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Munafa ebook

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Read Ebook: Napoléon et l'Amérique Histoire des relations franco-américaines spécialement envisagée au point de vue de l'influence napoléonienne (1688-1815) by Schalck De La Faverie A Alfred

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Ebook has 930 lines and 90177 words, and 19 pages

Tandis que l'Allemagne est divis?e en deux camps irr?ductibles par la R?forme et se d?sagr?ge dans une lutte terrible qui dure plus de trente ans;--tandis que l'Italie est la proie des convoitises ?trang?res, l'Espagne, le Portugal, la France, l'Angleterre et la Hollande, pays dont les c?tes s'?tendent du Sud-Ouest au Nord-Ouest de l'Europe, voient leurs destin?es modifi?es de fond en comble par la d?couverte de l'Am?rique. Ces pays, pour ne parler que des trois plus grands, r?v?rent tour ? tour de devenir <>, une <>, une <>.

Dans l'Am?rique du Nord o?, malgr? des tentatives audacieuses, l'Espagne ne put asseoir son autorit? comme elle l'avait fait dans l'Am?rique du Sud, il n'y eut bient?t plus, face ? face, que deux rivales: la France et l'Angleterre.

La rivalit? entre ces deux nations passe par des alternatives diverses, elle engendre des guerres qui ont leur d?no?ment sur les champs de bataille de l'Europe, mais dont les r?sultats g?n?raux se font surtout sentir en Am?rique. Si, finalement, l'Angleterre l'emporta sur la France dans le Nouveau Monde, il faut en chercher une des raisons dans la position g?ographique des deux pays en comp?tition: l'un, ?tant une ?le, n'avait pas les m?mes attaches avec le continent europ?en que l'autre dont le grand r?le provenait pr?cis?ment de ces m?mes attaches,--autant d'entraves pour le succ?s des entreprises coloniales.

Il y a d'autres raisons qui expliquent cet ?chec de notre politique coloniale,--des obstacles quasi organiques contre lesquels les plus grands protagonistes du drame historique, Napol?on lui-m?me, vinrent se briser et dont on se rendit compte longtemps apr?s la fin de l'entreprise ?pique.

Au d?but, la France eut l'avantage.

Elle prit possession du Canada et du Saint-Laurent trente ans avant que Humphrey Gilbert ne plant?t l'?tendard anglais sur Terre-Neuve et pr?s de quatre-vingts ans avant que Walther Ralegh ne s'empar?t de la contr?e fertile qu'au nom de la reine ?lisabeth il appela: Virginie.

M?me pour la colonisation proprement dite, la France devan?a l'Angleterre. De bonne heure, nos explorateurs et nos missionnaires remont?rent le Saint-Laurent et descendirent la vall?e du Mississipi, sillonnant ainsi les ?tendues immenses d'un vaste empire ? fonder, dont les limites extr?mes se perdraient, au nord, dans les neiges du Canada et, au Sud, dans les plantations de sucre de la Louisiane.

Pour asseoir sur des bases solides un tel empire, il aurait fallu r?aliser des conditions multiples; il aurait fallu, avant tout, conserver l'avantage commercial et strat?gique que nous devions ? nos premiers pionniers et qui nous assurait une avance consid?rable sur nos rivaux. Gr?ce ? cette avance, nous aurions peut-?tre pu isoler et r?duire les colonies anglaises, relativement faibles au d?but et resserr?es entre la mer et les monts Alleghanys.

C'est le contraire qui arriva.

Notre force colonisatrice, en tant qu'initiative priv?e entretenue par des besoins imp?rieux, s'arr?ta de bonne heure. D'Angleterre, d'?cosse, d'Irlande, par contre, se manifestait l'esprit le plus entreprenant, le plus aventureux de la race anglo-saxonne. Tandis que la France s'en tenait ? ses premi?res conqu?tes dans les zones d?j? explor?es,--territoires immenses mais peut-?tre trop dispers?s, manquant de points de contact--tandis qu'elle organisait des exp?ditions officielles sous le contr?le direct du gouvernement, d'ailleurs, absorb? par les affaires int?rieures, les d?fricheurs anglais de toutes esp?ces se frayaient leur route vers l'ouest et le sud-ouest, ? coups de hache et ? coups de fusil, au gr? de leurs personnelles convenances, pr?parant simplement l'intervention gouvernementale pour le moment opportun.

De l?, des conflits, un ?tat de guerre chronique qui, avec ses fortunes diverses, devint permanent vers 1688, jusqu'? ce qu'enfin, dans le nord, la puissance fran?aise succomba dans les plaines d'Abraham.

