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Munafa ebook

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Read Ebook: Feuilles tombées by Boylesve Ren Du Bos Charles Editor

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Ebook has 321 lines and 40559 words, and 7 pages

C'est ce que Pascal appelle <>.

Le chr?tien parvenu au fa?te de la pens?e humaine, par exemple Pascal, se prosterne et s'humilie. Et loin d'en ?tre diminu?e, sa science en re?oit je ne sais quel rehaut.

Mais cela est convenable surtout quand on est parvenu au fa?te...

Il y a, dans l'oeuvre d'art, quelque chose que tout ?tre bien dou? est capable de comprendre d'embl?e. Il y a quelque chose que quelques-uns seulement sont aptes ? saisir: c'est le m?tier, le proc?d?, la technique. A cause de ce petit nombre d'habiles, que l'on confond avec une s?lection et en pr?tant au mot une vertu qu'il n'a pas, on ne retient plus que le jugement de ces quelques connaisseurs professionnels. Et personne ne remarque que c'est la gent aveugle des ?rudits,--celle qui jamais ne se baigne dans les eaux vives--qui, peu ? peu, gouverne les arts. Le catalogue se fait indispensable ? l'admiration, et l'herbier remplace la nature.

L'indiff?rence ? la question morale, dans la vie courante, est la marque d'une certaine insuffisance d'esprit.

Le go?t moral dans les arts qui ne l'excluent pas, par exemple dans le roman, mais c'est encore un reste de pr?occupation intellectuelle! Et ? ce titre il ne le faudrait pas tant m?priser.

Ce n'est pas leur moralit? ou leur moralisme que je reproche aux ordinaires romans moraux, c'est qu'ils sont construits artificiellement, c'est qu'ils sont faits pour la morale et non pour la v?rit? humaine.

Le plus s?r moyen de moraliser, pour un homme de lettres, ce n'est pas de pr?cher la morale ou d'imaginer arbitrairement des intrigues aboutissant au triomphe de la vertu; mais c'est de montrer que l'on a de la conscience, et particuli?rement celle de son m?tier. Or, la conscience du romancier, c'est de rendre avec fid?lit? la v?rit? humaine, de peindre les moeurs sans d?tours si l'on traite des moeurs, de ne point fausser des caract?res ni travestir ou enrubanner les passions, si c'est cette ?tude qui fait votre sujet.

Nous devons traiter notre sujet, comme un savant la mati?re de ses exp?riences ou de ses observations. C'est une mati?re dont nous ne sommes pas les ma?tres. Il est permis sans doute ? notre g?nie d'en tirer telle lumi?re qui la pr?sente sous un jour ?clatant et nouveau, mais force est ? cette lumi?re de n'?clairer jamais qu'un objet r?el. Encore taisons-nous sur ce pouvoir possible d'illumination, ou, s'il se peut, ignorons-le, car c'est en traitant la mati?re humaine de la fa?on la plus humble, que nous avons le plus de chance de tirer tout ce qui est ? la fois en elle et en nous.

On ne s'?l?vera jamais trop contre les conseils pernicieux de telles gens, bien intentionn?s, qui voudraient nous faire forcer la nature ou les faits dans le but de pr?senter du monde une histoire ?difiante. Un enfant un peu sagace perce tout seul ces tra?trises, et c'est vous, ap?tres,--prenez garde--qui le faites rire de la vertu. Tandis qu'il s'?chappe de l'honn?te v?rit? quelque chose d'auguste qui rend plus fort sinon meilleur.

Wilde avait raison de s'?lever contre Ruskin qui tend ? mesurer la valeur d'une oeuvre ? la somme d'id?es morales qu'elle contient. Car ce n'est pas l'id?e morale qui cr?e l'art.

Mais Wilde se trompe quand, par esprit de r?action contre une telle impertinence, il voudrait que l'oeuvre d'art f?t ? ce point ind?pendante de la morale qu'elle n'e?t m?me pas de sujet. C'est confondre art et m?tier. On prend un sujet quelconque, on le traite, et l'on manifeste, par sa mani?re propre de le traiter, que l'on est original, et artiste. Th?orie dangereuse, pente rapide vers la d?cadence.

