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Munafa ebook

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Read Ebook: Napoléon et l'Amérique Histoire des relations franco-américaines spécialement envisagée au point de vue de l'influence napoléonienne (1688-1815) by Schalck De La Faverie A Alfred

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Ebook has 930 lines and 90177 words, and 19 pages

quer le droit des conqu?rants, avaient parfaitement raison d'affirmer leur volont? de demeurer les derniers et d?finitifs occupants d'un pays d?frich?, exploit?, administr? par eux, d'apr?s un id?al religieux et politique parfaitement d?fini,--sur lequel ceux qui n'?taient pas du pays, n'avaient plus rien ? pr?tendre.

La France, de son c?t? et pour les m?mes raisons, continua sa politique am?ricaine. Cette politique fut celle de Napol?on d?s qu'il arriva au pouvoir et, s'il ne put la mener ? bien, et, dans la plupart des cas, s'il dut en modifier, de fond en comble, les grandes lignes et les projets d'ex?cution, il faut en chercher la raison dans les bouleversements europ?ens commenc?s par les guerres de la R?volution et continu?s par les guerres de l'Empire.

Cependant, les ?tats-Unis, sous la pression de ces ?v?nements, voyaient l'influence et la direction du gouvernement passer tour ? tour ? deux partis extr?mes et oppos?s, repr?sent?s par les F?d?ralistes et par les R?publicains. Les premiers s'inspir?rent plus sp?cialement des tendances de la politique anglaise, c'est-?-dire r?actionnaire,--les seconds se d?clar?rent les partisans et les adeptes de la France r?volutionnaire, aussi longtemps que la r?volution demeura sur le terrain des immortels principes,--ils furent les admirateurs de Bonaparte, g?n?ral de la R?publique, mais ils furent les adversaires de Napol?on empereur, roi et conqu?rant.

Ainsi, Napol?on trouva toujours l'Am?rique sur sa route: r?ve ou r?alit?, proie d?sign?e aux coups de son imagination ambitieuse ou refuge final quand la fortune lui e?t dit un d?finitif adieu, elle le hanta,--lointain mirage qui le leurra parfois, qu'il contribua ? grandir et qu'il ne put jamais atteindre.

Quelques-uns de ses projets concernant l'Am?rique rest?rent de simples vell?it?s, tandis que d'autres eurent une solution absolument contraire ? celle qu'il avait d'abord voulu leur donner.

Apr?s la paix d'Amiens, il avait ? sa disposition, pour des entreprises coloniales, une grande arm?e de v?t?rans compos?e des vainqueurs de Marengo et de Hohenlinden. Sa flotte intacte n'avait pas encore connu le d?sastre de Trafalgar. Avec de telles ressources, il n'est pas extravagant de supposer qu'il aurait parfaitement pu fonder un empire fran?ais en Am?rique,--r?plique ? l'empire qu'il n'avait pu ?tablir en Orient.

C'est apparemment dans ce but qu'en automne de 1800, par une clause secr?te mentionn?e dans la Convention avec l'Espagne, cette derni?re r?troc?da ? la France le quart du territoire de l'Am?rique du Nord: la Louisiane.

Dans ce but aussi qu'apr?s avoir vaincu trois grands empires europ?ens ? Austerlitz et ? I?na, il songea encore ? l'Am?rique. Cette fois, ce fut le Canada qui attira son attention,--le Canada o?, dans la vall?e du Saint-Laurent, de la Nouvelle-?cosse aux grands lacs, habitaient des populations fran?aises que le Ministre de France ? Washington, le g?n?ral Turreau, fut charg? de soutenir dans leurs aspirations de r?volte.

Mais c'?tait l? une besogne presque inavouable pour celui qui avait coutume de briser les coalitions les plus redoutables en menant lui-m?me son arm?e ? la victoire.

Ouvertement, il c?da la Louisiane aux ?tats-Unis pour l'arracher aux convoitises anglaises.

