sa correspondance. A ces renseignements s'ajouteront de pr?cieuses indications sur les costumes, les usages, les moeurs de ses contemporains, sur l'art ? l'?poque o? il a v?cu, sur les faits marquants dont il a pu ?tre le t?moin, tout cela pris aux meilleures sources, manuscrits, inscriptions, sceaux, tapisseries, tombeaux, vitraux, etc. Gaigni?res n'?pargna ni ses faibles ressources, ni les fatigues, ni les voyages pour arriver ? un r?sultat aussi complet. On le voit dans toutes les parties de la France, actif et entreprenant, ? la recherche des monuments de notre histoire. Le plus souvent il est accompagn? de deux hommes d?vou?s qui le second?rent activement dans son entreprise, son valet de chambre, Barth?lemy R?my et un dessinateur peu connu, Boudan. Le premier ?tait charg? de copier les manuscrits ou d'en faire les extraits, mission dont il s'acquitta fort bien, le second s'occupait des reproductions dessin?es. Leur d?sint?ressement, qui permit ? Gaigni?res d'accomplir la t?che qu'il s'?tait impos?e, m?rite d'?tre rappel?; on est touch? de voir qu'en ?change de ses nombreux et excellents services, R?my touchait 200 livres par an. Boudan n'?tait pas mieux pay?. On lit entre autres articles dans un m?moire des prix dont Gaigni?res ?tait convenu avec lui pour son travail: < M. Delisle. T. I, p. 335 et suiv. La vie enti?re de ces trois hommes est, pour ainsi dire, dans la collection, fruit de leurs efforts r?unis. Aussi l'id?e d'une dispersion ?tait-elle particuli?rement p?nible ? celui qui en avait eu l'id?e et qui en avait si laborieusement r?uni les mat?riaux. Le seul moyen d'en assurer la conservation ?tait de la faire entrer dans la Biblioth?que du roi. Gaigni?res prit cette r?solution avec une g?n?reuse spontan?it?. Par un acte authentique r?dig? en pr?sence de M. de Torcy le 19 f?vrier 1711, il d?clarait que < Add to tbrJar First Page Next Page Prev Page |
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