Use Dark Theme
bell notificationshomepageloginedit profile

Munafa ebook

Munafa ebook

Read this ebook for free! No credit card needed, absolutely nothing to pay.

Words: 122933 in 23 pages

This is an ebook sharing website. You can read the uploaded ebooks for free here. No credit cards needed, nothing to pay. If you want to own a digital copy of the ebook, or want to read offline with your favorite ebook-reader, then you can choose to buy and download the ebook.

10% popularity

M?MOIRES POUR SERVIR A L'HISTOIRE DE MON TEMPS PARIS--IMPRIM? CHEZ BONAVENTURE ET DECESSOIS. 55, QUAI DES AUGUSTINS. PARIS MICHEL L?VY FR?RES, LIBRAIRES-?DITEURS RUE VIVIENNE, 2 BIS.

M?MOIRES POUR SERVIR A L'HISTOIRE DE MON TEMPS PAR M. GUIZOT

TOME PREMIER

LA FRANCE AVANT LA RESTAURATION.

J'agis autrement que n'ont fait nagu?re plusieurs de mes contemporains; je publie mes M?moires pendant que je suis encore l? pour en r?pondre. Ce n'est point par lassitude du repos, ni pour rouvrir ? d'anciennes luttes une petite ar?ne, ? d?faut de la grande, maintenant ferm?e. J'ai beaucoup lutt? dans ma vie, et avec ardeur. L'?ge et la retraite ont r?pandu, pour moi, leur paix sur le pass?. C'est d'un ciel profond?ment serein que je reporte aujourd'hui mes regards vers cet horizon charg? de tant d'orages. Je sonde attentivement mon ?me, et je n'y d?couvre aucun sentiment qui envenime mes souvenirs. Point de fiel permet beaucoup de franchise. C'est la personnalit? qui alt?re ou d?crie la v?rit?. Voulant parler de mon temps et de ma propre vie j'aime mieux le faire du bord que du fond de la tombe. Pour moi-m?me, j'y trouve plus de dignit?, et pour les autres j'en apporterai, dans mes jugements et dans mes paroles, plus de scrupule. Si des plaintes s'?l?vent, ce que je ne me flatte gu?re d'?viter, on ne dira pas du moins que je n'ai pas voulu les entendre, et que je me suis soustrait au fardeau de mes oeuvres.

D'autres raisons encore me d?cident. La plupart des. M?moires sont publi?s ou trop t?t ou trop tard. Trop t?t, ils sont indiscrets ou insignifiants; on dit ce qu'il conviendrait encore de taire, ou bien on tait ce qui serait curieux et utile ? dire. Trop tard, les M?moires ont perdu beaucoup de leur opportunit? et de leur int?r?t; les contemporains ne sont plus l? pour mettre ? profit les v?rit?s qui s'y r?v?lent et pour prendre ? leurs r?cits un plaisir presque personnel. Ils n'ont plus qu'une valeur morale ou litt?raire, et n'excitent plus qu'une curiosit? oisive. Quoique je sache combien l'exp?rience s'?vanouit en passant d'une g?n?ration ? l'autre, je ne crois pas qu'il n'en reste absolument rien, ni que la connaissance pr?cise des fautes des p?res et des raisons de leurs ?checs demeure tout ? fait sans fruit pour les enfants. Je voudrais transmettre ? ceux qui viendront apr?s moi, et qui auront aussi leurs ?preuves, un peu de la lumi?re qui s'est faite, pour moi, ? travers les miennes. J'ai d?fendu tour ? tour la libert? contre le pouvoir absolu et l'ordre contre l'esprit r?volutionnaire; deux grandes causes qui, ? bien dire, n'en font qu'une, car c'est leur s?paration qui les perd tour ? tour l'une et l'autre. Tant que la libert? n'aura pas hautement rompu avec l'esprit r?volutionnaire et l'ordre avec le pouvoir absolu, la France sera ballott?e de crise en crise et de m?compte en m?compte. C'est ici vraiment la cause nationale. Je suis attrist?, mais point troubl? de ses revers; je ne renonce ni ? son service ni ? son triomphe. Dans les ?preuves supr?mes, c'est mon naturel, et j'en remercie Dieu comme d'une faveur, de conserver les grands d?sirs, quelque incertaines ou lointaines que soient les esp?rances.