La Louisiane, malgr? les perspectives qu'elle avait d?s le d?but offertes ? l'ambition de Bonaparte, fut bien vite sacrifi?e, ou plut?t, abandonn?e. Il fallait d'abord d?truire l'Angleterre pour avoir l'Europe ? ses pieds: c'?tait la t?che qui s'imposait, urgente, imp?rative. Quant ? l'Am?rique? On verrait plus tard,--si on avait le temps.

Napol?on n'eut pas le temps.

Et l'Am?rique put continuer sa marche en avant.

C'?tait, en effet, d?finitivement arracher ce qui restait des colonies anglaises, depuis le Canada jusqu'? la Nouvelle-Orl?ans, aux griffes du l?opard britannique.

Du reste, ? la chute de l'Empire, telles convoitises se firent de nouveau pressantes et le r?ve que Napol?on avait caress?, parut un instant repris et r?alisable par l'Angleterre: se substituer ? la France en ajoutant au Canada la vall?e du Mississipi. L'Empereur des Fran?ais, Roi d'Italie, protecteur de la conf?d?ration du Rhin, n'?tait plus que le petit souverain de l'?le d'Elbe; Wellington pouvait disposer de son arm?e d'Espagne. C'est ce qu'il fit. Mais pour r?aliser cette persistante ambition en Am?rique, il ?tait trop tard pour Wellington, comme il ?tait trop tard pour Napol?on.

L'?le d'Elbe, jouet de royaume pour celui qui avait boulevers? et gouvern? tant de royaumes et tant de nations, ?tait aussi trop pr?s pour ceux qui, ayant souffert de l'indomptable audace du conqu?rant, craignaient toujours un retour offensif de son ?p?e vaincue une premi?re fois mais pas encore bris?e.

Au Congr?s de Vienne, les diplomates les plus retors cherchaient ? augmenter les distances entre eux et cet aigle tomb? qui pouvait encore reprendre son vol. Fouch? insinua ? son ancien ma?tre de s'enfuir en Am?rique o? il pourrait sans doute recommencer une carri?re finie en Europe.

Mais Napol?on avait lu Machiavel et il ne se faisait aucune illusion sur la sinc?rit? des conseils donn?s par le grand intrigant qu'il avait fait Duc d'Otrante.

Il connaissait aussi les sentiments de la France ? son ?gard et pr?f?ra une marche triomphale ? Paris ? un voyage incertain ? New-York.

Il s'?tait renseign? aupr?s du Commissaire anglais ? Porto-Ferrajo sur l'?tat des hostilit?s qui, depuis 1812, se poursuivaient entre l'Angleterre et les ?tats-Unis. Et, quand il apprit, de la bouche du capitaine Usher que 25.000 hommes avaient ?t? distraits de l'arm?e de Wellington pour op?rer en Louisiane et en Floride, il prit le parti de rentrer en France.

Les nouvelles et les d?tails de ces ?v?nements lui ?taient malheureusement parvenus avec un grand retard. Quand Bonaparte arriva ? Paris, la paix ?tait de nouveau r?tablie entre l'Angleterre et l'Am?rique et les troupes qui avaient combattu ? la Nouvelle-Orl?ans furent dirig?es sur l'Europe pour participer ? la d?fense de la Belgique.

Si ces r?giments d'infanterie, habitu?s ? vaincre sous les ordres de Wellington, ?taient demeur?s un peu plus longtemps en Am?rique, la plaine de Waterloo aurait peut-?tre connu un autre destin.

Apr?s Waterloo, Napol?on aurait pu s'embarquer ? Bordeaux sur un vaisseau am?ricain. On lui proposa de prendre la place de son fr?re Joseph qui avait pr?par? son propre d?part et obtenu un passeport du charg? d'affaires des ?tats-Unis, ? Paris.

C'e?t ?t? une faute,--un abandon de soi-m?me et de son entourage: Napol?on crut ? la magnanimit? de l'Angleterre et devint le prisonnier de Sainte-H?l?ne.

De l'?num?ration de ces principaux faits, il ressort que l'Am?rique, d'une fa?on directe ou d'une fa?on indirecte, a toujours exerc? une action sur la politique de Napol?on, ou sur l'?volution de la politique de l'Europe boulevers?e et domin?e par Napol?on.

