Use Dark Theme
bell notificationshomepageloginedit profile

Munafa ebook

Munafa ebook

Read this ebook for free! No credit card needed, absolutely nothing to pay.

Words: 12189 in 3 pages

This is an ebook sharing website. You can read the uploaded ebooks for free here. No credit cards needed, nothing to pay. If you want to own a digital copy of the ebook, or want to read offline with your favorite ebook-reader, then you can choose to buy and download the ebook.

10% popularity

?voquant certaines images, qu'on peut modifier la partie affective de son ?tre. Historiquement, on peut dire que le progr?s du sentiment est li? ? celui de l'intelligence; et que le sentiment, d'abord en quelque sorte homog?ne, vague et confus, n'acquiert d'individualit?, d'existence diff?renci?e, ne se sp?cialise que gr?ce ? l'id?e et re?oit de l'id?e ses nuances, ses teintes d?licates, ses d?veloppements divers. Bien plus, dans l'?tat actuel du Christianisme, il y a incontestablement des id?es qui sont pour l'individu ant?rieures ? toute exp?rience chr?tienne de sa part, et qui, bien loin de d?river de son exp?rience individuelle, la conditionnent et la provoquent. Jamais, si on ne lui avait parl? d'abord clairement ou obscur?ment de l'?vangile, un chr?tien ne tirerait de son exp?rience religieuse l'id?e de l'existence de J?sus-Christ, des proph?ties r?alis?es en sa personne, de la mort et de la r?surrection corporelle de l'homme-Dieu. C'est qu'aussi bien, sans des connaissances de ce genre--nous n'avons nulle intention d'en dresser ici la liste,--sans certaines connaissances d?taill?es ou fragmentaires, pures ou m?l?es d'erreur, peu importe, l'exp?rience religieuse elle-m?me de cet individu ne se serait jamais produite. Cet homme se convertit: qu'est-ce ? dire, sinon que la v?rit? chr?tienne devient pour lui un principe d'unification intime, p?n?tre et colore peu ? peu de sa nuance tout le contenu de sa vie? Au lieu qu'elle ?tait jadis en lui st?rile, froide et morte, aujourd'hui il la pratique int?rieurement, et la v?rit? devient ainsi une habitude de son moi tout entier, une habitude informatrice qui influe sur chacun de ses actes, une force qui met en jeu et multiplie toutes ses ?nergies. D?sormais il vit ses id?es. Et vivre une id?e, c'est la nourrir, la renouveler sans cesse par l'accession d'autres id?es; c'est la p?trir par la r?flexion en vue de lui assurer une efficacit? durable, de la rendre praticable, de l'adapter ? la r?alit? et d'adapter la r?alit? ? elle, c'est mettre en elle toute son ?me, c'est voir l'univers entier ? travers elle, c'est y verser tous les flots de sa vie int?rieure, c'est y croire sans interruptions ni limites au lieu de lui r?server des moments et des domaines, c'est la prendre comme levier du progr?s spirituel; vivre une id?e, c'est la convertir en sa propre substance, l'int?grer ? son moi, l'organiser avec l'ensemble de sa vie. Qui mesurera la puissance incalculable de l'id?e?

De m?me le gradu? d'Oxford, dont M. Leuba a publi? et dont M. Frommel a traduit l'autobiographie, ne cache pas le r?le important jou? dans sa conversion par des textes bibliques, des paroles... des id?es.

Il y a donc, entre l'intelligence et le sentiment, d'incessantes relations mutuelles. Si on nous demande l?-dessus: de ces deux termes, en est-il un qui doive ?tre consid?r? comme principal? L'intelligence est-elle le pouvoir r?gulateur et souverain auquel il faille tout subordonner? Est-elle fond?e ? r?clamer qu'on lui reconnaisse une primaut? de juridiction parmi les manifestations diverses de la vie consciente? Doit-elle gouverner dans l'homme? Nous r?pondrons sans h?siter: l'intelligence est une lumi?re qui nous guide et non une force qui se suffit, c'est un auxiliaire et non un chef.

