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Munafa ebook

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Words: 82645 in 12 pages

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victimes. Dans cet insecte fouisseur, je reconnais une vieille connaissance, un Cerceris que j'ai trouv? deux cents fois en ma vie, soit en Espagne, soit dans les environs de Saint-Sever.

H?tons-nous donc de nous rendre dans la r?gion des pins pour moissonner de nouvelles jouissances. Le chantier d'exploration est le jardin d'une propri?t? situ?e au milieu de for?ts de pins maritimes. -- Les repaires de Cerceris furent bient?t reconnus; ils ?taient exclusivement pratiqu?s dans les ma?tresses all?es, o? le sol, plus battu, plus compact ? la surface, offrait ? l'hym?nopt?re fouisseur des conditions de solidit? pour l'?tablissement de son domicile souterrain. J'en visitai une vingtaine environ, et je puis le dire, ? la sueur de mon front. C'est un genre d'exploitation assez p?nible, car les nids, et par cons?quent les provisions, ne se rencontrent qu'? un pied de profondeur. Aussi, pour ?viter leur d?gradation, il convient, apr?s avoir enfonc? dans la galerie des Cerceris un chaume de gramin?e qui sert de jalon et de conducteur, d'investir la place par une ligne de sape carr?e dont les c?t?s sont distants de l'orifice ou du jalon d'environ sept ? huit pouces. Il faut saper avec une pelle de jardin, de mani?re que la motte centrale, bien d?tach?e dans son pourtour, puisse s'enlever en une pi?ce, que l'on renverse sur le sol pour la briser ensuite avec circonspection. Telle est la manoeuvre qui m'a r?ussi.

Vous eussiez partag?, mon ami, notre enthousiasme ? la vue des belles esp?ces de Buprestes que cette exploitation si nouvelle ?tala successivement ? nos regards empress?s. Il fallait entendre nos exclamations toutes les fois qu'en renversant de fond en comble la mine, on mettait en ?vidence de nouveaux tr?sors, rendus plus ?clatants encore par l'ardeur du soleil; ou lorsque nous d?couvrions, ici, des larves de tout ?ge attach?es ? leur proie, l? des coques de ces larves toutes incrust?es de cuivre, de bronze, d'?meraudes. Moi qui suis un entomophile praticien, et, depuis, h?las! trois ou quatre fois dix ans, je n'avais jamais assist? ? un spectacle si ravissant, je n'avais jamais vu pareille f?te. Vous y manquiez pour en doubler la jouissance. Notre admiration, toujours progressive, se portait alternativement de ces brillants col?opt?res au discernement merveilleux, ? la sagacit? ?tonnante du Cerceris qui les avait enfouis et emmagasin?s. Le croiriez-vous, sur plus de quatre cents individus exhum?s, il ne s'en est pas trouv? un seul qui n'appartint au vieux genre Bupreste. La plus minime erreur n'a point ?t? commise par notre savant hym?nopt?re. Quels enseignements ? puiser dans cette intelligente industrie d'un si petit insecte! Quel prix Latreille n'aurait-il pas attach? au suffrage de ce Cerceris en faveur de la m?thode naturelle.

Passons maintenant aux diverses manoeuvres du Cerceris pour ?tablir et approvisionner ses nids. J'ai d?j? dit qu'il choisit les terrains dont la surface est battue, compacte et solide: j'ajoute que ces terrains doivent ?tre secs et expos?s au grand soleil. Il y a dans ce choix une intelligence, ou, si vous voulez, un instinct qu'on serait tent? de croire le r?sultat de l'exp?rience. Une terre meuble, un sol uniquement sablonneux, seraient, sans doute, bien plus faciles ? creuser: mais comment y pratiquer un orifice qui p?t rester b?ant pour le besoin du service, et une galerie dont les parois ne fussent pas expos?es ? s'?bouler ? chaque instant, ? se d?former, ? s'obstruer ? la moindre pluie? Ce choix est donc rationnel et parfaitement calcul?.

Notre hym?nopt?re fouisseur creuse sa galerie au moyen de ses mandibules et de ses tarses ant?rieurs qui, ? cet effet, sont garnis de piquants raides, faisant l'office de r?teaux. Il ne faut pas que l'orifice ait seulement le diam?tre du corps du mineur; il faut qu'il puisse admettre une proie plus volumineuse. C'est une pr?voyance admirable. ? mesure que le Cerceris s'enfonce dans le sol, il am?ne au dehors les d?blais, et ce sont ceux-ci qui forment le tas que j'ai compar? plus haut ? une petite taupini?re. Cette galerie n'est pas verticale, ce qui l'aurait infailliblement expos?e ? se combler, soit par l'effet du vent, soit par bien d'autres causes. Non loin de son origine, elle forme un coude; sa longueur est de sept ? huit pouces. Au fond du couloir, l'industrieuse m?re ?tablit les berceaux de sa post?rit?. Ce sont cinq cellules s?par?es et ind?pendantes les unes des autres, dispos?es en demi-cercle, creus?es de mani?re ? poss?der la forme et presque la grandeur d'une olive, polies et solides ? leur int?rieur. Chacune d'elles est assez grande pour contenir trois Buprestes, qui sont la ration ordinaire pour chaque larve. La m?re pond un oeuf au milieu des trois victimes, et bouche ensuite la galerie avec de la terre, de mani?re que, l'approvisionnement de toute la couv?e termin?, les cellules ne communiquent plus au dehors.