Cette action, permanente parce qu'elle avait une cause profonde, des racines qui, du Vieux Monde, se ramifiaient jusqu'au Nouveau-Monde, ?tait parfois invisible pour les contemporains, ne se manifestait qu'aux heures d?cisives, mais, en r?alit?, r?pondait ? la marche fatale des ?v?nements.

Napol?on lui-m?me qui, issu de la R?volution fran?aise, avait bris? tant de moules surann?s, aboli tant de pr?jug?s admis, qu'il le voul?t ou non, dut se soumettre ? cette impulsion venue des lointains de l'histoire et des lointains d'un continent jeune.

Il s'y soumit naturellement, parce qu'au point de vue de la civilisation et du progr?s social, il faisait la m?me besogne que les citoyens libres de l'Union, besogne qui consistait ? ouvrir ? toutes les classes de la Soci?t? des perspectives de bonheur et de richesses que l'ancien r?gime avait si jalousement limit?es. Comme legs de la R?volution, ce fut la lutte pour la vie avec des espoirs de r?ussite permis ? tous.

?tait-ce un bien? ?tait-ce un mal? Ce n'est pas la place de le rechercher ici.

Sous les combinaisons politiques, sous les calculs de l'ambition, plus haut que les r?ves de gloire et plus durable que la victoire remport?e sur un champ de bataille, il y avait l'humanit? en marche.

Malgr? tout, Napol?on a travaill? pour elle et, si l'on fait abstraction, un instant, des h?ro?ques aventures de l'?pop?e militaire, il est permis de dire qu'il ne fut qu'un instrument au service du principe de causalit?.

Cette affirmation para?t surtout justifi?e quand on l'applique ? ses relations avec l'Am?rique.

Admirateur de la r?volution am?ricaine, il fut lui-m?me un produit de la r?volution fran?aise dont il propagea les id?es,--quitte ? les combattre dans la suite.

Empereur d'Occident, il voulut porter la couronne de Charlemagne: vertige de la grandeur qui, par cette emprise d'atavismes trop anciens, le fit ?chouer. Cependant, l'Am?rique qui n'avait pas ? compter avec le charme et le danger d'un si lointain pass?, marchait droit vers l'avenir, d'apr?s des principes de libert? et d'?galit? implant?s sur un sol vierge par les Puritains et d?velopp?s ensuite par la force et la logique des faits.

Les ?v?nements qui se sont d?roul?s pendant plus de trois si?cles, ont ?t? le point de d?part des questions qui font l'objet du pr?sent travail: pour comprendre celles-ci, il faut conna?tre ceux-l?. Avant d'entrer dans le coeur du sujet, il est n?cessaire de se demander quels ?taient ces ?v?nements et quels ?taient les hommes qui, influenc?s par eux, pouss?s par la fatalit? des lois historiques, ont souvent ob?i ? ces lois et ont parfois dirig? ces ?v?nements.

Mais cette conclusion s'impose: c'est la politique de Napol?on qui permet aujourd'hui, aux descendants des P?res P?lerins, fid?les ? l'id?al de leurs anc?tres, de revenir en Europe--berceau de la civilisation, par des r?gimes surann?s menac?e de la tombe--pour y d?fendre le droit de l'individu et des collectivit?s, conform?ment aux principes si magistralement d?finis par le Pr?sident Wilson.

CHAPITRE I

LA FRANCE ET L'ANGLETERRE DANS L'AM?RIQUE SEPTENTRIONALE.

Importance de la d?couverte de l'Am?rique. -- Le r?le de la M?diterran?e passe ? l'Oc?an Atlantique. -- D?clin de l'Allemagne et de l'Italie. -- D?veloppement des nations c?ti?res occidentales. -- Rivalit? franco-anglaise en Am?rique. -- La colonisation fran?aise. -- Les Normands au Xe si?cle. -- Verrazzano. -- Cartier ? Stadacon? et ? Mont-Royal. -- Samuel de Champlain. -- Cavelier de La Salle sur le Mississipi. -- Colonisation anglaise. -- L'oeuvre des Puritains. -- La Louisiane. -- Politique coloniale de la France et de l'Angleterre.

