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Munafa ebook

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Words: 32933 in 11 pages

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TROISI?ME PARTIE

BORODINO--LES FRAN?AIS ? MOSCOU ?PILOGUE

CHAPITRE PREMIER

Le 5 septembre eut lieu le combat de Schevardino; le 6, pas un coup de fusil ne fut tir? de part ni d'autre, et le 7 vit la sanglante bataille de Borodino! Pourquoi et comment ces batailles furent-elles livr?es? On se le demande avec stupeur, car elles ne pouvaient offrir d'avantages s?rieux ni aux Russes ni aux Fran?ais. Pour les premiers, c'?tait ?videmment un pas en avant vers la perte de Moscou, catastrophe qu'ils redoutaient par-dessus tout, et, pour les seconds, un pas en avant vers la perte de leur arm?e, ce qui devait sans nul doute leur causer la m?me appr?hension. Cependant, quoiqu'il f?t facile de pr?voir ces cons?quences, Napol?on offrit la bataille et Koutouzow l'accepta. Si des raisons v?ritablement s?rieuses eussent dirig? les combinaisons strat?giques des deux commandants en chef, ni l'un ni l'autre n'aurait d? dans ce cas s'y d?cider, car ?videmment Napol?on, en courant le risque de perdre le quart de ses soldats ? deux mille verstes de la fronti?re, marchait ? sa ruine, et Koutouzow, en s'exposant ? la m?me chance, perdait fatalement Moscou.

Jusqu'? la bataille de Borodino, nos forces se trouvaient, relativement aux forces ennemies, dans la proportion de 5 ? 6, et apr?s la bataille, de 1 ? 2, soit: de 100 ? 120 000 avant, et de 50 ? 100 000 apr?s; et cependant l'exp?riment? et intelligent Koutouzow accepta le combat, qui co?ta ? Napol?on, reconnu pour un g?nie militaire, le quart de son arm?e! ? ceux qui voudraient d?montrer qu'en prenant Moscou, comme il avait pris Vienne, il croyait terminer la campagne, on pourrait opposer bien des preuves du contraire. Les historiens contemporains eux-m?mes racontent qu'il cherchait depuis Smolensk l'occasion de s'arr?ter, car si d'un c?t? il se rendait parfaitement compte du danger de l'extension de sa ligne d'op?ration, de l'autre il pr?voyait que l'occupation de Moscou ne serait pas pour lui une issue favorable. Il en pouvait juger par l'?tat o? on lui abandonnait les villes, et par l'absence de toute r?ponse ? ses tentatives r?it?r?es de renouer les n?gociations de paix. Ainsi donc, tous deux, l'un en offrant la bataille, l'autre en l'acceptant, agirent d'une fa?on absurde et sans dessein arr?t?. Mais les historiens, en raisonnant apr?s coup sur le fait accompli, en tir?rent des conclusions sp?cieuses en faveur du g?nie et de la pr?voyance des deux capitaines, qui, de tous les instruments employ?s par Dieu dans les ?v?nements de ce monde, en furent certainement les moteurs les plus aveugles.

Quant ? savoir comment furent livr?es les batailles de Schevardino et de Borodino, l'explication des m?mes historiens est compl?tement fausse, bien qu'ils affectent d'y mettre la plus grande pr?cision. Voici en effet comment, d'apr?s eux, cette double bataille aurait eu lieu: C'est ainsi que parle l'histoire, et pourtant, si l'on ?tudie l'affaire avec soin, on peut, si l'on veut, se convaincre de l'inexactitude de ce r?cit. Il n'est pas vrai de dire que les Russes aient cherch? une meilleure position: tout au contraire, dans leur retraite, ils en ont laiss? de c?t? plusieurs qui ?taient sup?rieures ? celle de Borodino; mais Koutouzow refusait d'en accepter une qu'il n'e?t pas choisie lui-m?me; mais le patriotique d?sir d'une bataille d?cisive ne s'?tait pas encore exprim? avec assez d'?nergie; mais Miloradovitch n'avait pas encore op?r? sa jonction. Il y a bien d'autres raisons encore, qu'il serait trop long d'?num?rer. Le fait est que les autres positions ?taient pr?f?rables, et que celle de Borodino n'?tait pas plus forte que toute autre, prise au hasard, sur la carte de l'empire de Russie. Non seulement les Russes n'avaient pas fortifi? la gauche de Borodino, c'est-?-dire l'endroit o? la bataille a ?t? pr?cis?ment livr?e, mais, le matin m?me du 6, personne ne songeait encore ? la possibilit? d'un engagement sur ce point. Comme preuves ? l'appui, nous dirons ceci:

En r?alit?, voici comment l'affaire s'?tait pass?e: l'arm?e russe s'appuyait sur la rivi?re Kolotcha, qui coupait la grand'route ? angle aigu, de fa?on ? avoir son flanc gauche ? Schevardino, le flanc droit au village de Novo??, et le centre ? Borodino, au confluent des deux rivi?res Kolotcha et Vo?na. Quiconque ?tudierait le terrain de Borodino, en oubliant dans quelles conditions s'y est livr?e la bataille, verrait clairement que cette position sur la rivi?re Kolotcha ne pouvait avoir d'autre but que d'arr?ter l'ennemi qui s'avan?ait sur Moscou par la grand'route de Smolensk. D'apr?s les historiens, Napol?on, en se dirigeant le 5 vers Valou?ew, ne vit pas la position occup?e par les Russes entre Outitza et Borodino, ni leur avant-poste. C'est en poursuivant leur arri?re-garde qu'il se heurta, ? l'improviste, contre le flanc gauche, o? se trouvait la redoute de Schevardino, et fit traverser ? ses troupes la rivi?re Kolotcha, ? la grande surprise des Russes. Aussi, avant m?me que l'engagement f?t commenc?, ils furent forc?s de faire quitter ? l'aile gauche le point qu'elle devait d?fendre, et de se replier sur une position qui n'avait ?t? ni pr?vue ni fortifi?e. Napol?on, en passant sur la rive gauche de la Kolotcha, ? gauche du grand chemin, avait transport? la bataille de droite ? gauche du c?t? des Russes dans la plaine entre Outitza, S?m?novski et Borodino, et c'est dans cette plaine que fut livr?e la bataille du 7. Voici du reste un plan sommaire de la bataille, telle qu'on l'a d?crite, et telle qu'elle a ?t? r?ellement livr?e.

Si Napol?on n'avait pas travers? la Kolotcha le 24 au soir, et s'il avait commenc? l'attaque imm?diatement, au lieu de donner l'ordre d'emporter la redoute, personne n'aurait pu dire que cette redoute n'?tait pas le flanc gauche de cette position, et tout se serait pass? comme on s'y attendait. Dans ce cas, nous aurions ?videmment oppos? une r?sistance encore plus opini?tre pour la d?fense de notre flanc gauche; le centre et l'aile droite de Napol?on auraient ?t? attaqu?s, et c'est le 24 qu'aurait eu lieu la grande bataille, ? l'endroit m?me qui avait ?t? fortifi? et choisi. Mais, l'attaque de notre flanc gauche ayant eu lieu le soir, comme cons?quence de la retraite de notre arri?re-garde, et les g?n?raux russes ne pouvant et ne voulant pas s'engager ? une heure aussi avanc?e, la premi?re et la principale partie de la bataille de Borodino se trouva par cela m?me perdue le 5, et eut pour r?sultat in?vitable la d?faite du 7. Les arm?es russes n'avaient donc pu se couvrir le 7 que de faibles retranchements non termin?s. Leurs g?n?raux aggrav?rent encore leur situation en ne tenant pas assez compte de la perte du flanc gauche, qui entra?nait n?cessairement un changement dans le champ de bataille, et en laissant leurs lignes continuer ? s'?tendre entre le village de Novo?? et Outitza, ce qui les obligea ? ne faire avancer leurs troupes de droite ? gauche que lorsque la bataille ?tait d?j? engag?e! De cette fa?on, les forces fran?aises furent dirig?es tout le temps contre l'aile gauche des Russes, deux fois plus faible qu'elles. Quant ? l'attaque de Poniatowsky sur le flanc droit des Fran?ais sur Outitza et Ouvarova, ce ne fut l? qu'un incident compl?tement en dehors de la marche g?n?rale des op?rations. La bataille de Borodino eut donc lieu tout autrement qu'on ne l'a d?crite, afin de cacher les fautes de nos g?n?raux, et cette description imaginaire n'a fait qu'amoindrir la gloire de l'arm?e et de la nation russes. Cette bataille ne fut livr?e ni sur un terrain choisi ? l'avance et convenablement fortifi?, ni avec un l?ger d?savantage de forces du c?t? des Russes, mais elle fut accept?e par eux dans une plaine ouverte, ? la suite de la perte de la redoute, et contre des forces fran?aises doubles des leurs, et cela dans des conditions o? il ?tait non seulement impossible de se battre dix heures de suite pour en arriver ? un r?sultat incertain, mais o? il ?tait m?me ? pr?voir que l'arm?e ne pourrait tenir trois heures sans subir une d?route compl?te.

