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Munafa ebook

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Words: 91114 in 13 pages

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Les Angoysses Douloureuses qui procedent D'amours: composees par Dame Helisenne.

Premiere Partie.

De Crenne.

Helisenne aulx Lisantes.

Dames d'honneur & belles nymphes Pleines de vertus & doulceur, Qui contemplez les paranymphes, Du regard, de cueurs ravisseur: L'archier non voyant, & mal seur, Vous picquera, prenez y garde. Soyez toutjour sur vostre garde: Car tel veult prendre, qui est pris. Je vous serviray d'avantgarde A mes despens, dommage & pris.

L'EPISTRE DEDICATIVE DE DAME HELISENNE A Toutes honnestes Dames, leur donnant humble salut. Et les enhorte par icelle a bien & honnestement aymer, en evitant toute vaine & impudicque amour.

Les anxietez & tristesse des miserables se diminuent, quand on les peult declarer a quelque sien amy fidele. Parce que je suis certaine par moy mesmes, que les dames naturellement sont inclinees a avoir compassion. C'est a vous mes nobles dames, que je veulx mes extremes douleurs estre communiquees. Car j'estime que mon infortune vous provoquera a quelques larmes piteuses: qui me pourra donner quelque refrigeration medicamente. Helas quand je vins a rememorer les afflictions, dont mon triste cueur a est?, & est continuellement agit?, par infinitz desirs & amoureux aguillonnemens. Cela me cause une douleur qui excede toutes aultres, en sorte que ma main tremblante, demeure immobile. O trescheres dames, quand je considere que en voyant comme j'ay est? surprinse, vous pourez eviter les dangereux laqs d'amour, en y resistant du commencement, sans continuer en amoureuses pensees, Je vous prie de vouloir eviter ociosit?, & vous occupez a quelques honnestes exercices. En ces considerations je me vins a reverberer & reprehendre mes forces, en exorant celle qui est mere & file de l'altitonant plasmateur, de vouloir ayder a ma triste memoire, a soustenir ma debile main, pour vous le s?avoir bien escripre.

COMMENCEMENT DES ANGOISSES AMOUREUSES de dame Helisenne, endurees pour son amy Guenelic.

Chapitre premier.

Au temps que la deesse CIBELE despouilla son glacial & gelide habit, & vestit sa verdoyante robbe tapissee de diverses couleurs, je fuz procree de noblesse: & fuz cause a ma naissance de reduyre en grand joye & lyesse mes plus prochains parens, qui sont pere & mere, parce qu'ilz estoient hors d'esperance de jamais avoir generation. O que a juste cause, je doibs mauldire l'heure que je nasquis, las que je fuz nee en maulvaise constellation, Je croys qu'il ne estoit Dieu au ciel, ne Fortune en terre pour moy, O que j'eusse est? heureuse, si le laict maternel m'eust est? venim, qui eust est? cause de la transmigration de l'ame sans ce qu'elle eust est? agitee de tant grand anxiet? & tristesse. Mais puis qu'il a pleu au createur, que j'ay est? receue au monde, & procree, force m'est de mitiguer mes grandes & extremes douleurs, ce qui me semble estre impossible. Et pour reciter la premiere de mes infortunes, la cruelle Atropos me feist ceste oultrage, premier que fuz aagee d'ung an, de me priver du personnage se fut mon pere, dont ma mere eust si grande tristesse & amaritude, que sans l'ardeur d'amour qu'elle avoit en moy, la dolente ame se fut separee de son corps.

Ainsi doncques demouray fille unique, qui fut occasion que ma mere print ung singulier plaisir a me faire instruire en bonnes meurs, & honnestes coustumes de vivre. Et quand je fuz parvenue a l'aage de unze ans, je fuz requise en mariage de plusieurs gentilz hommes: mais incontinent je fuz mariee a ung jeune gentil homme, a moy estrange mais nonobstant qu'il n'y eust eu frequentation, ny familiarit? aulcune, il me estoit si tresagreable, que me sentois grandement tenue a fortune, & me reputant heureuse. Et aussi j'estois le seul plaisir de mon mary, & me rendoit amour mutuel & reciproque: moy vivant en telle felicit?, ne me restoit que une chose c'estoit sant?, qui de moy s'estoit sequestree, au moyen que j'avoys est? mariee en trop jeune aage: mais ce ne me pouoit empescher de persister en l'ardente amour de mon mary, & quand il estoit contrainct soy absenter, pour faire service a son prince, je demeurois si chargee d'une extreme tristesse, que je l'estime indicible, & non equiparable, combien que certaine son absence, estre propre pour ma sant?. En perseverant en telles amours ma personne croyssoit, & premier que pervinse au treiziesme an de mon aage, je estoye de forme elegante, & de tout si bien proportionee, que j'excedoye toutes aultres femmes en beault? de corps, & si j'eusse est? aussi accomplie en beault? de visaige, je m'eusse hardiment os? nommer des plus belles de France. Quand me trouvoye en quelque lieu, remply de grand multitude de gens, plusieurs venoient entour moy pour me regarder disans tous en general, voyez la, le plus beau corps que je veis jamais. Puis apres, en me regardant au visage disoient, elle est belle: mais il n'est a accomparer au corps. J'estoye requise de plusieurs, qui estoient ardens en mon amour non de gens de basse condition, mais princes & grans seigneurs: ce qui fut cause d'acroistre le bruict de moy, en plusieurs & divers lieux. Et fut parce que ung Roy avoit de coustume de sejourner souvent en une petite ville, dont n'y avoit de distance que deux lieues dela, jusques au lieu de nostre residence. Et luy estant inform? de moy, eut desir de me veoir, parquoy ung jour vint a nostre chasteau mais mon mary m'avoit faict absenter, cognoissant que impossible m'eust est? de resister contre ung tel personnage: mais le bruict du pays fut tel que j'estoy estimee du nombre de ses amyes, puis incontinent fut sceu le contraire, tellement que resplendissois en renommee de chastet? louable, & aussi jamais pour homme que j'eusse veu mon cueur n'avoit vari?, & avoit tousjours ferme propos de vivre ainsi, en desprisant & ayant a abomination celles qui avoient bruict d'estre flexibles & subjectes a tel delict.

L'origine du divertissement de Helisenne, pour aymer a reproche.


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