La lutte entre la France et l'Angleterre, pour l'h?g?monie dans l'Am?rique du Nord, constitue un des chapitres les plus glorieux de l'histoire mondiale.

Pour en comprendre toute l'importance, il suffit de rappeler les grands changements introduits dans les relations internationales, au lendemain de la d?couverte de l'Am?rique. Ce fut un ?v?nement plus riche en cons?quences que bien des r?volutions dont le retentissement demeura plut?t local.

En ouvrant ? la curiosit?, ? l'int?r?t, au trafic, ? la guerre, ? la science, de vastes ?tendues situ?es ? l'occident de l'Europe, on ouvrait, en m?me temps, aux pays occidentaux de cette m?me Europe, des horizons immenses, des perspectives de richesse et de gloire qui allaient changer la face du monde, bouleverser la signification civilisatrice des nations, r?veiller d'anciennes rivalit?s et en cr?er de nouvelles.

Des r?les furent intervertis.

Les pays qui, jusqu'? cette ?poque, avaient, pour ainsi dire, trouv? ? port?e de leurs mains, les sources de la fortune et de la puissance, furent rejet?s au second plan,--et des pays qui s'endormaient dans la routine et la monotonie, furent secou?s d'un frisson de conqu?te,--enfin, des pays qui n'avaient pas encore pris contact avec la civilisation, furent d?couverts, ?mancip?s, exploit?s... ou bien an?antis.

Apr?s avoir fourni une carri?re glorieuse mais pourtant limit?e par des barri?res plut?t g?ographiques que politiques, l'Orient et le centre de l'Europe durent passer le sceptre de la domination ? l'Occident de l'Europe.

La cause en ?tait simple, quoiqu'on n'en vit pas imm?diatement toute la port?e.

Le fait saillant est celui-ci: comme chemin de communication d'un continent ? un autre, l'Oc?an Atlantique rempla?a la mer M?diterran?e.

La M?diterran?e qui, dans l'antiquit?, avait servi de lien entre l'?gypte, l'Asie Mineure, la Gr?ce, Rome et Carthage,--qui, au moyen-?ge, avait fait la grandeur des petites r?publiques italiennes et des villes hans?atiques allemandes, devint, du jour au lendemain, un lac int?rieur destin? ? alimenter des besoins et des int?r?ts d?sormais restreints et stationnaires. Ce fut le d?clin de l'Allemagne et de l'Italie.

Sous l'influence de facteurs dont les contemporains ne se rendirent pas bien compte, ces pays se virent condamn?s ? un effacement de leur nationalit?, ? un ralentissement de leur activit?. Et pendant longtemps, l'histoire connut une <> et une <>.

Par contre, la mer occidentale qui, pendant de longs si?cles, ne repr?sentait, pour les navigateurs, au-del? des colonnes d'Hercule, qu'un gouffre effrayant envelopp? de brouillard et de myst?re, en livrant son secret ? Christophe Colomb, inaugura une ?re nouvelle. L'oeuvre que le g?nial G?nois, au service de l'Espagne, avait tent?e et r?alis?e, fut continu?e et achev?e par d'autres. La voie ?tait ouverte; place maintenant aux peuples en progr?s et aux id?es en marche. Et ce fut le tour des nations occidentales ? entrer en sc?ne, des nations dont les c?tes se d?veloppent sur une vaste ?tendue, le long de l'Oc?an Atlantique et constituent autant de bras tendus vers des rives oppos?es qui semblaient les solliciter et les appeler.

Tandis que l'Allemagne est divis?e en deux camps irr?ductibles par la R?forme et se d?sagr?ge dans une lutte terrible qui dure plus de trente ans;--tandis que l'Italie est la proie des convoitises ?trang?res, l'Espagne, le Portugal, la France, l'Angleterre et la Hollande, pays dont les c?tes s'?tendent du Sud-Ouest au Nord-Ouest de l'Europe, voient leurs destin?es modifi?es de fond en comble par la d?couverte de l'Am?rique. Ces pays, pour ne parler que des trois plus grands, r?v?rent tour ? tour de devenir <>, une <>, une <>.

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