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Munafa ebook

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Read Ebook: Roland Furieux tome 1 by Ariosto Lodovico Reynard Francisque Translator

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Ebook has 1335 lines and 90677 words, and 27 pages

Translator: Francisque Reynard

Release date: October 22, 2023

Original publication: Paris: Lemerre, 1880

ARIOSTE

ROLAND FURIEUX

Traduction nouvelle PAR FRANCISQUE REYNARD

TOME PREMIER

PARIS ALPHONSE LEMERRE, ?DITEUR 27-31, PASSAGE CHOISEUL, 27-31

M DCCC LXXX

Il a ?t? tir? de ce livre:

Tous ces exemplaires sont num?rot?s et paraph?s par l'?diteur.

PR?FACE DU TRADUCTEUR

Le sujet en est multiple. Arioste nous le dit lui-m?me d?s le premier vers: <> Et durant quarante-six chants, qui ne comptent pas moins de quarante mille vers, il poursuit imperturbablement le programme annonc?, sans la moindre fatigue pour lui, et au perp?tuel enchantement de ses lecteurs, <>. Soit qu'il nous entra?ne ? la poursuite d'Ang?lique qui fuit le paladin Renaud ? travers les for?ts pleines d'?pouvante; soit qu'il nous raconte la folie furieuse de Roland, semant sur son passage la terreur et la mort; soit qu'il d?crive les batailles hom?riques des Sarrasins et des soldats de Charlemagne sous les murs de Paris; soit qu'il s'?gare en quelque digression plaisante et joyeuse, comme l'histoire de Joconde, il nous tient sous le charme de sa belle humeur, de sa langue nombreuse et imag?e, de son ?loquence indign?e ou railleuse, sans cesse ma?tre de lui-m?me, et <>.

M.-J. Ch?nier. Id.

Rien de plus vrai que cette observation; mais si, d?s le vestibule, l'architecte a d?ploy? ses plus rares merveilles, l'int?rieur du palais n'est pas moins s?duisant ni moins f?cond en surprises de tous genres.

O? trouver plus de gr?ce et de charme que dans ces strophes si connues, o? la jeune vierge est compar?e ? la rose sur son buisson:

La jeune vierge est semblable ? la rose qui, dans un beau jardin, repose solitaire et en s?ret? sur le buisson natal, alors que le troupeau ni le pasteur n'est proche. La brise suave et l'aube rougissante, l'eau, la terre lui prodiguent leurs faveurs; les jeunes amants et les dames ?namour?es aiment ? s'en parer le sein et les tempes.

Mais elle n'est pas plut?t s?par?e de la branche maternelle et de sa tige verdoyante, que tout ce que des hommes et du ciel elle avait re?u de faveurs, de gr?ce et de beaut?, elle le perd. La vierge qui laisse cueillir la fleur dont elle doit avoir plus de souci que de ses beaux yeux et de sa propre vie, perd dans le coeur de tous ses autres amants le prix qu'auparavant elle avait.

Qu'elle soit m?pris?e des autres, et de celui-l? seul aim?e ? qui elle a fait de soi-m?me un si large abandon....

Quel plus touchant, quel plus saisissant tableau que celui d'Ang?lique perdue sur le rivage d'une ?le d?serte, ? l'heure o? la nuit tombe:

Quand elle se vit seule, en ce d?sert dont la vue seule la mettait en peur, ? l'heure o? Ph?bus, couch? dans la mer, laissait l'air et la terre dans une obscurit? profonde, elle s'arr?ta dans une attitude qui aurait fait douter quiconque aurait vu sa figure, si elle ?tait une femme v?ritable et dou?e de vie, ou bien un rocher ayant cette forme.

Stupide et les yeux fix?s sur le saule mouvant, les cheveux d?nou?s et en d?sordre, les mains jointes et les l?vres immobiles, elle tenait ses regards languissants lev?s vers le ciel, comme si elle accusait le grand Moteur d'avoir d?cha?n? tous les destins ? sa perte. Elle resta un moment immobile et comme atterr?e; puis elle d?lia sa langue ? la plainte et ses yeux aux pleurs.

Elle disait: <>.