Ce fut le d?but de l'histoire d'Am?rique.

La bataille qui d?cida de la destin?e de la France et de l'Angleterre en Am?rique d?cida aussi de la future ind?pendance des futurs ?tats-Unis.

Menac?es par la France sur leurs flancs, les colonies anglaises eurent naturellement recours ? la protection de la m?tropole: ? ce moment, leurs int?r?ts se confondent.

L'affaiblissement de la France, son effacement, permit bient?t aux insurgents de s'occuper plus activement de leurs personnelles revendications. Ayant chass? les Fran?ais du Canada, ceux qui aspiraient ? devenir des Am?ricains, ne song?rent plus qu'? secouer le joug des Anglais.

Des hauteurs d'Abraham, la route menait donc ? la d?claration de l'Ind?pendance et, de la d?claration de l'Ind?pendance, ? Yorktown.

Et elle mena plus loin.

Napol?on h?rita de cette succession lourde et embrouill?e; ? l'ext?rieur la situation ?tait aussi troubl?e qu'? l'int?rieur,--je veux dire qu'hors d'Europe aurait d? se d?nouer la rivalit? entre la France et l'Angleterre: ce fut en Europe que, malgr? lui, Napol?on dut chercher ? abattre l'Angleterre, tout en faisant intervenir, quand il le jugeait ? propos, la grande influence de l'Am?rique.

Avant d'entrer dans les d?tails de cette histoire, il convient de r?sumer les diff?rentes phases par lesquelles a pass? l'oeuvre fran?aise dans le Nouveau-Monde.

Des noms glorieux se pressent en foule; des haut faits en masse sont ? enregistrer: l'individu fut ? la hauteur d'une t?che souvent au-dessus de ses forces; la collectivit? laissa parfois ? d?sirer.

En pr?sence de tant d'aventures et de tant d'aventuriers, sans nous arr?ter ? la tentative de colonisation de nos anc?tres normands qui, probablement, vers le Xe si?cle, d?couvrirent une partie de la c?te des ?tats-Unis actuels, qu'ils appel?rent Vineland, citons, d'abord, le dieppois Cousin qui, en 1488, quatre ans avant Christophe Colomb, fut pouss? ? l'ouest de la terre africaine, vers un continent qui ne serait autre que l'Am?rique.

Mais c'est la p?riode l?gendaire. Que veut-on? o? va-t-on?

Les marchands veulent des mines d'or et de diamants, des ?pices rares, des fourrures de prix, des p?ches miraculeuses. C'est la mati?re brute ? exploiter et ? la conqu?te de laquelle, sous ses formes diverses, se pr?cipitent les peuples assoiff?s de jouissances nouvelles et de gains inesp?r?s. Les explorateurs, soutenus par un id?al plus ?lev? ou pouss?s par une conception scientifique plus ou moins exacte, cherchent le fameux passage du Nord-Ouest conduisant vers le prestigieux Cathay. Le r?ve d?sint?ress? alimente le calcul cupide. De toutes ces aspirations contradictoires na?tra l'Am?rique. En attendant, entit? r?elle, elle ne se livre que par bribes aux chercheurs et les g?ographes, d'une main h?sitante, en dessinent la carte, dont les contours changent et se d?veloppent, au gr? des prises de possession plus ou moins heureuses. Les ?crits et les cartes qui donnent quelques informations sur ces exp?ditions premi?res, contiennent des d?tails fantaisistes sur des ?les au nord de Terre-Neuve et sur le Labrador.

C'est par l? qu'il faudrait, s'imagine-t-on, atteindre l'empire du soleil levant et, plus loin, l'empire des Rajahs. Fran?ois Ier jaloux de la gloire maritime de Charles-Quint, dont les domaines ?taient assez vastes pour que le soleil ne s'y couch?t pas, chargea l'Italien Verrazzano de trouver la route escompt?e et esp?r?e. Il n'y parvint pas, mais il longea et explora la c?te am?ricaine le long du Maine jusqu'? Terre-Neuve et, ? d?faut d'autres richesses, rapporta la premi?re description connue des c?tes des ?tats-Unis.

C'?tait beaucoup, car c'?tait une indication qui devait permettre ? d'autres de pousser plus loin leurs investigations. ? l'aube d'un monde qui s'?veille, les Fran?ais marchent en ?claireurs. Et, dans une splendeur de Paradou inculte, cette partie de l'Am?rique offre aux nouveaux venus, l'antre de ses for?ts vierges, l'?tendue de ses prairies, l'immensit? de ses lacs, le courant imp?tueux de ses fleuves, sans compter l'hospitalit? inqui?te des Peaux-Rouges, ?tonn?s de voir des hommes blancs.