Mais si l'intelligence doit ?tre maintenue, elle ne doit pas dominer. Ce serait tomber dans l'intellectualisme que de lui laisser prendre le premier rang.--L'intellectualisme! je n'ignore pas qu'on a us? et abus? du terme pour fl?trir les objets divers de d?sapprobations plus ou moins l?gitimes. L'intellectualisme est devenu comme une sorte de monstre, qui, au fur et ? mesure des besoins de la pol?mique, et pour la commodit? du discours, se grossit de toutes les erreurs, de tous les pr?jug?s, de toutes les contradictions qu'il est possible ? un auteur ing?nieux de d?couvrir chez ceux qui ne pensent pas comme lui. Puisqu'il est entendu que le mot intellectualisme doit ?tre pris en un sens p?joratif, d?clarons du moins et proclamons bien haut que ce n'est pas ?tre intellectualiste que de croire ? l'influence des id?es sur les sentiments, et de se pr?occuper de la doctrine, c'est-?-dire, apr?s tout, de la v?rit?. Ce n'est pas ?tre intellectualiste que de se refuser ? tout absorber dans l'?motion, tout, y compris la raison elle-m?me. Ce n'est pas ?tre intellectualiste que de se refuser ? ramener la loi morale au sentiment pur. L'intellectualisme v?ritable et damnable, c'est celui qui consiste ? attacher tant d'importance ? la doctrine, oeuvre de l'intelligence, qu'on la lui accorde presque toute, que de moyen on la transforme en but, et qu'on en vient ? mesurer au degr? de l'orthodoxie la valeur morale et religieuse des autres et de soi-m?me.--Il y a deux voies, semble-t-il, par o? l'intellectualisme peut se glisser dans une ?me religieuse: la voie eccl?siastique, et la voie scientifique. D'une part, un homme d'?glise qui croit ? l'influence des doctrines sur la pi?t? et qui se tient, de ce chef, pour oblig? de les d?fendre contre ceux qui les attaquent, peut se laisser ais?ment aller par r?action ? d?passer son propre point de vue, ? exag?rer le r?le et la valeur des dogmes, et m?me il peut s'habituer si bien ? pr?ner les id?es, que la vie lui glisse entre les doigts sans qu'il s'en doute et qu'il ne retienne que la doctrine. Apr?s s'?tre attach? ? la doctrine pour la vie, on s'attache ? la doctrine pour la doctrine, de m?me, suivant une comparaison emprunt?e ? Stuart Mill, que l'avare, apr?s avoir aim? l'argent pour les jouissances qu'il procure, finit par aimer l'argent pour l'argent. D'autre part, un savant chr?tien--Scherer n'en a-t-il pas fourni ? l'?glise et au monde une illustre et triste d?monstration?--peut d?buter par mettre au premier plan le sentiment en pratique et en th?orie. Mais voici, ? force de r?fl?chir, d'?tudier, d'analyser, de sp?culer, il contracte comme une hypertrophie de l'intelligence, ? laquelle court le risque de correspondre bient?t une atrophie sym?trique du sentiment; car on dirait parfois que notre ?tre psychique ne dispose que d'une quantit? limit?e de force mentale, et que lorsque cette force se porte en abondance sur un point, il faille qu'elle manque ailleurs. Alors le groupe des sentiments religieux se dissout comme par morceaux, la sph?re affective se r?tr?cit de plus en plus; on continue quelque temps encore ? mettre l'?motion au premier plan en th?orie, tandis qu'elle a d?j? baiss? dans la vie. Et peu ? peu la th?orie s'?branle pour suivre et rejoindre la pratique, la dissolution mena?ante est l?; finalement on perd tout, la doctrine comme la vie!

M. Murisier a divis? en deux groupes les maladies du sentiment religieux: 1? maladies caus?es par l'hypertrophie de l'?l?ment individuel de l'?motion religieuse; 2? maladies caus?es par l'hypertrophie de l'?l?ment social de l'?motion religieuse.--D'une mani?re analogue, on pourrait dire que l'intellectualisme, qui consiste dans l'atrophie de l'?motion religieuse tout enti?re par rapport ? l'intelligence, peut avoir une double origine: 1? une origine individuelle ; 2? une origine sociale .

Si l'on veut des exemples particuliers, un bon type d'intellectualiste peut ?tre fourni par Bayle, dont les conversions religieuses successives ont ?t? de simples changements d'opinions, fond?s sur des argumentations rationnelles et parfaitement ?trang?res ? sa vie morale.


Free books android app tbrJar TBR JAR Read Free books online gutenberg


Login to follow ebook

More posts by @FreeBooks

0 Comments

Sorted by latest first Latest Oldest Best

Back to top Use Dark Theme