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Munafa ebook

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Words: 128638 in 79 pages

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lques alli?s de la France, et ne changeant rien au syst?me qu'il s'?toit fait de marcher ? la suite de l'Angleterre, continuant de mettre tous ses soins ? ne pas la troubler, ? ne pas lui causer le moindre ombrage, comme si les concessions qu'il faisoit ? cette puissance eussent ?t? le gage assur? d'une paix ?ternelle pour la France et pour tout le continent.

On pouvoit pr?voir cependant que la cupidit? de ses marchands ne se contenteroit pas de cette petite part que le dernier trait? leur avoit fait obtenir dans le commerce des colonies espagnoles; qu'une fois introduits si imprudemment dans ce commerce, ils essaieroient de l'attirer ? eux tout entier; que l'Espagne s'en irriteroit et prendroit des mesures pour les arr?ter dans leurs empi?tements; que le gouvernement anglois soutiendroit des actes frauduleux que lui-m?me avoit secr?tement encourag?s, et que de cet article de la paix sortiroit une guerre o? il deviendroit bien autrement utile de se faire m?diateur, et de se pr?senter dans une attitude propre ? faire respecter sa m?diation: c'est ce qui arriva. L'Espagne se f?cha de voir son propre commerce d?p?rir au profit des contrebandiers anglois, et ordonna contre eux des mesures r?pressives; l'Angleterre, qui violoit si ouvertement les trait?s, cria ? l'outrage, ? la violation du droit des gens, et d?clara la guerre ? l'Espagne. Le cardinal s'offrit comme m?diateur; c'?toit le r?le qu'il aimoit ? jouer. Accept?e d?risoirement par les ministres, le parlement lui fit voir le peu qu'?toit maintenant cette m?diation, en la rejetant avec m?pris; les flottes angloises parcoururent les mers, o?, gr?ce ? lui, elles ne rencontroient plus d'obstacles, achevant d'y d?truire le commerce espagnol, mena?ant de toutes parts ses ?tablissements d'outre-mer; et le vieux ministre fut le t?moin impuissant d'une guerre entreprise pour justifier un brigandage, et achever d'arracher leurs d?pouilles ? ceux qui n'avoient pas voulu se laisser d?pouiller. Cette guerre devoit bient?t se compliquer avec les nouveaux int?r?ts qu'un grand ?v?nement alloit faire na?tre en Europe.

L'empereur Charles VI venoit de mourir, laissant sa fille Marie-Th?r?se seule h?riti?re de ses ?tats, et prot?g?e dans ses droits ? cette succession par un pacte que tous les souverains de l'Europe avoient reconnu; et cette reconnoissance, il l'avoit pay?e assez cher pour pouvoir esp?rer que l'on tiendroit les conditions du march?. Mais l'Autriche ?toit alors ?puis?e par une guerre malheureuse qu'elle venoit de soutenir contre les Turcs, et qu'une paix honteuse avoit difficilement termin?e; une simple femme se pr?sentoit pour revendiquer ce grand h?ritage, et, malgr? la foi des trait?s, un brigandage non moins r?voltant que celui que les Anglois exer?oient sur les mers, fut ? l'instant m?me projet? sur le continent. Les ?lecteurs de Saxe et de Bavi?re, la reine d'Espagne, en sa qualit? de princesse de Parme, le roi de Sardaigne, s'?lev?rent ? la fois contre l'h?riti?re, les uns lui disputant l'h?ritage entier, les autres essayant de lui en arracher des lambeaux, et tous faisant valoir des pr?tentions plus ou moins absurdes; car ils avoient encore la pudeur de chercher ? couvrir d'une ombre de justice cette oeuvre d'iniquit?. Cet orage, qui s'?levoit contre la fille de Charles VI, enhardit le souverain du plus petit royaume du Nord ? se mettre au rang des comp?titeurs: le roi de Prusse r?clama la Sil?sie, usurp?e, disoit-il, sur ses a?eux; et tandis que les autres en ?toient encore ? ?taler leurs titres et ? rassembler des arguments pour en prouver la l?gitimit?, ce prince montra d'abord ce qu'il ?toit capable de faire, en envahissant ? main arm?e la province qu'il venoit de r?clamer. Guerrier hardi et entreprenant, il ne se montra pas moins adroit politique, en offrant sur-le-champ ? Marie-Th?r?se de prendre son parti si elle vouloit lui abandonner sa conqu?te, et de l'aider ? faire couronner son mari empereur. La fi?re princesse d?daigna ses offres, et n'y r?pondit qu'en faisant marcher une arm?e contre lui. Fr?d?ric remporta sur cette arm?e la premi?re de ses victoires; l'occupation de la Sil?sie enti?re fut le prix de la bataille de Molwitz, et la ligue contre l'Autriche en fut la cons?quence.