Et voici Cartier, le Breton r?veur et tenace qui, parti de Saint-Malo le 20 avril 1534, toujours ? la rechercha de la route qui m?ne au Cathay, s'avance dans le golfe de Saint-Laurent, longe les c?tes d'Anticosti et remonte le grand fleuve dont les eaux profondes le portent et l'entra?nent, plus loin, jusqu'? un roc escarp? qui se dresse au milieu du courant. Dans ce d?sert de solitude et de myst?re, se profilent les parois abruptes qui seront les t?moins d'h?ro?ques exploits. Cartier ne vit que la flore gigantesque d'un paysage inculte o? se groupaient quelques Wigwams sur l'emplacement qui devait ?tre, plus tard, la ville de Qu?bec. Son nom ?tait alors Stadacon?, capitale du chef indien Domacona.

Mais il existe une m?tropole plus grande, plus importante, appel?e Hochelaga: les Indiens en parlent avec myst?re. Sur les insistances de Cartier, ils consentent ? l'y conduire. On se met en marche.

C'est la premi?re fois que des Europ?ens, des Fran?ais, foulent la terre du Canada, ?tablissant, d'un geste pacifique, les droits ? une conqu?te future. Et malgr? les intentions hostiles ou les projets guerriers, l'entreprise est d'une po?sie intense.

La matin?e ?tait fra?che, les feuilles des arbres frissonnaient dans la gamme des nuances changeantes, et, ? la base des ch?nes, s'amoncelait une couche ?paisse de glands. Ils allaient, surpris et charm?s, sous la conduite des Indiens. Par un beau soleil d'automne, ?clairant une muraille de verdure seulement coup?e par le sillage des eaux courantes du fleuve, ils virent des for?ts festonn?es de pampres et de vignes, des douves remplies d'oiseaux aquatiques,--ils entendirent le chant du merle, de la grive,--et comme ils purent se l'imaginer,--le chant aussi des profondeurs inhabit?es les appelant au loin...

En approchant de la myst?rieuse Hochelaga, ils rencontr?rent un chef indien et comme dit Cartier... <>.

C'?tait le 2 octobre 1535.

Sur les hauteurs dominant le fleuve, un millier d'Indiens occupaient le rivage. ? la vue des hommes blancs, bard?s de fer, qui semblaient tomber du ciel, ils exprim?rent leur ?tonnement avec fr?n?sie. Ils se mirent ? danser, ? chanter, entourant les ?trangers et glissant dans leurs bateaux des offrandes de poissons et de ma?s. Et comme la nuit gagnait, des feux resplendirent bient?t dans l'obscurit?, tandis que, de loin en loin, nos Fran?ais pouvaient voir les sauvages excit?s qui sautaient et se r?chauffaient au contact de la flamme.

Aux regards anxieux s'?tendait cette vue remarquable qui fait toujours le charme des touristes. Mais combien chang?e depuis que le premier blanc en fut ?merveill? pour la premi?re fois! Aujourd'hui, c'est l'agglom?ration d'une ville importante, c'est l'activit? commerciale et industrielle pouss?e ? l'extr?me en ce raccourci des choses: voiles blanches des bateaux balanc?s au gr? du grand fleuve,--fum?e des vapeurs filant au loin,--sifflement des machines--disputes des hommes...

Le m?me spectacle s'offrit aux regards de ceux qui suivirent Cartier: Roberval, La Roche, De Monts... Nous ne pouvons les citer tous, mais une mention sp?ciale doit ?tre accord?e ? Samuel de Champlain, le plus pur, le plus int?ressant de ces pionniers de la premi?re heure. H?ros ? la fois enthousiaste et sagace, il est le chevalier errant de la royaut? et de la foi qui donne son v?ritable caract?re ? l'exploration fran?aise de cette ?poque. Tandis que d'autres vont dans les pays nouveaux pour trafiquer simplement ou pour administrer, lui va pour colliger des faits et convertir des ?mes.

