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Munafa ebook

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Read Ebook: La chanson de la croisade contre les Albigeois by Tud Le Guillaume De Audiau Jean Translator

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Ebook has 281 lines and 27220 words, and 6 pages

Translator: Jean Audiau

Credits: Laurent Vogel )

Po?mes et R?cits de la vieille France

Publi?s sous la direction de A. JEANROY Membre de l'Institut

PO?MES ET R?CITS DE LA VIEILLE FRANCE

La Chanson de la Croisade contre les Albigeois

Principaux ?pisodes TRADUITS PAR JEAN AUDIAU

PARIS E. DE BOCCARD, ?DITEUR 1, RUE DE M?DICIS, 1

Il a ?t? tir? de ce volume, le cinqui?me de la Collection des Po?mes et R?cits de la Vieille France 50 exemplaires sur papier de Hollande num?rot?s de 1 ? 50.

AVANT-PROPOS

Le premier, qui va jusqu'au vers 2770 et raconte les ?v?nements dont le Midi fut le th??tre entre 1207 et 1213, est l'oeuvre d'un clerc, originaire de Tudela, appel? Guilhem, qui le commen?a en 1210: c'est le r?cit d'un chroniqueur consciencieux plut?t que d'un po?te habile.

Paul Meyer suppose que l'auteur de cette seconde partie ?tait un prot?g? du comte de Foix, et rapproche la langue de l'anonyme de celle parl?e dans le pays de Foix.--On a propos? pour ce po?te plusieurs identifications qui ne me paraissent pas fond?es.

Les tendances des deux ?crivains sont aussi bien diff?rentes: Guilhem de Tudela penche pour les Crois?s, dont il ne partage pas toujours, il est vrai, le cruel aveuglement; au contraire, l'?crivain anonyme ne cache point son ardente sympathie pour le comte de Toulouse et les malheureuses populations m?ridionales.

DATES

des principaux ?v?nements racont?s dans la

PREMI?RE PARTIE

PAR

GUILHEM DE TUDELA

Au nom du P?re et du Fils et du Saint Esprit, commence la chanson que fit Ma?tre Guilhem, un clerc qui fut ?lev? en Navarre, ? Tud?le. Moult il ?tait sage et preux, comme le dit l'histoire, fort bien accueilli par les clercs et les lais, aim? et accueilli par les comtes et les vicomtes.

Pour la destruction qu'il vit et connut par la g?omancie , et parce qu'il sut que le pays serait br?l? et ravag? ? cause de la folle croyance que les habitants avait accept?e, que les riches bourgeois seraient d?pouill?s des grandes richesses dont ils ?taient possesseurs, et que les chevaliers s'en iraient, bannis, mis?rables et marris, en terres ?trang?res, il r?solut en son coeur de faire un livre qui f?t entendu par le monde, et par lequel fussent r?pandus sa sagesse et son sens. Alors il fit ce livre, et l'?crivit lui-m?me. Du jour o? il le commen?a jusqu'? ce qu'il le finit, il ne s'appliqua pas ? autre chose: c'est ? peine m?me s'il dormit.

Ce livre fut bien fait, et compos? de bons mots, et, si vous le voulez entendre, grands et petits y peuvent apprendre beaucoup de sens et de beaux dires, car celui qui le composa en eut le ventre farci, et qui ne conna?t ni n'a ?prouv? ne saurait s'en faire une id?e.

Assassinat de Pierre de Castelnau.

L'h?r?sie avait gagn? tant de terrain que le Pape et l'Eglise r?solurent de la combattre par la pr?dication.

En ce temps, Pierre de Castelnau est venu vers le Rh?ne, en Provence, sur son mulet amblant; il excommunia le comte de Toulouse, parce qu'il soutenait les routiers qui ravageaient le pays. Alors, un ?cuyer de m?chant esprit, pour s'assurer d?sormais les faveurs du comte, le tua en trahison en passant par derri?re lui, et en lui portant ? l'?chine un coup de son ?pieu tranchant; puis il s'enfuit au galop de son cheval vers Beaucaire, d'o? il ?tait, o? vivaient ses parents.

Le pape fit alors proclamer la croisade par l'abb? de C?teaux: de nombreux villages sont mis ? feu et ? sang.

Sac de B?ziers.

Ce fut ? la f?te qu'on nomme la Madeleine, que l'abb? de C?teaux amena sa grande ost: tout ? l'entour de B?ziers, elle campe sur la gr?ve. Je crois bien que pour les assi?g?s les tourments et la peine se pr?parent, car jamais l'ost de M?n?las, ? qui P?ris enleva H?l?ne, ne dressa tant de tentes dans les ports, sous les murs de Myc?nes, ni tant de riches pavillons, la nuit, ? la belle ?toile, que ne fait l'ost des Fran?ais: sauf le comte de Brienne, il n'est baron de France qui n'y fasse sa quarantaine.