La France n'y parut d'abord que comme alli?e de l'?lecteur de Bavi?re, qui, d?s qu'il se vit soutenu par un si puissant auxiliaire, d?clara hautement ses pr?tentions ? la couronne imp?riale, en concurrence avec le grand duc de Toscane, mari de la reine de Hongrie. Le mar?chal de Belle-Isle, jouant ? la fois le r?le de n?gociateur et de guerrier , commen?a ? parcourir l'Allemagne, allant de Francfort ? Dresde, de Dresde au camp du roi de Prusse, pour assurer par des trait?s le succ?s des projets ambitieux du prince bavarois, tandis que celui-ci, soutenu d'un corps consid?rable de soldats fran?ois, entroit, sans trouver de r?sistance, dans les ?tats de Marie-Th?r?se, qui, m?me apr?s avoir r?uni toutes ses forces pour les opposer au roi de Prusse, se d?fendoit ? peine contre ce redoutable ennemi. De tels succ?s devoient ?tre rapides, et en effet, des provinces enti?res furent envahies par de simples marches; Lintz, Passaw, ouvrirent leurs portes, et l'on arriva bient?t sous les murs de Vienne, o? l'on pouvoit entrer avec la m?me facilit?. Mais d?j? la division r?gnoit parmi les alli?s, et, par ce seul fait, la folie de cette guerre ?toit d?montr?e. La France, qui ne s'attendoit pas ? des succ?s si prompts et si extraordinaires, craignit de rendre l'?lecteur de Bavi?re trop puissant en lui livrant ainsi tous les ?tats autrichiens, et celui-ci avoit h?te lui-m?me de quitter l'Autriche, pour aller en Boh?me emp?cher l'?lecteur de Saxe de prendre ? lui seul cette province, que probablement il auroit voulu s'approprier. On quitta donc un pays ouvert pour s'engager dans une des parties les plus difficiles de l'Allemagne; les conseils du comte Maurice de Saxe, qui, dans cette exp?dition, commandoit les troupes fran?oises, ne furent point ?cout?s; de fausses manoeuvres, dont rien ne put d?tourner l'?lecteur, mirent l'arm?e dans une position qui pouvoit devenir p?rilleuse, qui le devint en effet lorsqu'elle eut fait sa jonction, sous les murs de Prague, avec l'arm?e saxonne. Pour la sauver, il falloit se rendre ma?tre de la capitale de la Boh?me: cette ville, qui sembloit devoir soutenir un long si?ge, fut prise en peu de jours; et ce succ?s inesp?r?, d? au g?nie du comte de Saxe, second? par celui de Chevert, devint le salut de l'arm?e conf?d?r?e.

