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Munafa ebook

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Read Ebook: Angelinette by Doff Neel

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Ebook has 1119 lines and 40394 words, and 23 pages

Quand il eut parl?, elle leva les yeux vers lui, puis les abaissa aussit?t.

--Les v?tres ne m'accepteront pas.

Et s'ils acceptaient, elle ne pourrait vivre dans une barque. Non, elle ne se sentait pas faite pour cela, et il y aurait des m?comptes et des d?boires.

--Je hais ma vie, mais ne puis m'en arracher: le quartier me tient, j'ai peur d'en sortir et ne le quitte jamais qu'accompagn?e.

--Mais vous seriez accompagn?e, je ne vous quitterais jamais.

--Voyons, ami, non, je sais que je ne suis pas faite pour vivre sur l'eau.

Elle n'osait dire: pour un homme.

--Mais vous n'?tes pas faite non plus pour vivre ici: vous y laisserez votre peau.

Il s'en alla de mauvaise humeur.

Le lendemain, apr?s la coiffure, assise sur un tabouret ? la porte, elle faisait des fleurs de papier, entour?e d'une kyrielle d'enfants.

--Cette rouge sera pour moi, madame Angelinette?

Elle regarda la petite blonde:

--Non, je t'en ferai une bleue pour tes cheveux clairs, Voil?, la rouge est pour Fifi, qui est brune comme une noix.

--Quand nous aurons tous des roses, tu chanteras avec nous, madame Angelinette?

--Oui.

Lorsque tous les enfants eurent une rose, elle les fit se prendre par la main et former une ronde; puis ils chant?rent:

<>

Aux mots <>, ils se laiss?rent tous tomber ? genoux. Ils se relev?rent, et la ronde recommen?a.

Angelinette, absorb?e, n'avait pas vu venir un homme et une femme. Tout d'un coup ils se trouv?rent devant elle. C'?tait un ?norme batelier, et une ?norme bateli?re en serre-t?te d'or frison et bonnet de dentelles ? bavolet: un fr?re et une soeur de Wannes.

--C'est ? vous que nous voudrions parler.

Angelinette rentra. Ils demand?rent deux verre de bi?re et, sur un ton pos?, sans s'animer, lui dirent ce qui les amenait. Eux la tutoy?rent:

--Tu dois bien comprendre qu'il est impossible que tu entres dans notre famille: elle a toujours ?t? honorable et entend le rester.

--Du reste, fit la soeur, sur un ton ?pre, les parents ne lui donneraient pas un <>. Ils vendraient plut?t les barques et jetteraient l'argent aux vagues: et, sans le sou, tu ne le voudrais pas.

Angelinette n'avait pas dit un mot. Elle devint livide, ses l?vres bl?mirent, son nez se pin?a, les cercles autour des yeux envahirent ses joues, son regard devint aigu, et le corps pench?, les deux poings sur la table, elle siffla d'une voix haletante:

--En voil? assez! je vous conseille de vous en aller ou je r?veille le quartier.

Il y avait tant de froide rancune dans sa physionomie d?licate qu'ils se lev?rent, pay?rent et partirent, la t?te et le dos rentr?s, comme s'ils craignaient une chute de tuiles.

Elle ne revit plus Wannes. <> Elle recherchait alors les enfants, dont elle s'occupait de plus en plus:

<>

Angelinette, perch?e sur ses hauts talons blancs, habill?e d'une robe-chemise de linon bleu pastel, ses nattes comme des torsades de miel ?tag?es sur sa fine t?te, les cernures lui entourant les yeux comme une peinture de kh?l, un sourire ineffable sur toute sa p?le figure, se tenait pr?s de la charrette du marchand de cr?me ? la glace et distribuait des cornets de glace ? une douzaine de gosses exultant de joie:

--Oh! bon, madame Angelinette! Oh! bon, b?gayait un gamin chocolat, ? la bouche garnie de grands crocs blancs.

--L?, Pietje; voil?, Janeke; et toi, Leentje, en as-tu?

--Oui, madame Angelinette.

--Tu es notre marraine, n'est-ce pas, madame Angelinette?

--Oui, votre marraine ? tous. Viens, Titatje.

Elle assit l'enfant sur le bord de la charrette et, avec une cuill?re, lui mit de petits tas de glace dans la bouche.

--Doucement, Titatje: c'est tr?s froid pour tes petites dents; mais c'est bon, dis, par cette chaleur.

Le quartier puait la charogne, la bi?re sure, les moules, les frites ?coeurantes, et le soleil su?ait la sueur des gens et des choses. Angelinette ne put plus r?sister ? la tentation de prendre une glace, bien que cela lui donn?t des crampes.

--Bah! je soignerai les crampes: apr?s la bord?e de la nuit, je suis comme roussie en dedans.

Et elle avala un grand cornet de glace.

--L?, ?tes-vous contents? Embrassez-moi tous et allez jouer ? l'ombre de la Halle aux viandes.

Elle se baissa pour chaque petit: il y en avait qui se haussaient sur la pointe des pieds, d'autres qui levaient leurs petits bras, et encore ceux qu'elle soulevait et embrassait goulument par toute la figure.

--L?, voil?! vous ?tes mes ch?ris, et je resterai votre marraine ? friandises.

Et elle partit, de son pas pavanant d'oiseau de race, son exquis sourire lui embaumant le visage.

Quand sa grand'm?re mourut, Angelinette ne fit qu'une bouch?e de l'h?ritage. Elle invita le seigneur et la vieille H?l?ne ? faire un voyage en bateau.

--Alors, fit le seigneur, nous devons le faire en Hollande: l?, on peut se promener en bateau dans les villes.

Ils loueraient une barque, qui les conduirait par l'Escaut, les canaux de la Hollande et le Zuiderzee.

H?l?ne ferma sa bo?te. Ils emm?nag?rent. Angelinette dut partager une couchette avec H?l?ne; ?a l'ennuyait ? cause de sa grosseur: <>

Sur l'eau, au large de l'Escaut, Angelinette devenait ivre de joie. Elle se promenait dans la barque, seulement habill?e de son petit pantalon; elle d?faisait ses cheveux filasse, s'asseyait le dos contre le bord et les laissait tra?ner dans les vagues; elle se retournait de temps en temps pour les regarder dans l'eau verte, o? ils ?taient d?ploy?s comme une plante marine en fils d'argent. Quand le jeu l'avait assez amus?e, elle appelait H?l?ne pour qu'elle lui tord?t les cheveux, puis s'?talait sur le pont, sa chevelure ?tendue autour d'elle, et se laissait cuire.

Les autres mangeaient et buvaient: <>

A Rotterdam, H?l?ne voulait aller dans les <>:

--J'ai des connaissances dans toutes.

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