Pierre quitta Moja?sk le matin du 6. Arriv? au bas de la rue abrupte qui m?ne aux faubourgs de la ville, il laissa sa voiture en face de l'?glise, situ?e ? droite sur la hauteur, et dans laquelle on officiait en ce moment. Un r?giment de cavalerie, pr?c?d? de ses chanteurs, le suivait de pr?s; en sens oppos? montait une longue file de charrettes emmenant les bless?s de la veille; les paysans qui les conduisaient s'emportant contre leurs chevaux, et, faisant claquer leurs fouets, couraient d'un c?t? ? l'autre de la route; les t?l?gues, qui contenaient chacune trois ou quatre bless?s, ?taient violemment secou?es sur les pierres jet?es ?? et l? qui repr?sentaient le pav?. Les bless?s, les membres entour?s de chiffons, p?les, les l?vres serr?es, les sourcils fronc?s, se cramponnaient aux barreaux en se heurtant les uns contre les autres; presque tous fix?rent leurs regards, avec une curiosit? na?ve, sur le grand chapeau blanc et l'habit vert de Pierre.

Son cocher commandait avec col?re aux paysans de ne tenir qu'un c?t? du chemin; le r?giment, qui descendait en s'?tendant sur toute sa largeur, accula la voiture jusqu'au bord du versant; Pierre lui-m?me fut oblig? de se ranger et de s'arr?ter. La montagne formait ? cet endroit, au-dessus d'un coude de la route, un avancement ? l'abri du soleil. Il y faisait froid et humide, bien que ce f?t une belle et claire matin?e du mois d'ao?t. Une des charrettes qui contenaient les bless?s s'arr?ta ? deux pas de Pierre. Le conducteur, en chaussures de tille, accourut essouffl?, ramassa une pierre qu'il glissa sous les roues de derri?re et arrangea le harnais de son cheval; un vieux soldat, le bras en ?charpe, qui suivait ? pied, le maintint d'une main vigoureuse, et, se retournant vers Pierre:

Pierre, absorb? dans ses r?flexions, n'entendit pas la question; ses regards se portaient tant?t sur le r?giment de cavalerie arr?t? par le convoi, tant?t sur la charrette qui stationnait ? c?t? de lui; il y avait dans cette charrette trois soldats, dont l'un ?tait bless? au visage: sa t?te, envelopp?e de linges, laissait voir une joue dont le volume atteignait la grosseur d'une t?te d'enfant; les yeux tourn?s vers l'?glise, il faisait de grands signes de croix. L'autre, un conscrit blond et p?le, semblait n'avoir plus une goutte de sang dans sa figure amaigrie, et regardait Pierre avec un bon et doux sourire. La figure du troisi?me, ? demi couch?, ?tait invisible. Des chanteurs du r?giment de cavalerie fr?l?rent en ce moment la charrette, en fredonnant leurs joyeuses chansons, auxquelles r?pondait le bruyant carillon des cloches. Les chauds rayons du soleil, en ?clairant le plateau de la montagne, ?gayaient le paysage, mais ? c?t? de la t?l?gue des bless?s et du cheval essouffl?, ? c?t? de Pierre, il faisait sombre, humide et triste dans le renfoncement! Le soldat ? la joue enfl?e regardait de travers les chanteurs.


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