Cependant, au milieu de tant de revers et d'une situation qui sembloit d?sesp?r?e, Marie-Th?r?se d?ployoit un grand courage et ne d?sesp?roit pas d'elle-m?me. Par une d?marche ?nergique, soutenue de ce que son double caract?re de reine et de m?re pouvoit y ajouter d'imposant et de path?tique, elle avoit entra?n? ? la d?fense de sa cause la noblesse hongroise, qui d'abord s'y ?toit montr?e peu dispos?e. Le mouvement de la Hongrie se communiqua avec une rapidit? presque miraculeuse aux provinces autrichiennes, qui se r?veill?rent tout ? coup de leur l?thargie avec une sorte de transport, et pr?sent?rent bient?t l'aspect d'un peuple entier en armes et ne respirant que la vengeance. Hongrois et Autrichiens, anim?s d'une ?gale ardeur, form?rent, en se r?unissant, une arm?e qu'un nombre consid?rable de troupes irr?guli?res rendit encore plus redoutable, et ainsi r?unis se pr?cipit?rent sur la Bavi?re; et tandis que Charles-Albert se faisoit complaisamment couronner ? Francfort, des ennemis exasp?r?s mettoient ? feu et ? sang ses ?tats h?r?ditaires. Cependant le mar?chal de Belle-Isle donnoit tranquillement ses ordres du sein des cours d'Allemagne, o? il n?gocioit toujours; et il n'y avoit plus qu'incertitude et discordance dans les mouvements des g?n?raux qui op?roient sous ses ordres, et qu'une seule volont? auroit d? surveiller et diriger. Les divers corps qu'ils commandoient furent successivement isol?s les uns des autres. On ?toit entr? en Bavi?re, et l'on avoit ?t? oblig? d'en sortir; on y rentra une seconde fois pour en sortir encore. Le roi de Prusse, victime des fautes de ses alli?s, manoeuvroit aussi un peu au hasard, sans cesse harcel? dans sa marche par le g?n?ral le plus actif et le plus habile qu'il e?t encore rencontr?, le prince Charles de Lorraine, fr?re du grand duc. S'?tant enfin r?uni ? l'arm?e saxonne, il s'avan?oit ? grands pas dans la Boh?me, pour forcer, par cette diversion, les Autrichiens ? lever le si?ge de Lintz; mais d?j? cette place avoit capitul?, et le comte de S?gur, ? qui elle avoit ?t? confi?e, n'avoit trouv? que ce moyen de sauver les d?bris de son corps d'arm?e. Cependant l'Angleterre, voyant le moment arriv? de renoncer ? son syst?me pacifique, livroit ? la d?rision de l'Europe le trop cr?dule cardinal, en se d?clarant ouvertement pour la reine de Hongrie; la Hollande, d?sormais sous son influence irr?sistible, entroit ? sa suite dans la conf?d?ration; elle y attiroit en m?me temps le roi de Sardaigne, qu'on trouvoit toujours pr?t lorsqu'il s'agissoit de trahir la France; et les chances de cette guerre, qui d'abord avoient ?t? si favorables ? nos arm?es, tourn?rent ainsi tout ? coup contre elles, et plus brusquement qu'on n'auroit pu m?me l'imaginer.

Dans ces extr?mit?s, la France se trouva heureuse d'avoir donn? asile ? un illustre ?tranger, et que cet ?tranger la pay?t d'affection et de reconnoissance. Parmi les g?n?raux qui avoient figur? dans cette guerre, le comte Maurice de Saxe, auquel on avoit confi? un commandement, ?toit le seul qui e?t montr? de la pr?voyance, et l'heureuse r?union de la hardiesse et de la science militaire. Il jetoit d?j? un grand ?clat, et tous les regards se tournoient vers lui. Pour prix de ses beaux faits d'armes, le roi venoit de l'?lever ? la dignit? de mar?chal de France: cette nouvelle position l'enhardit ? pr?senter des plans qui parurent bien con?us; ils furent adopt?s, et l'on reprit courage. Des n?gociations furent entam?es avec le roi de Prusse, qui commen?oit ? s'alarmer des progr?s de la reine de Hongrie; et, de m?me que son int?r?t lui avoit fait abandonner l'alliance de la France, son int?r?t l'y rejeta. Par un effet de cette politique pusillanime du cardinal de Fleuri, qui ne lui avoit pas permis de faire un seul mouvement dont les Anglois pussent concevoir de l'ombrage, les Espagnols s'?toient trouv?s abandonn?s en Italie ? leurs propres forces; et tandis que le roi de Sardaigne p?n?troit sans obstacle jusqu'aux fronti?res du royaume de Naples, et qu'une escadre angloise mena?oit d'en bombarder la capitale, tout ce qu'avoit os? faire le vieux ministre, c'?toit d'avoir accord? le libre passage ? une arm?e espagnole, qui, sous les ordres d'un infant, ?toit venue envahir la Savoie. Il fut maintenant d?cid? qu'une arm?e fran?oise seroit envoy?e en Italie, et le commandement en fut confi? au prince de Conti. Des pr?paratifs tr?s consid?rables se firent en m?me temps, et avec une sorte d'affectation, comme si l'on e?t eu l'intention d'op?rer une descente en Angleterre et d'y ramener le pr?tendant. Toutefois ils n'avoient rien de r?el, et ne servoient qu'? cacher aux alli?s le v?ritable plan que l'on vouloit mettre ? ex?cution. Ce plan ?toit d'envahir les Pays-Bas autrichiens; c'?toit l? que devoient se porter les grands coups.