Dans les temps anciens et modernes, de grands historiens, les plus grands, Thucydide, X?nophon, Salluste, C?sar, Tacite, Machiavel, Clarendon, ont ?crit et quelques-uns ont eux-m?mes publi? l'histoire de leur temps et des ?v?nements auxquels ils avaient pris part Je n'entreprends point une telle oeuvre; le jour de l'histoire n'est pas venu pour nous, de l'histoire compl?te et libre, sans r?ticence ni sur les faits ni sur les hommes. Mais mon histoire propre et intime, ce que j'ai pens?, senti et voulu dans mon concours aux affaires de mon pays, ce qu'ont pens?, senti et voulu avec moi les amis politiques auxquels j'ai ?t? associ?, la vie de nos ?mes dans nos actions, je puis dire cela librement, et c'est l? surtout ce que j'ai ? coeur de dire, pour ?tre, sinon toujours approuv?, du moins toujours connu et compris. A cette condition, d'autres marqueront un jour avec justice notre place dans l'histoire de notre temps.

Je ne suis entr? qu'en 1814 dans la vie publique; je n'avais servi ni la R?volution ni l'Empire. ?tranger par mon ?ge ? la R?volution, je suis rest? ?tranger ? l'Empire par mes id?es. Depuis que j'ai pris quelque part au gouvernement des hommes, j'ai appris ? ?tre juste envers l'empereur Napol?on: g?nie incomparablement actif et puissant, admirable par son horreur du d?sordre, par ses profonds instincts de gouvernement, et par son ?nergique et efficace rapidit? dans la reconstruction de la charpente sociale. Mais g?nie sans mesure et sans frein, qui n'acceptait ni de Dieu, ni des hommes, aucune limite ? ses d?sirs ni ? ses volont?s, et qui par l? demeurait r?volutionnaire en combattant la r?volution; sup?rieur dans l'intelligence des conditions g?n?rales de la soci?t?, mais ne comprenant qu'imparfaitement, dirai-je grossi?rement, les besoins moraux de la nature humaine, et tant?t leur donnant satisfaction avec un bon sens sublime, tant?t les m?connaissant et les offensant avec un orgueil impie. Qui e?t pu croire que le m?me homme qui avait fait le Concordat et rouvert en France les ?glises enl?verait le pape de Rome et le retiendrait prisonnier ? Fontainebleau? C'est trop de maltraiter ?galement les philosophes et les chr?tiens, la raison et la foi. Entre les grands hommes ses pareils, Napol?on a ?t? le plus n?cessaire ? son temps, car nul n'a fait si promptement ni avec tant d'?clat succ?der l'ordre ? l'anarchie, mais aussi le plus chim?rique en vue de l'avenir, car apr?s avoir poss?d? la France et l'Europe, il a vu l'Europe le chasser, m?me de la France, et son nom demeurera plus grand que ses oeuvres, dont les plus brillantes, ses conqu?tes, ont tout ? coup et enti?rement disparu avec lui. En rendant hommage ? sa grandeur, je ne regrette pas de ne l'avoir appr?ci?e que tard et quand il n'?tait plus; il y avait pour moi, sous l'Empire, trop d'arrogance dans la force et trop de d?dain du droit, trop de r?volution et trop peu de libert?.