Dans un premier voyage, il visita La Vera Cruz, Mexico, Panama; il y a plus de trois si?cles, son esprit entreprenant con?ut l'id?e d'un canal ? travers l'isthme, entre l'Atlantique et la mer du Sud, <<...l'on accourcirait par ainsi, dit-il, le chemin de plus de 1.500 lieues et, depuis Panama jusque au d?troit de Magellan, ce serait une isle et de Panama jusques aux Terres-Neuves, une autre isle...>>

Mais l'exp?dition qui devait le mener au nord de l'Am?rique partit de Honfleur en 1608: elle contenait en germe le destin d'un peuple, l'avenir du Canada. Mieux organis?e, elle ?tait compos?e d'hommes aux aptitudes diverses qui se compl?taient. Pontgrav? devait s'entendre avec les Indiens pour le commerce des fourrures; Champlain devait faire oeuvre d'explorateur scientifique. Double conception, indispensable, sans doute, quand on veut coloniser, mais dont les tendances et les moyens souvent contradictoires se g?nent parfois et se neutralisent. Champlain refit, en r?alit?, le voyage de Cartier; il remonta le Saint-Laurent comme son pr?d?cesseur et, comme lui, il vit les falaises de Qu?bec et les hauteurs de Montr?al. H?te pacifique, anim? des intentions les plus humanitaires, il ?tait cependant le pr?curseur d'une foule moins d?sint?ress?e: des pr?tres, des soldats, des paysans qui, dans ces solitudes ou parmi des groupements d'Indiens, plant?rent la croix du Christ, les ?cussons de la f?odalit?, les insignes de la royaut? fran?aise.

Ce fut le pr?lude de conflits plus graves.

Champlain sut se faire bien venir aupr?s des Hurons qui lui facilit?rent ses explorations aux grands lacs, jusqu'au lac qui porte son nom et qui le mit en communication directe avec la colonie de Massachusetts,--le coeur de la Nouvelle-Angleterre.

Champlain avait mis ? profit l'inimiti? des Hurons contre les Iroquois, amis des Anglais. On peut consid?rer cette exploration et cette prise de possession du lac Champlain comme le geste initial qui allait donner le signal et sa signification ? la lutte in?vitable. En avan?ant de ce c?t?, nous faisions une pointe directe contre les colonies anglaises, mena?ant, de la sorte, leur extension vers le nord, en Acadie, et commandant ? l'entr?e de la vall?e de l'Ohio qui ouvrait la porte vers l'ouest, vers le sud, dans le bassin du Mississipi. Toutes les contestations futures ?taient contenues dans cette premi?re tentative. Celui des deux peuples qui ?tait ma?tre de l'Acadie, serait le ma?tre aussi de la vall?e du Saint-Laurent,--celui qui pourrait s'avancer librement dans la vall?e de l'Ohio, pourrait gagner la vall?e du Mississipi, art?re centrale d'un empire ? fonder. C'?tait, en somme, toute l'Am?rique du Nord.

Pour le moment, ce que Champlain a cr??, c'est le Canada,--la Nouvelle France, avec ses deux capitales Qu?bec et Montr?al qu'il eut ? d?fendre contre les incursions des Indiens et des Anglais. Mais il avait indiqu? la marche ? suivre et ses successeurs, explorateurs et gouverneurs, qu'ils fussent guid?s par les J?suites, les R?collets ou bien soutenus par le g?nie administratif de Colbert, s'efforc?rent simplement de parachever ce que lui avait commenc?.

Pour plus de clart?, il convient de faire ici deux parts: la part de ce qui s'est pass? dans les colonies et la part de ce qui s'est pass? en Europe.

Et d'abord, pendant que nous ?tablissions une nouvelle France au Canada, avec des d?bouch?s sur la vall?e de l'Ohio vers l'Ouest et le Sud jusqu'? l'embouchure du Mississipi, qu'avaient fond? les Anglais en Am?rique?

Leurs colonies s'?tendaient de la c?te d'Acadie, en passant par Boston, le Maryland, la Caroline, la G?orgie jusqu'? la Floride qui appartenait ? l'Espagne. Entre l'Oc?an et les Monts Alleghanys, c'?tait une grande longueur de c?tes qui en faisait la force et la faiblesse: la force, parce que domaine bien d?limit?, aux ressources et aux d?fenses concentr?es,--sa faiblesse, parce que domaine resserr? entre des barri?res naturelles, telles que l'Oc?an Atlantique et une cha?ne de montagnes, ne pouvant s'?tendre s'il ?tait menac? de trop pr?s par les incursions des Indiens ou les empi?tements ambitieux des Fran?ais,--risquant d'?touffer entre des fronti?res trop ?troites pour contenir l'afflux des populations nouvelles que l'immigration promettait d?j? nombreuses et audacieuses.