D?s qu'il fut r?tabli, il continua sa route pour l'Alsace, et y arriva au moment o? les victoires du roi de Prusse for?oient le prince Charles d'en sortir pour aller ? la d?fense des ?tats h?r?ditaires, que mena?oit de toutes parts cet audacieux et infatigable ennemi. C'?toit cette diversion op?r?e par Fr?d?ric qui sauvoit la province; et le mar?chal de Noailles, qu'elle tiroit d'une situation embarrassante, devoit du moins la seconder en marchant rapidement sur les traces de l'arm?e imp?riale, qui se seroit ? son tour trouv?e en p?ril entre l'arm?e prussienne et l'arm?e fran?oise. Au lieu de cette manoeuvre, qui ?toit si ?videmment indiqu?e par ce qui se passoit sur cette partie du th??tre de la guerre, il rentra dans ce d?plorable syst?me de circonspection qui avoit d?j? tout perdu; et lorsqu'il e?t fallu s'attacher ? suivre les traces du prince de Lorraine et le harceler dans sa retraite, on le vit, au grand ?tonnement de toute l'Europe, s'amuser, avec une arm?e de soixante mille hommes, ? faire le si?ge de Fribourg. ? la v?rit? il prit cette ville; mais, pendant ce temps, le roi de Prusse, accabl? de tout le fardeau de la guerre, renferm? seul au milieu des arm?es ennemies, non seulement perdoit tout le fruit de ses victoires, mais se voyoit r?duit aux derni?res extr?mit?s, pour n'avoir pas ?t? secouru. C'?toit la seconde fois qu'il expioit ainsi les fautes des g?n?raux fran?ois.