Il est encore, dans les manoeuvres de notre assassin des Buprestes, un fait des plus singuliers. Les Buprestes enterr?s, ainsi que ceux dont je me suis empar? entre les pattes de leurs ravisseurs, sont toujours d?pourvus de tout signe de vie; en un mot, ils sont d?cid?ment morts. Je remarquai avec surprise que, n'importe l'?poque de l'exhumation de ces cadavres, non-seulement ils conservaient toute la fra?cheur de leur coloris, mais ils avaient les pattes, les antennes, les palpes et les membranes qui unissent les parties du corps, parfaitement souples et flexibles. On ne reconnaissait en eux aucune mutilation, aucune blessure apparente. On croirait d'abord en trouver la raison, pour ceux qui sont ensevelis, dans la fra?cheur des entrailles du sol, dans l'absence de l'air et de la lumi?re; et pour ceux enlev?s aux ravisseurs, dans une mort tr?s r?cente.

Mais observez, je vous prie, que lors de mes exp?riences, apr?s avoir plac? isol?ment dans des cornets de papier les nombreux Buprestes exhum?s, il m'est souvent arriv? de ne les enfiler avec des ?pingles qu'apr?s trente-six heures de s?jour dans les cornets. Eh bien! malgr? la s?cheresse et la vive chaleur de juillet, j'ai toujours trouv? la m?me flexibilit? dans leurs articulations. Il y a plus: apr?s ce laps de temps, j'ai diss?qu? plusieurs d'entre eux, et leurs visc?res ?taient aussi parfaitement conserv?s que si j'avais pos? le scalpel dans les entrailles encore vivantes de ces insectes. Or, une longue exp?rience m'a appris que, m?me dans un col?opt?re de cette taille, lorsqu'il s'est ?coul? douze heures depuis la mort en ?t?, les organes int?rieurs sont ou dess?ch?s ou corrompus, de mani?re qu'il est impossible d'en constater la forme et la structure. Il y a dans les Buprestes mis ? mort par les Cerceris quelque circonstance particuli?re qui les met ? l'abri de la dessiccation et de la corruption pendant une et peut-?tre deux semaines. Mais quelle est cette circonstance?>>

Pour expliquer cette merveilleuse conservation des chairs qui, d'un insecte plong? depuis plusieurs semaines dans l'inertie d'un cadavre, fait une pi?ce de gibier ne se faisandant pas et se tenant aussi fra?che qu'? la minute m?me de sa capture, pendant les plus fortes chaleurs de l'?t?, l'habile historien du chasseur de Buprestes, suppose un liquide antiseptique, agissant ? la mani?re des pr?parations usit?es pour conserver les pi?ces d'anatomie. Ce liquide ne saurait ?tre que le venin de l'hym?nopt?re, inocul? dans le corps de la victime. Une petite gouttelette de l'humeur venimeuse accompagnant le dard, stylet destin? ? l'inoculation, ferait office d'une sorte de saumure ou de liqueur pr?servatrice pour conserver les chairs dont la larve doit se nourrir. Mais quelle sup?riorit? n'aurait pas sur les n?tres le proc?d? de l'hym?nopt?re en mati?re de conserves alimentaires! Nous saturons de sel, nous impr?gnons des ?cret?s de la fum?e, nous enfermons dans des bo?tes de fer-blanc herm?tiquement closes, des aliments qui se maintiennent mangeables, il est vrai, mais sont loin, bien loin, des qualit?s qu'ils avaient ? l'?tat de fra?cheur. Les bo?tes de sardines noy?es dans de l'huile, les harengs fum?s de la Hollande, les morues r?duites en une plaque racornie par le sel et le soleil, tout cela peut-il soutenir la comparaison avec les m?mes poissons livr?s ? la cuisine alors qu'ils fr?tillent encore? Pour les viandes proprement dites, c'est encore pire. Hors de la salaison et du boucanage, nous n'avons rien qui puisse, m?me pendant une p?riode assez courte, maintenir mangeable ? la rigueur un morceau de chair. Aujourd'hui, apr?s mille tentatives infructueuses dans les voies les plus vari?es, on ?quipe ? grands frais des navires sp?ciaux, qui, munis de puissants appareils frigorifiques, nous apportent congel?es et soustraites ? l'alt?ration par l'intensit? du froid, les chairs des moutons et des boeufs abattus dans les pampas de l'Am?rique du Sud. Comme le Cerceris prime sur nous par sa m?thode, si prompte, si peu co?teuse, si efficace! Quelles le?ons nous aurions ? prendre dans sa chimie transcendante! Avec une imperceptible goutte de son liquide ? venin, il rend ? l'instant m?me sa proie incorruptible. Que dis-je! incorruptible! C'est fort loin d'?tre tout! Il met son gibier dans un ?tat qui emp?che la dessiccation, qui laisse aux articulations leur souplesse, qui maintient dans leur fra?cheur premi?re tous les organes tant int?rieurs qu'ext?rieurs; enfin il met l'insecte sacrifi? dans un ?tat ne diff?rant de la vie que par l'immobilit? cadav?rique.