L'art est le r?sultat inattendu de la combinaison de certaines clart?s et d'une ind?finissable ing?nuit?. Il n'est pas que l'aboutissement d'une m?thode, la floraison d'une doctrine. Il r?sulte en d?finitive de la qualit? de l'?motion intense qu'un ?tre ?prouve; il est l'expression d'une vibration singuli?re de la sensibilit?. Or, quoi de plus propre que l'id?e morale ? ?mouvoir certaines sensibilit?s? L'id?e morale, comme toute id?e, peut fort bien engendrer une ?motion qui rev?te le caract?re esth?tique.

La morale est en partie un ensemble de conventions utilitaires--et ? ce titre d?j? respectable--mais elle est en outre un commandement, d'ordre mystique: elle est au nombre des grandes puissances. Elle g?ne habituellement la vie, mais elle seule la rend possible. Le roman, qui est de tous les arts celui qui presse la vie de la fa?on la plus compl?te, la plus profonde et la plus pr?cise, peut-il se d?clarer ?tranger ? la morale? Le m?pris de la morale, ne serait-ce pas la derni?re d?froque d'un romantisme ? courte vue?

Il ne saurait me venir ? l'id?e d'accommoder une s?rie de faits de mani?re ? ?tablir ce qu'on appelle une <> qui fasse palpiter le lecteur dans l'attente d'un ?v?nement ou d'un d?nouement. Une seule chose m'int?resse, c'est le trait qui marque un homme, celui qui d?termine une soci?t?, et celui, plus cher ? mon oeil, qui laisse soup?onner la proportion entre l'homme et son groupe et ce je ne sais quoi que nous concevons de sup?rieur ? l'homme et aux soci?t?s.

J'aime les caract?res et les moeurs bien d?finis, o? je vois une invitation ? r?fl?chir ind?finiment sur la position de l'homme dans son monde et aussi dans un plus vaste monde. Lorsque j'ai pu les mettre en ?vidence sous une forme vivante et ?quilibr?e, et en leur laissant, sans le souligner, tout le premier r?le, je tiens ma t?che pour accomplie; au lecteur de comprendre ou bien de jeter l? mon livre en d?clarant <>.

La Com?die, genre plaisant et non pas gai, et que constitue principalement le choc du r?el contre la logique ou l'id?al, elle prend son meilleur aliment dans les sucs de ce terrain ? mi-c?te, entre les hautes et les basses terres. Elle ne fait point sonner ses titres de noblesse comme le drame ou la trag?die qui sautent de sommets en sommets convenus. Elle chemine ? pied, sans tambour ni trompette; elle n'annonce ni ne promet rien; elle a t?t fait de d?courager les ben?ts accoutum?s ? juger les gens sur la mine. Cependant nous la tenons, nous, pour l'art le plus viril et le plus raffin?. C'est, par excellence, l'art du lettr?, parce qu'il n'est go?t? que d'un esprit attentif, averti, curieux de l'homme, ?pris, par-dessus tout, de psychologie, habile ? mesurer par lui-m?me les degr?s divers des valeurs et ayant accompli le tour ? peu pr?s complet de toutes choses. Art garanti de la pr?ciosit?, du factice et de la mani?re, parce que, sous peine de n'exister point, il prend sa source dans le sol vulgaire et que le talon de l'homme a foul?. Il a du populaire en ses racines et de l'extr?me culture en sa floraison. Il a, entre toutes, cette vertu singuli?re et si peu reconnue, qu'il est le r?sultat non du d?sir arbitraire du po?te, mais de la lutte de l'imagination cr?atrice contre la r?sistance naturelle des choses; l'homme ne s'y guinde pas, au gr? du modeleur, selon une pose hi?ratique qui le grandit d'une mani?re facile, et n'y adopte pas les attitudes exquises qui gagnent si ais?ment les suffrages; mais il impose, comme le bois, le marbre ou l'?tain, les ingrates exigences de la mati?re. Les hautes vis?es, propres aux grands genres pr?somptueux, non, assur?ment, la Com?die ne s'en pr?vaut pas, et peu s'en faudrait qu'elle les reni?t, alors m?me qu'on les d?couvre en elle, mais il est possible qu'elle en sugg?re l'id?e et en r?pande la graine, de ce geste simple et tranquille, et si beau, du semeur qui a l'air d'accomplir un acte ordinaire et d'en ignorer les cons?quences sans nombre.