D?but d'ailleurs difficile, ?pre et sombre, pour la colonie du Massachusetts qui, dans l'?nergie du d?sespoir, vit les P?res P?lerins fonder une th?ocratie fa?onnant des ?mes de sectaires au gr? de l'id?e puritaine. Si l'id?e contenait en germe la victoire et l'?mancipation d?finitive, les hommes connurent bien des traverses. Avant les Fran?ais, ils eurent ? lutter contre les Hollandais qui, ? l'embouchure de l'Hudson, avaient b?ti le fort d'Amsterdam sur l'emplacement actuel de New-York. Charles II s'en empara et, en souvenir de son fr?re, le Duc d'York, la rebaptisa. D?j?, sous Charles Ier, l'?migration catholique avait trouv? un d?versoir dans le Maryland. Les pers?cutions religieuses qui s?vissaient en Angleterre, alimentaient les colonies d'une fa?on permanente et r?guli?re. En 1640, on compta jusqu'? 20.000 ?migrants, et ce chiffre va croissant jusqu'? la fin du si?cle.

Les hommes en masse que la mer d?versait sur les rives orientales du continent ?taient arr?t?s par la cha?ne des Alleghanys ? l'Ouest. Que faire? Lutter, se frayer passage, emp?cher les Fran?ais de mener ? bien leurs entreprises. C'est la ru?e vers le Far-West qui commence: point de d?part d'une politique dont les effets se font encore sentir de nos jours. Tous les moyens sont bons. Sur les lieux m?mes: contestations, escarmouches, guets-apens, massacres; en Europe: de grandes guerres.

Ces guerres doivent ?tre envisag?es ici ? un point de vue sp?cial. L'histoire les a g?n?ralement ?tudi?es d'apr?s les causes directes qui ?taient bien d'Europe, ainsi que le th??tre sur lequel elles se d?roulaient. Mais il y a des causes plus profondes en ce qui concerne la rivalit? franco-britannique et c'est dans le Nouveau-Monde qu'il faut les chercher. De 1688 ? 1815, il y a eu sept grandes guerres et c'est pendant cette p?riode que l'Angleterre a ?tabli sa supr?matie maritime au d?triment de la France, qu'elle a suscit? des complications europ?ennes dans lesquelles sa rivale a trouv? gloire et profit, mais o? elle a parfois abandonn? la proie pour l'ombre. Ce fut, en r?alit?, une seconde guerre de cent ans entre la France et l'Angleterre, ayant pour pr?texte et pour but inavou?, la pr?dominance en Am?rique.

Pour l'Angleterre, pays maritime, c'?tait une question de vie ou de mort. Pour la France, pays ? la fois maritime et continental, d'un caract?re amphibie, c'?tait une possibilit? de splendeur inou?e qui aurait pu se r?aliser, qui s'est r?alis?e un moment mais s'est ?vanouie sous la pression d'?v?nements contraires.

La France poss?de une longue succession de c?tes, aux populations de marins, qui ont toujours donn? des preuves de leur activit? exploratrice et colonisatrice. Mais sa grandeur l'attachait au rivage.

Cette conception ?tait logique et conforme aux pr?c?dents d?fendus par Richelieu et Mazarin. Elle contenait cependant une part d'erreur. Richelieu lui-m?me, en faisant de l'abaissement de la maison d'Autriche le pivot de sa politique europ?enne, ne limitait pas ses vues aux seules affaires continentales et affichait hautement sa sympathie pour les choses et les gens de la marine,--cet instrument d'une <>.

Quelles qu'aient ?t? les alternatives de ces guerres en Europe, l'Angleterre en a toujours tir? un avantage en Asie comme en Am?rique, avantage qui r?pondait ? sa situation g?ographique et aux besoins de la nation,--avantage dont la France ne pouvait m?conna?tre toute l'importance et qui faisait r?ellement le fond du d?bat, en d?pit des int?r?ts divergents qui dispersaient nos forces sur le continent.

Lorsque fut fond?e la Louisiane, en 1680, la France ?tait une des grandes puissances coloniales, si cette expression peut r?pondre aux conceptions de l'?poque. Ses m?thodes d'administration, d'exploitation, semblaient devoir r?ussir. La th?orie en ?tait excellente: ce que Colbert avait ?labor? dans son cabinet de travail r?pondait aux plus claires conceptions du g?nie latin. La pratique laissa ? d?sirer. Ce qui manqua? La mati?re colonisatrice, les hommes,--les hommes d'une certaine trempe qui, tout en ?tant patriotes, ne tenaient pas tant au sol m?me de leur patrie qu'? la possibilit? de transporter l'essence de cette patrie sur un sol plus fertile peut-?tre et toujours plus ?tendu.

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