Telle est l'id?e ? laquelle s'est arr?t? L. Dufour, devant l'incompr?hensible merveille des Buprestes morts que la corruption n'envahit pas. Une liqueur pr?servatrice, incomparablement sup?rieure ? tout ce que la science humaine sait produire, expliquerait le myst?re. Lui, le ma?tre, habile parmi les habiles, rompu aux fines anatomies; lui qui, de la loupe et du scalpel, a scrut? la s?rie entomologique enti?re, sans laisser un recoin inexplor?; lui, enfin, pour qui l'organisation des insectes n'a pas de secrets, ne peut rien imaginer de mieux qu'un liquide antiseptique pour donner au moins une apparence d'explication, ? un fait qui le laisse confondu. Qu'il me soit permis d'insister sur ce rapprochement entre l'instinct de la b?te et la raison du savant pour mieux mettre en son jour, en temps opportun, l'?crasante sup?riorit? de l'animal.

La m?moire pleine des hauts faits du chasseur de Buprestes, j'?piais l'occasion d'assister ? mon tour aux travaux des Cerceris; et je l'?piai tellement que je finis par la trouver. Ce n'?tait pas, il est vrai, l'hym?nopt?re c?l?br? par L. Dufour, avec ses somptueuses victuailles, dont les d?bris exhum?s du sol font songer ? la poudre de quelque p?pite bris?e sous le pic du mineur dans un placer aurif?re; c'?tait une esp?ce cong?n?re, ravisseur g?ant qui se contente d'une proie plus modeste, enfin le Cerceris tubercul? ou Cerceris majeur, le plus grand, le plus robuste du genre.

Ce n'est pas assez pour lui du choix de cet emplacement vertical: d'autres pr?cautions sont prises pour se garantir des pluies in?vitables de la saison d?j? avanc?e. Si quelque lame de gr?s dur fait saillie en forme de corniche; si quelque trou, ? y loger le poing, est naturellement creus? dans le sol, c'est l?, sous cet auvent, au fond de cette cavit?, qu'il pratique sa galerie, ajoutant ainsi un vestibule naturel ? son propre ?difice. Bien qu'il n'y ait entre eux aucune esp?ce de communaut?, ces insectes aiment cependant ? se r?unir en petit nombre; et c'est toujours par groupes d'une dizaine environ au moins que j'ai observ? leurs nids, dont les orifices, le plus souvent assez distants l'un de l'autre, se rapprochent quelquefois jusqu'? se toucher.

Par un beau soleil, c'est merveille de voir les diverses manoeuvres de ces laborieux mineurs. Les uns, avec leurs mandibules, arrachent patiemment au fond de l'excavation quelques grains de gravier et en poussent la lourde masse au dehors; d'autres, grattant les parois de leur couloir avec les r?teaux ac?r?s des tarses, forment un tas de d?blais qu'ils balaient au dehors ? reculons, et qu'ils font ruisseler sur les flancs des talus en longs filets pulv?rulents. Ce sont ces ond?es p?riodiques de sable rejet? hors de galeries en construction, qui ont trahi mes premiers Cerceris et m'ont fait d?couvrir leurs nids. D'autres, soit par fatigue, soit par suite de l'ach?vement de leur rude t?che, semblent se reposer et lustrent leurs antennes et leurs ailes sous l'auvent naturel qui, le plus souvent, prot?ge leur domicile; ou bien encore restent immobiles ? l'orifice de leur trou, et montrent seulement leur large face carr?e, bariol?e de jaune et de noir. D'autres enfin, avec un grave bourdonnement, voltigent sur les buissons voisins du Ch?ne au Kerm?s, o? les m?les, sans cesse aux aguets dans le voisinage des terriers en construction, ne tardent pas ? les suivre. Des couples se forment, souvent troubl?s par l'arriv?e d'un second m?le qui cherche ? supplanter l'heureux possesseur. Les bourdonnements deviennent mena?ants, des rixes ont lieu, et souvent les deux m?les se roulent dans la poussi?re jusqu'? ce que l'un des deux reconnaisse la sup?riorit? de son rival. Non loin de l?, la femelle attend, indiff?rente, le d?nouement de la lutte; enfin elle accueille le m?le que les hasards du combat lui ont donn?, et le couple, s'envolant ? perte de vue, va chercher la tranquillit? sur quelque lointaine touffe de broussailles. L? se borne le r?le de m?les. De moiti? plus petits que les femelles, et presque aussi nombreux qu'elles, ils r?dent ?? et l?, ? proximit? des terriers, mais sans y p?n?trer, et sans jamais prendre part aux laborieux travaux de mine et aux chasses, peut-?tre encore plus p?nibles, qui doivent approvisionner les cellules.


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