Le principe d'autorit? ayant ?t?, quoi qu'on puisse dire, ruin? et jet? bas, l'autorit? indispensable ? la vie ne pourra ?tre restaur?e que par des hommes qui, ayant eux-m?mes commenc? par renier absolument toute autorit?, se sont conduits comme si l'autorit?, et tout ce qu'elle comporte de principes n?cessaires, ?tait inexistante et inutile, en ont reconnu ? l'?preuve le caract?re indispensable, et la fondent ? nouveau, non pas sur le respect traditionnel des anciens, mais sur leur propre exp?rience.

Il y aura des P?res de l'Eglise morale. Ce seront, en litt?rature, des ?crivains amoraux assagis et d?go?t?s; ce seront des femmes ?mancip?es, qui, ayant par hasard conserv? quelque jugement, d?clareront: <>

Il est impossible aujourd'hui de refonder une autorit? sur autre chose que sur l'erreur reconnue, sur les d?sastres de l'exp?rience individuelle.

Et sur quels d?sastres!

A cause de cela, il pr?tend que l'on ne devrait pas mettre les fables de La Fontaine entre les mains des enfants.

Satisfaire cette inclination, c'est amener la litt?rature ? la pure niaiserie.

Sur l'hostilit? au <>, ? la pens?e individuelle, j'inclinerais ? penser que la litt?rature, quoi qu'on veuille, sera toujours l'expression du sens propre, et que, ? cette condition-l? seulement, elle sera vivante et originale. On pourrait conclure qu'il n'y aurait que deux sortes de litt?ratures: celle qui abolit le sens propre dans l'int?r?t g?n?ral, qui est une litt?rature saine et bien souvent m?diocre, et celle qui exprime le sens personnel, qui est la litt?rature, et qui est dangereuse.

Un ?v?nement caract?ristique des temps modernes me para?t ?tre la divulgation et la vulgarisation de la vie intellectuelle. C'est le fait le plus d?testable qui se soit jamais accompli sur la plan?te. Le temple ouvert ? tous; plus m?me de choeur r?serv?; le myst?re d?voil?; le Za?mph vendu aux femmes pour qu'elles s'y taillent des ?charpes. Toute l'humanit? en souffre; le d?s?quilibre g?n?ral a en ceci sa cause. On a invit? les Goncourt au d?ner Magny, et ces perroquets aux belles couleurs rapportent les paroles de Renan! Il y a des v?rit?s que l'intelligence humaine ne peut pas s'interdire de concevoir et d'exprimer; mais, ces v?rit?s, incompr?hensibles aux petits, ne peuvent ?tre par eux que travesties; et quand elles courent les rues elles sont plus d?go?tantes que les mensonges imagin?s par les foules et invent?s peut-?tre pour leur plus grand bien. La plupart des id?es fausses sont des id?es utiles, n?cessaires. Les id?es justes, les vraies, n'ont ce caract?re que dans le milieu restreint de ceux qui s'?galent ? elles. Il faudrait une langue des dieux, insaisissable au commun.

Il n'y a plus aujourd'hui qu'une langue; l'acharnement universel est de faire p?n?trer aussit?t que possible dans le public ce qu'un homme sup?rieur a con?u, a con?u par le besoin naturel ? lui de concevoir, non dans le but de fournir un aliment ? ces foules qui ne r?clament que leur bien. Lui, c'est peut-?tre--provisoirement au moins--le mal qu'il engendre, et il ne peut s'en soucier.

En art, cette barri?re, entre ce qu'il est l?gitime de penser et ce qu'il est nuisible de r?pandre, se pr?sente comme un obstacle au d?veloppement intellectuel et comme un malentendu perp?tuel entre auteur et public.

Celui qui domine la sottise humaine est mod?r? dans ses propos. L'insurg?, le r?fractaire, qui vomit l'invective ? l'occasion de toute iniquit?, est encore un candide, un jeune ?baubi que choque la lumi?re du jour.