En Italie, les op?rations militaires avoient commenc? sous les auspices les plus favorables; les arm?es conf?d?r?es de France et d'Espagne y avoient remport? de grands succ?s sur le roi de Sardaigne, qui, m?me alors qu'il ?toit battu, ne se d?courageoit jamais quand il s'agissoit d'une guerre contre les Fran?ois, et ne se montroit timide et irr?solu que lorsqu'il ?toit leur alli?. Il avoit donc redoubl?, apr?s ses d?faites, d'activit? et de courage, et n?anmoins n'avoit pas ?t? plus heureux vis-?-vis du mar?chal de Maillebois, qui venoit de prendre la place du prince de Conti, celui-ci ayant ?t? forc?, par la jalousie de l'infant don Philippe, de s'arr?ter au milieu de ses victoires et d'aller prendre le commandement de l'arm?e d'Alsace. Les arm?es des deux couronnes ?toient rentr?es dans le Milanais; des mouvements habilement combin?s avoient s?par? l'une de l'autre les arm?es ennemies, et le roi de Sardaigne avoit encore ?t? battu. Le Montferrat, Alexandrie, Tortone, Parme et Plaisance, ?toient tomb?s au pouvoir des Fran?ois; ma?tres du cours du P?, ils venoient d'entrer ? Milan, dont ils assi?geoient la citadelle, et, d'un autre c?t?, le roi de Naples r?paroit la honte de la campagne pr?c?dente en chassant les troupes imp?riales de ses ?tats, et les poussant bien au del? de ses fronti?res. Tout se pr?sentait donc, de ce c?t? du th??tre de la guerre, sous un aspect qui ?toit loin de faire pr?sager ce qui alloit suivre. Cependant le prince de Conti, moins soutenu en Alsace qu'il ne l'avoit ?t? d'abord en Italie, et affoibli par les renforts qu'on lui enlevoit sans cesse pour l'arm?e des Pays-Bas, s'?toit vu forc? de faire repasser le Rhin ? son arm?e, dont la premi?re destination avoit ?t? de menacer l'Allemagne et de manoeuvrer au milieu des ?lectorats. Libres des craintes qu'il leur avoit inspir?es, les ?lecteurs avoient enfin combl? les voeux de Marie-Th?r?se; et, lui accordant le prix le plus flatteur et le plus d?sir? de son courage et de ses victoires, ils venoient de d?f?rer ? son mari, le grand duc de Toscane, la couronne imp?riale. Il fut ?lu empereur le 13 septembre de cette ann?e.

Il arriva donc que, tandis qu'il triomphoit en Flandre, tout ?toit perdu en Italie. La division s'?toit mise entre les arm?es espagnole, fran?oise, napolitaine, g?noise ; les g?n?raux ne s'entendant plus, les op?rations militaires s'?toient ralenties; et cependant Marie-Th?r?se, tranquille en Allemagne o? tout ?toit maintenant pacifi?, s'?toit empress?e d'envoyer en Lombardie de nombreux renforts, sous la conduite du prince de Lichstenstein. L'arm?e imp?riale se rassembloit sur les confins de cette province, le roi de Sardaigne r?organisoit la sienne, et l'on alloit se trouver entre deux arm?es, dans un pays o? l'on ne poss?doit pas une seule forteresse. Le mar?chal de Maillebois, qui sentit le danger d'une semblable position, parla de retraite: l'infant n'y voulut point entendre, ne pouvant se faire ? l'id?e d'abandonner ces duch?s de Parme et de Plaisance, qui avoient co?t? ? l'Espagne tant d'or et tant de sang: ce fut sous les murs m?me de Plaisance que cette retraite fut d?cid?e par la d?faite la plus d?sastreuse que les arm?es des deux couronnes eussent encore ?prouv?e. Il fallut alors ?vacuer et les deux duch?s et les autres conqu?tes que l'on avoit pu faire en Italie. La retraite se fit avec bonheur et habilet?, et les d?bris de ces arm?es, r?unis par une main ferme et courageuse, pouvoient encore couvrir la ville de G?nes, et la soustraire ? la vengeance des Autrichiens. Le d?couragement et l'animosit? toujours croissante des chefs les uns contre les autres emp?ch?rent de prendre ce parti, que commandoient ? la fois l'honneur et un int?r?t bien entendu. Pour prix de son d?vouement, G?nes fut l?chement abandonn?e, et ?prouva bient?t, m?me en se rendant, presque toutes les rigueurs que l'on pourroit exercer sur une ville prise d'assaut. Les vainqueurs continuoient n?anmoins de poursuivre les deux arm?es fugitives; ils descendirent les Alpes apr?s elles, et leurs troupes irr?guli?res inond?rent et d?sol?rent la Provence et le Dauphin?.