Arioste n'est pas seulement le po?te de la gr?ce et de l'?motion douce. Il a, quand il le faut, des accents ?pres et m?les pour d?peindre les sanglantes m?l?es, les assauts vertigineux, les cit?s croulant sous la flamme. Ses guerriers, m?me les moins int?ressants, sont dessin?s avec une vigueur, avec une maestria superbe. ?coutez-le parler de Rodomont escaladant les murs de Paris:

Rodomont, non moins indompt?, superbe et col?re, que le fut jadis Nemrod, n'aurait pas h?sit? ? escalader le ciel, m?me de nuit, s'il en avait trouv? le chemin en ce monde. Il ne s'arr?te pas ? regarder si les murailles sont enti?res ou si la br?che est praticable, ou s'il y a de l'eau dans le foss?. Il traverse le foss? ? la course et vole ? travers l'eau bourbeuse o? il est plong? jusqu'? la bouche.

Souill? de fange, ruisselant d'eau, il va ? travers le feu, les rochers, les traits et les balistes, comme le sanglier qui se fraye ? travers les roseaux des mar?cages de Mallea un ample passage avec son poitrail, ses griffes et ses d?fenses. Le Sarrasin, l'?cu haut, m?prise le ciel tout autant que les remparts.

A peine Rodomont s'est-il ?lanc? ? l'assaut, qu'il parvient sur une de ces plates-formes qui, en dedans des murailles, forment une esp?ce de pont vaste et large, o? se tiennent les soldats fran?ais. On le voit alors fracasser plus d'un front, pratiquer des tonsures plus larges que celles des moines, faire voler les bras et les t?tes, et pleuvoir, du haut des remparts dans le foss?, un fleuve de sang.

... Pendant que la foule des barbares descend, ou plut?t se pr?cipite dans le foss? h?riss? de p?rils, et de l?, par toutes sortes de moyens, s'efforce de monter sur la seconde enceinte, le roi de Sarse, comme s'il avait eu des ailes ? chacun de ses membres, malgr? le poids de son corps gigantesque et son armure si lourde, bondit de l'autre c?t? du foss?.

Ce foss? n'avait pas moins de trente pieds de large. Il le franchit avec la l?g?ret? d'un l?vrier, et ne fait, en retombant, pas plus de bruit que s'il avait eu du feutre sous les pieds. Il frappe sur les uns et sur les autres, et, sous ses coups, les armures semblent non pas de fer, mais de peau ou d'?corce, tant est bonne la trempe de son ?p?e et si grande est sa force.

Si maintenant on veut avoir la mesure compl?te de la souplesse du talent d'Arioste, qu'on mette en regard de ce portrait du guerrier sarrasin le passage o? Ang?lique est expos?e nue, sur une plage lointaine, aux entreprises d'un vieil ermite magicien. Je me h?te de le dire, il serait difficile d'imaginer une situation plus risqu?e, d'entrer dans des d?tails plus pr?cis et plus scabreux; mais il serait impossible aussi de s'en tirer avec plus de finesse, de malicieuse habilet?, de rouerie na?ve. Qu'on en juge:

Il avait ? son c?t? une poche; il l'ouvre et il en tire une fiole pleine de liqueur. Sur ces yeux puissants o? Amour a allum? sa plus cuisante flamme, il en jette l?g?rement une goutte qui suffit ? endormir Ang?lique. La voil? gisant, renvers?e sur le sable, livr?e ? tous les d?sirs du lubrique vieillard.

Il l'embrasse et la palpe ? plaisir, et elle dort et ne peut faire r?sistance. Il lui baise tant?t le sein, tant?t la bouche; personne ne peut le voir en ce lieu ?pre et d?sert. Mais, dans cette rencontre, son destrier tr?buche, et le corps d?bile ne r?pond point au d?sir. Il avait peu de vigueur, ayant trop d'ann?es, et il peut d'autant moins qu'il s'essouffle davantage.

Il tente toutes les voies, tous les moyens, mais son roussin paresseux se refuse ? sauter; en vain il lui secoue le frein, en vain il le tourmente, il ne peut lui faire tenir la t?te haute. Enfin, il s'endort aupr?s de la dame qu'un nouveau danger menace encore.