Je ne renonce point ? l'espoir d'aller vous chercher, ni ? vous recevoir dans mon ermitage: les honn?tes gens doivent, surtout ? pr?sent, se r?unir pour se consoler; les id?es g?n?reuses et les sentiments ?lev?s deviennent tous les jours si rares qu'on est trop heureux quand on les retrouve... Agr?ez de nouveau, je vous en prie, l'assurance de ma haute consid?ration, de mon d?vouement sinc?re, et, si vous le permettez, d'une amiti? que nous commen?ons sous les auspices de la franchise et de l'honneur.>>

Entre M. de Chateaubriand et moi, la franchise et l'honneur ont persist?, ? coup s?r, ? travers nos luttes politiques; mais l'amiti? n'y a pas surv?cu. Lien trop beau pour ne pas ?tre rare, et dont il ne faut pas prononcer si vite le nom.

Les esprits ?lev?s et un peu susceptibles pour le compte de la dignit? humaine avaient bien raison de ne pas go?ter ce r?gime, et de pr?voir qu'il ne fonderait ni le bonheur, ni la grandeur durable de la France; mais il paraissait, ? cette ?poque, si bien ?tabli dans le sentiment g?n?ral du pays, on ?tait si convaincu de sa force, on pensait si peu ? toute autre chance d'avenir, que, m?me dans cette r?gion haute et ?troite o? l'esprit d'opposition dominait, on trouvait parfaitement simple que les jeunes gens entrassent ? son service, seule carri?re publique qui leur f?t ouverte. Une femme d'un esprit tr?s-distingu? et d'un noble coeur, qui me portait quelque amiti?, madame de R?musat se prit du d?sir de me faire nommer auditeur au Conseil d'?tat; son cousin, M. Pasquier, alors pr?fet de police et que je rencontrais quelquefois chez elle, s'y employa de tr?s-bonne gr?ce; et, de l'avis de mes plus intimes amis, je ne repoussai point cette proposition, quoique, au fond de l'?me, elle me caus?t quelque trouble. C'?tait au minist?re des affaires ?trang?res qu'on avait le projet de me faire attacher. M. Pasquier parla de moi au duc de Bassano, alors ministre de ce d?partement, et au comte d'Hauterive, directeur des Archives. Le duc de Bassano me fit appeler. Je vis aussi M. d'Hauterive, esprit f?cond, ing?nieux et bienveillant pour les jeunes gens dispos?s aux fortes ?tudes. Pour m'essayer, ils me charg?rent de r?diger un m?moire sur une question dont l'Empereur ?tait ou voulait para?tre pr?occup?, l'?change des prisonniers fran?ais d?tenus en Angleterre contre les prisonniers anglais retenus en France. De nombreux documents me furent remis ? ce sujet. Je fis le m?moire, et ne doutant pas que l'Empereur ne voul?t s?rieusement l'?change, je mis soigneusement en lumi?re les principes du droit des gens qui le commandaient et les concessions mutuelles qui devaient le faire r?ussir. Je portai mon travail au duc de Bassano. J'ai lieu de pr?sumer que je m'?tais m?pris sur son v?ritable objet, et que l'empereur Napol?on, regardant les prisonniers anglais qu'il avait en France comme plus consid?rables que les Fran?ais d?tenus en Angleterre, et croyant que le nombre de ces derniers ?tait pour le gouvernement anglais une charge incommode, n'avait au fond nulle intention d'accomplir l'?change. Quoi qu'il en soit, je n'entendis plus parler de mon m?moire ni de ma nomination. Je me permets de dire que j'en eus peu de regret.

Il faisait acte de clairvoyance et de bon sens autant que d'esprit g?n?reux en renon?ant si vite et de si bonne gr?ce ? l'exigence qu'il m'avait t?moign?e. Pour le ma?tre qu'il servait, l'opposition de la soci?t? o? je vivais n'avait point d'importance pratique ni prochaine; c'?tait une pure opposition de pens?e et de conversation, sans dessein pr?cis, sans passion efficace, grave pour la longue vue du philosophe, mais indiff?rente ? l'action du politique, et dispos?e ? se contenter longtemps de l'ind?pendance des id?es et des paroles dans l'inaction de la vie.


Free books android app tbrJar TBR JAR Read Free books online gutenberg


Login to follow ebook

More posts by @FreeBooks

0 Comments

Sorted by latest first Latest Oldest Best

Back to top Use Dark Theme