Cependant la branche de Hanovre achevoit de se consolider en Angleterre par les derniers r?sultats d'une entreprise qui avoit sembl? mettre plus que jamais en p?ril sa fortune et ses destin?es. L'exp?dition du prince ?douard en ?cosse, si romanesquement aventureuse, et justifi?e d'abord par des succ?s presque fabuleux, exp?dition que la France n'avoit su soutenir que par des secours d?risoires, venoit de finir par un d?sastre complet, et qui ne laissoit plus aucune ressource ? ce prince, si digne d'un meilleur sort. Assez heureux pour se sauver seul, et dans un d?nuement plus grand encore que lorsqu'il s'?toit hasard? ? descendre sur les c?tes de son pays, il n'avoit retir? de cette derni?re tentative que le st?rile avantage de prouver au cabinet de Versailles ce qu'il lui auroit ?t? possible de faire, s'il e?t ?t? plus t?t et plus efficacement secouru.

Cependant une flotte angloise avoit paru sur les c?tes de la Provence; elle y prot?geoit les mouvements des Autrichiens qui continuoient ? d?soler cette province; l'arm?e fran?oise, dont la d?sorganisation ?toit compl?te, ne pouvoit mettre aucun obstacle ? leurs progr?s, et Toulon ?toit menac?. Telle ?toit en France la disette des g?n?raux, qu'on ne trouva rien de mieux ? faire que d'y envoyer le mar?chal de Belle-Isle, qui, long-temps prisonnier en Angleterre, reparut ainsi vers la fin de cette guerre qu'il avoit si malheureusement commenc?e. Il montra cette fois plus d'activit? et d'intelligence: il sut r?tablir la discipline et ranimer le courage des soldats; des renforts arriv?s ? propos le mirent ? m?me de se hasarder contre l'ennemi; il eut des succ?s, fit lever le si?ge d'Antibes, reprit l'offensive, et passant le Var, envahit le comt? de Nice. Il avoit promis de rentrer en Italie, et voulut tenir sa promesse; mais cherchant ? faire mieux que le prince de Conti, et que le mar?chal de Maillebois, il imagina d'y p?n?trer par le col de Fenestrelles et d'Exiles, route plus courte ? la v?rit?, mais aussi plus difficile, comptant tr?s mal ? propos, parmi les chances de succ?s de son entreprise, que le roi de Sardaigne se laisseroit surprendre. Il en fut autrement; et cette manoeuvre mal con?ue, ? laquelle il auroit fallu renoncer ? l'aspect de l'ennemi bien retranch? et sur ses gardes, devint funeste par l'obstination extravagante que mit son fr?re, le chevalier de Belle-Isle, ? vouloir forcer un passage que Charles-Emmanuel avoit su rendre inexpugnable. Il paya sa t?m?rit? de sa vie, et le combat meurtrier d'Exiles rendit d?sormais toute op?ration militaire impossible en Italie.

Le roi continuoit de vaincre dans les Pays-Bas, et ? chaque nouvelle victoire continuoit d'offrir la paix, que les ennemis continuoient de refuser. Pour arracher en quelque sorte cette paix ? leur obstination, il fut d?cid? que l'on feroit le si?ge de Ma?stricht: l'arm?e conf?d?r?e s'avan?a aussit?t pour couvrir cette place, et le mar?chal de Saxe, allant ? sa rencontre, remporta sur elle la victoire de Lawfelt, victoire brillante, mais toutefois si peu d?cisive, que, bien qu'il f?t rest? ma?tre du champ de bataille, il ne crut pas qu'il f?t prudent d'entreprendre encore le si?ge que l'on avoit r?solu. Afin de rendre plus facile une si grande entreprise, le mar?chal chargea le plus habile de ses lieutenants, le comte de Lowendalh, d'aller assi?ger Berg-op-Zoom; et cette place forte, chef-d'oeuvre de Cohorn et consid?r?e comme imprenable, fut emport?e en six semaines par les manoeuvres combin?es de ces deux grands capitaines, tous les deux ?trangers, et cependant les seuls, parmi ses g?n?raux, ? qui la France p?t maintenant confier ses arm?es. Cette op?ration faite, le mar?chal de Saxe reprit le cours de ses manoeuvres, et, malgr? tous les efforts des arm?es conf?d?r?es, Ma?stricht put ?tre cern?.


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