Esprit l?ger et s?rieux tout ? la fois, ambitieux et d?sint?ress?, prodigue par temp?rament et ?conome par n?cessit?, Ludovic Arioste est une figure ? part au milieu de ces gentilshommes courtisans qui donnaient aux petites cours italiennes de la Renaissance, et surtout ? la cour du duc de Ferrare, une si brillante physionomie. Il naquit en 1474, ? Reggio, province de Mod?ne. Sa famille ?tait originaire de Bologne, ainsi qu'il nous le dit dans la sixi?me de ses satires. Son p?re et ses oncles, hommes d'un certain m?rite, occupaient des emplois assez ?lev?s dans la cit? de Ferrare. Sa m?re appartenait ? la tr?s ancienne famille des Malaguzzi, ce qui le faisait cousin-germain d'Annibal Malaguzzi, auquel il a d?di? la premi?re de ses satires, et qu'il cite une fois ou deux avec ?loge dans son po?me. Il ?tait l'a?n? de dix enfants, cinq gar?ons et cinq filles. Nous savons, par sa satire IV, le nom de ses fr?res:

De cinq que nous sommes, Charles est dans le royaume d'o? les Turcs ont chass? mon Cl?andre, et il a le dessein d'y rester quelque temps.

Galas sollicite, dans la cit? d'?vandre, la permission de porter la chemise sur la simarre; et toi, tu es all? vers le Seigneur, ? Alexandre.

Voici Gabriel; mais que veux-tu qu'il fasse, ?tant, depuis l'enfance, rest?, par malechance, estropi? des jambes et des bras?

Il ne fut jamais en place ni en cour.

Le patrimoine ?tait mince pour ?lever toute cette nombreuse famille. Les anc?tres d'Arioste ne s'?taient point enrichis dans le n?goce ou par les trafics:

Jamais Mercure n'a ?t? trop ami des miens.

Aussi lui advint-il, comme jadis ? Ovide, et ? tant d'autres depuis, d'avoir ? lutter contre la volont? paternelle pour se livrer ? l'?tude des belles-lettres o? le poussaient ses go?ts et comme la prescience de son g?nie. C'est ce dont il se plaint en ces termes ? son ami Bembo:

H?las! quand j'eus l'?ge convenable pour go?ter au miel P?gas?en, alors que mes joues fra?ches ne se voyaient pas encore fleuries d'un seul poil,

Mon p?re me chassa avec les ?pieux et les lances, et non pas seulement avec les ?perons, ? compulser textes et gloses, et m'occupa cinq ans ? ces sottises.

Entre temps, il s'?tait fait conna?tre par quelques pi?ces de vers, sonnets, madrigaux, canzones. Sa r?putation naissante lui valut la protection d'Hippolyte, cardinal d'Este, qui se l'attacha en qualit? de po?te. Mais, bien qu'Arioste f?t d?j? fort estim? pour ses talents d'?crivain, le cardinal se servit plus souvent de lui comme messager d'?tat que comme po?te attitr?. Il l'envoya ? diverses reprises aupr?s du pape; une premi?re fois quand les V?nitiens d?clar?rent la guerre au duc Alphonse, pour lui r?clamer une somme importante que lui devait Jules II; une seconde fois, apr?s la victoire des Fran?ais ? Ravenne.

Messer Ludovico, dove avete pigliato tante coglionerie?

Mais il fallait vivre; il fallait surtout pourvoir aux besoins de la nombreuse couv?e dont il ?tait l'unique soutien. Arioste resta dix-sept ans aupr?s d'Hippolyte. A la mort du cardinal, il passa au service du duc Alphonse qui le traita avec plus de consid?ration, sinon avec plus de largesse. Mais le d?sir de ne pas s'?loigner de Ferrare lui fit accepter cette nouvelle servitude.

Ce n'est pas que le service du duc soit bon de tous points; ce qui me pla?t surtout en lui, c'est que je m'?loigne rarement du nid natal, ce qui jette peu de trouble dans mes travaux.

Jeune encore de gloire et d'immortalit?.

Francisque REYNARD.

Paris, 30 octobre 1879.

ROLAND FURIEUX

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