Une v?rit? un peu dure, peut-?tre paradoxale, mais tout de m?me une v?rit?, c'est que l'artiste ne va pas sans un certain d?dain pour cette chose sacro-sainte aux demi-artistes et aux dilettantes, et qui est l'Art m?me, ou, si vous voulez, ? la rigueur, les formes d'art ? lui pr?existantes.

L'artiste est celui qui cr?e; il apporte du nouveau; son fruit n'est con?u que dans une certaine insouciance heureuse, une exub?rance de vie qui se moque de tout, hormis de soi et de son plaisir. Tant?t, il appr?cie sup?rieurement les manifestations de l'art qui l'ont pr?c?d?, comme il appr?cie sup?rieurement toute chose; tant?t, il leur est d?risoirement ferm?.

Le demi-artiste et le dilettante vit du culte de l'oeuvre d'art ? lui pr?existante. Toutes ses facult?s artistiques sont capt?es par son go?t d'admirer et par une insatiable curiosit? d'objets nouveaux d'admiration. Il s'absorbe en son agenouillement. Il ne peut tenter de produire lui-m?me qu'? l'instar des oeuvres qui le dominent; il est un initiateur n? impuissant ? trouver la forme nouvelle; d?s lors il s'ext?nue en mille ing?niosit?s touchant les d?tails de forme. ?rudit, amoureux d'art, bien plus inform? que l'artiste ing?nument inventeur, il a l'air d'un artiste, tandis que l'artiste v?ritable fait figure d'ing?nu.

En jugeant toutes choses par rapport ? des oeuvres d'art connues, ou connues de lui, l'esth?te, le demi-artiste, ou le dilettante ne fait, en somme, que rejoindre la mentalit? de ce bourgeois qu'il m?prise. La mentalit? du bourgeois touchant les arts, elle est faite de formules d'art souvent p?rim?es, vieillies, us?es, mais de formules d'art ayant r?gn?; car le bourgeois, ou le public, ou l'homme normal si vous voulez, en fait d'opinion artistique n'invente rien, ne sent rien: il a une ?ducation, il a entendu dire, on lui a appris, il a des autorit?s; jusqu'? sa sensibilit? a ?t? fa?onn?e par l'opinion ? la mode en un certain temps.

La paix des familles et peut-?tre la paix des nations d?pend du progr?s de la psychologie. C'est faute de conna?tre l'homme,--et mieux: les hommes--, que l'on s'entend mal et se pers?cute. La plupart des hommes sont incapables de concevoir qu'il existe une autre mentalit? que la leur; ils agissent avec tout le monde comme avec leurs semblables. Le malheur est que nous n'avons pas de semblables, et que le quiproquo est continuel.

Le <> antique est insuffisant. Le <> est insuffisant. C'est ? un <> que l'avenir devrait s'appliquer.

Il n'y a peut-?tre qu'une chose certaine, c'est que tout se meut. Nous ne percevons qu'une course universelle, et, qui pis est, ? quoi nous prenons part. Or, l'art consiste essentiellement ? fixer, et comme pour une ?ternit? d'immobilit?. Le r?le de l'art est paradoxal; il cherche le contour immuable des choses qui changent sans r?pit.

Antagonisme de l'art et de la vie.

Ce qu'il y a de plus beau en nous, ce n'est pas l'?panchement, c'est la possession de soi. L'un est un signe de l'abondance, de la richesse, c'est possible; mais l'autre est la preuve de la force. On ne s'abandonne pas parce qu'on est combl? de dons, mais parce qu'on manque de frein. Le frein, dans l'homme, est la premi?re qualit? virile.

On ne travaille pas peu.

Les ?crivains, par exemple, travaillent beaucoup ou travaillent mal. Ceux qui travaillent peu,--quoi qu'on en dise,--ne sont gu?re ? leur ouvrage; ils n'y entrent pas. Pour y entrer tout entier, il faut du temps; il faut tout le temps. Et le nombre et m?me la multiplicit? des travaux n'y nuisent pas, car il est plus facile d'entrer dans son travail au sortir d'un travail diff?rent qu'au sortir de l'oisivet?. On ne travaille pas peu, on travaille beaucoup, ou bien on travaille mal ou point.