Le 22 juillet.

Pour ceux de la ville ce fut une mauvaise ?trenne!... Toute la semaine ils ne font qu'escarmoucher. Oyez ce que faisaient ces vilains, plus fous et plus na?fs que n'est la baleine! Avec leurs panonceaux blancs de grosse toile, ils courent ? travers l'ost en poussant de grands cris, pensant ?pouvanter les crois?s, comme on chasse les oiseaux de l'avoine, en criant, en huant, en agitant leurs drapeaux, le matin, quand il fait grand jour.

Je passe un vers dont le texte est corrompu.

Le roi des ribauds, lorsqu'il les vit escarmoucher contre l'ost, tuer et mettre en pi?ces un crois? fran?ais apr?s l'avoir fait par force tomber d'un pont, appelle tous ses truands et les rassemble, criant ? haute voix: <> Aussit?t tous vont s'?quiper; chacun prend une massue, car, me semble-t-il, ils n'ont point d'autre arme. Ils sont plus de quinze mille qui n'ont rien ? se mettre aux pieds! En chemise et en braies, ils commencent tous ? courir autour de la ville pour en d?molir les murailles: ils se jettent dans les foss?s et se prennent ? cogner du pic, tandis que d'autres s'efforcent de faire voler les portes en ?clats.

C'est-?-dire le chef des valets de l'arm?e.

Les bourgeois de la ville, ? cette vue, commencent ? s'effrayer, cependant que ceux de l'ost s'?crient: <> Vous auriez vu alors une belle cohue pour entrer dans la ville!...

Les habitants voient que les crois?s accourent, que le roi des ribauds va envahir la ville, que les truands sautent de toutes parts dans les foss?s, mettent les murailles en pi?ces et ouvrent les portes, tandis que les Fran?ais de l'ost s'arment en toute h?te. Ils savent bien en leur coeur qu'ils ne pourront r?sister, et s'enfuient au plus vite au moutier principal. Les pr?tres et les clerc rev?tent leurs ornement et font sonner les cloches comme pour une messe des morts.

Enfin on ne put plus s'opposer ? l'entr?e des truands; ils s'emparent ? leur gr? des maisons, car chacun, s'il le veut, peut bien en choisir dix. Bouillants de col?re, les ribauds n'ont point peur de tuer: ils ?gorgent tout ce qu'ils trouvent et se saisissent des grandes richesses. S'ils peuvent conserver ce qu'ils ont pris, ils seront riches ? tout jamais; mais bient?t il leur faudra rendre gorge, bien qu'ils aient conquis tout cela par eux-m?mes, car les barons de France veulent se l'approprier.

Les barons de France et ceux de Paris, les clercs et les la?ques, les princes et les marquis, ont d?cid? entre eux que, pour tout ch?teau o? viendrait l'ost et qui ne se rendrait point avant qu'on l'e?t pris, on passerait les habitants au fil de l'?p?e: de cette mani?re, en ne trouverait plus par la suite personne que la peur n'emp?ch?t de r?sister aux crois?s, ? cause des exemples qu'on aurait vus!--Ainsi l'ost put s'emparer de Montr?al, de Fanjaux et de la r?gion, car, sans cela, je gage qu'ils ne les auraient pas encore pris par la force!--C'est ? cause de cette d?cision, que les habitants de B?ziers furent mis ? mort: les crois?s les ont tous tu?s: ils ne pouvaient leur faire pis! Ils ont tu? tous ceux qui s'?taient r?fugi?s au moutier: rien ne put les prot?ger de la mort, ni croix, ni autel, ni crucifix! Les mis?rables ribauds ont ?gorg? les clercs, les femmes, les enfants, si bien que nul, je crois, n'en ?chappa. Dieu re?oive, s'il lui pla?t, leurs ?mes en Paradis, car je pense que jamais, m?me au temps des Sarrasins, on ne fit ni ne tol?ra massacre aussi sauvage!

Les vauriens se sont alors install?s dans les maisons qu'ils ont prises et qu'ils trouvent bourr?es de richesses. Mais les Fran?ais, ? cette vue, peu s'en faut qu'ils n'enragent: ils les jettent dehors ? coups de triques, comme des chiens, et installent dans les demeures les chevaux et les roncins...

Le roi et ses ribauds pensaient jouir ? tout jamais des richesses qu'ils avaient prises; aussi, quand les crois?s eurent tout enlev?, les mis?rables vauriens punais s'?crient d'une seule voix: <> et apportent des torches aussi grandes qu'un b?cher. La cit? s'enflamme et l'?pouvante se r?pand. La ville br?le tout enti?re, en long et en travers. Ainsi Raoul de Cambrai d?truisit et incendia une riche cit? pr?s de Douai, et, par la suite, sa m?re Aalais l'en bl?ma fort, tellement que, pour cette raison, il pensa la frapper au visage.