Je d?teste les esprits anarchiques; et les esprits purement conservateurs ne me plaisent qu'? moiti?. Les seuls esprits que j'aime, sont ceux o? je d?couvre un sens anarchique spontan? mais perp?tuellement en lutte et finalement dompt? par le sens organisateur.

C'est ce dualisme qui cr?e.

L'homme en possession de la gloire croit volontiers qu'il la doit ? un don du ciel; mais la femme se pla?t ? reconna?tre comment elle a su organiser sa renomm?e. Le go?t de la gloire artistique chez la femme co?ncide avec un affaissement de la conception de la gloire. Celle-ci n'est plus divine; elle s'obtient par intrigues; elle est ? la port?e des manoeuvres. Les femmes d?truisent la gloire d?s l'instant qu'elles la font.

La femme a l'esprit enclin ? la chim?re parce qu'? l'ordinaire elle manque d'imagination. On ne veut pas admettre que la v?ritable imagination est celle qui con?oit le <> et non pas <>. Rien de plus ais? que d'imaginer l'impossible; nul contr?le, nul frein ne s'impose ? l'esprit d?brid?: il chevauche par-dessus les gouffres et les oc?ans, impun?ment; mais imaginer le r?el qui n'est pas encore, voil? la t?che virile, et difficile. Le r?el ne flatte pas, et il est serr? dans la gaine ?troite des innombrables impossibilit?s.

On ne voit presque jamais un esprit s'appliquer ? un objet pour le juger. A l'occasion d'un objet, un esprit, m?me distingu?, se met en branle, et le voil? qui part et bondit, tirant tout de soi, ne laissant quasiment rien ? ce qu'il a entrepris de juger. Le propre de la critique serait pr?cis?ment de faire le contraire.

Si Chateaubriand, voulant signifier qu'il se trouvait ? Londres, dit: <>, il m'est insupportable, malgr? l'euphonie de sa phrase. Et s'il veut dire qu'il ?tait pauvre, et ?crit: <>, il me fait rire.

Nous sommes toujours pr?occup?s de perdre notre jeunesse. Mais le bien le plus pr?cieux que nous ayons poss?d?, c'est l'enfance: et elle est toujours perdue. L'enfant est bien sup?rieur au jeune homme; et malgr? l'appareil de nivellement dont l'?ducation le fait souffrir, il a plus de bonheur que l'on en a ? un autre ?ge, parce que son activit? spirituelle est plus grande et parce qu'il peut imaginer. Et puis, quoique encha?n?, il est libre, il est la seule cr?ature libre.

La jeunesse? Mais elle est d?j? poss?d?e par l'instinct gr?gaire, elle n'aspire qu'? suivre les bergers, bons ou mauvais. L'enfant, lui, jouit de cette courte p?riode de la vie humaine durant laquelle chacun peut impun?ment cr?er le monde ? sa guise. D'un tabouret de cuisine, il fait un tr?ne, un lac, le continent africain ou une plate-forme pour <>; et ces valeurs, entre enfants, ont cours comme les billets de la Banque de France. L'enfant est roi et il est dieu. Je m'incline devant sa majest?, et j'ai piti? des grandes personnes qui, toutes, pleurent leur jeunesse assez g?n?ralement niaise, et non les quelques ann?es o? elles eurent du g?nie.

Le sceptique, c'est l'homme attach? au syst?me traditionnel. Il juge que le monde est incapable de trouver par lui-m?me son chemin, et que le mieux est de s'en rapporter ? ceux qui l'ont d?j? parcouru.

L'esprit fort, ennemi de toute tradition, est au contraire homme de foi: il a une confiance ?perdue en des lumi?res qui n'ont pas encore fourni la preuve de leur efficacit?.

Le go?t passionn? de la bont? peut parfaitement cohabiter chez certaines personnes avec une inconsciente cruaut?. C'est qu'un ?tre bon a besoin d'accomplir des actes de bont?; il n'en a jamais accompli assez; et pour ex?cuter un acte nouveau de bont? envers une personne, il en l?sera dix autres avec la plus d?concertante d?sinvolture.

Le go?t de la bont? est rarement ?clair?; c'est un instinct, un besoin; il tend ? s'exercer, simplement. Lorsqu'il a fix? son b?n?ficiaire, il se rapproche du sentiment de l'amour: il est exclusif comme lui, et redoutable.

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