Quand les ribauds aper?oivent les flammes, chacun se retire. Alors br?lent les maisons et tous les palais, o? l'incendie d?truit maint heaume et mainte casaque qui furent faits ? Chartres, ? Blaye ou ? Edesse, et mainte bonne robe qu'il fallut abandonner. Tout le moutier br?la, qu'avait fait ma?tre Gervais: il se fendit par le milieu par l'effet de la chaleur, et deux pans de murs s'effondr?rent.

Seigneurs, il fut certes merveilleux et grand l'avoir que les Fran?ais et les Normands eurent de B?ziers: pour tout le reste de leur vie ils auraient ?t? riches d?sormais, sans le roi des ribauds et ses mis?rables truands qui br?l?rent la ville, les femmes, les enfants et les pr?tres qui ?taient rev?tus de leurs ornements sacerdotaux, l?-bas dans le moutier.

Trois jours, les crois?s ont s?journ? dans les pr?s verdoyants; le quatri?me, chevaliers et sergents se sont mis en route ? travers le pays o? rien n'arr?te leur marche, les ?tendards flottant au vent.

Prise de Carcassonne.

Un mardi soir, ? v?pres sonnantes, les crois?s arriv?rent ? Carcassonne, dont les habitants ?taient dolents, ? cause du massacre de B?ziers, que je viens de vous conter. Le vicomte se tenait sur les murs et sur les galeries, regardant l'ost avec stupeur. Il convoque au conseil ses chevaliers et ses sergents, ceux qui s'entendent ? manier les armes et qui combattent le mieux: <>--<>

A ce conseil se rallient les plus sens?s; des chevaliers en armes font le guet autour de la ville, qui est tr?s forte. L'empereur Charles, le puissant roi couronn?, la tint assi?g?e, dit-on, pendant plus de sept ans, sans pouvoir la conqu?rir, ni hiver, ni ?t?. Ses tours s'inclin?rent devant lui quand il partit, et c'est pourquoi il la prit quand il y revint. La geste ne ment point: ce fut v?rit?, car autrement, il n'aurait pu prendre la ville!

Le vicomte de B?ziers, apr?s s'?tre bien gard? pendant la nuit, s'est lev? au point du jour; et les barons de France, apr?s avoir d?jeun?, se sont arm?s par toute l'ost. De leur c?t?, ceux de Carcassonne se sont ?quip?s. Ce jour-l?, il y eut force coups frapp?s et donn?s, et, de part et d'autre, nombre de morts et de bless?s; mais les barons de l'ost ont r?ussi ? br?ler tout le bourg jusqu'? la cit?, et ils ont tellement entour? les assi?g?s qu'ils les ont priv?s de l'eau de l'Aude. Ils ont dress? contre le mur pierri?res et calabres qui frappent nuit et jour, en long et en large.

Oyez maintenant quel miracle fit le Seigneur Dieu! Les arbal?triers qui sont mont?s sur les tours, pensent atteindre l'ost, mais leurs fl?ches restent ? mi-chemin et tombent dans les foss?s. J'ai aussi entendu dire, et je sais que c'est vrai, que jamais corbeau, vautour, ni aucun autre oiseau ne vola en l'ost, pendant tout cet ?t?; et il y eut telle abondance de vivres qu'on donnait trente pains pour un denier monnay?. Les crois?s prennent le sel des salins, et r?parent ainsi leurs pertes: s'ils ont d?bours? pour le pain, de ce c?t?-l? ils font des b?n?fices. Cependant sachez que nul n'est rentr? dans ses frais: je crois plut?t qu'ils sont en perte.

Le roi d'Aragon, qui a rejoint l'arm?e des crois?s, tente de sauver les assi?g?s: mais les conditions de l'abb? de C?teaux sont telles que le vicomte de B?ziers d?cide de continuer la r?sistance; quelques jours apr?s il est fait prisonnier par ruse, et les Crois?s entrent dans Carcassonne.

, les bourgeois et les chevaliers qui s'y trouvent, les dames et les damoiselles, tous, ? l'envi, se h?tent de sortir, n'ayant pour tout v?tement que chainse ou que braies, car on ne leur laissa de rien autre la valeur d'un bouton. Les uns s'en vont ? Toulouse, d'autres en Aragon, d'autres en Espagne, ceux-ci en aval, ceux-l? en amont. Les crois?s entrent librement dans la ville, occupant la salle, les tours et les donjons; ils font un tas de tout le butin pr?cieux, et distribuent comme ils l'entendent les chevaux et les mulets, dont il y a grande abondance.

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